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Pouchkine, Eugène Onéguine (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Pouchkine, Eugène Onéguine (extrait). Il est d'usage de considérer qu'avec Eugène Onéguine Pouchkine a ouvert la voie de la tradition des grands romans slaves, peintures à la fois sociales et lyriques des milieux russes. Dans ce roman en vers où souvent l'auteur intervient en commentateur digressif, les destinées des personnages, dont les valeurs sont déterminées par la classe à laquelle ils appartiennent, sont amenées à se croiser et à s'emmêler le temps du séjour campagnard d'un jeune mondain blasé - Eugène Onéguine. Même l'amour qui, un temps, s'efforce d'unir les univers, reste imperméable à une quelconque fusion. Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine 33 Sans voir l'aube qui déjà point, Assise la tête inclinée, Elle n'appose toujours point Du sceau l'empreinte ciselée. Mais on entrebâille la porte. C'est le plateau de thé qu'apporte Philippiévna aux cheveux blancs. « Debout, ma petite, il est temps. Quoi ? Déjà prête, ma chérie ! Ah, ces oiseaux du jour naissant ! Hier tu m'as fait du tourment. Dieu merci, te voilà guérie. La nuit a chassé ton humeur. Un vrai pavot en pleine fleur «. 34 -- Oh, dis, nounou ; rends-moi service. -- Dis-moi tout ce que tu voudras. -- Ne me suspecte pas, nourrice... Enfin, ne me refuse pas... -- Je le jure sur dieu, ma petite. -- Bon, remets ce billet bien vite À ton petit-fils... pour cet O... Tu sais, le voisin. Mais il faut Garder cette affaire secrète. Surtout qu'il n'aille me nommer... -- Enfant, de qui veux-tu parler ? Je n'ai plus la tête bien nette. Des voisins, il en est partout. Comment les compter jusqu'au bout ? 35 -- Nounou, mais tu n'y comprends rien -- Eh, mon enfant, c'est la vieillesse. L'âge ne nous fait pas de bien. Jadis j'avais plus de finesse. Quand le maître ordonnait naguère... -- Nounou, nounou, la belle affaire ! Qu'ai-je à faire de ton esprit ? Il s'agit de ce mot écrit Pour Oniéguine. -- Ah bon, j'y suis. Enfant, ne sois pas irritée. Tu sais, je ne suis pas fûtée... Mais quoi ? De nouveau tu pâlis ? -- Ce n'est rien, nourrice, vraiment. Mais dépêche ton garnement «. 36 Tout le jour réponse ne vint. Le lendemain fut non moins vide. Tania, prête dès le matin, Attend en vain, ombre livide. Survient d'Olga l'adorateur. « Que devient notre visiteur ? « Lui demanda la ménagère. « Nous ne l'intéressons plus guère «. Tatiana brûla, frémit toute. « Il s'annonçait pour aujourd'hui « Fut la réponse de Lenski. « Un retard de courrier sans doute «. Et Tatiana baissa les yeux Comme au son d'un blâme odieux. 37 Dans la pièce où le jour décline Le samovar brillant sifflait, Chauffant la théière de Chine. La vapeur dessous circulait. Le thé odorant et foncé D'un convive à l'autre est passé Par les soins d'Olga elle-même, Et le petit offrait la crème. À la fenêtre se tenant, Soufflant sur la vitre givrée, Tatiana, tout accaparée, Chère âme, de son doigt charmant, Trace sur le verre embué Le béni monogramme O-E. 38 Cependant son âme s'afflige. Ses yeux las sont noyés de pleurs. Bruit de sabots... Son sang se fige. On approche au galop... Seigneur ! C'est Oniéguine. « Ah ! « Ombre ailée, Tania bondit vers l'autre entrée, Du perron vole vers la cour, Droit sur le parc, d'un trait parcourt, N'osant regarder davantage. Parterres, passerelle et pré, Sentier du lac, bosquet, fourré, Casse des lilas le branchage, Par les massifs court jusqu'au ru. Choit sur un banc, n'en pouvant plus. 39 « Eugène ici, il est ici ! Seigneur, à quoi est-ce qu'il pense ? « Son coeur débordant de souci Nourrit une obscure espérance. Elle a la fièvre, le frisson. Elle attend. Vient-il ? Hélas non ! Sur les massifs, suivant les raies, Les filles détachaient les baies, Et par ordre chantaient en choeur (À seule fin que les coquines Ne passent leurs lippes mutines Sur la récolte du seigneur, Ce dont les empêchaient leurs chants : On a de ces ruses aux champs !) Source : Pouchkine (Alexandre), Eugène Oniéguine, trad. par Maurice Colin, Paris, Les Belles Lettres, 1980. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« Tu sais, je ne suis pas fûtée… Mais quoi ? De nouveau tu pâlis ? — Ce n’est rien, nourrice, vraiment. Mais dépêche ton garnement ». 36 Tout le jour réponse ne vint. Le lendemain fut non moins vide. Tania, prête dès le matin, Attend en vain, ombre livide. Survient d’Olga l’adorateur. « Que devient notre visiteur ? » Lui demanda la ménagère. « Nous ne l’intéressons plus guère ». Tatiana brûla, frémit toute. « Il s’annonçait pour aujourd’hui » Fut la réponse de Lenski. « Un retard de courrier sans doute ». Et Tatiana baissa les yeux Comme au son d’un blâme odieux. 37 Dans la pièce où le jour décline Le samovar brillant sifflait, Chauffant la théière de Chine. La vapeur dessous circulait. Le thé odorant et foncé D’un convive à l’autre est passé Par les soins d’Olga elle-même, Et le petit offrait la crème. À la fenêtre se tenant, Soufflant sur la vitre givrée, Tatiana, tout accaparée, Chère âme, de son doigt charmant, Trace sur le verre embué Le béni monogramme O-E. 38 Cependant son âme s’afflige. Ses yeux las sont noyés de pleurs. Bruit de sabots… Son sang se fige. On approche au galop… Seigneur ! C’est Oniéguine.

« Ah ! » Ombre ailée, Tania bondit vers l’autre entrée, Du perron vole vers la cour, Droit sur le parc, d’un trait parcourt, N’osant regarder davantage. Parterres, passerelle et pré, Sentier du lac, bosquet, fourré, Casse des lilas le branchage, Par les massifs court jusqu’au ru. Choit sur un banc, n’en pouvant plus.. »

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