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sonnet charles cros

Publié le 12/03/2011

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Charles Cros, « Sonnet »

 

 

Moi, je vis la vie à côté, Pleurant alors que c’est la fête. Les gens disent : « Comme il est bête ! » En somme, je suis mal coté. J’allume du feu dans l’été, Dans l’usine je suis poète ; Pour les pitres je fais la quête. Qu’importe ! J’aime la beauté. Beauté des pays et des femmes, Beauté des vers, beauté des flammes, Beauté du bien, beauté du mal. J’ai trop étudié les choses ; Le temps marche d’un pas normal ; Des roses, des roses, des roses !

 

INTRODUCTION

 

Ce sonnet a été écrit par Charles Cros en 1908, qui est un poète et un savant français.

Ce poème est consacré à la situation d’un marginal incompris et décalé : le poète lui-même.

Il est construit sur des oppositions, le texte trace un bilan, et énonce des thèmes d’inspiration compensateurs.

On remarquera deux grandes orientations : le décalage (exprimé au premier vers) et l’espoir (exprimé par un rappel).

 

 

 

 

 

  1. LA VIE A CÔTE

 

Le premier vers ouvre le texte sur le constat d’un décalage : « vis/vie », « pleurant » et « fête » (vers 2), « feu » et « été » (vers 5),…

Les expressions « à côté » et « mal côté » révèlent une situation quotidienne et durable par le présent.

Le poète est jugé par les autres (« comme il est bête ») et le fait qu’il fasse la quête révèle une inadaptation.

L’expression « j’ai trop étudié les choses » accentue cette idée de décalage entre lui et le monde.

Celui qui parle se définit donc comme n’étant jamais là où il faut, quand il faut,... surtout pour l’expression de ses sentiments, de la saison, du lieu, de son savoir,…

Les sept premiers vers sont consacrés au décalage mais le vers huit apporte une certaine modification.

 

  1. L’EXPRESSION D’UNE COMPENSATION

 

L’expression « qu’importe ! » annonce une forme de consolation.

La réponse vient avec le mot « beauté » qui est répété six fois, et est mis en relief en début de vers ou après une césure : cela indique que le rythme est très syncopé (vers 10 et 11).

Le premier tercet est consacré au développement des éléments associés à la beauté « pays, femmes, flammes, bien » ces différents termes évoquent d’autres thèmes d’inspiration.

Le triple appel « Des roses, des roses, des roses ! » reste énigmatique : on ne sait pas s’il fait référence au domaine poétique, renvoyant à Ronsard, ou s’il fait preuve d’une insistance sur le caractère éphémère de la fleur.

Le poète oppose le principe unificateur exprimé par la répétition de « beauté » et de « roses » il est donc difficile de savoir quelle tonalité domine : la déception ou l’espoir ?

 

 

  1. DE L’HOMME AU POETE : L’INADAPTATION DOMINEE

 

  1. Charles Cros

 

Le pronom personnel «je » indique que Charles Cros évoque sa propre inadaptation et se définit en tant qu’homme et poète.

Le lyrisme signifie ici l’image d’un être dont la vie se trouve en constant déséquilibre.

De plus, il y a une étroite coïncidence avec la propre vie de Charles Cros (poète pauvre, peu reconnu,…).

 

  1. Le statut du poète maudit

 

On peut penser que les conditions évoquées ici sont celles des poètes en général : les oppositions peuvent être dépassées par la poésie.

L’expression « la vie à côté » est considérée comme une condition de la création.

L’univers des « fêtes galantes » oscille entre la mélancolie et la joie.

Les mots « feu » et « été » se comprennent mieux grâce au jeu des connotations.

Le texte mêle ainsi ce qui relève de l’expérience personnelle.

 

CONCLUSION

 

Ce poème est mélancolique et amer. Il traduit les élans poétiques du poète, Charles Cros, en même temps que son mal être.

Le poète hésite entre le regret et l’enthousiasme, mais également entre l’acceptation et le refus.

 

 

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