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Tchernobyl, une catastrophe nucléaire majeure

Publié le 22/02/2012

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25 avril 1986 - Le samedi 26 avril 1986, à 1 h 23 min 45 sec du matin, la puissance du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl fut brusquement multipliée par plus de cent. Le toit de la centrale se souleva et des blocs de graphite incandescent et de produits hautement radioactifs furent projetés aux alentours. Un panache de poussières radioactives monta à plusieurs centaines de mètres d'altitude il allait faire le tour de l'Europe. A la suite d'une série effarante de fausses manoeuvres et de violations des consignes de sécurité, l'ère nucléaire venait de connaître son plus grave accident, en fait la première explosion nucléaire involontaire de l'histoire. L'énergie a été évaluée à 1 milliard de joules, soit l'équivalent de 250 kilogrammes de TNT... Le monde n'apprit la catastrophe que deux jours plus tard. Le lundi 28 avril, à 7 heures du matin, un employé de la centrale nucléaire suédoise de Forsmark, à 120 kilomètres au nord de Stockholm, sortit quelques minutes du bâtiment. Quand il revint, un détecteur signala que ses chaussures étaient radioactives. On crut à une fuite locale, mais il se confirma dans la matinée que rien d'anormal ne s'était produit à Forsmark et que des décuplements de la radioactivité ambiante étaient aussi mesurés à Stockholm et à une centaine de kilomètres au sud. Evacuation A midi, le diagnostic était posé. Une catastrophe nucléaire majeure s'était produite en Union soviétique, plus précisément dans les pays baltes, en Biélorussie ou en Ukraine. L'attaché scientifique suédois à Moscou, alerté, s'entendit répondre par les autorités que tout était normal. Mais, dans la soirée, la télévision soviétique annonçait qu'un accident nucléaire s'était produit à Tchernobyl. A l'exception de quelques spécialistes, l'Occident découvrit qu'une petite ville d'Ukraine portait ce nom, à 100 kilomètres au nord de Kiev, au voisinage de la limite entre cette République et la Biélorussie. Puissance de la bureaucratie. Quand la télévision lâcha le morceau, plus de 45 000 personnes habitant la ville de Pripyat, dont les premières habitations sont à 2 kilomètres de la centrale, avaient déjà été évacuées. Les habitants de Tchernobyl-à 14 kilomètres au sud-est du réacteur accidenté-furent deplacés le mardi. Les évacuations se poursuivirent pendant la première quinzaine de mai. Au total, 135 000 personnes vivant à moins de 30 kilomètres de la centrale auraient ainsi quitté leur domicile et ont été relogées dans des conditions plus ou moins précaires. Aucune d'entre elles n'a reçu de dose imposant une hospitalisation. Trente et un morts Il n'en est pas de même pour les agents de la centrale et les pompiers. Dans les premières heures, une trentaine d'entre eux s'étaient condamnés à mort et plusieurs autres avaient été fortement irradiés-peut-être même un haut responsable venu de Moscou. L'explosion projeta des blocs de graphite incandescent sur le toit du hall des machines, commun aux troisième et quatrième réacteurs, et déclencha un incendie qui menaçait de s'étendre à toute la centrale. Appelés immédiatement, les pompiers de Pripyat et de Tchernobyl purent en moins d'une heure stopper la progression de l'incendie. Ils s'en rendirent maîtres vers 5 heures du matin. Mais travaillant sans protection dans une radioactivité effarante, ils furent tous gravement irradiés. Vingt-deux personnes reçurent une dose supérieure à 8 sieverts ( 800 rems), dose " en principe en dehors de toute ressource thérapeutique ". Une seule d'entre elles a survécu. Au total, l'accident fit 31 morts, 2 lors de l'explosion, les autres des suites d'irradiation, après souvent plusieurs semaines. Les rapports soviétiques indiquent que 299 personnes furent hospitalisées, dont 203 avaient reçu une irradiation supérieure à 100 rems-au-dessous de cette valeur, les dommages causés à l'organisme sont en principe réversibles. Dès le lundi 28 avril commença le déversement par hélicoptère de sable, d'argile, de plomb et de carbure de bore sur le réacteur détruit. Environ 4 000 tonnes de ces matériaux furent largués en huit jours et permirent de réduire à peu de chose, à partir du 6 mai, les rejets radioactifs. De l'azote fut injecté sous le réacteur en utilisant des tuyauteries existantes, pour le refroidir et surtout pour chasser l'air qui entretenait la combustion du graphite. Un tunnel long de 160 mètres fut creusé à 6 mètres de profondeur pour placer des échangeurs de chaleur sous le radier en béton qui portait le réacteur. On craignait que le coeur en fusion ne traverse le béton. Enfin, les Soviétiques entreprirent la réalisation d'un sarcophage, structure d'acier remplie de béton qui coupe la salle des machines communes aux troisième et quatrième réacteurs et isole complètement ce dernier. La décontamination des environs de la centrale fut entreprise dès le mois de mai. Les Soviétiques ont défini trois zones, des cercles de 5, 10 et 30 kilomètres de rayon. Le cercle intérieur devrait rester définitivement inhabité, mais le repeuplement de la couronne externe est envisagé. Peu de conséquences a l'étranger Hors d'Union soviétique, Tchernobyl n'a pas eu de conséquences sanitaires sérieuses. Les chiffres viennent des organismes nationaux et leur cohérence est imparfaite. En Europe occidentale, les valeurs maximales sont celles de la Suisse : 1 300 et 2 800 microsieverts ( 130 et 280 millirems) pour les adultes et les enfants de moins de dix ans respectivement. Les valeurs françaises-qui ne distinguent pas entre adultes et enfants-atteignent 26 millirems en Lorraine et tombent à 0,5 millirem dans l'Ouest. Les fluctuations locales furent grandes, au gré des vents et des précipitations. La France fut relativement épargnée par le nuage radioactif, qui n'y provoqua guère de retombées que le 1e et le 2 mai. Mais le peu d'empressement mis par le Service central de protection contre les rayonnements ionisants à diffuser des chiffres fit croire pendant une semaine que la France avait été complètement épargnée et engendra ensuite une sérieuse défiance de la population qui se sentit bernée. MAURICE ARVONNY Le Monde du 24 avril 1987

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