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plagiat et emprunt littéraire - littérature.

Publié le 28/04/2013

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plagiat et emprunt littéraire - littérature. 1 PRÉSENTATION plagiat et emprunt littéraire, différentes modalités selon lesquelles un auteur peut faire, dans un texte, référence à un autre texte littéraire préexistant, et cela de façon licite ou illicite, explicite ou non, volontaire ou inconsciente. 2 PLAGIAT 2.1 Histoire de la notion de plagiat Étymologiquement, plagiat vient du mot latin plagiarius, désignant celui qui cache les esclaves d'autrui, issu de plagium, vol d'esclaves, terme lui-même issu du grec plagios, qui signifie oblique, fourbe. Le plagiat se définit comme un emprunt (thématique et / ou stylistique), non avoué (sans référence à l'oeuvre d'origine), fait à une oeuvre littéraire préexistante (ou à une partie de cette oeuvre). Vanté par Jean de la Sourdière, sieur de Riche-Source, dans le Masque des orateurs (1667), mais qualifié de « délit le plus grave qui puisse se trouver dans la République des Lettres « par Diderot, et condamné par le philosophe et naturaliste suisse Bonnet, qui appelait de ses voeux un « tribunal souverain pour le juger «, le plagiat se vit ensuite attaqué de façon systématique par les romantiques, champions de l'originalité créatrice, et en premier lieu par Charles Nodier, dans ses Questions de littérature légale (1812), et par J. M. Quérard dans Supercheries littéraires dévoilées (1847). Si le terme était employé auparavant, la naissance de la catégorie de plagiat en littérature eut véritablement lieu au XIXe siècle. Inventé par la critique littéraire professionnelle, le terme plagiat désignait alors les écrits qui ne faisaient pas oeuvre suffisante de création pour mériter pleinement le titre de littérature. L'accusation de plagiat, située au niveau esthétique et moral, déniait à l'oeuvre considérée la qualité même de littérature, pour la réduire à une pure usurpation. La critique littéraire créa, au même moment, les notions d'« influence « et de « source « pour distinguer différents modes (ou différents niveaux) d'emprunt, afin de départager les grands écrivains des écrivains médiocres. Mais, si l'individualisme romantique contribua certes à valoriser la création originale, le développement de la notion de plagiat correspondait aussi au développement de l'édition comme industrie ( voir Livre, industrie du) : l'oeuvre littéraire devenait alors propriété commerciale, susceptible de faire d'importants bénéfices et, à ce titre, devait être défendue. La notion de plagiat ne se situait plus, ici, sur le plan esthétique ou moral, mais sur celui de la propriété. 2.2 Nature du plagiat Le plagiat apparaît au regard de la loi comme une forme particulière de la contrefaçon. Si un plagiat à la fois stylistique et thématique -- une pure et simple reproduction, à l'identique, d'un extrait d'oeuvre littéraire -- est assez aisé à démontrer, l'imitation stylistique seule est déjà bien plus difficilement cernable, nécessitant une lecture extrêmement fine du texte ; quant à l'emprunt d'un schéma narratif ou d'un thème, il est souvent impossible à qualifier de plagiat, du fait même de la nature de l'objet littéraire, dont l'originalité repose moins sur une thématique que sur un style d'écriture. Sans doute, comme l'écrit Marmontel dans ses Éléments de littérature (1787), le plagiat suscite-t-il le plaisir de sa dénonciation : « Les pédants ont la vanité de faire montre d'érudition, en découvrant un larcin littéraire ; les petits esprits, en reprochant ce larcin, ont le plaisir de croire humilier les grands ; les critiques [...] suivent le malheureux instinct que leur a donné la Nature, celui de verser leur venin. « Le plagiat est estimé fautif par les critiques, l'éditeur et l'auteur de l'oeuvre plagiée. Est-ce à dire que le triomphe de la littérature réside dans la création pure, et qu'une oeuvre ne doit contenir nul emprunt (retravaillé ou non) d'une autre oeuvre ? Ce serait méconnaître l'histoire et l'essence de la littérature : comme le dit Giraudoux « le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d'ailleurs est inconnue «. 3 FORMES LÉGITIMES DE L'EMPRUNT LITTÉRAIRE 3.1 Différentes modalités de la référence littéraire On identifie différents modes, acceptables et licites, de la référence littéraire. Les modes les plus immédiats de la référence, c'est-à-dire ceux qui consistent en une reproduction pure et simple du texte d'origine sont la citation (emprunt licite) et le plagiat (emprunt illicite). Dans la citation, un auteur, au sein de son texte, cite fidèlement, et entre guillemets, un extrait du texte d'un autre auteur en précisant l'origine de son emprunt (nom de l'oeuvre et de l'auteur) : c'est cette précision qui évite la supercherie du plagiat. On distingue ensuite deux grands types d'emprunts littéraires : l'emprunt stylistique et l'emprunt thématique. L'emprunt stylistique consiste en l'imitation stylistique d'un texte préexistant : cette imitation est un pastiche quand elle n'a pas de visée satirique (Pastiches et Mélanges, de Marcel Proust, est un recueil de pastiches en hommage aux grands maîtres de la prose française : Balzac, Flaubert, etc.). On appelle parodie une imitation stylistique ou un emprunt thématique à visée satirique (le Virgile travesti, de Scarron, est une parodie, puisqu'il traite d'un sujet sérieux, l'Énéide, dans une langue comique). On appelle adaptation un emprunt thématique (emprunt à une oeuvre préexistante de personnages, d'une intrigue, etc., pour les reformuler dans un style et un but différents) lorsqu'il n'est pas parodique : La guerre de Troie n'aura pas lieu, de Giraudoux, est une adaptation de l'Iliade d'Homère. Toutes ces modalités de la référence ou de l'emprunt, pratiquées par les auteurs les plus illustres, loin d'être contraires à l'idée de création originale, sont constitutives du fait littéraire lui-même. 3.2 De l'imitation comme genre littéraire Jusqu'au XVIIIe siècle, la littérature occidentale était foncièrement imitative. Chez les Anciens et durant le Moyen Âge, l'originalité était même considérée comme un défaut. La reprise de thèmes figés, celle d'idées déja exprimées par des auteurs plus anciens et l'imitation stylistique des prédécesseurs paraissaient normales. Ainsi Virgile décida-t-il d'écrire une Iliade latine en s'inspirant d'Ennius, et Montaigne se vantait-il de ses références érudites. Au XVIIe siècle (où eut lieu la querelle des Anciens et des Modernes, premier débat sur la validité d'une littérature fondée sur la référence et l'imitation), Jean de La Fontaine puisait ses sujets chez Phèdre, qui lui-même s'inspirait d'Ésope ; Racine revisitait Euripide, tandis que Molière relisait Plaute et Térence, et que Corneille puisait dans la littérature espagnole. Toutefois, si l'emprunt à des auteurs anciens ou étrangers était alors bien vu, et même recommandé comme une sorte de « conquête littéraire «, l'emprunt à des contemporains ou compatriotes et la fausse attribution (volontaire ou non) d'un texte à tel ou tel auteur, étaient mal considérés. 3.3 Le plagiat est impossible Le plagiat, au sens strict, est en réalité impossible. Pastiche d'une critique littéraire, la nouvelle de Jorge Luis Borges « Pierre Ménard auteur du Quichotte « (recueillie dans Fictions, 1944) se penche sur l'étrange oeuvre « souterraine, interminablement héroïque, sans pareille « d'un auteur qui a décidé non pas de « composer un autre Quichotte -- ce qui est facile -- mais le Quichotte de Cervantès : « son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient -- mot à mot et ligne à ligne -- avec celles de Miguel de Cervantès. « Face à cette pure « reproduction «, qui prend l'aspect d'une oeuvre autonome, le plagiat acquiert un autre sens : il paraît alors résider dans la démarcation d'une oeuvre par rapport à une autre, et non dans sa reproduction. Borges parvient ainsi à « l'idée qu'on n'invente rien, qu'on travaille avec la mémoire ou, pour parler d'une façon plus précise, qu'on travaille dans l'oubli «. 3.4 Toute littérature est emprunt En un sens, toute littérature est emprunt : on ne peut écrire que dans une langue qui a déjà porté d'autres oeuvres, et l'on en demeure soi-même marqué. Pour le critique Gérard Genette, il existe nécessairement des « relations de coprésence « et les « relations de dérivation « entre deux textes : il crée alors la notion d'une littérature « palimpseste «, qui est coprésence d'un texte littéraire dans un autre ( Palimpsestes, 1982). À la suite du critique littéraire russe Mikhaïl Bakhtine apparaît également la notion d'« intertextualité «, qui est circulation des thèmes, des styles, des motifs, entre les oeuvres. Une littérature palimpseste s'élabore sur d'autres textes dont la trace demeure plus ou moins apparente : le plagiat, conscient ou inconscient, devient alors, en quelque sorte, la condition même de la création. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Jusqu’au XVIII e siècle, la littérature occidentale était foncièrement imitative.

Chez les Anciens et durant le Moyen Âge, l’originalité était même considérée comme un défaut.

La reprise de thèmes figés, celle d’idées déja exprimées par des auteurs plus anciens et l’imitation stylistique des prédécesseurs paraissaient normales.

Ainsi Virgile décida-t-il d’écrire une Iliade latine en s’inspirant d’Ennius, et Montaigne se vantait-il de ses références érudites. Au XVII e siècle (où eut lieu la querelle des Anciens et des Modernes, premier débat sur la validité d’une littérature fondée sur la référence et l’imitation), Jean de La Fontaine puisait ses sujets chez Phèdre, qui lui-même s’inspirait d’Ésope ; Racine revisitait Euripide, tandis que Molière relisait Plaute et Térence, et que Corneille puisait dans la littérature espagnole. Toutefois, si l’emprunt à des auteurs anciens ou étrangers était alors bien vu, et même recommandé comme une sorte de « conquête littéraire », l’emprunt à des contemporains ou compatriotes et la fausse attribution (volontaire ou non) d’un texte à tel ou tel auteur, étaient mal considérés. 3. 3 Le plagiat est impossible Le plagiat, au sens strict, est en réalité impossible.

Pastiche d’une critique littéraire, la nouvelle de Jorge Luis Borges « Pierre Ménard auteur du Quichotte » (recueillie dans Fictions, 1944) se penche sur l’étrange œuvre « souterraine, interminablement héroïque, sans pareille » d’un auteur qui a décidé non pas de « composer un autre Quichotte — ce qui est facile — mais le Quichotte de Cervantès : « son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient — mot à mot et ligne à ligne — avec celles de Miguel de Cervantès.

» Face à cette pure « reproduction », qui prend l’aspect d’une œuvre autonome, le plagiat acquiert un autre sens : il paraît alors résider dans la démarcation d’une œuvre par rapport à une autre, et non dans sa reproduction.

Borges parvient ainsi à « l’idée qu’on n’invente rien, qu’on travaille avec la mémoire ou, pour parler d’une façon plus précise, qu’on travaille dans l’oubli ». 3. 4 Toute littérature est emprunt En un sens, toute littérature est emprunt : on ne peut écrire que dans une langue qui a déjà porté d’autres œuvres, et l’on en demeure soi-même marqué.

Pour le critique Gérard Genette, il existe nécessairement des « relations de coprésence » et les « relations de dérivation » entre deux textes : il crée alors la notion d’une littérature « palimpseste », qui est coprésence d’un texte littéraire dans un autre ( Palimpsestes, 1982).

À la suite du critique littéraire russe Mikhaïl Bakhtine apparaît également la notion d’« intertextualité », qui est circulation des thèmes, des styles, des motifs, entre les œuvres. Une littérature palimpseste s’élabore sur d’autres textes dont la trace demeure plus ou moins apparente : le plagiat, conscient ou inconscient, devient alors, en quelque sorte, la condition même de la création. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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