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République dominicaine

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

République dominicaine, en espagnol República Dominicana, pays des Antilles situé dans la partie orientale de l’île d'Haïti (également connue sous le nom d’Hispaniola) dont elle occupe les deux tiers (le reste de l’île étant constitué par la république d’Haïti). Sa capitale est Saint-Domingue.

Le pays est limité au nord par l’océan Atlantique, à l’est par le canal de Mona, qui le sépare de Porto Rico, et au sud par la mer des Caraïbes. Il comprend plusieurs îles limitrophes, dont Beata et Saona.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La République dominicaine a une superficie de 48 400 km². C’est un pays fertile, recouvert à près de 80 p. 100 par une série de chaînes de montagnes orientées du nord-ouest au sud-est. Le Pico Duarte (3 098 m) est le point culminant du pays. Entre la cordillère Centrale et la cordillère Septentrionale se trouve la vallée de Cibao, l’une des zones les plus fertiles et les mieux irriguées du pays. Viennent ensuite, au sud, les sierras de Neiba et Bahoruco, séparées par un fossé tectonique occupé par le lac salé d’Enriquillo qui se trouve à 44 m au-dessous du niveau de la mer. Également fertile, surtout au sud-est, la plaine côtière longe un littoral irrégulier et très découpé. Le pays compte plusieurs cours d’eau : le Yaque del Norte (300 km), le Yuna et le Camú au nord ; le Yaque del Sur, l’Ozama et le Soco au sud.

2.2 Climat

Le pays jouit d’un climat tropical tempéré par les vents dominants, les alizés du nord-est. On enregistre des températures supérieures à 23,3 °C dans les plaines la majeure partie de l’année, sauf pendant l’été, où les températures varient entre 26,7 et 35 °C. Dans les régions montagneuses, les températures sont plus fraîches, 16 à 18,8 °C dans la cordillère centrale.

En moyenne, les précipitations annuelles sont de l’ordre de 1 525 mm, mais les régions montagneuses du Nord sont beaucoup plus humides. La saison humide se situe entre juin et novembre. Des ouragans tropicaux sévissent parfois, comme l’ouragan David qui provoqua des dégâts considérables en 1979.

2.3 Flore et faune

La végétation de la République dominicaine, typique des Antilles, est très variée et luxuriante. L’acajou, le palissandre, le bois de citronnier, le cyprès, le cèdre, le pin, le palmier royal, le chêne et le cacaoyer sont les principaux bois produits. La forêt tropicale est présente sur les côtes du Sud et du Nord ; dans les cordillères, la forêt dégradée par la déforestation est surtout représentée par le pin des Caraïbes et le chêne.

Outre l’agouti, gros rongeur vivant dans les forêts, on trouve une faune variée de serpents, lézards et caïmans.

2.4 Questions environnementales

La déforestation (liée aux activités industrielles mais aussi à la situation économique de la population, contrainte de trouver du bois de chauffage dans les forêts) est un problème crucial, et ce d’autant plus qu’elle touche des forêts primaires non dégradées. Outre les menaces qu’elle fait peser sur la faune et la flore, elle augmente la fréquence et l’ampleur des phénomènes naturels comme les inondations et l’érosion, dans un pays par ailleurs régulièrement touché par les cyclones (parmi les plus violents, Georges, en 1998, et Jeanne, en 2004, ont causé des dégâts particulièrement importants). Emportés par les eaux de ruissellement jusqu’à la mer, les débris de l’érosion étouffent progressivement les récifs coralliens environnants, qui sont menacés de destruction. Environ un tiers (31,5 p. 100 en 1997) du territoire est officiellement protégé, mais le pays manque de cadres institutionnels et légaux nécessaires à une politique environnementale efficace ; ainsi, seul environ 6 p. 100 de l’activité de déforestation est contrôlée. La République dominicaine a ratifié la Convention sur la diversité biologique en 1996.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population de la République dominicaine était estimée à 9 507 133 d’habitants, soit une densité de 197 habitants au km2. La majorité de la population est issue d’un métissage entre Noirs africains et Espagnols (75 p. 100 de la population), les Blancs créoles en représentent environ 15 p. 100, les Noirs 10 p. 100. Près de 60 p. 100 sont urbanisés.

3.2 Découpage administratif et villes principales

La République dominicaine est divisée en 29 provinces et en un District National (Distrito Nacional) qui comprend Saint-Domingue, la capitale et principal port du pays (2 302 759 habitants en 2006). Parmi les autres villes importantes, on compte Santiago de los Caballeros (908 250 habitants), San Pedro de Macorís (217 141 habitants), ainsi que San Francisco de Macorís (156 267 habitants) et Barahona (77 698 habitants), tous deux des centres de commerce agricole.

3.3 Langues et religions

L’espagnol est la langue officielle, mais on parle aussi l’anglais et le créole près de la frontière haïtienne. Si la majorité de la population est de confession catholique, il existe cependant une petite communauté protestante.

3.4 Éducation

L’enseignement est gratuit et obligatoire pour les enfants de sept à quatorze ans. 85,4 p. 100 de la population de plus de quinze ans sait lire et écrire.

L’université autonome de Saint-Domingue, fondée en 1538, est la plus ancienne du continent américain. On peut également citer l’université nationale Ureña Pedro Henriquez (1966) dans la capitale, ainsi que des établissements universitaires à Santiago, San Pedro de Macorís et San Francisco de Macorís.

3.5 Culture

C’est en République dominicaine que les Européens établirent la première colonie permanente du Nouveau Monde ; les traditions européennes s’y sont dès lors développées. Certains des anciens bâtiments coloniaux ont été conservés, notamment à Saint-Domingue. L’art, la musique et la littérature ont été très influencés par la culture africaine, et les diverses traditions prennent corps dans le merengue, chant et danse nationaux et populaires.

3.6 Institutions et vie politique

La République dominicaine est régie par la Constitution de 1966. Le pouvoir exécutif revient au président de la République, élu au suffrage universel pour quatre ans. Le président nomme le gouvernement et peut également proposer des projets de loi au congrès, composé d’une Chambre haute (Senado) de 30 membres et d’une Chambre basse (Cámara de Diputados) de 120 députés. Tous les parlementaires sont élus au suffrage universel pour quatre ans.

Le Parti dominicain était le seul parti légal entre 1930 et 1961, date à laquelle il a été dissous et de nouvelles formations politiques ont été autorisées et créées. Les principaux partis sont le Parti réformiste social-chrétien (PRSC), le Parti révolutionnaire dominicain (PRD) et le Parti de libération dominicaine (PLD). Le PRSC est soutenu par les paysans et par les classes moyennes, tandis que le PRD est en grande partie composé de paysans sans terre et de travailleurs urbains.

4 ÉCONOMIE

L’économie de la République dominicaine est à prédominance agricole, mais le pays dispose également d’un important secteur minier. En 2006, le produit intérieur brut (PIB) de la République dominicaine était de 32 milliards de dollars, soit 3 312,20 dollars par habitant.

Après une vingtaine d’années de croissance, avec un taux de croissance annuel au moins égal à 5 p. 100, le pays est touché par la récession en 2003.

4.1 Agriculture

L’agriculture emploie 15,9 p. 100 de la population active et contribue à hauteur de 12,1 p. 100 à la formation du PIB. Les grandes exploitations commerciales (canne à sucre, riz, bananes, café, cacao, tabac) coexistent avec les petites exploitations consacrées à la culture vivrière. L’élevage est surtout destiné à la consommation locale.

Les forêts (près de 28,2 p. 100 du territoire contre 45 p. 100 en 1970) jouent un rôle économique important et produisent de l’acajou, du bois de citronnier, du pin et du cèdre. La pêche est limitée par le manque d’infrastructures.

4.2 Mines et industries

La production de bauxite, autrefois importante source de revenus à l’exportation, a pratiquement disparu au début des années 1980. On produit surtout du nickel, de l’or et de l’argent (un grand gisement a été découvert en 1998).

L’industrie est dominée par le raffinage du sucre (463 856 t de sucre raffiné par an), suivi par l’agroalimentaire, le textile, le ciment, les produits du tabac, l’engrais et le pétrole raffiné.

4.3 Échanges

Les principales exportations sont le sucre, le fer-nickel, l’or, le café, le cacao et le tabac (le pays est le premier exportateur du monde de cigares, devant Cuba). La République dominicaine importe des produits d’équipement, des aliments, du carburant et des produits chimiques. Les États-Unis sont de loin son principal partenaire commercial, suivis du Venezuela, du Mexique et du Japon. L’unité monétaire est le peso dominicain de 100 centavos. Une grande partie du réseau de chemin de fer est privé et dessert les plantations de sucre. Outre le port de Saint-Domingue, il existe d’autres grands ports à Puerto Plata au nord et à Barahona au sud-ouest. Le pays est desservi par plusieurs lignes aériennes internationales et intérieures.

5 HISTOIRE
5.1 Peuplement originel

À partir du xiie siècle, l’île, auparavant inhabitée, est peuplée par les Taïnos (peuple amérindien appartenant à la famille linguistique des Arawaks), originaires d’Amérique du Sud. Ils vivent principalement de l’agriculture et de la pêche ; ils sculptent le bois, travaillent la céramique et les métaux nobles tel l’or. Ils cultivent le coton, qu’ils utilisent principalement pour tisser des hamacs.

5.2 Colonisation

Christophe Colomb découvre l’île en 1492 et la baptise La Española (« l’Espagnole «), un nom bientôt déformé en Hispaniola (« petite Hispanie «). Elle est organisée en colonie par Bartolomé Colomb (frère cadet de Christophe Colomb), qui fonde en 1496 Nueva Isabela, première ville bâtie par les Européens dans le Nouveau Monde, qui devient plus tard Santo Domingo (Saint-Domingue). Les Taïnos sont exploités pour le travail dans les mines et les plantations. Comme les autres Indiens d’Amérique, ils sont soumis au régime de l’encomienda. Ce système de type féodal attribue à un seigneur espagnol un territoire donné et ses occupants ; ceux-ci doivent travailler et payer des impôts en échange de leur protection par les Espagnols et de leur évangélisation. Bien que l’encomienda reconnaisse le statut d’hommes libres aux Amérindiens, elle masque dans les faits une forme d’esclavage. L’oppression est terrible ; les Taïnos sont rapidement décimés et remplacés par des esclaves capturés en Afrique noire.

En 1519, le cacique (chef coutumier) Enriquillo conduit une révolte contre l’Espagnol Valenzuela, maître de la région de Bahoruco. Trois ans plus tard, en 1522, se produit la première rébellion d’esclaves noirs ; elle prend naissance dans une hacienda dirigée par Diego Colomb, vice-roi des Antilles espagnoles, également responsable de la disparition de nombreux Taïnos. En 1533, Diego Colomb signe la paix de Bahoruco, qui met fin à la révolte du cacique Enriquillo. Les Taïnos, toutefois, ne tardent pas à disparaître totalement.

Florissante durant la première moitié du xvie siècle, métropole des colonies espagnoles du Nouveau Monde, Hispaniola connaît un brusque déclin à la suite du refus des autorités espagnoles de vendre du sucre aux Hollandais — la consommation espagnole ne suffisant pas à couvrir la production. L’île est progressivement délaissée par les immigrants espagnols, qui s’installent en d’autres points du sous-continent sud-américain sous domination espagnole. En 1585, sir Francis Drake qui, à la tête d’une importante flotte, pille de nombreuses colonies espagnoles des Antilles, ravage une partie de l’île.

5.3 Entre Espagne, France, Grande-Bretagne et indépendance
5.3.1 Une colonie moitié espagnole, moitié française

En 1697, à la suite du traité de paix de Ryswick (signé par la France, les Provinces-Unies, l’Angleterre et l’Espagne), l’île se trouve divisée en deux : la partie occidentale (actuelle Haïti), occupée par des colons français, est attribuée à la France sous le nom de Saint-Domingue, tandis que la partie orientale (actuelle République dominicaine) revient à l’Espagne, sous le nom de Santo Domingo. Les frontières des domaines français et espagnol ne sont toutefois fixées qu’en 1777, par le traité de Aranjuez.

Sur leur territoire, les Français développent une économie florissante basée sur l’exploitation des plantations de sucre et un commerce actif, tandis que la zone espagnole, délaissée par les autorités administratives, continue de décliner.

5.3.2 La révolte des esclaves

Dans la zone française de l’île, majoritairement peuplée d’esclaves originaires d’Afrique, les conditions de vie sont extrêmement difficiles et la mortalité très élevée (alors que, au cours du xviiie siècle, environ 800 000 esclaves ont été importés dans l’île, leur population n’est, dans les années 1790, que d’environ 450 000). En 1791, alors que les colons français se divisent en partisans de la Révolution française et fidèles royalistes, les esclaves africains se révoltent. Les événements, d’une extrême violence, dégénèrent en guerre civile.

En 1793, le commissaire civil Léger Félicité Sonthonax, représentant de la Convention, prend sur lui d’abolir l’esclavage dans l’île (un an avant l’abolition officielle votée par la Convention), mais les combats se poursuivent. L’Espagne et le Royaume-Uni tirent profit de cette situation pour débarquer des troupes dans l’île, dans le but de s’approprier la colonie française.

5.3.3 Haïti et Saint-Domingue

En 1795, l’armée française parvient à vaincre les troupes espagnoles. L’un des artisans de cette victoire est l’ancien esclave Toussaint Louverture, récemment promu général de division — il est dans l’armée française depuis un an, après s’être dans un premier temps engagé auprès des Espagnols. Par le traité de Bâle (1795), l’Espagne cède finalement sa colonie à la France, et l’île entière prend le nom de Saint-Domingue.

En 1796, Toussaint Louverture est nommé commandant en chef de la colonie de Saint-Domingue, et chasse les troupes britanniques qui se maintenaient dans le nord et l’ouest de l’île. Il exerce alors un pouvoir autoritaire ; il menace le Directoire de révolte des Noirs si l’esclavage était rétabli et chasse son représentant, le général Hédouville, venu pour le renverser. Il s’attache à développer les plantations — n’hésitant pas pour cela à réintroduire la pratique des travaux forcés — et à unifier l’île, occupant avec ses troupes l’ancienne partie espagnole. Confirmé dans ses fonctions par Napoléon Ier après le coup d’état du 18 Brumaire (1799), Toussaint Louverture édicte en 1801 une constitution par laquelle il se proclame gouverneur à vie de l’île ; il ne rompt cependant pas avec la France et reste, du moins en apparence, soumis au gouvernement. Mais en 1802, Napoléon Bonaparte — qui vient, par décret, de rétablir l’esclavage —, désireux de rétablir un ordre colonial qui lui échappe, envoie pour le soumettre une imposante expédition, commandée par Charles Victor Emmanuel Leclerc, pour renverser le gouverneur. Capturé, Toussaint Louverture est fait prisonnier et envoyé en prison en France.

L’annonce du rétablissement de l’esclavage à la Guadeloupe et la menace de son retour à Saint-Domingue provoque, peu de temps après l’arrestation de Toussaint Louverture, le soulèvement d’un groupe d’officiers de l’armée de ce dernier, notamment Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et Alexandre Sabès Pétion. Leur armée, soutenue par le Royaume-Uni, défait les troupes de Napoléon et prend possession de la partie occidentale de l’île. Le 1er janvier 1804, Dessalines déclare l’indépendance de cette région, sous le nom de République de Haïti (un mot de la langue taïno signifiant « montagneuse «).

Les troupes françaises parviennent toutefois à se maintenir dans la partie orientale de l’île (l’ancienne colonie espagnole), qui conserve le nom de Saint-Domingue. Le général français Jean-Louis Ferrand commence alors à rassembler une armée pour reconquérir Haïti. Mais Dessalines — qui s’est entre-temps proclamé empereur — devance son attaque : dès 1805, deux colonnes armées assiègent la ville de Saint-Domingue, et les Français doivent renoncer à la reconquête d’Haïti.

5.3.4 L’Haïti espagnole

En 1808, dans la partie orientale, les troupes françaises doivent faire face à l’attaque d’une armée populaire menée par le fermier Juan Sánchez Ramírez, qui veut rétablir la souveraineté espagnole. Son armée assiège la ville de Saint-Domingue, soutenue par les navires britanniques qui bloquent le port. En 1809, la Saint-Domingue française se rend à l’armée britannique, qui donne quelques jours plus tard le territoire à Juan Sánchez Ramírez. Celui-ci refait de la partie orientale de l’île une colonie espagnole, statut entériné par le traité de Paris (1814). Mais la terrible tyrannie exercée par l’administration espagnole provoque, en 1821, la révolte armée des habitants, menés par José Núñez de Cáceres. Celui-ci proclame le 1er décembre l’indépendance du territoire, sous le nom d’Haïti espagnole. L’expérience est de courte durée : en 1822, le président haïtien Jean-Pierre Boyer annexe Haïti espagnole. L’antagonisme entre les Noirs, les créoles et les métis hispanophones rend l’unification de l’île impossible.

5.4 Naissance de la République dominicaine

En 1843 éclate une insurrection générale menée par Juan Pablo Duarte, qui souhaite rétablir l’indépendance de l’ancienne partie espagnole de l’île. Duarte doit s’exiler, mais en 1844, les révolutionnaires, conduits par Ramón Mella et Francisco del Rosario Sánchez, proclament la République dominicaine ; Duarte rentre en triomphateur dans le pays et reçoit le surnom de « père de la patrie «.

Le premier président de la République dominicaine est Pedro Santana, qui exerce le pouvoir pendant trois présidences (1844-1848, 1853-1856, 1858-1861), en alternance avec le conservateur Buenaventura Báez (1849-1853, 1856-1858). Cette période constitue la Première République. Elle est marquée par le mécontentent de la population et de fréquents conflits avec Haïti pour des raisons frontalières. Sur le plan interne, aux partisans de Santana qui souhaitent rétablir une domination espagnole, s’oppose une faction qui défend une annexion par les États-Unis. Fragilisée par la menace d’une invasion haïtienne, la République dominicaine sollicite finalement l’Espagne, qui annexe le pays. La présence de l’Espagne ne parvient pas à mettre fin à l’instabilité : une sédition commencée dans le nord du pays en 1863 dégénère en guerre civile, qui se prolonge jusqu’en 1865. Les États-Unis interviennent dans le conflit, et le gouvernement espagnol se voit contraint d’annuler l’annexion de la République dominicaine. En 1866 est proclamée la Seconde République indépendante, présidée par José María Cabral, mais l’élection présidentielle de 1868 voit le retour au pouvoir de Buenaventura Báez, qui tente d’annexer la République dominicaine aux États-Unis. Plusieurs gouvernements élus se succèdent jusqu’en 1886, date de la réélection d’Ulises Heureaux (qui avait déjà gouverné le pays de 1882 à 1884). Celui-ci instaure alors un pouvoir dictatorial, supprimant notamment le suffrage universel et ruinant le pays ; il est assassiné en 1899. Il s’ensuit une période d’instabilité politique au cours de laquelle se succèdent les présidents, sans qu’aucun ne parvienne à relever le pays ou à stabiliser la situation.

5.5 L’occupation américaine (1916-1924)

Au début du xxe siècle, la situation économique est toujours catastrophique. En 1906, en raison des dettes contractées auprès de pays européens et de la crainte d’une intervention militaire de leur part, la République dominicaine signe un traité d’une durée de cinquante ans avec les États-Unis. L’administration et les services douaniers passent sous le contrôle des Américains, en échange du paiement de la dette du pays. La décennie suivante est marquée par des troubles internes qui ont pour conséquence finale l’établissement d’un gouvernement militaire américain : en novembre 1916, sous la présidence de Francisco Henríquez Carvajal, les Marines occupent le pays. Le pouvoir américain s’attache à développer la culture de la banane et de la canne à sucre, et procède à la modernisation des infrastructures et à la formation d’une garde nationale. Les Dominicains récupèrent progressivement le contrôle du pays. En 1924, les Marines quittent la République dominicaine ; une élection présidentielle démocratique porte au pouvoir le général Horacio Vázquez, qui bénéficie du soutien des États-Unis.

5.6 La dictature de Trujillo (1930-1961)

En 1930, Rafael Leónidas Trujillo y Molina, issu de la garde nationale formée par les Américains et soutenu par les États-Unis, renverse Horacio Vázquez. Il instaure aussitôt un pouvoir dictatorial reposant sur un parti unique, le Parti dominicain, et fait éliminer tous ses opposants. Bien qu’il ne préside en personne que de 1930 à 1938 et de 1942 à 1952, Trujillo dirige pendant 31 ans l’une des dictatures les plus dures au monde. Sous son pouvoir, marqué par une répression impitoyable, une propagande omniprésente et un culte de la personnalité sans réserve, Santo Domingo est rebaptisée Ciudad-Trujillo. L’ensemble de l’économie passe sous son contrôle ; Trujillo, qui utilise le soutien des États-Unis pour renforcer son pouvoir, dirige pratiquement tous les aspects de la vie du pays, et le processus politique est entièrement contrôlé par le Parti dominicain. Sur le plan économique et social cependant, le pays se développe : de nouveaux hôpitaux et ports sont bâtis, de nouvelles carrières exploitées ; les installations sanitaires sont améliorées, des plans de pensions instaurés. En 1935, la République dominicaine parvient également à un accord avec Haïti sur la question des frontières litigieuses.

En 1948, la République dominicaine fait partie des membres fondateurs de l’Organisation des États américains (OEA), qui dans les années suivantes condamne fréquemment le régime de Trujillo tant pour son interventionnisme dans les affaires internes de pays voisins que pour les violations incessantes des droits de l’homme perpétrées dans son pays. En 1960, l’OEA rompt finalement toute relation diplomatique avec la République dominicaine. Les pressions externes s’allient à l’opposition croissante au régime à l’intérieur. Compromis dans une tentative d’assassinat du président vénézuélien Betancourt, Trujillo est condamné par l’OEA et, finalement, abandonné par les États-Unis. Le 30 mai 1961, il est assassiné par un groupe de militaires dissidents.

5.7 Coup d’état et guerre civile

À la mort du dictateur, le pouvoir reste aux mains de ses proches ; Joaquín Balaguer assume la présidence. Les troubles internes ne s’apaisent pas, et de violents affrontements opposent rebelles et forces armées. Les États-Unis postent alors des navires de guerre à proximité des côtes dominicaines. Cette démonstration de force incite tous les membres de la famille Trujillo à quitter le pays. Les groupes d’opposition unissent leurs forces contre Balaguer, qui s’exile aux États-Unis en janvier 1962. Peu après, Rafael Bonelly, un opposant de Balaguer, est nommé président provisoire en attendant la tenue d’élections.

En décembre 1962, la première élection libre depuis près de quarante ans porte au pouvoir l’ancien exilé Juan Bosch, chef du Parti révolutionnaire dominicain. Mais dès 1963 commence à se développer une importante opposition à son régime ; il est notamment accusé d’une trop grande sympathie à l’égard du régime de Fidel Castro. En septembre 1963, il est renversé par un coup d’État militaire soutenu par les élites du pays, qui mettent en place un triumvirat civil. Les États-Unis refusent de reconnaître ce nouveau gouvernement et exigent l’organisation de nouvelles élections, prévues pour 1965. Pendant l’année 1964, le mécontentement intérieur se manifeste par des sabotages de la part des opposants et des conflits internes dans le gouvernement de la junte.

Le mois d’avril 1965 voit la révolte d’un groupe de militaires libéraux souhaitant rétablir Bosch, dirigé par le colonel Francisco Caamaño. De violents affrontements se produisent avec l’armée légitime ; la population est armée, et Saint-Domingue devient la scène d’une véritable guerre civile, qui fait des milliers de morts — une situation qui provoque une intervention militaire de la part des États-Unis. En mai 1965, l’OEA instaure un cessez-le-feu et installe dans le pays des forces américaines pour le maintien de la paix. La marine américaine se retire en juin, mais demeurent toutefois dans le pays environ 12 500 soldats appartenant à d’autres corps armés.

5.8 Une situation fragile

Durant le printemps 1965, l’OEA tente de négocier un accord entre les leaders de la junte et les rebelles (les « constitutionnalistes «, qui se nomment ainsi pour marquer leur volonté de rétablir le gouvernement de Bosch, élu selon les principes de la Constitution). À la fin du mois d’août, les deux factions tombent d’accord pour constituer un gouvernement provisoire. Celui-ci est présidé par Héctor García Godoy (ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Bosch), qui reçoit la mission de préparer les élections de juin 1966. Cette élection permet le retour au pouvoir du conservateur Joaquín Balaguer, chef du Parti réformiste social-chrétien (PRSC), avec 56 p. 100 des votes, contre ses adversaires Bosch et Bonelly.

À défaut d’être totalement démocratique, la présidence de Balaguer donne lieu à une relative stabilité politique dans le pays, même si la situation est fragilisée par des heurts fréquents entre l’armée et l’opposition de gauche. Grâce aux revenus de la canne à sucre, aux investissements étrangers et au développement du tourisme, la République dominicaine connaît une certaine prospérité. Les élections de 1970 et 1974, boycottées par le Parti révolutionnaire dominicain (PRD) de Bosch, reconduisent Balaguer dans ses fonctions. Mais au milieu des années 1970, la chute du prix du sucre sur le marché mondial affecte de façon importante l’économie du pays et la popularité de Balaguer s’effondre. L’élection de 1978 est remportée par Silvestre Antonio Guzmán Fernández, candidat du PRD.

Après l’échec d’un complot militaire dirigé contre lui, Guzmán expulse des forces armées de nombreux conservateurs partisans de Balaguer, puis procède à une libéralisation du régime : il rend notamment leur liberté à 200 prisonniers politiques et assouplit la censure dans les médias. Mais il peine à relever l’économie, notamment en raison des faibles prix du sucre sur le marché mondial. La situation est encore aggravée par le passage de deux ouragans en 1979, qui privent 200 000 personnes de toit et provoquent des dégâts estimés à près de 1 milliard de dollars.

Guzmán renonce à se représenter à l’élection de 1982, remportée par Salvador Jorge Blanco, également membre du PRD. Face à la crise économique provoquée par l’effondrement des cours du sucre, celui-ci demande l’aide du Fonds monétaire international (FMI), qui impose des mesures d’austérité en échange d’une aide de trois ans. L’augmentation du prix des aliments de base et de celui du pétrole provoque en 1984 et 1985 des émeutes dans tout le pays, et l’élection de 1986 voit le retour au pouvoir de Joaquín Balaguer. En 1988, Jorge Blanco est jugé par contumace et reconnu coupable de corruption pendant l’exercice de son pouvoir.

5.9 Un climat politique instable

Balaguer est réélu en 1990 et en 1994, malgré de graves soupçons de fraudes électorales. En 1996, âgé de quatre-vingt neuf ans, il quitte ses fonctions et soutient le candidat de centre droit Leonel Fernández, leader du Parti de libération dominicaine (PLD), élu le 30 juin 1996 à la suite d’un accord avec Bosch visant à empêcher la victoire du candidat de gauche José Francisco Peña (PRD). Leonel Fernández cherche à rénover les structures du pays, profitant d’un boom économique lié notamment au secteur touristique et à la création de zones franches. Sur le plan extérieur, malgré la mise en place d’une commission mixte chargée de gérer le contentieux frontalier entre la République dominicaine et Haïti (exacerbé par un important flux migratoire depuis Haïti en pleine crise économique), l’antagonisme entre Noirs et créoles demeure.

Le mandat de Leonel Fernández, marqué par une forte croissance économique, est cependant entaché par plusieurs affaires de corruption. En mai 1998, l’opposition sociale démocrate représentée par le PRD remporte les élections législatives et municipales. La République dominicaine rétablit ses relations diplomatiques avec Cuba et entame, en collaboration avec Haïti, un programme de lutte contre la drogue.

En mai 2000, dans un climat politique instable, Joaquín Balaguer se présente à nouveau à l’élection présidentielle. Toutefois, c’est le candidat du PRD, Hipólito Mejía, qui remporte la victoire. Ayant fixé comme objectifs à son mandat la réduction de la pauvreté et la lutte contre la corruption, il voit sa popularité s’effondrer en raison de son incapacité à faire face aux problèmes d’éducation, de santé publique et de transport. La République dominicaine connaît une grave crise économique.

Début 2003, la faillite de la deuxième banque du pays, Baninter, a pour conséquence la prise de contrôle par l’État de 4 quotidiens, 76 stations de radio et 4 chaînes de télévision, qui appartenaient auparavant à la banque. Fin 2002 et début 2003, le pays est le théâtre d’une vague de manifestations meurtrières en réaction à la flambée des prix et à la difficulté de l’approvisionnement en électricité. Les protestations contre la politique économique et sociale du gouvernement ne s’apaisent pas et, fin 2003 et début 2004, des grèves générales paralysent le pays. La population réclame une augmentation des salaires, une diminution du prix du combustible et un changement d’orientation dans les négociations que le pouvoir exécutif conduit avec le FMI. Durant le mandat de Mejía, le chômage, l’inflation, le déficit fiscal et la dette interne n’ont cessé de croître.

C’est dans ce contexte de grave crise économique et sociale que se déroule l’élection présidentielle de mai 2004. Hipólito Mejía, candidat à sa réélection pour le PRD, échoue dès le premier tour face au candidat du PLD, Leonel Fernández, qui accède pour la seconde fois à la charge présidentielle.

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