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Ruy Blas : Acte 1, Scène 1 (entier) : la scène d'exposition

Publié le 18/08/2010

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Introduction : Cette scène expose le drame. 8 ans après Hernani, Hugo situe son intrigue en Espagne. La 1ère représentation a eu lieu le 8 novembre 1838, ce fût un triomphe (sauf le 4ème acte). Cette scène représente essentiellement la colère de Don Salluste (il donne son nom à l’acte) qui apprend aux spectateurs que la reine l’exile parce qu’il a séduit une de ses suivantes et mis enceinte et elle lui demande de réparer cela en l’épousant. Il va s’agir d’une vengeance contre la reine. Le décor est somptueux, c’est une salle du palais de Madrid à la cour d’Espagne et c’est essentiellement Don Salluste qui monopolise la parole. On remarque le contraste entre la «large porte « et la « petite porte « qui indique des intrigues à venir. Comment cette scène d’exposition est-elle à la fois classique et novatrice ? I Une exposition classique 1) Les informations de temps, de lieu, d’actions (règle des 3 unités) On a une indication de temps : c’est le début de la journée (on peut croire que c’est une tragédie classique) montré par Don Salluste qui va à la fenêtre (v.3). L’échéance est dramatique pour ce personnage, on a une idée d’urgence (v.24 : « Mais demain ! «). On découvre l’espace grâce à la première didascalie (encore une fois le palais royal fait penser à la tragédie classique). Le spectateur est plongé dans un décor riche, vaste et il remarque les habits des personnages et des accessoires symboliques. Les costumes indiquent l’époque à laquelle se passe la scène. On a en apparence des personnages classiques : le couple maître/valet. Quant à l’action, on comprend très vite qu’il va s’agir de la vengeance d’un grand d’Espagne contre la reine et même d’un complot. C’est une aventure secrète car RB doit garder le secret. Il y a une atmosphère de secret (v.30). Tout cela se fait dans le silence (v.55 : « faites lui sans parler le signe qu’il peut monter «) et le secret (v.59, 60 : « parlez bas, j’aurai besoin de vous, ne vous éloignez pas «). On sent l’inquiétude du personnage principal. 2) La représentation des personnages On voit que Don Salluste est un homme autoritaire, colérique et calculateur. Dans sa première tirade, on trouve de nombreuses phrases exclamatives (v.5, 6, 7). Il y en a une dizaine dans cette 1ère réplique. DS dans sa tirade fait son autoportrait : il rappelle qu’il était l’un des plus grands de la cour, il s’en vente. On voit que c’est un personnage ambitieux, égocentrique (v.19 : « Mon crédit, mon pouvoir «) qui est avide de pouvoir (« mon « et « je « répétés au v.19 et 20). Le rythme ternaire (alexandrin dit en 3 temps) donne de l’amplitude. Répétition de « tout « au v.19, 20, 21 et énumération au v.21. Il y a un parallélisme entre les vers 5 et 7. Il s’exprime avec beaucoup d’impératifs, c’est une scène mouvementée avec une atmosphère de secret. On voit qu’il parle à un domestique sans formules de politesses. On voit que c’est un personnage orgueilleux. Il semble être quelqu’un d’imperturbable mais il fait part de ses émotions surtout dans les didascalies par des gestes et des mouvements désordonnés (v.26 : « il déboutonne violemment son pourpoint «). Gudiel est le précepteur de DS, conseiller et confident. C’est un personnage secondaire. Gudiel est plus âgé que DS (v.32). Il permet un dialogue Don Salluste/Gudiel plus vivant que si c’était un monologue. Il est presque muet, il répond à son maître et il relance la conversation (v.30). Ruy Blas est un personnage éponyme. Il y a une surprise car il a un rôle secondaire dans la scène. Il obéit aux ordres, ses répliques sont courtes (v.49). Il s’incline (« s’inclinant «) : signe de soumission. 3) Les éléments suscitant la curiosité Le sujet : cette vengeance annoncée suscite la curiosité, elle crée une attente. v.43 : mystère et peur, l’instigateur du complot ignore lui même comment il va se venger mais il veut que ce soit terrible (v.44 : « effrayant «). C’est mouvementé, v.44, 45 : annonce d’un départ imminent. Il fait à moitié nuit de dehors (v.59) ce qui crée une atmosphère de secret. Les personnages : autres éléments qui suscitent la curiosité : pourquoi RB n’est-il qu’un valet effacé et soumit ? Pourquoi parle-t-il si peu ? Qui est Don César ? Des hommes de polices dorment à côté (v.59) : il va se passer quelque chose non conforme à la loi. On se demande si Don César est un spadassin (tueur), un gueux. Quant à la reine, on se demande si c’est une prude qui par excès de religion, de pudeur et de chasteté veut faire marier Don Salluste à la dame. C’est une punition sévère. L’action se passe dans une Espagne très Catholique. Et enfin, que cache le regard entre RB et Don César ? II Une scène d’exposition typique du drame romantique Dans cette scène, Hugo met en valeur les principes du drame romantique qu’il a inventé lui-même. [Victor Hugo est admis comme l'un des principaux théoriciens du drame romantique dont il a exposé les grandes lignes dans sa préface de Cromwell.] 1) L’utilisation de la « couleur locale « La pièce se passe en Espagne du XVIIIe siècle (voir la longue didascalie). On trouve des mots exotiques (v.58 : « alguazils «, v.16 : « alcades «) et des noms de lieux comme Finlas, Castille. Cela donne une couleur locale. La reine vient de Neubourg. Il s’agit de la seconde femme de Charles II. L’intrigue est datée dans l’histoire, loin de l’antiquité tragique avec les palais… 2) La peinture d’une réalité concrète (v.2) : « le jour va naître « ; (v.52) : « dans deux heures soyez là «. Pour une tragédie, il parle de choses concrètes, ordinaires (v.25, 27 et 48 : « clefs, volets «). C’est de la modernité pour ce début de pièce. 3) Le mélange des genres [Le drame bourgeois est un genre théâtral né au XVIIIe siècle, il s'agit de remplacer à la fois la comédie et la tragédie, en mettant en scène les conflits de la vie quotidienne, familiale et sociale. Le mélodrame décrit un drame populaire aux situations extravagantes suscitant de vives émotions. Intrigue invraisemblable, épisodes violents, outrance des caractères et du ton.] Il y a un mélange de drame bourgeois, de comédie et de mélodrame : il s’agit d’une « donzelle «, séduite puis abandonnée, d’une amourette que nous raconte Don Salluste (v.7 à 13). Un mépris. C’est un mélodrame car dès le début le sujet est bas et choquant, il y a du cynisme dans la façon avec laquelle il traite la femme engrossée. C’est une histoire de coucherie. Cela peut choquer les contemporains de Hugo. Ce qui est mélodramatique, c’est le ton de Don Salluste qui en rajoute. On voit aussi la condition de la femme. On trouve le champ lexical de la sournoiserie (v.38 : « Pour une fille ! «). Don Salluste est un comploteur, un personnage typique du mélodrame. On peut comprendre que son absence sera pire que sa présence. Ruy Blas et Gudiel sont plutôt des personnages de comédie (populaires, gens ordinaires). 4) La liberté du langage utilisé Mélange de mots nobles et de mots familiers (v.3, v.9). Ex : « donzelle « « amourette «. On ne retrouve pas cela dans la tragédie classique. La particularité de Victor Hugo, c’est de mélanger le sublime et le familier à la fois pour plaire au public et pour créer un nouveau genre. Il y a des enjambements qui donnent un effet d’ampleur (v.9, 10). Les rejets donnent un effet de surprises et/ou d’insistance (v.5, 6). Hugo utilise les règles de la poésie avec plus de souplesse (voir v.1 et v.2). Conclusion : Il s’agit d’une scène qui comble l’intérêt du spectateur tout en apportant des éléments nouveaux par rapport à la tragédie classique (XVIIème siècle). C’est bien une scène de drame romantique. Don Salluste incarne un personnage de la haute société dégénérée et conspirateur. N’oublions pas que Hugo transpose les problèmes de son époque et critique les propres puissants de son époque à travers la fiction historique. Né d’une volonté de moderniser le théâtre classique, le drame romantique hérite à la fois de la tragédie, du drame bourgeois et du mélodrame. Cette revendication de se libérer des contraintes classiques plait au public de l’époque.

 

« II Une scène d'exposition typique du drame romantique Dans cette scène, Hugo met en valeur les principes du drame romantique qu'il a inventé lui-même.

[Victor Hugo est admiscomme l'un des principaux théoriciens du drame romantique dont il a exposé les grandes lignes dans sa préface de Cromwell.] 1) L'utilisation de la « couleur locale » La pièce se passe en Espagne du XVIIIe siècle (voir la longue didascalie).On trouve des mots exotiques (v.58 : « alguazils », v.16 : « alcades ») et des noms de lieux comme Finlas, Castille.

Cela donneune couleur locale.La reine vient de Neubourg.

Il s'agit de la seconde femme de Charles II.L'intrigue est datée dans l'histoire, loin de l'antiquité tragique avec les palais… 2) La peinture d'une réalité concrète (v.2) : « le jour va naître » ; (v.52) : « dans deux heures soyez là ».Pour une tragédie, il parle de choses concrètes, ordinaires (v.25, 27 et 48 : « clefs, volets »).

C'est de la modernité pour ce débutde pièce. 3) Le mélange des genres [Le drame bourgeois est un genre théâtral né au XVIIIe siècle, il s'agit de remplacer à la fois la comédie et la tragédie, en mettanten scène les conflits de la vie quotidienne, familiale et sociale.Le mélodrame décrit un drame populaire aux situations extravagantes suscitant de vives émotions.

Intrigue invraisemblable,épisodes violents, outrance des caractères et du ton.] Il y a un mélange de drame bourgeois, de comédie et de mélodrame : il s'agit d'une « donzelle », séduite puis abandonnée, d'uneamourette que nous raconte Don Salluste (v.7 à 13).

Un mépris.

C'est un mélodrame car dès le début le sujet est bas etchoquant, il y a du cynisme dans la façon avec laquelle il traite la femme engrossée.

C'est une histoire de coucherie.

Cela peutchoquer les contemporains de Hugo.Ce qui est mélodramatique, c'est le ton de Don Salluste qui en rajoute.

On voit aussi la condition de la femme.

On trouve lechamp lexical de la sournoiserie (v.38 : « Pour une fille ! »).

Don Salluste est un comploteur, un personnage typique dumélodrame.

On peut comprendre que son absence sera pire que sa présence.Ruy Blas et Gudiel sont plutôt des personnages de comédie (populaires, gens ordinaires). 4) La liberté du langage utilisé Mélange de mots nobles et de mots familiers (v.3, v.9).Ex : « donzelle » « amourette ».

On ne retrouve pas cela dans la tragédie classique.

La particularité de Victor Hugo, c'est demélanger le sublime et le familier à la fois pour plaire au public et pour créer un nouveau genre.Il y a des enjambements qui donnent un effet d'ampleur (v.9, 10).

Les rejets donnent un effet de surprises et/ou d'insistance (v.5,6).

Hugo utilise les règles de la poésie avec plus de souplesse (voir v.1 et v.2). Conclusion : Il s'agit d'une scène qui comble l'intérêt du spectateur tout en apportant des éléments nouveaux par rapport à latragédie classique (XVIIème siècle).

C'est bien une scène de drame romantique.Don Salluste incarne un personnage de la haute société dégénérée et conspirateur.

N'oublions pas que Hugo transpose lesproblèmes de son époque et critique les propres puissants de son époque à travers la fiction historique.Né d'une volonté de moderniser le théâtre classique, le drame romantique hérite à la fois de la tragédie, du drame bourgeois et dumélodrame.

Cette revendication de se libérer des contraintes classiques plait au public de l'époque.. »

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