Question de corpus
Publié le 17/10/2011
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Le corpus réunit quatre extrait d'incipit de romans : une page de Germinal de Zola écrite en 1885, un extrait de La Condition Humaine de Malraux (1933), un passage de L'étranger publié en 1942 par Albert Camus et enfin une page du roman de Simenon Le Chien Jaune (1931). Ces quatre passages mettent en scène plusieurs statuts et points de vue que nous allons analyser.
Germinal d’Emile Zola, relate les pensées d'un personnage dont le nom est inconnu \"l'homme\". Le récit est à la troisième personne du singulier « Devant lui, il ne voyait » ; « il n’avait la sensation » ; « il marchait d’un pas allongé ». Zola se définit comme un narrateur omniscient : le narrateur est extérieur à l'histoire, et connait tout des personnages, de la situation, du passé et de l'avenir. Le lecteur en sait donc plus que les personnages.
« La condition humaine » de Malraux présente un personnage dont le destin va être défini par son geste. Nous découvrons ici une narration à la 3è personne du singulier : « il connaissait » ; « il se retrouva » ; « il se répétait». Pour Malraux, le point de vue adopté est interne, puisque c'est le monde intérieur de Tchen qui est décrit, ses interrogations et son angoisse avant l'action. Le lecteur ne connait que les pensées de Tchen.
On retrouve le même statut du narrateur dans « Le chien Jaune » de Simenon « qu’il rattrape à temps, qu’il maintient sur sa tête », toujours à la 3 personne du singulier. Ces trois textes présentent alors le même mode de narration, celui auquel le narrateur se situe en dehors de l’histoire. Il n’est pas un personnage de l’histoire, il ne participe pas aux évènements. Dès lors, il effectue un va-et-vient entre le moment de la narration et l’époque de la fiction.
Contrairement aux récit de Zola et de Malraux, pour Simenon, le point de vue est externe, car il décrit seulement ce qu'il voit (une place de Concarneau). Il ne sait rien des pensées ou des motivations des personnages au début de l'histoire. Le narrateur ne fait que des suppositions : \"on sent\" et se pose des questions : \"est ce que le douanier n'a pas perçu un bruit étranger à la tempête ?\". Dans L’étranger, Albert Camus présente un mode de narration à la 1er personne du singulier « Je n’étais pas en deuil » ; « je ne pouvais plus subvenir à nos besoins » ; « J’ai eu envie de fumer ». Le narrateur se trouve dans l’histoire ; c’est un personnage qui participe au décès de la mère et aux funérailles. Le narrateur raconte sa propre histoire, dont il est le personnage principal. Le point de vue employé est donc interne mais le point de vue externe est également présent car Meursault ne parle que des apparences, il n'explique et n'analyse rien et ne va pas au-delà de ce qu'il voit.
Zola dans Germinal, change souvent de points de vue. En effet, dès le début de l’incipit, le narrateur s’efface et se limite à l’aspect extérieur, faisant lieu d’une description « Dans la plaine rase […] un homme suivait seul la grande route de Marchiennes … ». Ensuite, le personnage est décrit : « le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. » Mais à ce point de vue se mêle le point de vue omniscient : le narrateur voit et sait tout dans le temps. En effet, dans le second paragraphe, le narrateur connaît le passé du personnage « l’homme était parti de Marchiennes vers deux heures » . Mais il connaît aussi sa vie « une seule idée occupait sa tête vide\". On constate aussi, la présence d'un point de vue interne : le narrateur voit, sait et raconte au lecteur uniquement ce que perçoit subjectivement un personnage « il fut repris de honte » ; « il entendait les moulineurs » ; « ils distinguait des ombres vivantes ».
Dans la Condition Humaine la focalisation interne réside. Le fait de donner le prénom du personnage « Tchen », et de nous faire percevoir ces sensations et ses pensées ressenties face au meurtre qu’il va commettre « il savait qu’il savait qu’il tuerait » ; « Tchen sentait qu’il ne pourrait jamais s’en servir », nous confère directement à ce point de vue, ce qui nous rend à la fois proche du personnage. De même, dans L’Etranger de Camus, c’est le point de vue interne qui est dominant. Nous sommes ancrés dans l’événement qui vient de frapper le personnage. Le lecteur connaît les sentiments et les pensées propres de celui-ci « dans mon esprit, c’est comme si maman n’était pas morte » ; « j’ai eu envie de fumer » ; « il me semblait qu’ils me jugeaient ».
A contrario, dans Le chien Jaune de Simenon, il s’agit du point de vue externe. Nous pouvons seulement constater la présence d'observations, de détails de date et de lieu : « vendredi 7 novembre » ; « Concarneau est désert » « l’on voit parfois des bouts de papier filer … » « la porte de l’Hôtel de l'Amiral s’ouvre ». Il n’est question ici que d’une description laissant un regard objectif sur les actions.
Ces quatre incipit montrent qu'il peut exister de nombreux points de vue et statuts du narrateur différents, et que ces derniers peuvent varier au cours du roman.
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