PEUT-ON DIRE QUE TOUT CE QUI EST NATUREL EST BON ?
Publié le 18/01/2011
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La nature représente tout ce qui existe et qui est considéré comme soumis à des lois : « les lois de la nature « nous dirigent (les végétaux, les minéraux, les animaux…). Cette nature par extension est donc l’essence caractéristique d’une espèce qui lui ait donné à la naissance : ce qui est inné et spontané. De plus, par définition, le bien s’oppose au mal, il a une valeur d’idéal et de désirable, il est l’emblème des valeurs humaines. Il symbolise la morale et l’utilité. Mar-Aurèle affirme que « Rien n’est mal qui est selon nature «, est-ce à dire pour autant que tout ce qui est naturel est bon ? En effet, la nature est considérée comme un modèle mais possède cependant des aspects que l’homme rejette et évite. Au-delà de ce problème, nous serons donc amenés à spécifier en quoi la nature entretient une relation à la fois avec la notion de bien mais aussi avec celle de mal mais aussi à éclairer l’enjeu de cette question : Peut-on tout simplement attribuer à la nature des notions et des valeurs créés par l’homme ?
Ainsi, la nature est un modèle pour l’homme. Elle représente ce qui est originel, ce qui n’est pas modifié. Par conséquent, elle ne peut pas engendrer le mauvais. En effet le mal ne vient pas de la nature mais il est provoqué par l’homme et plus précisément par sa capacité à se perfectionner. En effet l’homme progresse et donc régresse, sa perfectibilité est alors cause de ses maux. L’ « état de nature « représente l’innocence et la paix, la nature n’ait pas dirigé par des pulsions ou des sentiments. L’homme est à lui seul à l’origine de ses vices, de sa tristesse et de ses frustrations.
L’homme cherche donc à se conformer à la nature qui ne peut alors que lui apporter satisfaction. Il respecte les désirs et les besoins que celle-ci lui impose. Certains désirs naturels sont essentiels à la survie comme boire ou manger. D’autres sont naturels mais non nécessaires, ils apportent alors le plaisir et donc le « bon «. Le désir sexuel ou la gourmandise sont naturel et apporte une sensation de bien être tant qu’ils restent canalisé et qu’ils ne deviennent pas une source de débauche provoquée par leur poussée à l’extrême. Ainsi, la nature n’est pas à l’origine de certains désirs non nécessaires, comme l’ambition qui nous pousse à ne jamais être satisfaits. Ces désirs sont provoqués par la perfectibilité de l’homme qui en cherchant constamment à s’améliorer n’arrive jamais à se contenter de ce qu’il a.
L’homme ne peut cependant s’empêcher de modifier la nature. Pourquoi modifier quelque chose purement bon ? Ce paradoxe met alors en avant que la nature ne doit pas être si bonne que ça. Elle apporte souffrance donc un mal physique par la maladie, l’homme a par conséquent crée des médicaments. De même, la mort est tout ce qu’il y a de plus naturel, elle constitue la limite l’homme ne cesse pourtant pas de la combattre. Cet aspect du naturel n’est alors plus bon pour l’homme.
La nature n’a pas de morale, contrairement à l’homme qui possède une raison lui permettant de distinguer le bien du mal, et d’agir en conséquence. La nature correspond à une sorte de programmation initiale constituée de tout. La nature forme elle-même un tout, par conséquent, elle est formée d’éléments de tout genre, bon, mauvais, ou même indéfinissable selon de tels critères. Les catastrophes naturels telles que les cataclysmes provoquent d’innombrables dégâts et morts, pourtant ce sont des évènements tout ce qu’il y a de plus naturels.
La nature est aussi à l’origine de l’homme, mais es-ce que la nature humaine est bonne ? L’homme se permet de juger la nature, mais il n’est peut être pas le mieux placé sachant qu’il ne peut plus être considéré totalement comme un être naturel. L’homme est un être modifié qui devient alors en proie à la méchanceté et au mauvais. D’où cette admiration pour la nature qui correspond à ce qu’il n’est plu.
Ainsi, la nature nous représente. Il est donc tout aussi de difficile de la qualifier de bonne ou non puisque l’on en reviendrait à se demander si la nature de l’homme l’est ou non. Or il est très difficile de définir la nature de l’homme puisque celle-ci dépend de la culture. L’homme utilise des instruments, appartient à un milieu social qui l’éduque, le sert, le contrôle. Son langage le définit : un homme est unique par sa personnalité et l’ensemble des caractéristiques, des manières de pensée, et des savoir qu’il a acquis. L’homme n’est donc fondamentalement ni mauvais ni bon, il le devient. Contrairement à la nature, l’homme est modifié puisqu’il se perfectionne. Ainsi, si l’on en revient à l’idée de base que la nature est bonne, l’homme serait mauvais puisqu’il évolue et modifie ce qu’il est.
Toutefois, on ne peut pas se permettre d’assimiler la nature à la bonté. En effet, la nature peut être bonne mais aussi mauvaise. Il faut alors comprendre que la notion de « bien « et de « mal « sont purement humaines. L’homme apporte souvent des qualités morales à la nature, cette idolâtrie n’a pas de sens puisque l’homme lui-même a crée ces valeurs morales, tout comme il a crée le « bien « et le « mal «. La nature n’est ni bonne ni mauvaise, elle est simplement naturelle, non modifiée et ne possède aucune morale. Les serpents venimeux sont naturels, ils provoquent pourtant le malheur. Ils ne sont alors pas considérés comme « bons « par l’homme. L’homme interprète la nature à son sens.
La nature semble être à première vue l’incarnation du bien par son aspect pure et authentique. Mais en rester là serait ne noter qu’une différence de degré : la nature ne serait que bonne et parfaite. Or du fait qu’elle possède des qualités nécessaires à la vie de tous, la nature se distingue aussi par sa part d’ombre et de noirceur. Cette différence marque la relativité entre le bien et le mal. Il ne serait donc pas pertinent de dire que tout ce qui est naturel est bon, le bien et le mal sont des valeurs dépendant du point de vue de l’homme, le mal est l’expansion de l’humanité, alors que la nature en est l’origine. L’attribution de valeurs morales à la nature est alors absurde.