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Question corpus sur l’île des esclaves

Publié le 04/04/2011

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question

 

L’affrontement au théâtre

 

Le corpus de textes, que nous avons eu à étudier, présente trois extraits de pièces de théâtre, tous des affrontements verbaux entre deux personnages l’un aimant l’autre mais n’en étant pas aimé en retour.

 

 

Le premier texte est extrait de l’Andromaque tragique de Jean Racine (1667). Ce dernier a pris très grand soin à écrire sa pièce en vers et en langage soutenu. C’est une partie de l’acte III, scène 7. Pyrrhus amoureux d’Andromaque, sa captive troyenne, lui impose un chantage odieux : soit elle l’épouse et son fils est sauf, soit elle décline son offre et dans ce cas-là, son fils sera livré aux Grecs (« Il faut ou périr ou régner » l.22). Nous remarquons donc que c’est Pyrrhus, l’homme, qui est à l’origine du conflit notamment à cause de son chantage. C’est ici principalement une question de pouvoir. En effet, sur le plan politique, Pyrrhus a un pouvoir absolu sur Andromaque. Andromaque, reine de Troie déchue est au service de Pyrrhus, roi d’Epire, allié des Grecs et vainqueur de la guerre de Troie. De plus il n’y a que lui qui parle, ce qui montre sa supériorité. Mais cet affrontement est avant tout sentimental, et c’est, au final, Andromaque qui règne. Pyrrhus est pendu à ses lèvres et la suite des événements dépendent de son ultime choix.

 

De même, dans l’extrait suivant provient de la scène 8 de la comédie L’île des esclaves de Marivaux (1725), Arlequin essaie de persuader une femme, Euphrosine, qui le repousse de l’aimer. L’affrontement est de nature différente que dans le premier texte. Ici, l’histoire a fait que les maîtres et esclaves ont échangé leur rôle : ainsi Arlequin est un valet devenu maître et Euphrosine est une maîtresse devenue servante. Ce sont donc des rapports intervertis. Malgré tout, c’est Euphrosine qui garde le pouvoir, et en effet à la fin Arlequin se rend (« J’ai perdu la parole »l.47). Du fait que ce soit une comédie, l’affrontement est exagéré mais reste dans un registre de langue commun. L’affrontement en devient presque puéril et la cause ridicule : Arlequin se comporte un peu comme un enfant gâté et revendique l’amour d’Euphrosine qui malheureusement pour lui a un libre-arbitre très développé. Remarquons qu’ici aussi c’est l’homme qui est à l’origine du conflit.

 

Le dernier texte est extrait de l’acte II, scène 1 des Caprices de Marianne d’Alfred de Musset (1833) qui est également une comédie. Mais ici, l’affrontement entre Octave et Marianne est radicalement différent. En effet il n’y a aucun rapport hiérarchique entre les deux personnages. Coelio reproche par l’intermédiaire d’Octave à Marianne d’être sans cœur. Marianne se justifie alors en disant qu’elle est victime de l’imagination de ceux qui l’entourent. Elle a ainsi le dernier mot. Le langage utilisé est un langage « précieux » avec un goût opur les métaphores (« Il faut croire que sa passion pour moi était quelque chose comme du chinois ou de l’arabe, puisqu’il lui fallait un interprète, et qu’elle ne pouvait s’expliquer toute seule. »). Mais malgré le titre de comédie donné par l’auteur cet extrait n’en a pas les caractéristiques, elle vise surtout à toucher le spectateur. Dans ce dernier texte, nous retrouvons encore l’origine du conflit dans l’homme.

 

 

Pour conclure, ces trois extraits bien que semblables par leur thème se différencient par leur disposition et leur écriture. D’une tragédie où les vers sont grandiloquents où il est question de vie ou de mort et où le ton est très alarmant, nous passons à deux comédies dont le style est exagéré et le ton plus léger car les enjeus sont moins grands, pour faire rire le spectateur ou pour l’émouvoir.

Le style d’écriture dans les pièces de théâtre influence donc très fortement la façon dont l’affrontement est perçu par les spectateurs.

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