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Scène 10, L'Ile Des Esclaves

Publié le 15/09/2006

Extrait du document

1- Etudiez le vocabulaire du repentir utilisé par Arlequin dans cette scène.

 

  Dans cette scène 10, le lecteur assiste à un retournement de situation. En effet, les valets ayant pris le pouvoir sur leur maîtres depuis leur arrivé sur l’île, vont alors décider de retrouver leur place initiale. Pour cela, dans cette scène Arlequin tente de convaincre Cléanthis de mettre fin à son nouveau rôle de maître, de se faire pardonner par Euphrosine et surtout il n’hésite pas en rajouter afin de se faire bien voir et pardonner par Iphicrate. Arlequin va donc être amené à utilisé le vocabulaire du repentir. C'est-à-dire qu’il va montrer qu’il regrette certaine choses, avouer qu’il a commit  une faute et mettre en avant son désir de la réparer et de ne plus recommencer.

     Premièrement Arlequin va utiliser de nombreuses répliques montrant sa volonté d’avouer et de corriger ses erreurs en se faisant pardonner par Iphicrate. En effet par exemple lorsqu’il dit : « c’est pour me châtier de mes insolences « l.10, il va reconnaître ses erreurs et avouer à Cléanthis, qu’il demande pardon à Iphicrate pour se qu’il a fait. Mais aussi à la ligne 13 : « je me repens de mes sottises «. De plus lorsqu’Arlequin dit : l.12 : « je veux être un homme de bien «, il affirme qu’il a eu tord de se considérer maître et que désormais, il a décidé d’être bon.

 

     Deuxièmement Arlequin va accentuer son désir de se faire pardonner, en suppliant et en faisant des éloges à Iphicrate, en lui montrant toute sa gratitude et en faisant ressortir son bon côté. En effet à la ligne 5, lorsqu’il dit « tendrement « : « c’est qu’il est trop petit pour mon cher ami « en embrassant les genoux d’Iphicrate. Par cette réplique l’auteur voit qu’Arlequin est devenu subitement gentil avec son ancien maître et qu’il n’hésite pas à redevenir soumis devant lui. Mais il continue à prendre la défense de son maître par la suite en affirmant que les maîtres sont confus et malheureux d’avoir été méchant et donc qu’ils se retrouvent à égalité en se repentant eux aussi : l 48.49 : « ils sont contrits d’avoir été méchants, cela fait qu’ils nous valent bien, car quand on se repend, on est bon, et quand on est bon, on est aussi avancé que nous. «

 

  Ainsi par l’utilisation de son vocabulaire et sa manière d’agir, Arlequin va réussir à reconnaître ses fautes, et à parvenir à supplier Iphicrate de le pardonner.

 

   2- Etudiez la tirade de Cléanthis : quels procédés emploie-t-elle pour faire l’éloge des valets ? 

 

Dans cet extrait, Cléanthis est assez septique à la volonté d’Arlequin de vouloir redevenir valet. Elle adresse donc un discours  dans une tirade, aux maîtres en opposant à leur fierté "le cœur bon, la vertu et la raison". l. 36. Dans celui-ci, elle n’hésite pas à faire l’éloge des valets.

   Premièrement Cléanthis ne va pas hésiter à mettre en opposition maîtres et valets en insistant particulièrement sur la bonté des valets afin de les valorisé : « le cœur bon, la vertu et la raison « l.36, « ce qui fait qu’un homme est plus qu’un autre « l.37. Elle va même utiliser une hyperbole pour exagérer sur leur gentillesse : « cent fois plus honnêtes gens qu’eux «l 27. Mais elle va aussi ne pas hésiter à accentué ces propos sur la méchanceté et l’hypocrisie des maîtres. Pour cela elle va donner son avis d’un ton colérique, avec de nombreuses phrases exclamatives et utiliser un vocabulaire permettant d’insister sur la façon dont Iphicrate et Euphrosine  traitaient leur valets et donc ainsi les rabaisser: « qui nous méprisent… qui font les fiers, qui nous maltraitent et qui nous regardent comme des vers de terre « l.23 à 25: comparaison qui montre que les maîtres ne les considéraient pas mieux qu’un petit animal sans défense. «  Tout riche que vous êtes « l.43. Elle parvient donc à structurer ces paroles de manière à marquer l’opposition entre maîtres et valets : « gens qui nous méprisent « l.23 s’oppose avec « honnêtes « l.26 ,  « fiers l.24 « «nous maltraitent « l24 « nous regardant comme des vers de terre « l.25 s’oppose à « vertu, raison, cœur bon « l.36 et enfin ; « glorieux «l.29 « riche « « noble « l.33 « grands seigneurs « l.34 s’oppose avec « pauvres gens « l42.

   Deuxièmement Cléanthis va utiliser des questions rhétoriques, permettant de sous entendre la réponse, de rabaisser les maîtres et donc de valoriser les valets : « Où en seriez-vous aujourd’hui, si nous n’avions point d’autre mérite que cela pour vous ? Voyons, ne seriez vous pas bien attrapés ? « l.29à31

   Troisièmement elle va utiliser un jeu de questions réponses afin de mettre en valeur sa supériorité et de faire de son avis la seule réponse possible à ses questions : « il s’agit de vous pardonner, et pour avoir cette bonté là, que faut-il être s’il vous plait ? Riche ? Non ; noble ? Non ; grand seigneur ? Point du tout « l.32 à 34 

     Ainsi Cléanthis utilise des procédés rhétoriques qui visent à exprimer sa force de conviction et à faire adhérer le lecteur à ce qu’elle veut faire comprendre. Elle n’hésite pas à opposer maîtres contre valets, en mettant en parallèle l’hypocrisie et la méchanceté des maîtres avec la bonté et la gentillesse des valets. Elle parvient avec de nombreux procédés et sa façon de s’exprimer à ne faire ressortir que la générosité et la sympathie des valets.

 

Cet extrait est la scène 10 de l’île des esclaves, pièce de Marivaux, représentée la première fois le 7 mars 1725. Dans cette pièce Marivaux imagine une communauté située proche d’Athènes ou les maîtres deviennent valets et inversement. Jusqu'à la scène 10, deux couples maîtres valets : Iphicrate, Arlequin et Euphrosine, Cléanthis s’étant retrouvés sur l’île, ont inversé leur rôle. Mais depuis la scène 9, Arlequin semble avoir pardonné à son maître et a repris sa place de valet. Dans cette scène 10, Arlequin va donc essayer de convaincre Cléanthis d’en faire de même. Comment se déroule sous les yeux des spectateurs, le dénouement de cette pièce ? 

Dans un premier temps nous verrons, en quoi Arlequin est-il le meneur de jeu de cette scène, et comment guide t-il Cléanthis, puis comment cette scène constitue, par l’intermédiaire de la tirade de Cléanthis, un réquisitoire contre l’esclavage opposant maître et valets, et quelle morale font ressortir les deux valets de cette scène, et enfin dernièrement, ce qui fait que cette scène est le dénouement de la pièce… 

 

  Tout d’abord, Arlequin constitue le meneur de jeu de cette scène. En effet celui-ci ayant déjà retrouvé son rôle de valet, tente de se faire complètement pardonner par son maître, et surtout va inviter Cléanthis à faire la même chose. 

    Premièrement celui-ci va reconnaître ses tords et demander pardon à Iphicrate. Il va donc utilisé le vocabulaire du repentir, il va ainsi montrer qu’il regrette certaine choses, et avouer qu’il a commit  une faute. Pour cela il va utiliser de nombreuses répliques mettant en avant sa volonté d’avouer et de corriger ses erreurs « c’est pour me châtier de mes insolences « l.10, « je me repends de mes sottises «l.13 mais aussi l.5, lorsqu’il dit « tendrement « : « c’est qu’il est trop petit pour mon cher ami « en embrassant les genoux d’Iphicrate. Il va donc reconnaître ses erreurs et avouer à Cléanthis ses ambitions. 

    Deuxièmement il va inciter Cléanthis à faire la même chose que lui : « Allons mamie soyons bonne gens sans le reprocher… « l.47 à 53. Pour cela, il tente de la convaincre par la raison et de persuader par les sentiments que le pardon est la meilleure chose à faire « repentez vous des vôtres, Madame Euphrosine se repentira aussi ; et vive l’honneur après ! Cela fera quatre beaux repentirs, qui nous feront pleurer tant que nous voudrons. « l.14à17. Il utilise ainsi le champ lexical du pardon : « homme de bien « l.12 « beau projet « l.13 «repends «l.13, « repentez «l.14, « repentiras «  « honneur « l.15 « repentirs « l.16, en répétant quatre fois repentir sous différentes formes pour insister lourdement.

Ainsi, en pardonnant à Iphicrate, Arlequin se soumet à de nouveaux à ses ordres, et tente de persuader Cléanthis de faire la même chose, ce qu’elle n’accepte pas, et ne va pas hésiter à faire comprendre. Nous allons voir comment cette scène, va par l’intermédiaire de la tirade de Cléanthis constitué une accusation contre l’esclavagisme et faire ressortir les valeurs morales nécessaires pour être un homme bon… 

  D’autre part, cette scène constitue un réquisitoire contre l’esclavage. 

    En effet, premièrement Cléanthis va exprimer de manière impulsive, avec de nombreuses phrases exclamatives son désaccord avec Arlequin dans une tirade. Celle-ci n’est pas d’accord pour pardonner et va adresser aux maîtres de nombreux reproches : "voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde…". Ces maîtres sont "trop heureux dans l’occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes qu’eux". De plus, elle utilise l’ironie en leur demandant de quelle classe faut-il être pour leur pardonner : "il s’agit de vous pardonner ; et pour avoir cette bonté là, faut-il être, s’il vous plaît ? Riche ? Non, noble ? Non, grand seigneur ?" puis elle y répond elle-même en utilisant donc le jeu de question réponse en  disant qu’il faut avoir « le cœur bon, de la vertu et de la raison «. De plus elle n’hésite pas à faire une opposition entre la fierté et l’ingratitude des maîtres par rapport à la bonté et à la compréhension de ce qui est bon, des valets. Elle marque cette opposition par le vocabulaire qu’elle emploie: « gens qui nous méprisent « l.23 s’oppose avec « honnêtes « l.26,  « fiers l.24 « «nous maltraitent « l24 « nous regardant comme des vers de terre « comparaison qui montre que les maîtres ne les considéraient comme des animaux. l.25 s’oppose à « vertu, raison, cœur bon « l.36 et enfin ; « glorieux «l.29 « riche « « noble « l.33 « grands seigneurs « l.34 s’oppose avec « pauvres gens « l42.

Ainsi Cléanthis n’hésite pas comparer maître et valets pour faire ressortir la fierté des supérieurs s’opposant à la bonté des esclaves. Elle apparaît alors comme une sorte de juge qui trace le procès des maîtres et au contraire met en valeur la bonté des valets. 

    Deuxièmement Cléanthis et Arlequin vont exprimer tout les deux, leur point de vue sur la bonté humaine et qualifier pour eux, ce qu’est un homme bon.

  En effet, Arlequin va expliquer que lorsque l’homme se repend, il devient brave : « je veux être un homme de bien « l.12 « soyons bonne gens sans le reprocher, faisons du bien, sans dire d’injures « l.47.48, « quand on se repend, on est bon, et quand on est  bon, on est aussi avancé que nous « l.50.51. Il va ainsi opposé à l’esclavage, tout se qui fait qu’un homme peut être bon,  en utilisant le champ lexical 

  Quand à Cléanthis, elle aussi va aussi exprimer les qualités qu’il faut avoir pour être « estimable « : « il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison, voilà ce qu’il faut, voilà ce qui est estimable , ce qui est distingué, ce qui fait qu’un homme est plus qu’un autre « l.36à38. Une morale ressort donc de cette scène grâce aux discours des deux valets. Il démontre que le plus important pour un homme, est d’être respectable et bon, peut importe l’argent, et de ne pas grâce à sa supériorité marchés sur les autres. 

Les deux valets trace donc une morale de l’histoire en mettant en relation bien et mal pour mettre en valeur les valets… Une ambiance plutôt triste va donc ressortir de cette scène… nous allons voir en quoi celle-ci  va constituer un dénouement pour la pièce.

 

  Par ailleurs, cette scène va aboutir à une réconciliation entre Cléanthis et Euphrosine. 

D’une part du à la reconnaissance des erreurs d’Euphrosine : ma chère Cléanthis, j’ai abusé de l’autorité que j’avais sur toi, je l’avoue « l.56.57 « viens que je t’embrasse ma chère Cléanthis « l.69.70

Et d’autre part du pardon de Cléanthis envers Euphrosine : « je veux bien oublier tout «l.59, «  je ne veux pas avoir à me reprocher la même chose, je vous rends la liberté … le mal que je vous veux « l.61 à 64. Cette scène s’achève donc avec le champ lexical de la tristesse : « pleure « l.54, « tristement «l.56 « pleurant « l.66, « avec attendrissement « l.69 et constitue un dénouement pour l’ensemble de la pièce en terminant seulement sur une condition qui sera réglée dans la scène 11 : « si nous retournons à Athènes « l76.77

 

  Ainsi cette scène, menée par Arlequin,  constitue un réquisitoire contre les bourgeois et leurs mœurs, et donc une dénonciation du comportement des maîtres. Une leçon morale en ressort : le mérite ne tient pas au rang ou à la richesse mais aux qualités de cœur. Cette avant dernière scène constitue donc le dénouement de la pièce, qui se terminera dans la scène 11 avec le retour de Trivelin découvrant la réconciliation et qui prendra ainsi une décision pour l’avenir des valets et des maîtres…

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