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République tchèque

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

République tchèque, en tchèque Česká Republika, pays d’Europe centrale. Sa capitale est Prague.

La République tchèque est bordée au nord et à l’est par la Pologne, au sud-est par la Slovaquie, au sud et à l’ouest par l’Autriche et à l’ouest et au nord par l’Allemagne. Elle est l’un des deux États indépendants issus de la partition de la Tchécoslovaquie, le 1er janvier 1993.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La superficie de la République tchèque est de 78 864 km². Le pays offre un relief relativement accidenté et élevé : l’essentiel du territoire, qui culmine à 1 490 m au Praded dans les Sudètes au nord-est, a une altitude supérieure à 500 m et le pays est ceint par un ensemble de montagnes d’origine hercynienne.

Au nord-ouest s’étendent les piémonts et versants méridionaux des monts Métallifères (en allemand, Erzgebirge, en tchèque, Krušné Hory), prolongés par les monts Elbsandst, et marquant la frontière avec l’Allemagne. Ces massifs, qui culminent au mont Keilberg, sont entrecoupés de cuvettes et de plateaux, tel celui du Dupov. Au sud-ouest, cette frontière passe par les hautes terres de la forêt de Bohême, sur le massif de la Šumava. Dans le nord du pays, les monts des Géants, appartenant aux Sudètes, forment une partie de la frontière avec la Pologne. L’extrémité orientale des Sudètes domine la partie tchèque de la Silésie, fermée par la porte de Moravie, où coule l’Oder en direction du territoire polonais. Au sud-est du pays, la récente frontière avec la Slovaquie suit l’axe des Carpates blanches, formant elles-mêmes avec les Petites Carpates l’extrémité occidentale du vaste arc de cercle dessiné par la chaîne des Carpates d’Europe centrale et orientale.

Entourés par ces différents massifs, le bassin de Bohême et les hautes terres de Bohême-Moravie composent la partie centrale du pays. La Bohême est drainée par l’Elbe (appelée Labe en tchèque) et ses affluents, la Vltava et l’Ohře. Les basses terres de Moravie, où coule la Morava, se situent à l’est. L’Elbe et l’Oder permettent une liaison avec la mer du Nord et la mer Baltique. Le pays compte d’autres cours d’eau parmi lesquels l’Orava, la Luznice, la Jihlava, la Sázava et la Svratka.

2.2 Climat

Le climat de la République tchèque est tempéré, de type continental avec des hivers froids et des étés chauds. Les températures moyennes varient fortement selon l’altitude et se situent entre - 2 °C en janvier et 20 °C en juillet (- 12 °C et 19 °C à Prague). Les précipitations annuelles, soumises aux accidents du relief, sont généralement comprises entre 450 et 1 700 mm pour les régions les plus élevées.

3 RESSOURCES NATURELLES

Les forêts couvrent 33,6 % du pays (principalement dans les régions montagneuses). Le charbon (en particulier le charbon brun et le lignite) représente la ressource la plus commune. Le territoire dispose aussi de fer et de magnésite ainsi que, dans les Monts Métallifères, de gisements d’uranium relativement importants et de gisements moindres d’antimoine et de cassérite (minerai d’étain).

3.1 Végétation et faune

En dépit de la superficie modeste du territoire tchèque, la faune et la flore y sont variées, et la biodiversité relativement élevée.

La flore comprend quelque 3 500 espèces de plantes (gymnospermes et angiospermes). Les forêts sont essentiellement composées d’espèces à feuilles persistantes, dont l’épicéa. Parmi les arbres à feuilles caduques, on trouve le chêne, le hêtre, le bouleau, le peuplier, le saule et le tilleul, emblème du pays.

Le territoire tchèque est riche en insectes ; on y a notamment recensé près de 1 400 espèces de papillons. Les amphibiens sont peu représentés (une vingtaine d’espèces, parmi lesquelles les grenouilles verte et rousse, le crapaud vert, la salamandre tachetée et le triton à crête), pas plus que ne le sont les reptiles (une dizaine d’espèces, dont la couleuvre d’Esculape et le lézard vert).

La faune aviaire est très diversifiée : on dénombre plus de 400 espèces d’oiseaux ; la plupart sont des migrateurs (hérons, cigognes, fauvettes, aigrette, etc.), qui hivernent sur le territoire ou à l’opposé viennent s’y reproduire au printemps. Parmi les espèces sédentaires figurent entre autres plusieurs espèces de cygnes, de canards, de rapaces diurnes (faucons, aigles) et nocturnes (chouettes et hibou). Quelques espèces sont présentes seulement de façon occasionnelle, tel l’aigle des steppes.

Les mammifères sont représentés par quelque 70 espèces. Citons, pour les grands mammifères, des cervidés (élan, cerf, chevreuil), le sanglier, l’ours brun, le loup gris et le lynx. Les petits mammifères comprennent notamment des rongeurs (marmotte, mulot), des mustélidés (vison, martre, loutre de rivière), des lagomorphes (lièvre, lapin de Garenne), des insectivores (hérissons, musaraignes), ainsi qu’une vingtaine d’espèces de chauves-souris.

3.2 Problématiques environnementales

Bien que la restructuration des mines et de l’industrie lourde dans les années 1990 ait eu pour conséquence une diminution des rejets polluants, et que l’entrée du pays dans l’Union européenne en 2004 se soit accompagnée d’un renforcement de l’arsenal législatif en matière de protection de l’environnement, la pollution de l’air, de l’eau et des sols (notamment par les métaux lourds) reste un problème majeur. Les rejets industriels sont à l’origine d’un taux élevé d’oxydes de soufre et d’azote dans l’air, tandis que les pratiques agricoles génèrent une pollution des sols et des eaux par les nitrates et les pesticides. La République tchèque reste l’un des pays les plus affectés par les pluies acides, qui entraînent défoliation des arbres et dégradation de la qualité des sols et de l’eau (en raison du ruissellement des eaux de pluie).

4 POPULATION ET SOCIÉTÉ
4.1 Caractéristiques démographiques

En 2008, la République tchèque comptait 10,2 millions d'habitants, pour une densité de 132,3 habitants au km². Entre 1990 et 1995, le taux de croissance annuelle moyen de la population a été négatif (-0,2 %), tendance qui a persisté entre 1995 et 2005 (-0,8 %), pour atteindre -0,08 % en 2008. Le taux de natalité, qui était de 8,9 ‰ en 2008, est en effet l’un des plus bas d’Europe.

Les Tchèques sont le groupe dominant du pays et représentent 90,4 % de la population. Les Moraves représentent 3,7 % et les Slovaques 1,9 %. Parmi les 4 % restant, on compte une importante minorité de Roms (350 000 individus). Très nombreuse avant la Seconde Guerre mondiale, la population juive, dont une partie a péri dans l’Holocauste ou a émigré, compte actuellement quelques milliers de personnes.

L’immigration clandestine et l’afflux de réfugiés ont constitué des problèmes sérieux au moment de la chute du communisme et de l’éclatement de l’Union soviétique. Au cours des années 1990, quelque 250 000 réfugiés des pays d’Europe de l’Est et des Balkans sont passés annuellement par la République tchèque.

4.2 Divisions administratives et villes principales

S’étendant sur les régions historiques de la Bohême, de la Moravie et de la Silésie, la République tchèque est divisée en une ville capitale, Prague, et treize régions administratives qui portent généralement le nom de leur ville principale : à l’ouest du pays, région de Bohême-Centrale autour de Prague, région de Bohême du Sud, région de Plzeò, région de Karlovy Vary, région d’Ústí nad Labem, région de Liberec et région de Hradec Králové, au centre, région de Pardubice et région de Vysoèina, et à l’est, région d’Olomouc, région de Moravie-Silésie, région de Moravie du Sud et région de Zlín. Les municipalités (6 249 en 2007) constituent les plus petites unités territoriales.

En 2005, 74,5 % de la population se concentrent dans les zones urbaines. La capitale, Prague (1 170 000 habitants en 2003), est la plus grande ville du pays ; elle est suivie par Brno (376 172 habitants), ville industrielle de Moravie du Sud qui possède une longue tradition culturelle, et par Ostrava (316 744 habitants), principale ville de la région Moravie-Silésie, à la frontière avec la Pologne, au cœur d’une importante conurbation industrielle.

4.3 Langues et religions

La langue officielle du pays est le tchèque. Voir aussi langues slaves.

Environ un quart des Tchèques sont catholiques romains. L’Église orthodoxe et diverses congrégations protestantes sont également actives, tout comme les groupes chrétiens évangéliques. La petite communauté juive vit principalement à Prague. Alors que près de 60 % de la population ne se déclare d’aucune religion, les Tchèques comptent parmi les peuples les plus athées en Europe et dans le monde. Cette particularité s’explique par l’histoire : au pays de Jan Hus et des hussites, le protestantisme s’enracine au moment de la Réforme, mais les Habsbourg imposent le catholicisme à la population au xvie siècle. La défenestration de Prague demeure comme un épisode tragique de cette période. La conscience nationale tchèque se forge ensuite au xixe siècle contre ces même Habsbourg dont le catholicisme est rejeté durablement par la population.

4.4 Éducation

L’enseignement primaire et secondaire est obligatoire pendant neuf ans, à partir de l’âge de six ans. La plupart des établissements scolaires sont contrôlés par l’État, mais le pays compte un nombre croissant d’écoles primaires et secondaires privées. Au cours de la période 2002–2003, l’État a consacré 4,6 % du produit national brut (PNB) aux dépenses d’éducation.

L’université de Charles de Prague est la plus importante du pays. Elle accueille plus de 42 000 étudiants au milieu des années 2000, soit un cinquième de tous les étudiants du pays. Fondée en 1348 par l’empereur germanique Charles IV, elle est l’une des plus anciennes d’Europe. Le pays compte de nombreux autres établissements universitaires, à Prague et notamment à Brno (Université Masaryk et Haute école de technologie), Olomouc, Plezò, Opava depuis 1989 et Zlín depuis 2001.

4.5 Institutions et vie politique
4.5.1 Organisation des pouvoirs

La République tchèque est une république parlementaire fondée sur un régime semi-présidentiel. Elle est régie par la Constitution de décembre 1992 entrée en application le 1er janvier 1993, premier jour d’existence des deux États issus de la scission de la Tchécoslovaquie, la République tchèque et la Slovaquie. Le chef de l’État est le président de la République élu par le Parlement pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois ; il nomme le Premier ministre et les membres du cabinet.

Le pouvoir législatif est détenu par deux Chambres : la Chambre des députés (200 membres élus au suffrage universel proportionnel pour quatre ans) et le Sénat (81 membres élus pour six ans et renouvelables par tiers tous les deux ans).

Les 15 membres du tribunal constitutionnel sont nommés par le président de la République pour un mandat de dix ans. L’ordre judiciaire repose sur des tribunaux généraux constitués par des cours indépendantes d’arrondissement, régionales et supérieures et par un tribunal administratif suprême.

4.5.2 Partis politiques

La Tchécoslovaquie a connu une véritable floraison de mouvements politiques après la Révolution de velours de 1989. On dénombrait ainsi plus de 110 partis officiels aux élections de 1992. Les partis politiques non parlementaires demeurent nombreux en République tchèque, mais dans des proportions bien moindres, et seuls les partis ayant obtenu au minimum 5 % des voix sont représentés à la Chambre des députés.

La vie politique tchèque est dominée par le Parti civique démocratique (ODS, libéral conservateur), formé en 1991 après la scission du Forum civique, qui a contribué à la chute du régime communiste, et par le Parti social-démocrate tchèque (CSSD), héritier du premier parti social-démocrate tchèque fondé en 1878. Les autres partis politiques importants sont le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSCM), successeur du Parti communiste de Tchécoslovaquie, l’Union démocrate-chrétienne—Parti populaire tchèque (KDU-CSL, chrétien-démocrate), héritier du Parti populaire tchèque fondé au moment de l’établissement de la République tchécoslovaque en 1918, et le Parti des verts (SZ).

4.5.3 Défense nationale

En 2004, les forces armées tchèques comptent 16 663 hommes dans l’armée de terre et 5 609 hommes dans l’aviation. La même année, l’État a consacré 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses liées à la défense nationale. La République tchèque fait partie de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) depuis 1999.

5 ÉCONOMIE
5.1 Généralités

La République tchèque est l’un des pays post-communistes qui bénéficie au cours des années 2000 de l’économie la plus prospère en Europe centrale. Parmi les dix pays ayant adhéré à l’Union européenne (UE) en 2004, elle figurait en 2005 en seconde position pour le niveau de vie (derrière la Slovénie). Son produit intérieur brut (PIB) était de 143 milliards de dollars en 2006.

Caractérisée par un développement traditionnellement fondé sur l’industrie, qui représente plus d’un tiers de son PIB, son économie est largement ouverte sur l’extérieur. Sa croissance forte au milieu des années 2000 (6,1 % en 2005 et 6,4 % en 2006) repose ainsi largement sur les exportations, en premier lieu d’automobiles. Le secteur de la production automobile, animé par les grands constructeurs occidentaux (Volkswagen, PSA, Toyota, Hyundai), emploie 10 % de la population active. Favorisée par un positionnement géographique central et par une main d’œuvre qualifiée, la République tchèque est le pays à recevoir les investissements étrangers directs les plus élevés par habitant (25 milliards d’euros entre 1990 et 2005). Elle est en outre le second bénéficiaire des fonds structurels de l’UE parmi les pays de l’Est (après la Pologne), avec 23,7 milliards d’euros pour la période 2007-2013 (ce qui représente 3,25 % de son PIB).

5.2 Historique

Prospère et économiquement développée de longue date, la Tchécoslovaquie (1918-1992) possédait l’un des niveaux de vie les plus élevés du bloc soviétique. Cependant, l’économie centralisée et les politiques adoptées par les dirigeants communistes avaient entraîné de graves distorsions dans l’économie du pays. Après la chute du communisme en 1989, les nouveaux dirigeants ont dû faire face à cet héritage. L’économie tchécoslovaque était hautement centralisée. Presque tous les avoirs étaient entre les mains de l’État ; les dirigeants et les décideurs économiques étaient coupés de tout contact avec l’Ouest. Le commerce se faisait presque exclusivement avec les autres pays socialistes, dont la Tchécoslovaquie dépendait également pour son énergie.

La réintroduction de l’économie de marché, dans un pays désormais séparé de la Slovaquie (1993), a donc dû se faire sur des bases quasi inexistantes. Le pays bénéficiait d’une infrastructure stable. Le plan de privatisation de larges secteurs de l’économie, mis en place par le gouvernement, a permis aux citoyens d’acheter des coupons à faible prix et de les échanger ensuite contre des actions dans les sociétés. Ainsi, dès décembre 1994, plus de 80 % des entreprises étaient privatisées (ou sur le point de l’être), tandis que de nombreuses entreprises non rentables étaient fermées. Les nouveaux dirigeants ont réussi également à réorienter le commerce vers les pays occidentaux, et à obtenir des prêts et des investissements substantiels de la part des pays étrangers. Pour autant les années de transition ont été difficiles, le PNB de 1993 atteignant 80 % de sa valeur de 1989. C’est au début des années 2000 que l’accroissement des investissements étrangers et la perspective de l’entrée dans l’Union européenne ont permis un véritable décollage économique de la République tchèque.

5.3 Agriculture, forêts, pêche

En 2006, le secteur primaire occupait 4 % de la population active et contribuait à la formation de 2,7 % du PIB.

Les terres les plus fertiles du pays se situent sur les bas plateaux et les collines accidentées du bassin de Bohême, dans le centre-nord de la Bohême, et sur les basses terres de Moravie.

Les principales cultures sont l’orge (1,90 millions de tonnes), le blé (3,51 millions de tonnes) et la betterave à sucre (3,14 millions de tonnes), mais aussi la pomme de terre, le maïs, le seigle, le lin et le houblon (statistiques de 2006).

L’élevage est également important, notamment en ce qui concerne les cheptels ovin (148 412 têtes en 2006) et porcin (supérieur de 75 % au cheptel français à population égale avec 2,84 millions de têtes en 2006).

La forêt, qui occupe 33,6 % du territoire, reste une source de revenus non négligeable. La forêt de Bohême fournit du bois et des produits dérivés (pâte à papier, cartons, plaquages…).

La République tchèque est un pays enclavé à l’intérieur des terres, où la pêche ne peut donc être pratiquée que sur les cours d’eau ; elle a fourni près de 24 697 tonnes de poisson en 2005.

5.4 Mines et industries

En 2006, le secteur secondaire occupait 39,5 % de la population active et contribuait à la formation de 39 % du PIB.

Entre les deux guerres, la Tchécoslovaquie était un important producteur de biens de consommation issus de l’industrie légère, dont le textile, la chaussure, la porcelaine et le verre. Sous le régime communiste, l’accent est mis sur l’industrie lourde, notamment la métallurgie et l’industrie minière. La Tchécoslovaquie devient un producteur d’acier, de machines et d’armes. À la suite de la chute du communisme, nombre d’entreprises et de mines non rentables ont été fermées. L’industrie lourde demeure importante et les industries traditionnelles (chaussure, verre, textile) ont été relancées. Au milieu des années 2000, l’industrie automobile occupe une place croissante avec l’installation sur le sol tchèque de Volkswagen, PSA, Toyota ou encore Hyundai, qui emploient 10 % de la population active. L’industrie des équipements électriques est également en plein essor.

L’énergie du pays est en grande partie importée. Sous le régime communiste, l’Union soviétique couvrait la plupart des besoins énergétiques de la Tchécoslovaquie. La principale source d’énergie domestique reste le lignite, produit hautement polluant. En 2003, environ 31 % de l’électricité était d’origine nucléaire, produite par la centrale de Temelin, mise en service en 2002. Le gaz et le pétrole importés passent en grande partie par des gazoducs et des oléoducs qui traversent la Slovaquie.

5.5 Secteur tertiaire

En 2006, le secteur tertiaire occupait 56,5 % de la population active et contribuait à la formation de 58,3 % du PIB.

La monnaie nationale est la couronne tchèque (koruna), divisible en 100 haleru (1 couronne tchèque = 0,033 euro en janvier 2005). Très stable depuis la fin du régime communiste, la couronne est convertible depuis 1995, ce qui a permis l’adhésion du pays à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). La Bourse tchèque s’est ouverte à Prague en janvier 1993. À partir de cette époque, le secteur bancaire s’est orienté vers un mouvement de concentration.

L’activité touristique a connu une hausse remarquable — elle représente 4,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003 —, et Prague est devenue l’une des capitales européennes les plus visitées.

5.6 Commerce extérieur

Avant 1989, la quasi-totalité du commerce tchécoslovaque se faisait avec l’Union soviétique et les autres pays du bloc socialiste. Depuis 1992, une grande partie des échanges a été réorientée vers les pays occidentaux.

Les principaux clients de la République tchèque sont l’Allemagne, qui absorbe à elle seule plus du tiers des exportations tchèques, la Slovaquie et l’Autriche. Ses principaux fournisseurs sont l’Allemagne, qui assure à elle seule là aussi un tiers des importations tchèques, la Russie et la Slovaquie. La République tchèque exporte essentiellement des automobiles (plus de 20 % des exportations au milieu des années 2000), de l’électricité, du charbon, de l’acier et du fer, des machines, des chaussures ; les produits agricoles jouent un rôle relativement mineur, excepté en ce qui concerne le fromage et la bière.

6 HISTOIRE

La République tchèque regroupe les régions historiques de Bohême et de Moravie qui ont été intégrées au Saint Empire romain germanique jusqu’en 1806 puis à l’Empire austro-hongrois jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale. Entre 1918 et 1992, ces régions ont constitué, avec la Slovaquie, la Tchécoslovaquie. Le statut fédéral adopté en 1969 avait doté la République tchèque et la Slovaquie, ses deux composantes, d’institutions propres, sur la base desquelles s’est faite la partition en 1992.

6.1 Origines

Territoire habité depuis la préhistoire, la Bohême-Moravie est peuplée de Celtes (notamment Boïens) avant l’ère chrétienne, puis de Slaves à partir du ve siècle (lors des Grandes Invasions). La région est évangélisée par les moines Cyrille et Méthode à la fin du ixe siècle. Le royaume de Grande-Moravie, fondé vers 830, connaît sa plus grande extension à la fin du ixe siècle, lorsque le roi Svatopluk (mort en 894) impose sa domination sur une vaste partie de l’Europe centrale (Bohême, Slovaquie, Silésie et Pologne méridionale). En 905 cependant, le royaume tombe sous le joug des Magyars (Hongrois) ; seule la Bohême est épargnée.

6.2 Le royaume de Bohême (1198-1918)
6.2.1 La dynastie des Premyslides

Partie intégrante du Saint Empire romain germanique dès sa fondation, la Bohême y demeure jusqu’à la disparition de celui-ci, en 1806. La dynastie fondatrice du royaume de Bohême est celle des Premyslides (872-1306), à laquelle appartient Wenceslas, duc de Bohême assassiné en 929 (canonisé, il est depuis le saint patron du pays). Les Premyslides, ducs de Bohême et à ce titre Grands-Électeurs du Saint Empire, obtiennent de l’empereur germanique le titre de roi à titre personnel, puis à titre héréditaire et définitif avec Ottokar Ier (en 1198). C’est à cette époque qu’ils annexent la Moravie, disputée par les Polonais.

6.2.2 La dynastie des Luxembourg

En 1310, après l’extinction de la dynastie des Premyslides et un court interrègne (1306-1310), la couronne de Bohême revient à Jean de Luxembourg, premier représentant de la dynastie de Luxembourg (1310-1437). Son fils Charles lui succède en 1346 et parvient à se faire élire sur le trône impérial sous le nom de Charles IV. Le règne de ce dernier marque l’apogée du royaume de Bohême. Il annexe la Silésie, la basse Lusace, les pays de Cheb et de Znojmo. Il fonde l’archevêché (1344) et l’université (1348) de Prague, et il fait de cette ville la capitale de l’empire. En 1356, il promulgue la Bulle d’or qui fixe le mode d’élection des empereurs. Sur le plan artistique, le xive siècle est le premier âge d’or de la Bohême. Charles IV, roi mécène, fait venir à Prague des artistes de toute l’Europe, qui réalisent des enluminures de manuscrits (Jean de Troppeau) et des peintures sur bois (Nicolas Wurmser). À Prague, l’architecte et sculpteur souabe Peter Parler est le maître d’œuvre de la cathédrale Saint-Guy et du pont Charles. Les fresques gothiques réalisées par le maître Théodoric au château de Karlstejn sont l’un des plus beaux exemples de l’art de cette époque. Un style gothique original se développe, baptisé gothique Vladislav, du nom d’une salle du palais Hradcany, à Prague.

Wenceslas, fils de Charles IV, lui succède sur le trône de Bohême et du Saint Empire (1378), mais il est confronté à la rébellion des princes allemands qui le contraignent à renoncer au trône impérial (1400), au profit de son frère Sigismond. Dans son propre royaume, l’autorité de Wenceslas est contestée par le clergé et la noblesse. Surtout, il ne peut faire face à l’agitation provoquée par les prédications de Jan Hus. Très influencé par les écrits du théologien anglais John Wycliffe, ce jeune prêtre commence à prêcher pour une réforme de l’Église à partir de 1402, et défend l’idée d’une interprétation individuelle de la Bible, qu’il entreprend de traduire en tchèque. Excommunié à deux reprises, il est convoqué au concile de Constance en 1414. Malgré le sauf-conduit qu’il lui a accordé, l’empereur Sigismond le fait brûler vif l’année suivante, après sa condamnation par l’Église. Jan Hus, qui a contribué à fixer la langue littéraire tchèque, a profondément marqué la conscience de ce peuple, volontiers anticlérical. Sa mort marque le début d’une révolution nationale en Bohême. Sigismond, tenu pour responsable de l’exécution de Jan Hus, doit lancer plusieurs croisades pour se faire reconnaître roi de Bohême ; il ne monte sur le trône qu’en 1434. Il signe un compromis avec les hussites, que seuls les modérés (« praguois «) acceptent — les radicaux (« taborites «) poursuivant la lutte.

6.2.3 La dynastie des Habsbourg

À la mort de Sigismond, en 1437, ses biens passent à la dynastie des Habsbourg (catholique), qui s’impose définitivement sur les trônes de Bohême et du Saint Empire en 1526, après une période d’interrègne (1458-1471) et de gouvernement des Jagellon (1471-1526). Le calme revient alors durablement en Bohême.

6.2.3.1 La Bohême des Temps modernes

L’empereur Rodolphe II, roi de Bohême de 1575 à 1611, se fait à son tour mécène (comme Charles IV en son temps), et refait de Prague sa capitale. Sous son règne, la ville devient l’une des cités les plus rayonnantes d’Europe et un chef-d’œuvre de l’art baroque. Il appelle à ses côtés les plus grands artistes européens (tels Giuseppe Arcimboldo et Bartholomeus Spranger) et se fait le protecteur des astronomes protestants Tycho Brahé et Johannes Kepler. Durant plusieurs siècles, Prague attire des architectes qui bâtissent de somptueux édifices baroques : le Belvédère et le palais Schwarzenberg au xvie siècle, ainsi que le palais Cernin, de Caratti, au siècle suivant. Au xviiie siècle, les membres de la famille Dientzenhofer, architectes allemands, réalisent des églises (Saint-Nicolas-de-la-Vieille-Ville, Saint-Jean-sur-le-Rocher et Saint-Thomas) en accord avec les préceptes esthétiques de la Contre-Réforme. Certains peintres (K. Skréta, P.J. Brandl) et sculpteurs (M. Braun, F.M. Brokoff) tchèques parviennent néanmoins à traduire leurs aspirations nationalistes.

La germanisation et le non-respect des libertés religieuses reconnues par Rodolphe II en 1609 aggravent les tensions entre catholiques et hussites (qui ont adopté le protestantisme). La défenestration de Prague, le 23 mai 1618, déclenche la guerre de Trente Ans (1618-1648). Les insurgés refusent le trône au Habsbourg Ferdinand II, catholique intransigeant, et le confient à l’électeur palatin Frédéric V, calviniste. La défaite des protestants à la Montagne Blanche, le 8 novembre 1620, marque la fin de l’autonomie de la Bohême, au profit des Habsbourg. Fuyant la répression, 30 000 nobles et bourgeois ayant refusé de se convertir, émigrent. La grande noblesse et le clergé accroissent leurs pouvoirs, le commerce passe sous le contrôle des Allemands, tandis que les campagnes sont secouées par de violentes jacqueries (1680, 1693-1695).

Lors de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), l’annexion de la plus grande partie de la Silésie (possession de la Bohême depuis le xive siècle) par les Prussiens, puis l’accueil enthousiaste réservé aux troupes franco-bavaroises en 1741-1742 illustrent le peu d’attachement des Tchèques vis-à-vis des Habsbourg. La germanisation et la répression du protestantisme se poursuivent au xviiie siècle. C’est en particulier le cas durant le règne de l’impératrice Marie-Thérèse, puis surtout durant celui de Joseph II, qui accroissent tous deux la centralisation au profit de Vienne. Ils développent la bureaucratie de l’empire et imposent l’allemand comme langue administrative. L’édit de Tolérance de 1781 apporte, en revanche, une amélioration du sort des protestants et des juifs.

6.2.3.2 L’émergence du panslavisme

Le début du xixe siècle est marqué par le réveil de la conscience nationale tchèque, exprimé par les « éveilleurs « panslaves : František Palacký, Josef Dobrovský, Josef Jungmann, Pavel Josef Safárik. Cette génération d’intellectuels inspire largement le soulèvement de Prague, en 1848 (voir Révolutions de 1848 et comité de Saint-Wenceslas). Le Congrès slave organisé par František Palacký est dispersé par le prince de Windischgrätz et le mouvement est sévèrement réprimé. Le projet constitutionnel, proposé par le député morave Cajetan Mayer et reconnaissant les nations historiques de l’empire, est approuvé par l’Assemblée, mais rejeté par l’empereur François-Joseph. Le souverain octroie une Constitution réactionnaire, aussitôt approuvée par l’aristocratie de Bohême. Le compromis austro-hongrois de 1867, qui met la Hongrie et l’Autriche sur un pied d’égalité, provoque un profond ressentiment chez les Tchèques, unis à Vienne (comme les Hongrois) par une simple union personnelle. L’échec du mouvement des Vieux-Tchèques de František Palacký, œuvrant pour la création d’une confédération reconnaissant l’autonomie de la Bohême, discrédite ceux-ci au profit des Jeunes-Tchèques, partisan du séparatisme.

La fin du xixe siècle est une période d’essor économique pour la Bohême. Le développement industriel la place au niveau des pays d’Europe occidentale et favorise les progrès du Parti social-démocrate au sein de la classe ouvrière. Divers facteurs encouragent le nationalisme : les progrès de l’instruction, l’attribution de la plupart des postes de l’administration à des Tchèques et l’adoption du suffrage universel en 1906. L’affirmation du particularisme tchèque est notamment sensible sur le plan artistique, avec l’émergence d’une génération de peintres et d’écrivains brillants.

Enfin, au sein de l’empire, les Tchèques se rapprochent des Slovaques, placés dans la sphère d’influence hongroise depuis des siècles. La magyarisation forcée de la Slovaquie après le compromis de 1867 et le retard accumulé dans l’instruction et le développement économique provoquent une vague d’émigration à partir de la fin du xixe siècle.

6.3 La Tchécoslovaquie (1918-1992)
6.3.1 L’union entre les Tchèques et les Slovaques

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, ni les Tchèques, ni les Slovaques n’ont manifesté de velléité d’indépendance comparable à celle des Slaves ou des Hongrois à l’intérieur de l’Empire austro-hongrois. Les deux peuples n’ont jamais formé ensemble un État indépendant mais se sont rapprochés à la fin du xixe siècle. Dès 1916, les Tchèques Tomáš Masaryk, Edvard Beneš et le Slovaque Milan Štefánik fondent à Paris un Conseil national tchécoslovaque. La défaite de l’Autriche-Hongrie face aux Alliés, en 1918, précipite les événements. Le 28 octobre, la république est proclamée à Prague. Le 31, un gouvernement provisoire d’union nationale reconnu par les Alliés s’installe dans la capitale, et Tomáš Masaryk est proclamé président.

Les frontières du nouvel État, la Tchécoslovaquie, sont définies au traité de Saint-Germain (10 septembre 1919), puis revues au traité du Trianon (4 juin 1920). La partie tchèque de la république comprend la Bohême, la Moravie, la Silésie autrichienne et les Sudètes. La Slovaquie, ancienne dépendance de la Hongrie, étend sa frontière au sud pour bénéficier d’une ouverture sur le Danube et à l’est, en Ruthénie.

L’histoire de la Tchécoslovaquie comprend les périodes suivantes : trois périodes républicaines (1918-1938 pour la première, 1938-1939 pour la deuxième et 1945-1948 pour la troisième) ; la période de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) ; enfin, la période communiste (1948-1990) et les lendemains de la chute du communisme (1990-1992).

Pour plus d’information sur l’histoire de cet État, voir l’article Tchécoslovaquie.

6.3.2 Les lendemains de la chute du communisme

Sorti du bloc communiste en 1990, à l’issue de la Révolution de velours, le pays porte Václav Havel à la tête de l’État, et Marian Calfa, un Slovaque, au poste de Premier ministre. En avril 1990, l’Assemblée fédérale accepte de changer le nom du pays en République fédérale tchèque et slovaque, afin de satisfaire les Slovaques qui souhaitent que l’égalité entre les Républiques fédérées se reflète dans leur appellation officielle.

Les réformes libérales introduites au cours des deux années qui suivent ont tendance à favoriser la République tchèque au détriment de la Slovaquie, plus rurale et désireuse d’avancer prudemment sur la voie du libéralisme. Ajoutée au désir des Slovaques d’acquérir une plus grande autonomie, cette divergence provoque de sérieuses tensions au sein du gouvernement fédéral.

L’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement fédéral et ceux des Républiques devient une question brûlante. Les tentatives de l’Assemblée fédérale pour trouver un compromis échouent, et les résultats des élections législatives de juin 1992 révèlent la fracture qui se creuse entre les deux territoires. Le Parti civique démocratique (ODS) de Václav Klaus et le Mouvement pour une Slovaquie démocratique de Vladimir Mečiar constituent les deux principaux blocs au sein de l’Assemblée ; chacun de ces leaders est nommé Premier ministre dans sa République, ce qui les place au centre de la controverse sur le rôle du nouveau gouvernement fédéral.

6.3.3 La marche vers la partition

En juillet 1992, toujours opposés à des réformes économiques et sociales trop brutales, les députés slovaques votent, au sein de leur Parlement, en faveur de la souveraineté de leur République par 113 voix contre 24. Il devient évident qu’aucun type de gouvernement fédéral ne peut satisfaire les deux parties. Tout au long de l’automne, les Tchèques et les Slovaques discutent des modalités de leur séparation. En novembre 1992, le Parlement fédéral vote la dissolution de la République fédérale à compter du 31 décembre, malgré l’opposition d’une partie de l’opinion publique. Le 1er janvier 1993, la République tchèque et la Slovaquie deviennent deux États indépendants.

6.4 La République tchèque indépendante (depuis 1993)
6.4.1 L’ancrage occidental

Indépendante, la République tchèque garde des relations privilégiées avec la Slovaquie, entre autres sur le plan économique. Malgré les tensions qui persistent au sujet de la région des Sudètes, les relations germano-tchèques s’améliorent lorsque, en janvier 1997, les deux gouvernements se présentent des excuses pour les exactions commises par leurs deux pays au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Le pays devient membre de nombreuses organisations internationales, dont l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Unesco et le Conseil de l’Europe, ainsi que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Membre associé de l’Union européenne (UE), la République tchèque participe au groupe de Visegrad et à l’Initiative centrale européenne. Le 10 février 1994, les dirigeants tchèques signent le Partenariat pour la paix et émettent le souhait d’adhérer à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dès que possible.

Cette volonté de s’intégrer à l’Europe occidentale est couronnée de succès en 1997. La République tchèque fait en effet partie de la première vague d’élargissement de l’OTAN, effective en mars 1999, ainsi que de celle alors prévue pour l’UE à l’échéance 2004.

6.4.2 La présidence de Václav Havel (1993-2003)

En janvier 1993, Václav Havel, ancien président de la Fédération tchécoslovaque, est élu président de la République tchèque. Václav Klaus (Parti civique démocratique, ODS) occupe le poste de Premier ministre. Son parti remporte, en juin 1996, les premières élections législatives organisées en République tchèque, grâce à la constitution d’une coalition avec les chrétiens-démocrates et l’Alliance des droits civiques, mais il perd la majorité à la Chambre des députés.

Les réussites sur le plan des relations extérieures sont contrebalancées par plusieurs déconvenues à l’intérieur. L’économie tchèque enregistre ainsi un sérieux ralentissement, qui conduit près de 30 % de la population à regretter le régime communiste (sondage de février 1998), tandis qu’une crise politique agite le pays depuis novembre 1997. Personnalité charismatique et autoritaire, Václav Klaus, qui domine la scène politique depuis l’indépendance, est contraint de démissionner à la suite d’un scandale sur le financement frauduleux de son parti. Sa démission entraîne une scission au sein de l’ODS, dont de nombreux membres se regroupent au sein de l’Union de la liberté (US).

Un nouveau gouvernement est formé en décembre 1997, dirigé par l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Josef Tosovsky. Il est chargé par Václav Havel, réélu président le 20 janvier 1998, de mettre en place un programme de stabilisation de l’économie, et surtout d’organiser des élections anticipées prévues pour juin 1998. Le Parti social-démocrate (CSSD) arrive en tête du scrutin, mais la droite reste majoritaire au Parlement. Václav Havel charge alors Miloš Zeman, chef du CSSD, de former le nouveau gouvernement mais la tâche se révèle difficile. En effet, aux élections sénatoriales de novembre 1998 le CSSD, au pouvoir depuis cinq mois, n’obtient que 3 sièges sur 27.

Minoritaire, le gouvernement de Miloš Zeman ne peut se maintenir au pouvoir qu’avec l’appui de l’ODS de Václav Klaus, avec lequel il signe un accord. À partir de novembre 1999, lors de la commémoration du dixième anniversaire de la Révolution de velours, cette union contre nature provoque d’importantes manifestations, qui regroupent intellectuels, étudiants et ouvriers. La contestation de la classe politique s’accompagne d’un rejet du « nouveau capitalisme « qui domine l’économie tchèque. De fait, le pays est en proie à une récession, marquée par une hausse du chômage, tandis que plusieurs affaires de corruption secouent les milieux financiers et politiques. Cette situation profite également aux communistes qui voient leur popularité grimper dans les sondages. Sur le plan extérieur, les négociations pour l’entrée dans l’Union européenne s’avèrent plus difficiles que prévu. En effet, Bruxelles souhaite que la réforme de l’administration et de la justice, la lutte contre la corruption et les déficits budgétaires publics soient accélérés. Prague, de son côté, entend pouvoir interdire pendant dix ans aux citoyens européens l’achat de biens immobiliers dans le pays, les Tchèques craignant un retour des Allemands dans les Sudètes. Pour autant, les années 2000 et 2001 connaissent un « ouragan législatif «, selon les termes du vice-Premier ministre, afin de mettre en conformité la législation tchèque avec la législation européenne, et la République tchèque arrive rapidement dans le peloton de tête des pays candidats.

Les élections législatives de juin 2002 sont remportées par le CSSD, dirigé par Vladimir Spidla, devant l’ODS et les communistes qui réalisent leur meilleur score depuis 1989 (18,5 % des suffrages). Après avoir gouverné en étant minoritaire, avec le soutien de l’ODS, le CSSD peut former un gouvernement majoritaire, dirigé par Vladimir Spidla, avec la coalition de l’Union démocrate-chrétienne (KDU) et l’Union de la liberté (US).

6.4.3 La présidence de Václav Klaus

Le nouveau gouvernement a pour principale tâche de mener la République tchèque à l’adhésion à l’Union européenne (UE). Alors que le mandat présidentiel de Václav Havel se termine le 2 février 2003, trois élections à trois tours de scrutin sont nécessaires pour que le Parlement parvienne à élire le nouveau président de la République. C’est finalement Václav Klaus qui est élu le 28 février, grâce à un accord avec les parlementaires communistes.

Les 13 et 14 juin 2003 est organisé le premier référendum de l’histoire de la jeune République tchèque : 77,33 % des électeurs approuvent l’adhésion de leur pays à l’UE. Alors que la République tchèque est considérée comme le pays le plus eurosceptique — le président lui-même ne donne pas de consigne de vote en faveur du « oui « —, le taux de participation atteint toutefois 55,21 %. À l’issue des résultats, le Premier ministre déclare que, pour lui, « ce n’est qu’aujourd’hui que prend fin la deuxième guerre mondiale «. L’adhésion de la République tchèque à l’UE est effective le 1er mai 2004. L’euroscepticisme de la population se manifeste plus nettement lors de l’élection du Parlement européen au mois de juin suivant. L’abstention s’élève à 72 % et ce sont les partis les plus réticents face à la construction européenne qui arrivent en tête, l’ODS suivi des communistes orthodoxes du KSCM. Résolument pro-européen et intègre, mais critiqué par l’aile gauche de son parti, Vladimir Spidla, dont le parti n’est arrivé qu’en cinquième position, démissionne de ses fonctions de Premier ministre et de président du CSSD, mais devient commissaire européen. C’est le leader de la contestation interne au parti, le jeune ministre de l’Intérieur Stanislav Gross (34 ans), qui est désigné pour former le nouveau gouvernement. Homme politique le plus populaire du pays, il ne reste finalement que quelques mois à la tête du gouvernement. En effet, à l’issue d’une longue crise gouvernementale déclenchée par une polémique portant sur sa fortune personnelle, il démissionne de ses fonctions et est remplacé en avril 2005 par Jiri Paroubek, également social-démocrate.

Les élections législatives de juin 2006 débouchent sur une impasse. Par le jeu des alliances, chaque camp obtient en effet 100 députés sur les 200 sièges que compte le Parlement tchèque, ce qui ne permet pas de dégager une majorité de gouvernement. Lors de ce scrutin, les Verts sont le premier parti écologiste à obtenir des élus dans un ancien pays communiste d’Europe centrale. Au mois de septembre suivant, un gouvernement de centre-droit conduit par Mirek Topolanek est constitué. Il est formé de membres de l’ODS et de personnalités indépendantes mais n’obtient pas la confiance du Parlement où il ne dispose pas de la majorité, ce qui conduit à sa démission dès le mois suivant. Sept mois et demi après les élections, au mois de janvier 2007, un nouveau gouvernement dirigé par Mirek Topolanek et réunissant l’ODS, l’Union chrétienne-démocrate (KDU) et le Parti des Verts (SZ) est finalement investi. Au mois de février 2008, Váklav Klaus est réélu à la présidence de la République tchèque pour un second mandat.

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