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Saint Sulpice du Tarn

Publié le 27/02/2008

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Le Triptyque de Saint Sulpice du Tarn

 

 

 

Introduction :

 

L'oeuvre étudiée ici est le Triptyque de Saint Sulpice, dans le Tarn.

Cette pièce d'ivoire date du début du XIV siècle, un peu avant 1300, et est exposée au musée de Cluny, après avoir été acquise en 1893, suite à un don.

Il mesure 32 X 28 cm

Nous étudierons tout d'abord la place de l'ivoire à cette période de l'histoire, et de quelle manière ce triptyque s'inscrit dans cette tradition.

Puis, nous ferons une description de cet objet en prenant en compte son caractère religieux.

Enfin, nous aborderons les aspects plus techniques de cette oeuvre.

 

 

I) Histoire et ivoire

 

 

L'ivoire d'éléphant n'est plus utilisé en occident depuis le IIX siècle, remplacé par l'ivoire de morse. C'est vers le milieu de XIII siècle que l'ivoire d'éléphant revient massivement. 

Paris en fait alors sa spécialité et devient le principal centre de travail de l'ivoire. 

Les objet d'ivoires peuvent être des objets de dévotions religieuses, ou des objets profanes, comme un boîtier de miroir.

 

Ainsi les oeuvres les plus représentatives du XIV s sont surtout les objets de dimension réduite (ivoires ou orfèvreries) plutôt que les grandes statues de pierres.

On note une certaine influence de l'art du XIII s, comme par exemple les plis des vêtements de la Vierge, dont le graphisme rappelle celui du XIII s. 

Mais le plis \"en tablier\" de son manteau, lui, rappelle la Vierge de Maineville (début XIV), et annonce un certain type de vierge utilisé au XIV s.

Ce triptyque annonce bien des aspects de l'utilisation de l'ivoire au XIVe siècle, qui compte beaucoup de polyptyques dans le cadre de la dévotion.

 

 

 

II) Description et religion

 

 

Ce triptyque, composé d'une partie centrale fixe et de deux volets mobiles, se divise en deux parties, le haut et le bas, se divisant eux même en trois parties. Nous avons donc six compartiments comprenant des scènes différentes.

Des épisodes de la passion du Christ sont illustrés en haut, tandis que le bas évoque la naissance et l'enfance du Christ. Chaque \"tableaux\" est encadré par une voûte d'ogive, typique de la période gothique. Les deux parties principales sont séparées par une bande fine ornée de fleurs. 

Il y a une symétrie dans cette construction, entre le haut et le bas.

Les six scènes auxquelles nous avons a faire sont, de gauche à droite et de haut en bas : Le port de la croix, la crucifixion, la descente de croix, les Rois mages en adoration (reconnaissable à leurs couronnes et leurs offrandes), la Vierge glorieuse, ou la vierge à l'enfant (identifiable non pas grâce au Christ mais grâce aux deux anges), et enfin la présentation au temple, avec Maris, Joseph, et Jésus.

On remarque des parties endommagées (Pas d'enfant pour la Vierge glorieuse, bras de nombreux personnages), et des restes de couleurs qui nous indique que cette oeuvre était polychrome. Dans son ensemble, on ne peut qu'apprécier la finesse, la délicatesse de cette oeuvre (plis, visages propres à chaque personnages, graphisme des cheveux...)

 

 

Ce triptyque témoigne donc de l'importance et de la qualité des objets de dévotion.

Il témoigne aussi de la nouvelle importance accordée à la Vierge Marie (ici au centre, et présente dans quatre scènes sur six) En effet, c'est au XII s, grâce à saint Bernard et aux Cisterciens que Marie devient un intermédiaire important entre Dieu et les hommes.

On remarque aussi que l'épisode des Rois mages, narré dans l'Evangile selon Mathieu, ne précises pas le nombre de Rois, ne leur donne pas de nom, et ne précise pas s'ils sont de sang royale. Seul leur origine orientale est précisée. 

Ces représentations participent donc à l'élaboration d'une légende, d'un \"folklore\" qui vient s'ajouter aux textes.

 

 

 

III)Auteur et Technique

 

Comme nous l'avons vu, ce triptyque est issue de la production parisienne. 

Le \"Maître du Triptyque de Saint Sulpice du Tarn\" influença, grâce à son style et sa précision, bon nombre d'ateliers de Paris durant le début du XIV s.

On suppose que ce même ivoirier a produit le polyptyque de l'Ermitage. 

 

La surface des figures centrales du triptyque est plus importante que celle des volets latéraux. 

Ces figures centrales, c'est à dire la Vierge Glorieuse et le Christ sur la croix, sont traités de façon plus souple, plus fluide, plus espacé. 

Il s'agit en effet des deux scènes les plus importantes de ces six tableaux.

La plaque d'ivoire centrale, assez épaisse, a été creusée puis évidée. Ainsi, les figures qui se dégagent sont presque en ronde bosse.

C'est un objet d'un grand raffinement. L'ivoirier a donné à chaque personnages un visage propre, sans pour autant tomber dans la caricature, qui est un des travers des diptyques gothique traitant de la passion.

 

 

 

Conclusion :

 

Ce triptyque est donc un objet à valeur non seulement esthétique, mais aussi historique et religieuse. 

La première chose que l'on remarque est effectivement la beauté de l'objet, la finesse de l'ivoire, et le traitement fin et délicat des nombreux détails. Cependant, on ne peut réduire ce triptyque à cela. 

S'inscrivant parfaitement dans l'histoire de l'utilisation de l'ivoire, illustrant une période faste pour les \"arts mineurs\", annonçant deja le traitement de l'ivoire du XIV s, il nous dévoile également une évolution du rapport entre les hommes et leur foi. 

 

 

 

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