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Qu'aime-t-on lorsqu'on aime?

Publié le 15/04/2011

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Dissertation de philosophie

Qu'aime-t-on lorsqu'on aime?

 

 

Introduction

L'amour est un problème philosophique: Freud définissait la dépression par la perte de la capacité d'aimer et cet état, comme on le sait, peut conduire au suicide puisque plus rien n'a de sens. C'est l'amour de la vie qui lui donne un sens. Cependant, le sentiment amoureux s'apparente souvent à une maladie parce qu'il comporte en lui-même le risque de la perte de l'objet. Qu'il se réalise ou non, on tombe vite dans la possessivité qui mène parfois au pire. Ainsi, on peut se demander ce que l'on aime dans l'amour? Pour répondre à cette question, il faut tenter de définir l'amour. Quels sont ces types d'amour?

Cela paraît simple, mais ces trois termes, Eros, Philia et Agapé sont très compliqués. On aurait beau jeu de résumer la situation en affirmant qu’il ne peut s’agir que de sexe, de camaraderie et de générosité. Ce n’est pas si simple et ces concepts sont à manipuler avec précaution. Nous allons les reprendre, et dire d'abord ce qu’ils ne sont pas, puis préciser enfin ce qu’ils sont, afin de mieux définir ce que nous aimons lorsque on aime.

 

 

Eros, le désir appelant le contact

Eros, ce n’est pas qu’une histoire de sexe. C’est beaucoup plus noble que cela. Eros était le dieu de l’Amour chez les Grecs. Il était généralement représenté par un enfant (ailé ou non) tenant un arc. Une fois qu’il nous a touché d’une de ses flèches, nous sommes irrésistiblement attirés vers l’autre, comme un aimant par un autre aimant. Mais il ne s’agit pas que de relation physique. En psychanalyse, Freud utilise ce terme dans sa dernière théorie des pulsions, pour désigner l’ensemble des pulsions de vie. Quand deux amants veulent se toucher, ils ont besoin d’un contact peau à peau. Les notions de contact, et même de tact, doivent être appréhendée en se débarrassant de préjugés qui les enfermerait dans un cadre purement sexuel.

 

Platon affirmait que l'amour est désir et que le désir est manque: « ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour » (Le Banquet).. C'est un amour insatiable, solitaire, toujours en peine de ce qu'il aime, toujours en manque de son objet, c'est la passion, celle qui affole et déchire, celle qui exalte et emprisonne. Par quoi cet amour-là est égoïste.

Pour lui l'amour n'est pas complétude mais incomplétude, non fusion mais quête, non perfection comblée mais pauvreté dévorante. Ainsi pour Socrate l'amour est désir et le désir est manque.

L’amour (cet amour là, l’amour physique, que Gainsbourg disait sans issue) n’est pas une vertu car aucune émotion n’est susceptible d’informer plus mal, de tromper autant sur soi, sur l’autre. C’est une passion. Dénoncées mais aussi glorifiées. C’est une émotion stimulante, mais sans contrôle. Par exemple, on excuse même le crime passionnel. Il est pardonnable de tuer dans le feu de l’amour, puisqu’on ne se maîtrise plus.

 

Eros c'est aussi une sensualité plus noble, qui ne s’éveille que pour une personne unique. Une seule personne brise la pudeur, réclame le contact, et permet la relation corps à corps. On ne peut pas être amoureux sans savoir de qui. Alors on n’aime pas qu’un corps, mais une personne. Et d’ailleurs le corps peut changer sans que le désir soit perdu; de même une autre personne avec un corps similaire ne pourra pas satisfaire le besoin affectif.

 

 

 

Philia, la relation d’estime mutuelle

Philia, ce n’est pas la camaraderie. Mon ami n’est pas mon ami parce qu’il me fait du bien. Il ne s’agit pas d’un sentiment comme l’amour du prochain, que l’on pourrait ressentir pour n’importe qui d’agréable compagnie. L’ami est un élu, avec lequel je ne suis ni altruiste ni égoïste, et lui non plus. L'ami c’est la personne dont on parle quand on dit “c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis”. Quoique dans la notion grecque de l’amitié que, on ne suppose même pas qu’un ami puisse se retrouver dans le besoin, tant on se soucie véritablement de lui procurer le meilleur sans jamais qu’il le demande.

 

On le voit, la Philia implique un Immense respect et un véritable devoir. C’est une amitié ressentie pour ses semblables (famille, communauté...) qui tend vers la tendresse, la générosité, mais toujours dans la réciprocité. Cette volonté de faire le bien de l’autre pourrait paraître n’être que générosité, s’il n’y avait pas tout un protocole montrant qu’il ne s’agit pas de dons spontanés, mais de dettes qu’on s’échange. L’ami qu’on se met en devoir de servir est un élu, on n’aime pas n’importe quoi. Vouloir le bien de l’autre sans chercher à en tirer parti. Mais en agissant pour le bien d’autrui on agit le plus souvent pour son propre bien.

 

Eros et Philia se mêlent presque toujours et c'est ce qu'on appelle un couple ou une histoire d'amour. Simplement Eros s'use au fur et à mesure qu'il est satisfait, quand Philia au contraire ne cesse de se renforcer, de s'approfondir, de s'épanouir. C'est la logique de la vie. Pour les couples heureux, c'est passer de l'amour de soi à l'amour de l'autre, de l'amour qui prend à l'amour qui donne, du manque à la joie, de la violence à la douceur ,d'Eros à Philia.

 

 

Agapé, l'amour du prochain sans attente de réciprocité

Agape n’est pas un sentiment de pitié ou de sympathie, qui fait que je tends à vouloir faire du bien à quelqu’un. Si je donne de l'argent à un sans abri, c’est le plus souvent parce qu’il m’a ému. Quelque chose dans son apparence m’a touché, quelque chose dans son discours m’a plu. Or l’amour du prochain ne choisit pas qui aimer, il aime toute l’humanité. Quand il fait du bien à un homme particulier, c’est au nom de son amour pour tous les hommes.

 

L’amour du prochain, c’est un amour sans attente de réciprocité, qui ne lie pas par un rapport d’égal à égal, on aime l’humanité comme on aime un dieu, la vie, ou la nature. Il nous invite à aimer tout homme simplement parce qu’il est homme. Il n’y a plus d’élu de mon cœur, mais des grands principes. On choisit ses amis, or dans l’amour du prochain, aimer ce n’est plus accorder une faveur à un privilégié préféré entre tous, mais un devoir ordonné comme « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Absolument tous les hommes, même tes pires ennemis, non plus seulement ceux avec lesquels tu te sens des affinités. Aimer se projette donc dans l'avenir et est un devoir.

 

Le niveau d’Agapè induit la relativisation des besoins, ce qui sont nécessaire de ceux qui le ne sont pas ou plus. Cela nous ramène à Epicure.

 

Conclusion

C’est trois concertions sont comme trois valeurs d’élévation. L’un n’empêche pas les deux autres. Ainsi, « le grand amour » est la présence dans ce grand amour d’éros, de philia et d’agapè, dans un savant équilibre qui va évoluer au fils du temps: jeune beaucoup d’éros, vieux l’agapè qui prend le dessus.

Pour aimer sa compagne, son compagnon, éros ne sera pas suffisant. Souvent, quand il est seul, il ne fera pas dépasser plus d’un nuit cet amour. Bien sur éros est suffisant à donner la vie. Il ressentira, le philia, l’agapè que porteront ses parents mutuellement l’un pour l’autre comme la garantie d’une paix familiale propice à son bon épanouissement.

 

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