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texte 2

Publié le 28/09/2014

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Texte-2 : Lecture analytique français : Les liaisons dangereuses, Laclos Choderlos de Laclos est un auteur du XVIIIème, siècle notamment marqué par « La philosophie des Lumière «, mouvement d'idées qui s'exprime dès la fin du XVIIème siècle mais qui prend véritablement toute son ampleur avec la parution de l'Encyclopédie (1751-1772). Mais ce siècle représente également une période charnière entre la fin de l'Ancien régime et les années de la révolution française. Il s'agit donc d'une époque contestataire, notamment de la part des philosophes des lumières, contre le règne de Louis XVI. Laclos, qui est notamment l'auteur du roman épistolaire Les Liaisons dangereuses, paru en 1782, va faire de cette oeuvre une expression du libertinage. Libertinage qui sera, d'ailleurs, une manifestation de la crise qui gagne ce siècle, et le duo Valmont / Merteuil qui régit Les Liaisons Dangereuses l'illustrera parfaitement. Précisons également que cette oeuvre est un roman remarquable dont le style, la composition, la peinture sociale et psychologique, ainsi que la mise en scène du mal influencèrent durablement de nombreux auteurs des XIXème et XXème siècles. Mais si ce roman paraît remarquable à tout point de vu, il l'est aussi, et surtout, par sa forme, étant donné que l'intrigue repose uniquement sur l'échange de lettres entre les personnages. Bien que le genre épistolaire ne soit pas nouveau et que celui-ci soit même très à la mode à cette époque. Nous nous intéresserons, dès lors, à l'intégralité de la lettre XX. La narratrice de cette 20ème lettre n'est autre que la Marquise de Merteuil. Précisons également que cette lettre s'adresse à son compère de toujours : le Vicomte de Valmont. Mais la lettre vingt constitue également une lettre décisive dans le roman de Laclos. En effet, elle contient les termes du contrat qui va lier les deux libertins autour du sort de la Présidente de Tourvel. Le lecteur se rendra ainsi compte de l'ingéniosité de la stratégie de libertinage à double enjeu, proposé par la marquise au vicomte. Mais, dans cette fameuse lettre, il est également question de la jeune et candide Cécile. Ainsi, cette lettre nous exprime clairement le noeud de l'intrigue. Mais le lecteur pourra aussi être frappé par l'éloquence et par le style brillant de cette lettre. En effet, la marquise alterne, avec adresse, la flatterie, l'éloquence, l'amour et l'habilité d'une femme machiavélique et perverse. Ainsi, nous pouvons nous demander en quoi l'expression d'une pensée libertine nous permet de dresser le portrait de la Marquise de Merteuil ? Nous étudierons, dès lors, l'écriture épistolaire, la pensée libertine ainsi que le portrait d'une femme manipulatrice et ambitieuse. I/ L'écriture épistolaire : un moyen d'expression aux services d'une libertine manipulatrice : La lettre, caractéristique du roman épistolaire : Dans cette lettre, comme dans les précédentes, nous retrouvons les principales caractéristiques de l'écriture épistolaire. En effet, une lettre est, par nature, un message écrit puis envoyé par un expéditeur à un destinataire (qui sont, généralement, éloignés dans l'espace). Ce genre littéraire possède donc des caractéristiques propres, formelles et précises. Dès lors, nous pouvons souligner la présence du nom de l'expéditrice : « La Marquise de Merteuil « (dans le paratexte) ainsi que l'adresse du lieu d'expédition : « Paris «, mais aussi ça date de rédaction « ce 19 août 17** «. Nous pouvons également relever la présence d'une formule d'appel, plus que familière : « Ah ! fripon (...) « (l1) mais également une formule finale : « Adieu, vicomte ; bonsoir et bon succès : mais, pour Dieu, avancez donc. Songer que si vous n'avez pas cette femme, les autres rougiront de vous avoir eu. « (l53-54). Nous observons aussi une spontanéité de la part de l'expéditrice proche du langage oral au travers d'expression telles que : « fripon « (l1), « quel scandale ! « (l10). Nous pouvons souligner le fait que ces expressions, proches du registre oral et spontané, sont également accentuées par la multiplication des modalités exclamatives : « Ah ! « (l1), « (...) je ne me moque de vous ! « (l1), « voyez quel scandale ! « (l10). Il est important de rappeler que, lors de l'édition, Laclos affirma présenter des lettres réelles, triées et rassemblées par ses soins afin de composer une intrigue. Pourtant, il n'en est rien. Laclos est bien l'auteur réel de ses lettres, et donc, de cette oeuvre dans son intégralité. Néanmoins, toujours dans l'optique de faire passer les lettres qui composent Les liaisons dangereuses pour des lettres authentiques, l'auteur nous présente un univers imprécis, comme si le fait de connaître les noms exacts de certains lieux pouvait s'avérer dangereux pour lui. Ainsi, ce mystère nous permet de penser que nous entrons dans une oeuvre subversive (qui cherche à remettre en cause l'ordre établi) : « 17** «. Une certaine liberté de ton : Dès le début de cette lettre, la Marquise de Merteuil, ici narratrice, va employer une interjection : « Ah ! «, manifestant son émotion, ainsi qu'une périphrase : « fripon «, vouée à représenter le Vicomte de Valmont, et qui dénote, par la même occasion, une certaine intimité entre les deux compères. La modalité exclamative qui vient souligner les deux figures de styles précédentes connote, également d'une certaine liberté de ton. Nous pouvons également retrouver le champ lexical de la moquerie : « fripon «, « moque de vous «, « folies «, « plaisant «, « folle idée «, « ri «, « rire «, « gaieté «. En effet, la Marquise croit Valmont incapable de séduire la Présidente, car celle-ci est mariée et très croyante : « dévote « (l12), « prude « (l33). En effet, Valmont et Merteuil sont des intimes, et ont été des amants par le passé. Le lecteur peut, également, à travers cette lettre et son ton plutôt libre, comprendre que Merteuil est prête à reprendre Valmont : « Je serais femme à vous enchaîner de nouveau, à vous faire oublier votre Présidente « (l8-9). En effet, à travers cette anaphore, la marquise semble offrir une occasion à Valmont de la reconquérir. Mais nous verrons plus tard à quel prix... Néanmoins, même si le ton de cette lettre paraît plutôt intime, relativement libre voire « débridé «, nous remarquons que la Marquise vouvoie Valmont « votre « (l9), « vous « (l12). Peut-être que cette déférence est un véritable signe de respect de la part de Merteuil, ou bien est-ce un jeu entre les deux protagonistes ? II/ La pensée libertine : De multiples intrigues, des liaisons qui s'entremêlent : Le libertinage est, dans ce texte traduit par les multiples liaisons qui existent entre les différents personnages. Si Merteuil et Valmont ont toujours entretenu une liaison ambiguë : « Je serais femme à vous enchaîner de nouveau, à vous faire oublier votre Présidente « (l9), d'autres personnages interfère au sein de cette relations malsaine. En effet, Merteuil est actuellement au bras d'un mystérieux « Chevalier « (l3), tandis que Valmont tente, désespérément de séduire une jeune femme mariée : la « Présidente « (l2). Ensuite, le lecteur apprend que Merteuil fut, dans le passé fiancée au Comte de « Gercourt « (l48), qui est lui-même tombait amoureux d'une autre femme, pour laquelle il a délaissé la Marquise. Or, nous apprenons également, à travers cet extrait des Liaisons dangereuses que la jeune Cécile de « Volanges « (l39) et promise à ce fameux comte de Gercourt. Cependant, cette dernière est tombait amoureuse, grâce à un habile stratagème de la marquise, du jeune « Danceny « (l41) : « Elle aime déjà son Danceny «. Ainsi, cette 20ème lettre nous présente le thème du libertinage à travers l'enchevêtrement de relations qui existe entre les différents protagonistes. Le thème de l'amour et de l'infidélité : Le thème de l'amour, de l'infidélité et de la passion revient fréquemment dans cette lettre. En effet, nous remarquons que le champ lexical de la passion : « passion « (l39), « coeur « (l40), « aime « (l41). Ensuite, nous pouvons remarquer une certaine opposition entre la marquise, symbole de « l'infidélité « (l25) et les personnages de la Présidente : « dévote « (l1), « prude « (l33), « fidèle « (l36) ; et de Cécile : « petite « (l43), « enfant « (l39). Ainsi, les notions d'infidélité et de fidélité sont mises en opposition tout le long de la lettre. Laclos aborde donc, dans cette 20ème lettre, un des enjeux principal de son roman épistolaire : la question des libertins. Le contrat libertin entre les deux correspondants : La lettre 20 est une lettre décisive dans ce roman épistolaire. En effet, elle contient les termes du contrat liant les deux protagonistes : l'expression « Voici mes conditions « (l10) : montre qu'un accord est scellé entre les deux libertins, et, que la marquise contrôle la situation tout en conservant une certaine autorité. En effet, c'est elle qui impose ses conditions. Le contrat entre les deux protagonistes est le suivant : Valmont doit séduire la jeune dévote qu'il convoite : « la Présidente de Tourvel «, et, lorsqu'il en aura remis à Mme de Merteuil « une preuve « (l13), il pourra reconquérir cette dernière en guise de récompense : « Par cet arrangement, d'une part, je deviendrais un récompense au lieu d'âtre une consolation (...) et de l'autre, votre succès en sera plus piquant, en devenant lui-même un moyen d'infidélité « (l18-25). Des plus, la marquise expose ses projets concernant Cécile qui sont de la « dévergonder «. Cette lettre nous donne ainsi le noeud de l'intrigue. « J'ai dans l'idée que j'emploierai ce temps-là, et que nous lui donnerons une femme toute formée, au lieu de son innocente pensionnaire « : signifie que la marquise de Merteuil a pour but de transformer une « innocente « jeune femme (référence à la virginité, pureté et naïveté) en « femme toute formée «, c'est à dire une femme ayant une expérience sexuelle et donc non vertueuse. A travers ce contrat qui lie les deux libertins, Laclos expose tout l'enjeu de l'intrigue de son roman. III/ La marquise de Merteuil : une libertine accomplie : Une femme égocentrique : Imbu d'elle-même, Merteuil multiplie l'emploi du « je «, du « mon « et du « moi « dans les trois premières lignes de sa lettre. Mais la marquise de Merteuil est également un personnage très rusé, faisant preuve de beaucoup de finesse. Elle parvient d'ailleurs à susciter la jalousie du Vicomte en lui racontant sa relation avec son « Chevalier « (l3), mais également en lui faisant savoir qu'elle procure du bonheur à son amant. Ainsi, elle prend beaucoup de plaisir à savoir que Valmont ressent du chagrin à l'idée qu'elle soit avec un autre homme : « malgré le petit chagrin que cela vous cause « (l37). En effet, certainement que cela la rassure dans son égo : elle se sent aimée et désirée. De plus, le fait que le Vicomte tente de la reconquérir lui plaît beaucoup, néanmoins, elle cherche à se faire désirer de plus belle : « Ce n'est pas que je refuse pour toujours ; mais, je diffère, et j'ai raison. « Ainsi, en lui imposant certaines conditions afin de la reconquérir, Merteuil devient la « récompense « au lieu d'être une « consolation « (l19-20). Une manipulatrice : La marquise de Merteuil est une libertine accomplie. Elle a passé sa vie à se jouer des hommes tout en préservant son honneur. Dans cette lettre 20, elle est le narrateur. Mme de Merteuil est donc représentée par la première personne du singulier : « je « (l1, 2, 3, 4...), mais également par le pronom possessif « mon « (l3) et par « moi « (l3). Il s'agit d'une femme de caractère qui ne veut pas se laisser faire, et encore moins par les hommes. En effet, elle a très vite compris qu'être une femme à la cour était un désavantage. Elle décide donc, au contraire, d'en tirer le plus de bénéfices possibles. Nous pouvons ainsi relever certaines modélisations de la certitude de la marquise dans cet extrait : « je ne crois pas « (l4), « je diffère et j'ai raison « (l12-13), « Ou je me trompe, ou (...) « (l42). En se jouant des hommes : « c'est un service que j'ai envie de rendre à Gercourt « (antithèse, ironie) (l47), la Marquise de Merteuil aime à manipuler les différentes personnes de son entourage. De plus, elle prend un malin plaisir à jouir de leur humiliation, c'est véritablement une personne mauvaise et totalement contradictoire du portrait de la jeune Cécile : « Quelle est donc en effet l'insolente sécurité de cet homme qui ose dormir tranquille, tandis qu'une femme, qui a à se plaindre de lui, ne s'est pas encore vengée ? « (l51-52). Cette question rhétorique montre donc au lecteur toute la manipulation dont peut faire preuve Merteuil pour assouvir son besoin de vengeance. Lorsqu'elle parle de son fiancé actuel, « mon Chevalier « (l5), en opposition à « votre Présidente « (l2-9), le lecteur s'aperçoit que c'est elle qui tient les rênes, c'est elle qui décide, malgré le fait qu'elle soit une femme : « Jusque-là, mon cher Vicomte, cous trouverez bon que je reste fidèle à mon chevalier, et que je m'amuse à le rendre heureux, malgré le petit chagrin que cela vous cause « (l35-37). Ainsi, nous remarquons la joie que lui procure le fait de manipuler son entourage. Merteuil : un maître dans l'art du double jeu : Dans le dernier paragraphe de cette 20ème lettre, le lecteur peut s'apercevoir et prendre conscience de toute l'éloquence et de toute la manipulation dont peu faire preuve Merteuil. En effet, dans ce paragraphe, la manipulatrice expose clairement, à Valmont, son compère, son plan machiavélique pour faire échouer le mariage de « la petite Volanges « (l41) et de « Gercourt « (l57). En effet, il faut savoir que le comte de Gercourt avait quitté la marquise de Merteuil pour la Présidente de ***, qui lui avait sacrifié le vicomte de Valmont, et que c'est à cette époque que la marquise et le Vicomte s'attachèrent l'un à l'autre. Ainsi, la Marquise de Merteuil expose, ici, à Valmont son plan pour « débridé « la jeune et innocente Cécile, caractérisé par le champ lexical de la candeur : « enfant « (l38), « son petit coeur « (l40), « petite « (l43), « mon élève « (l47). En effet, celle-ci a pour but final de donner à Gercourt « une femme toute formée, au lieu de son innocente pensionnaire « (l49-50). Cela est d'autant plus facile pour Merteuil que les deux jeunes gens qu'elle cherche à réunir lui font totalement confiance : « Tous deux sont en adoration vis-à-vis de moi « (l43). Ainsi, à travers cette lettre, le lecteur remarque une relation d'intimité entre les deux protagonistes que sont Valmont et Merteuil, ils ne peuvent pas se passer l'un de l'autre. De plus, il s'agit de deux figures déloyales et hypocrites, totalement libertins, et menant une guerre sans merci afin de déterminer lequel des deux est le plus sournois. S'il s'agissait d'amants autrefois, désormais, leur relation se nourrit des nouvelles conquêtes dont ils se vantent mutuellement : « aussitôt que vous aurez eu votre belle dévote « (l19). La Marquise de Merteuil est donc l'emblème du libertinage dans cette oeuvre. Le libertinage est donc dénoncé par Laclos au travers de ce personnage égocentrique, malicieux et manipulateur, ainsi que la légèreté d'une société qui ne donne pas les armes nécessaire aux jeunes esprits, et qui ne se soucie que du « paraître «. La marquise ne se pose aucune limite, lorsqu'elle veut, elle prend. C'est donc une femme capricieuse qui n'aime pas être déçu. Laclos condamne, dans cette oeuvre l'hypocrisie de son temps. Et, il le dénonce, ici, dans son roman épistolaire, dont il veut faire croire l'authenticité des lettres. En effet, l'intérêt du genre épistolaire dans ce roman est qu'il fait douter le lecteur sur la véracité des lettres, et donc de leur contenu. Cela rend le récit plus intéressant et plus vivant. De plus, après l'étude de ce texte, nous pouvons dire que les lettres sont actrices du récit et ont un rôle plus qu'actif dans la mise en place de 'l'intrigue. Mais si Laclos est l'un des premiers à rendre compte de la psychologie profonde des personnages, grâce au moyen d'expression qu'est la lettre, peut-on dire que le portrait de la marquise, ébauché dans cette lettre, nous dresse la peinture d'un personnage foncièrement méchant, ou se cache-t-il un passé douloureux derrière cette attitude ?

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