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Résumé P. CLASTRES, chap. 11 « La société contre l'État »

Publié le 17/08/2010

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Pierre Clastres (1934-1977) est un anthropologue et ethnologue français connu pour ses études sur les tribus d’Amérique Latine, s’intéressant aux sociétés primitives. L’extrait que nous étudions est le dernier chapitre de l’ouvrage La société contre l'État, publié en 1974. Dans cet ouvrage, il montre à partir de l’étude de certaines sociétés traditionnelles, que le pouvoir politique n’est pas forcément contraignant et pour cela il s’intéresse à la chefferie indienne. Dans cet extrait P.Clastres se demande quelle est la source du pouvoir politique et de l'État. Il se rapporte aux sociétés primitives car elles sont dites « sans État « ce qui lui permet d’observer la conception qu’ont ces sociétés du pouvoir et de comprendre les facteurs permettant le passage d’une société « sans État « à une société dite organisée avec un État. Pour concevoir l’origine de l'État il commence par l’étude de l’hypothèse économique dont il démontrera l’inexactitude. Ainsi l’auteur commence par rompre avec les préjugés ethnocentristes, notamment celui qui affirme que si les sociétés traditionnelles n’avaient pas d'État organisé et n’avaient pas d’économie, c’est parce qu’elles n’étaient pas assez développées. Or P.Clastres démontre que ces sociétés sont développées mais pour un usage restreint, familial et local. Les Indiens refusent donc le commerce par choix. Pour démontrer cela il prend l’exemple du nombre d’heures de travail par jour d’un Indien (4heures) et prouve que, de ne produire que pour sa famille, est bien un choix et non une contrainte (ainsi la convoitise d’un outillage plus perfectionné telle que la hache en fer n’a pas pour but l’augmentation de la production en un même temps, mais la conservation de la même production en un temps diminué). Après avoir écarté cette hypothèse de l’économie comme unique facteur du passage de société primitive à État, l’auteur cherche au niveau du politique et de l’organisation sociale. Il commence à réfléchir à ce qu’est l'État et à quel moment on peut parler d'État (remise en cause du principe de nomadisme/sédentarisme entraînant « mécaniquement « soit une société primitive soit une société organisée en État). Il en arrive à remettre en cause plusieurs définitions de l'État : la lutte des classes apparaît alors inexacte puisqu’elle suppose que l’État est la structuration du rapport de forces entre classes dominantes ayant le monopole de la violence et classes dominées, mais l’essence même de l’État à savoir le monopole de la violence légitime est déjà aux mains des classes dominantes et donc l’État devient dépourvu de sens. Ensuite il réfléchit au rôle du chef dans les sociétés primitives et il affirme que les chefs n’ont pas de pouvoir réel et que leur société est faite de façon à ce que le pouvoir personnel soit impossible : il se réfère à des histoires de chefs tels que Fousiwe ou Geronimo qui voulant imposer à leur société leur conception furent abandonnés par leur tribu. Il explique que le chef élu pour ses seules capacités techniques n’a pas de pouvoir, sa position lui accorde juste un « prestige « qui ne lui permet aucunement d’imposer ses idées à la société. Enfin l’auteur termine sa démonstration par une analyse sur le prophétisme qui a été selon lui la porte de sortie qui a permis aux Indiens de renoncer à l'État lorsque la transformation de leur société (augmentation démographique et apparition de l’envie de pouvoir) les conduisait vers la formation d’un État, tout en concluant que le prophétisme par essence lui aussi conduisait à la mise en place d’un pouvoir de coercition. Pierre Clastres ne montre pas les facteurs qui sont à l’origine de l’apparition de l’État et sa principale interrogation sur l’origine même de l’État reste sans réponse. Cependant il démontre que les sociétés dites primitives ne sont pas « sous-développées «, inférieures, mais qu’a contrario elles ont fait le choix de refuser la contrainte qu’imposerait l'État et que l’État n’est pas le système suprême vers lequel les sociétés primitives doivent tendre, mais qu’il existe d’autres systèmes de hiérarchie et d’organisation sociale qui permettent aux tribus de se maintenir.

 

 

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