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rons-nous chacune des deux ?

Publié le 22/10/2012

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rons-nous chacune des deux ? — É. L'une est la vieille méthode de nos pères ; ils en usaient avec leurs fils, et c'est encore ce que beaucoup font aujourd'hui, surtout en les voyant commettre quelque faute, pour une part on rudoie, pour l'autre on exhorte plus doucement ; le tout serait correctement nommé : technique d'admonestation. — T. C'est bien cela. — É. Quant à l'autre, elle est le fait des gens qui pour leur part ont formé la conviction raisonnée que toute ignorance est involontaire et que celui qui croit savoir ne consentira jamais à rien apprendre de ce en quoi il se croit compétent et que l'espèce de l'éducation qui recourt à l'admonestation se donne beaucoup de mal pour obtenir un résultat négligeable. — T. Ils ont bien raison de le penser. — E. Aussi visant à éliminer cette croyance, ils procèdent selon une autre méthode. — T Quelle est-elle donc ? — É. Ils interrogent à fond l'intéressé sur les points où il croit dire quelque chose de valable alors qu'il ne dit rien qui vaille ; après quoi ils n'ont aucune peine à mettre à l'épreuve les opinions de gens en proie à l'errance, ils les confrontent entre elles en les rassemblant en raisonnements et par cette confrontation, ils démontrent qu'elles sont les unes avec les autres, sur les mêmes sujets, sous les mêmes rapports, des mêmes points de vue, contradictoires entre elles. Quand ils s'en aperçoivent, les interlocuteurs s'irritent contre eux-mêmes et se montrent plus accueillants à autrui ; ainsi cette méthode les délivre de la haute et rigide opinion qu'ils se faisaient d'eux-mêmes, et de toutes les délivrances, c'est celle qui procure le plus d'agrément à l'auditeur et le plus de sécurité à celui qui en est l'objet. La conception de ceux qui les soumettent à cette purification est en effet, mon jeune ami, exactement la même que celle des médecins du corps qui en sont venus à penser que le corps ne peut s'assimiler la nourriture qu'on lui procure tant que les obstacles internes ne sont pas évacués ; ils sont arrivés, eux, à la même conclusion à propos de l'âme : elle ne peut tirer aucun bénéfice des enseignements qui lui sont dispensés avant que l'exa- men critique ait amené celui qui en est l'objet à éprouver de la honte et l'ait débarrassé des opinions qui font obstacle aux enseignements, pour qu'il se voie purifié et pense savoir tout juste ce qu'il sait, mais rien de plus. — T. Du moins est-ce là la meilleure manière d'être, et la plus sensée. — É. C'est bien pour toutes ces raisons, Théétète, qu'il faut tout à la fois proclamer l'examen critique le plus haut et la plus souveraine des purifications, et estimer, que, qui n'y a pas été soumis, fût-il le Grand Roi, reste impurifié des plus grandes souillures, qu'il est inéduqué et disgracié en ce qu'il sied que l'homme ait de plus pur et de plus beau pour être véritablement heureux. Sophiste, 229d-231e 5. L'ÉDUCATION COMME CONVERSION [SOCRATE-GLAUCON] — S. L'éducation n'est point ce que certains de ceux qui en font profession déclarent qu'elle est. Ils me semblent se prétendre capables d'introduire le savoir dans l'âme où il n'est pas à la façon dont on mettrait la vue dans des yeux aveugles. — G. C'est en effet ce qu'ils prétendent. — S. Or ce que signifie notre présent propos, c'est que cette faculté qui réside en l'âme de chacun ainsi que l'organe qui permet à chacun d'apprendre, tel un oeil qu'on ne pourrait détourner des ténèbres vers la lumière qu'en tournant tout le corps, c'est avec l'âme tout entière qu'il faut la détourner du devenir jusqu'à ce qu'elle devienne capable de supporter le contemplation de l'être et de ce qu'il y a de plus lumineux dans l'être, c'est-à-dire le Bien, nous en sommes convenus, n'est-ce pas ? — G. Oui. — S. C'est de cela même que l'éducation serait l'art, un art de la conversion : chercher par tous les moyens la méthode la plus aisée et la plus efficace, non pas pour donner la vue à cet organe ; bien plutôt, puisqu'il l'a déjà, mais qu'il n'est pas bien orienté et qu'il ne regarde pas où il faudrait, pour le tourner dans la bonne direction. — G. C'est bien ce qu'il semble. — S. Ainsi, tandis que les autres qualités qu'on attribue à l'âme sont sans doute assez proches de celles du corps, en ceci qu'elle commence par ne pas les avoir, mais finit par les acquérir par l'habitude et l'exercice, l'aptitude à comprendre paraît présenter quelque chose de beaucoup plus divin : d'une part, le pouvoir n'en est jamais perdu, d'autre part, l'orientation qu'on lui donne la rend utile et avantageuse, ou inversement, inutile et nuisible. T'es-tu déjà avisé que, chez ces gens qu'on qualifie de méchants mais de malins, leur petit esprit a le regard perçant et discerne avec acuité ce à quoi il s'applique ? C'est qu'il n'a pas la vue mauvaise, mais il est forcément au service de la méchanceté, ce qui fait que plus il a la vue perçante, plus il fait de mal. — G. C'est tout à fait cela. — S. Pourtant suppose qu'on opère dès l'enfance un esprit de cette nature et qu'on le déleste de ces sortes de masses de plomb apparentées au devenir, dont il a été surchargé par ce dont il se nourrit avec les plaisirs et les raffinements de ce genre et qui tournent le regard de l'âme vers le bas ; supposé qu'on l'en soulage et qu'on le tourne vers les réalités vraies, ce sont celles-ci que le même esprit de ces mêmes gens discernerait avec la même extrême acuité que celle avec laquelle il voit les choses vers lesquelles il est actuellement tourné. République VII, 5 1 8b-5 1 9b 6. L'ÉDUCATION ESTHÉTIQUE a) Choeur et éducation. [L'ÉTRANGER D'ATHÈNES] Mon intention est de vous remettre en mémoire ce qu'est, selon nous, l'éducation bien comprise... Je pré-

« 64 PLATON PAR LUI-MÊME men cntlque ait amené celui qui en est l'objet à éprouver de la honte et l'ait débarrassé des opinions qui font obstacle aux enseignements, pour qu'il se voie purifié et pense savoir tout juste ce qu'il sait, mais rien de plus.

- T.

Du moins est-ce là la meilleure manière d'être, et la plus sensée.- É.

C'est bien pour toutes ces raisons, Théétète, qu'il faut tout à la fois proclamer l'examen critique le plus haut et la plus souveraine des purifications, et estimer, que, qui n'y a pas été soumis, fût-ille Grand Roi, reste impurifié des plus grandes souillures, qu'il est inéduqué et disgracié en ce qu'il sied que l'homme ait de plus pur et de plus beau pour être véritablement heureux.

Sophiste, 229d-231 e 5.

L'ÉDUCATION COMME CONVERSION [SOCRA TE-GLAUCON] -S.

L'éducation n'est point ce que certains de ceux qui en font profession déclarent qu'elle est.

Ils me semblent se prétendre capables d'introduire le savoir dans l'âme où il n'est pas à la façon dont on mettrait la vue dans des yeux aveugles.- G.

C'est en effet ce qu'ils prétendent.

- S.

Or ce que signifie notre présent propos, c'est que cette faculté qui réside en l'âme de chacun ainsi que l'organe qui permet à chacun d'apprendre, tel un œil qu'on ne pourrait détourner des ténèbres vers la lumière qu'en tournant tout le corps, c'est avec l'âme tout entière qu'il faut la détourner du devenir jusqu'à ce qu'elle devienne capable de sup­ porter le contemplation de l'être et de ce qu'il y a de plus lumineux dans l'être, c'est-à-dire le Bien, nous en sommes convenus, n'est-ce pas?- G.

Oui.- S.

C'est de cela même que l'éducation serait l'art, un art de la conversion : chercher par tous les moyens la méthode la plus aisée et la plus efficace, non pas pour donner la vue. »

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