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Première Scène De L'Ile Des Esclaves

Publié le 19/09/2010

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Né le 4 février 1688 à Paris, l’auteur et journaliste français Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, dit « Marivaux «, écrivit son premier texte  le Père prudent et équitable, ou Crispin l’heureux fourbe en 1712. Il s’essaiera à plusieurs genres avant de se centrer sur la parodie. Il écrira alors L’Ile des Esclaves en 1725. Cette pièce théâtrale est une comédie en 11 scènes, rédigée en prose, qui dénonce les relations entre maître et esclave bien trop souvent hypocrites.

Nous allons étudier la première scène en trois parties. D’abord nous allons expliquer ce qui fait de cette scène une scène d’exposition, puis nous étudierons l’histoire de la scène. Et pour finir nous verrons les types de comiques de cette première scène.

Comment l’histoire de L’Île des Esclaves est-elle introduite dans cette première scène ?

 

I ) Une scène d’exposition est une introduction à une pièce de théâtre regroupant des éléments du contexte de la situation initiale tels que des éléments spatio-temporels, une présentation des personnages. Elle intrigue le lecteur pour le pousser à lire la pièce entièrement.

A °/ On assiste à une présentation de deux personnages à travers cette première scène. Un maître, Iphicrate, et son valet Arlequin. Premièrement on peut souligner l’importance des noms dans la pièce. Iphicrate en grec signifie « celui qui gouverne par la force « , ce qui renvoie le personnage à un haut ordre social, confirmant sa position de maître. Contrairement à son valet, dont le nom Arlequin est tiré de la Commedia Dell’Arte, est connu pour être un bouffon paresseux naïf et familier. Dès la première didascalie liée à Arlequin, on relève qu’il a une bouteille de vin à la ceinture, c’est un attribut de la représentation qu’on fait de ce personnage dans la Commedia Dell’Arte. Leur statut sociaux l’un envers l’autre sont donnés dans les premières répliques des deux personnages. Iphicrate appelle Arlequin par son nom, c’est-à-dire de façon familière, ce qui montre qu’il ne lui adresse aucun respect, alors qu’Arlequin l’appelle « Mon patron «. On apprend au milieu de la scène, la présence d’autres personnages vivant sur l’île. Ils seraient des esclaves grecs révoltés contre leurs maîtres qui se seraient attribués ce lieu.

B °/ Le titre, L’Île des Esclaves, nous indique directement le lieu de la scène : elle se situe sur une île. Ce lieu suppose qu’on ne peut s’en échapper. Il est entouré par la mer, c’est un lieu clos. Il inquiète Iphicrate et Arlequin qui ont peur de leur sort, de mourir de faim. On peut le justifier en relevant à la ligne 4, une question d’Iphicrate qui demande ce qu’ils deviendront sur cette île, ce qui explique qu’il ne voit d’autre possibilité que la mort, et aux lignes 5 et 6, Arlequin lui répond en annonçant son point de vue tout autant péjoratif. En revanche, aucun n’indice temporel n’est donné pour situer la scène. Nous pouvons vaguement la situer, encore une fois grâce au titre, qui nous indique qu’elle se passe au temps où il y avait encore des esclaves. Mais cette absence d’indice de temps est créée pour nous laisser imaginer que cette pièce pourrait se passer à n’importe quel siècle, car en 1725, Marivaux ne prévoyait pas l’abolition de l’esclavage. Relevons aux lignes 26 à 31, lorsque Iphicrate raconte la légende des esclaves révoltés, que nous trouvons un indice temporel « cent ans «, mais celui-ci ne nous aide tout de même pas à situer la pièce dans le temps.

C °/ La première scène s’ouvre sur un dialogue commencé par Iphicrate. Cela connote qu’il est supérieur à Arlequin. Cependant, à la fin de la scène, on remarque que c’est Arlequin qui clos ce dialogue. On pourra donc déjà supposer un retournement de situation dont nous parlerons par la suite. Le dialogue donne de la vie au texte. De plus, la ponctuation des phrases exclamatives des deux personnages au début du dialogue ravive encore la pièce. On en retrouvera tout au long de la scène. Parfois accompagnées de petites exclamations comme à la ligne 42 : « Hu ! Hu ! Hu !« ou de didascalies telle qu’à la même ligne « siffle «.

 

II ) Intéressons nous à présent à l’histoire de cette première scène. Voyons comment se fait le retournement de situation entre les positions d’Iphicrate et d’Arlequin.

A °/  Iphicrate et Arlequin sont échoués sur une île où ils craignent de mourir de faim comme on peut le constater aux lignes 4 à 7 : « Que deviendrons-nous dans cette île ? … Nous deviendrons maigres, étiques.. «. C’est Iphicrate qui mène le début de la scène. En effet il commence le dialogue et le mènera jusqu’à la ligne 55 à peu près, où l’on voit qu’il perd peu à peu la parole car Arlequin la prend quand il apprend la légende des esclaves grecs révoltés. Arlequin prend alors confiance en lui et prend par lui même une certaine liberté.

B °/  Le valet s’étant accordé la liberté, Iphicrate se rend compte de son erreur et essaie de le remettre dans son camp en lui montrant de l’affection : « Eh ! ne sais-tu pas que je t’aime ? « ligne 74 alors Arlequin parle désormais à son maître comme s’ils étaient égaux : « comme vous êtes civil et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela. « dit-il à la ligne 56. Cette remarque péjorative démontre cette égalité. Vers la fin du dialogue, on remarque qu’Arlequin mène totalement le dialogue, il répond toujours davantage que son maître et se permet de clore le dialogue.

 

III ) On observe différents types de comique dans cette scène. Tout d’abord nous pouvons parler d’un comique de mot en relevant différentes exclamations telles que « Ah ! Ah ! Ah « ligne 48. On retrouve ces exclamations d’Arlequin tout au long du texte à partir du moment où il prend ses aises avec son maître. De plus relevons un comique de situation. Arlequin et Iphicrate sont tous deux perdus dans une île, légendaire grâce à la coutume de ses habitants, ils y sont seuls et livrés à eux même. Avec la seule aide de l’autre. On peut donc parler d’un comique de situation. Les didascalies nous démontrent qu’il y a également un comique de geste. Dès les premières didascalies, on sait qu’Arlequin porte une bouteille de vin à sa ceinture.  Plus loin dans le texte on observe qu’Arlequin siffle, cette didascalie indique qu’il est joyeux et renvoie au comique. Les didascalies suivantes sont d’ailleurs aussi joyeuses et humoristes.

 

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