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STALINE Joseph Vissarionovitch Djougachvili, dit

Publié le 22/02/2012

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staline
(1879-1953) Dirigeant de l'Union soviétique. De tous les titres que Staline (en russe, stal : acier) a portés, celui de secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), qu'il conserva de 1922 à 1953, est le plus significatif. Il s'appuya sur cette fonction bureaucratique pour asseoir ce qui apparaîtra comme une volonté de pouvoir total, ancré dans la terreur, tout en provoquant enthousiasme et amour. Né à Gori (Géorgie), dans une famille pauvre, il fait des études au séminaire où il devient marxiste révolutionnaire à dix-neuf ans. Rapidement, il est l'un des chefs des révolutionnaires professionnels bolcheviks du Caucase. Il organise des grèves, des vols à main armée au profit du parti et écrit notamment Anarchisme et socialisme, en 1907 : le ton dogmatique, polémique et répétitif annonce le style qui s'imposera au Parti soviétique et à tous ses épigones, français ou chinois. Il est arrêté sept fois et s'enfuit cinq fois entre 1902 et 1917. Il entre à la direction du parti en 1912. Après la révolution de février 1917, il regagne Moscou depuis la Sibérie et retrouve la direction du parti. À la suite d'octobre 1917, il se voit confier deux commissariats du peuple (des ministères), dont celui aux nationalités. Il est vrai qu'en 1913, Lénine l'avait qualifié de « merveilleux Géorgien » pour son texte Le Marxisme et la question nationale, qui attaquait les théories des austro-marxistes et du Bund. Il est superviseur politique sur différents fronts pendant la guerre civile et devient l'un des dirigeants du Parti, à la fois au Politburo (Bureau politique) et à l'Orgburo (Bureau d'organisation). Son accès au poste de secrétaire général est lié à la multiplication des effectifs et des fonctions au sein du Parti qui joue le rôle d'un appareil d'État, y compris dans sa dimension policière. Sa carrière aurait pu s'arrêter là car il entre en conflit avec Lénine qui dénonce, en privé, son « chauvinisme grand-russe » et sa « grossièreté » dans ses rapports avec les autres bolcheviks. Mais à la mort de Lénine (janvier 1924), il se présente en fidèle successeur et invente le « marxisme-léninisme ». Il joue du manque de résolution et des conflits entre ses rivaux pour s'installer, en quelques années, seul aux commandes du Parti, qui lui conféreront aussi celles du mouvement communiste international. Il soutient que l'on peut « construire le socialisme dans un seul pays » et, en 1929, met un terme à la NEP (Nouvelle Politique économique), lancée par Lénine en 1921, avec le premier plan quinquennal qui privilégie l'industrie lourde et impose la collectivisation agraire, laquelle entraîne des millions de mort par famine et répression. Le système concentrationnaire s'étend. À l'épuration de la société est liée celle du Parti. Les vastes purges sanglantes de la société pendant la Grande Terreur, les procès de Moscou en 1936-1938 contre les « vieux-bolcheviks », l'assassinat de Léon Trotski témoignent de la volonté de se débarrasser d'ennemis considérés comme des nuiseurs ou des saboteurs. Cette politique de transformation de l'histoire par la force pourrait s'interpréter comme le produit des caprices de Staline ou de son habilité à jouer des contradictions entre factions au sein du Parti pour en conserver la tête. Staline n'est cependant pas une sorte de despote : il est inséparable du système de parti unique qui l'a engendré et qu'il a fait prospérer. Il incarne jusqu'à l'extrême l'« unité de la volonté » que Lénine avait placée au coeur du dispositif communiste et, comme le fondateur du bolchevisme, il pense que le communisme doit reposer sur la « terreur de masse ». Après avoir encouragé les communistes européens à conduire une politique de classe contre classe, il se rapproche des démocraties (pacte Laval-Staline en 1935). Mais il n'hésite pas à s'allier avec Hitler pour se partager l'Europe (pacte germano-soviétique en 1939). L'attaque allemande du 21 juin 1941 et la victoire en 1945, au prix de 26 millions de morts soviétiques, confèrent au maréchal Staline et au régime une légitimité patriotique, d'autant que sont devenus communistes une série de pays satellites par soviétisation de l'Europe de l'Est et que la Guerre froide va bientôt commencer, alors que l'URSS acquiert l'arme nucléaire. Le renforcement de son autorité charismatique mobilise toutes les ressources de la propagande. Et la dictature ne faiblit pas : une campagne antisémite est lancée, interrompue par sa mort en mars 1953. La figure de Staline sera utilisée dès 1956 par Nikita Khrouchtchev pour dénoncer le « culte de la personnalité » qui l'entourait et montrer le contraste avec le « communisme authentique », incarné par Lénine. Mais traiter Staline en facteur explicatif, positif ou négatif, de l'histoire soviétique des années 1920 aux années 1950, c'est négliger l'appareil au sommet duquel il siégeait, le système dont il incarnait l'unité et la violence. Dominique COLAS

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