plagiat et emprunt littéraire - littérature.
Publié le 28/04/2013
Extrait du document
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Jusqu’au XVIII e siècle, la littérature occidentale était foncièrement imitative.
Chez les Anciens et durant le Moyen Âge, l’originalité était même considérée comme un défaut.
La reprise de thèmes figés, celle d’idées déja exprimées par des auteurs plus
anciens et l’imitation stylistique des prédécesseurs paraissaient normales.
Ainsi Virgile décida-t-il d’écrire une Iliade latine en s’inspirant d’Ennius, et Montaigne se vantait-il de ses références érudites.
Au XVII e siècle (où eut lieu la querelle des Anciens et des Modernes, premier débat sur la validité d’une littérature fondée sur la référence et l’imitation), Jean de La Fontaine puisait ses sujets chez Phèdre, qui lui-même s’inspirait d’Ésope ; Racine
revisitait Euripide, tandis que Molière relisait Plaute et Térence, et que Corneille puisait dans la littérature espagnole.
Toutefois, si l’emprunt à des auteurs anciens ou étrangers était alors bien vu, et même recommandé comme une sorte de « conquête littéraire », l’emprunt à des contemporains ou compatriotes et la fausse attribution (volontaire ou non) d’un texte à
tel ou tel auteur, étaient mal considérés.
3. 3 Le plagiat est impossible
Le plagiat, au sens strict, est en réalité impossible.
Pastiche d’une critique littéraire, la nouvelle de Jorge Luis Borges « Pierre Ménard auteur du Quichotte » (recueillie dans Fictions, 1944) se penche sur l’étrange œuvre « souterraine,
interminablement héroïque, sans pareille » d’un auteur qui a décidé non pas de « composer un autre Quichotte — ce qui est facile — mais le Quichotte de Cervantès : « son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient
— mot à mot et ligne à ligne — avec celles de Miguel de Cervantès.
»
Face à cette pure « reproduction », qui prend l’aspect d’une œuvre autonome, le plagiat acquiert un autre sens : il paraît alors résider dans la démarcation d’une œuvre par rapport à une autre, et non dans sa reproduction.
Borges parvient ainsi à
« l’idée qu’on n’invente rien, qu’on travaille avec la mémoire ou, pour parler d’une façon plus précise, qu’on travaille dans l’oubli ».
3. 4 Toute littérature est emprunt
En un sens, toute littérature est emprunt : on ne peut écrire que dans une langue qui a déjà porté d’autres œuvres, et l’on en demeure soi-même marqué.
Pour le critique Gérard Genette, il existe nécessairement des « relations de coprésence » et les
« relations de dérivation » entre deux textes : il crée alors la notion d’une littérature « palimpseste », qui est coprésence d’un texte littéraire dans un autre ( Palimpsestes, 1982).
À la suite du critique littéraire russe Mikhaïl Bakhtine apparaît
également la notion d’« intertextualité », qui est circulation des thèmes, des styles, des motifs, entre les œuvres.
Une littérature palimpseste s’élabore sur d’autres textes dont la trace demeure plus ou moins apparente : le plagiat, conscient ou inconscient, devient alors, en quelque sorte, la condition même de la création.
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