Sylvie, les filles du Feu de Gerald de Narval

Fiche n°1: Sylvie, Les filles du Feu, 1854

Gerald de Narval (1805-1855)

 

Gerald de Narval (Gérard Labrunie) est un écrivain et poète français, né le 22 mai 1805 à Paris où il y est mort le 26 janvier 1855.

• Les filles du feu (recueil de nouvelles) et des sonnets en 1854 (Chimère).

• Epanchement du songe dans la vie réelle. " L'une était l'idéal sublime, l'autre la douce réalité." (1836: Jenny Colon:

 

 

LECTURE ANALYPTIQUE:

Problématique: En quoi le thème de la rencontre devient prétexte à la construction du mythe, Adrienne, féminin?

 

I- Un cadre mystérieux:

A- Le temps:

 

-Durée progressive; repère temporel volontairement confus. Génération ce qui crée un effet d'imprécision.

 

B- L'espace:

 

"perçait le feuillage de ses traits enflammés" métaphore (l.8). Paysage champêtre (nature, herbe, pelouse...) décor bucolique.

• Univers féerique voir ambiance onirique. (rêve)

 

II- Deux amours pour un seul coeur:

A- Le narrateur:

 

-Point de vue interne (raconte + agit + "je"), à travers les yeux du narrateur, action restreint... En couple avec Sylvie "ma compagne". "Le seul garçon" (l.11) dans la ronde, dans les jeux, situation isolement du garçon et focalisation sur lui (action, réaction). "ma compagne" langage soutenue, fait référence à Henry IV.

• Sylvie: S'attend à ce que ce soit un perso central, qui n'est pas le cas. Personnage éponyme.

 

B- Les deux objets du désir:

 

• Adrienne: Première lettre de l'alphabet. Plus long, plus de lettres, plus de sonorité. "Blonde, grande, belle" (l.14). Même taille que le narrateur, "ses cheveux d'or", "la Belle" (l.16 à l.20) Fraîche, pénétrante et lgmt voilée.

• Sylvie: Plus court. "toute jeune" plus jeune que le narrateur, "petite fille, vive fraîche, yeux noirs..." (l.10). Beaucoup de précision physique pour Sylvie et de l'ancrée dans la réalité.

 

Sylvie appartient à la réalité et Adrienne à un mythe. Adj. substantivés, rythme ternaire.

 

 

 

 

 

 

III- Une rencontre envoûtante:

A- La surprise:

 

Caractère soudain de la rencontre à partir de la ligne 13 "à peine" et "tout d'un coup" (l.15). Le narrateur est surpris. Renversement de situation, coup de théâtre, rythme en deux temps. Progressivement, il se détache de Sylvie, "de ce moment" (l.18-19).

 

B- Le jeu de la rencontre:

 

"ronde", "danse", "cercle": progression dont le cercle fait quitter le monde enfantin (ronde-danse) au monde adulte, signe de l'infini (cercle). Rencontre involontaire par la danse (importée) et l'image du couple se dessine peu à peu.

 

C- Un contact magique:

 

-La danse a le pouvoir du philtre, elle envoûte tel l'histoire de Tristan et Iseult. Premier geste, le narrateur est troublé. Allitérations accentue ce geste: "je ne pu lui presser la main". "Un trouble inconnue s'empara de moi".

Le charme: étymologie latine: "Carmen" paroles incantatoires. Adrienne est perçue par une déesse et que le narrateur l'idolâtre. Elle ne devient plus qu'une voix jusqu'à la fin du texte. Hypnotise tout ce qui l'entoure. Elle est contournée donc consécration. (Jules César couronné par les lauriers). Sacre d'Adrienne, inaccessible pour lui, c'est un échec.

 

 

Conclusion:

 

Dans ce extrait tout empreint de poésie, le narrateur compose un tableau onirique qui plonge d'emblée le lecteur dans une ambiance féerique.

La rencontre entre les deux adolescents est présentée comme une sorte de rite d'initiation orchestré par le magnétisme de la ronde et le charme envoûtant de la "belle" Adrienne.

L'espace d'une danse, la réalité du Valois-si familier à Nerval-incarnée à travers Sylvie est oubliée, pour laisser place à Adrienne, sublimée et couronnée telle une divinité dont le pouvoir transforme le monde et fait oublier le réel. Alliance de rêve et d'idéal, le mythe est né mais demeure inaccessible; la réalité de nouveau s'impose et avec elle, l'image du poète dans sa tour d'ivoire, en proie à la quête incessante d'une figure féminine perdue...