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Socialisme et nationalisme

Publié le 07/09/2018

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C'est une grande date que 1848. La Révolution a une tout autre ampleur que celle de 1830. Elle continue la Révolution de 1789, mais elle la dépasse. Née en France, elle gagne l'Europe: Prusse, Autriche, Piémont-Sardaigne. Sans infirmer, au contraire, les prévisions de Tocqueville, elle vient compliquer encore la tâche des «nations de nos jours ». Voici que sur la passion égalitaire se grelle la passion sociale (socialisme), traduction en même temps que stimulant des antagonismes sociaux exaspérés par la grande industrie. Le M anifesle communille de Marx et Engels, publié précisément en février 1848, marque à cet égard l'un des jalons intellectuels les plus importants du siècle.

Désormais un assaut d'une violence jusqu'alors inconnue sera livré à la tradition sous toutes ses formes, notamment sous sa forme nationale. De quoi susciter par réaction un nouveau traditionalisme, une contre-révolution intellectuelle rajeunie, qui prendrait appui sur le nationalisme, sur la passion nationaliste blessée et à vif. L'Enqu~le sur la monarchie, de Charles Maurras, viendra en apporter, en 190, la formule originale.

L'Enquête respire la haine des « idées de 1789 », de la démocratie parlementaire et libérale. Pourtant cette démocratie ne cessait, dans les faits, dans la politique pratique, de progresser entre 190 et 1914. Elle semblait même devoir intégrer définitivement le socialisme apprivoisé. Aussi, lorsque Georges Sorel, écrivain d'extrême-gauche d'ailleurs obscur, étiqueté syndicaliste révolutionnaire, reprend sous un autre angle, dans ses Réfluioru sur la violence, parues en 1908, le réquisitoire antiparlementaire, antilibéral, de l'extrême-droite maurrassienne â les gens sérieux du socialisme ne voient-ils là qu'un paradoxe. D'ailleurs ils ne lisent pas le livre, de lecture par surcrott pénible, et qui n'est apprécié que par certaines minorités intellectuelles. Les Réfle:ûom ne trouveront leur chance historique qu'après la guerre de 1914-1918, lorsque tant de décors parlementaires s'écrouleront, et que la violence idéologique et matérielle se déchatnera : violence de Lénine, violence de Mussolini, violence de Hitler. Alors le livre de Sorel grâce surtout à son titre passera, rétros­pectivement, pour un grand livre prophétique. Il deviendra, sans qu'on le lise beaucoup plus pour autant, célèbre, ainsi que son auteur méconnu.

Violence de Lénine : contre le réform.isme social, contre le socialisme parlementaire, il prêche la conquête du pouvoir de vive force par le prolétariat révolutionnaire. Celui-ci, à l'l!;tat « bourgeois», substituera l'l!;tat prolétarien. Mais qu'est-ce que l'Etal en général, en soi, sinon l'organisation de la violence au profit d'une classe contre une autre ? Et quelles sont donc, en face de l'État, les tâches successives du prolétariat révolutionnaire? Lénine s'en explique dans L'Etal et la Révolution, l'un des plus significatifs des nombreux et inégaux ouvrages d'un homme qui, plus qu'un inventeur intellectuel, fut un génie de l'action.

 

Violence de Mussolini : violence d'extrême-droite d'un homme venu de l'extrême­gauche ; violence tout empirique eu début (soil seul programme : la volonté de «gouverner l'Italie»), dont se forge après coup la doctrine. Mussolini lui-même y travaille. Son article au mot Fascisme dans la nouvelle Encyclopédie italienne expose à grands traits agressifs l'idéologie politique et sociale du régime. Cet article toutefois ne peut figurer parmi les grandes œuvres politiques au sens ici défini. Ce n'est pas à Mussolini, c'est à Hitler, son disciple allemand (discipl~ au moins selon les apparences), qu'a été réservée la tâche d'écrire, quelques années avant la conquête du pouvoir, une œuvre de doctrine et. de propagande, Mein Kampf, promise Á l'extraordinaire fortune que chacun sait. La violence, sur le plan idéologique, comme sur le plan matériel, y atteint. 3 la frénésie : la plus lucide, la plus rusée des frénésies. Toute une conception du monde, Weltanschauung, comme aiment Á dire les Allemands, s'y exprime, parfaitement insoupçonnée du fascisme : conception étrange et régressive, dressée directement en face de celle de Marx, et opposant, 3 la Classe, la. Race.

« SOCIALISME ET NATIONALISME C'est une grande date que 1848.

La Révolution a une tout autre ampleur que celle de 1830.

Elle continue la Révolution de 1789, mais elle la dépasse.

Née en France, elle gagne l'Europe : Prusse, Autriche, Piémont-Sardaigne.

Sans infirmer, au contraire, les prévisions de Tocqueville, elle vient compliquer encore la tâche des «nations de nos jours ».Voici que sur la passion égalitaire se grelle la passion sociale (socialis me), traduction en même temps que stimulant des antagonismes sociaux exaspérés par la grande industrie.

Le M anifesle communille de Marx et Engels, publié précisément en février 1848, marque à cet égard l'un des jalons intellectuels les plus importants du siècle.

Désormais un assaut d'une violence jusqu'alors inconnue sera livré à la tradition sous toutes ses formes, notamment sous sa forme nationale.

De quoi susciter par réaction un nouveau traditionalisme, une contre-révolution intellectuelle rajeunie, qui prendrait appui sur le nationalisme, sur la passion nationaliste blessée et à vif.

L'Enqu�le sur la monarchie, de Charles Maurras, viendra en apporter, en 1 900, la formule originale.

L'Enquête respire la haine des «idées de 1789 », de la démocratie parlementaire et libérale.

Pourtant cette démocratie ne cessait, dans les faits, dans la politique prat ique, de progresser entre 1900 et 1914.

Elle semblait même devoir intégrer définitivement le socialisme apprivoisé.

Aussi, lorsque Georges Sorel, écrivain d'extrême-gauche d'ailleurs obscur, étiqueté syndicaliste révolutionnaire, reprend sous un autre angle, dans ses Réfluioru sur la violence, parues en 1908, le réquisitoire ant iparl ementaire, antilibéral, de l'extrême-droite maurrassienne � les gens sérieux du socialisme ne voient-ils là qu'un paradoxe.

D'ailleurs ils ne lisent pas le livre, de lecture par surcrott pénible, et qui n'est apprécié que par certaines minorités intellectuelles.

Les Réfle:ûom ne trouveront leur chance historique qu'après la guerre de 1914-1918, lorsque tant de décors parlementaires s'écrouleront, et que la violence idéologique et matérielle se déchatnera : violence de Lénine, violence de Mussolini, violence de Hitler.

Alors le livre de Sorel grâce surtout à son titre passera, rétros­ pect ivement, pour un grand livre prophétique.

Il deviendra, sans qu'on le lise beaucoup plus pour autant, célèbre, ainsi que son auteur méconnu.

Violence de Lénine : contre le réform.isme social, contre le socialisme parlementaire, il prêche la conquête du pouvoir de vive force par le prolétariat révolutionnaire.

Celui-ci, à l'l!;tat « bourgeo is», substituera l'l!;tat prolétarien.

Mais qu'est-ce que l'Etal en général, en soi, sinon l'organisation de la violence au profit d'une classe contre une autre ? Et quelles sont donc, en face de l'l!;tat, les tâches successives du prolétariat révolutionn aire? Lénine s'en explique dans L'Etal et la Révolution, l'un des plus significatifs des nombreux et inégaux ouvrages d'un homme qui, plus qu'un inventeur intellectuel, fut un génie de l'action.

Violence de Mussolini : violence d'extrême-droite d'un homme venu de l'extrême­ gauche ; violence tout empirique eu début (soil seul programme : la volonté de «g ouverner l'Italie»), dont se forge après coup la doctrine.

Mussolini lui-même y travaille.

Son article au mot Fascisme dans la nouvelle Encyclopédie italienne expose à grands traits agressifs l'idéologie politique et sociale du régime.

Cet article toutefois ne peut figurer parmi les grandes œuvres politiques au sens ici défini.

Ce n'est pas à Mussolini, c'est à Hitler, son disciple allemand (discipl� au moins selon les apparences), qu'a été réservée la tâche d'écrire, quelques années avant la conquête du pouvoir,. »

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