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Thaïlande

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Thaïlande, en thaï Prathet Thai, pays d’Asie du Sud-Est. Sa capitale est Bangkok.

La Thaïlande est limitée au nord et à l’ouest par la Birmanie (Myanmar), au nord-est par le Laos, au sud-est par le Cambodge et le golfe de Thaïlande, au sud par la Malaisie et au sud-ouest par la mer des Andaman et la Birmanie.

La Thaïlande s’est appelée Siam jusqu’en 1938.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La Thaïlande couvre une superficie de 513 115 km². Le pays appartient à la péninsule indochinoise, à l’exception de la pointe sud qui occupe une partie de la péninsule malaise. Le pays s’étend sur 1 770 km du nord au sud et sur 805 km d’est en ouest. Une vaste plaine centrale, la plaine alluviale du Chao Phraya, le plus grand fleuve thaïlandais, occupe le centre du pays. Cette plaine centrale est la région la plus densément peuplée et la plus riche du point de vue agricole. Bangkok est située à proximité du fertile delta du Chao Phraya. Sur le pourtour de ce bassin s’élèvent des massifs montagneux. Les sommets les plus élevés se trouvent dans les massifs qui longent la frontière birmane et culminent à 2 595 m au Doi Inthanon. La région péninsulaire, bordée d’étroites plaines côtières, atteint son point culminant au Khao Luang à 1 790 m. À l’est du bassin du Menam se déploie une autre chaîne montagneuse, d’axe nord-sud. Ce relief culmine au Doi Pia Fai (1 270 m). Au nord et à l’est de cette chaîne s’étend un plateau bas et aride, le plateau de Korat, qui occupe le tiers oriental du pays et borde la vallée du Mékong, à la frontière du Laos.

2.2 Climat

Le climat de la Thaïlande est humide et tropical, principalement placé sous l’influence des vents de mousson. D’avril à octobre, ces vents proviennent dans l’ensemble du sud-ouest et sont chargés d’humidité, faisant grimper les températures qui s’échelonnent alors entre 25,6 et 36,7 °C. Le reste de l’année, ils soufflent du nord-est et les températures oscillent entre 13,3 et 33,3 °C. À altitude égale, les températures sont plus élevées dans l’intérieur du pays que le long des côtes.

Les précipitations annuelles sont de l’ordre de 1 525 mm dans les régions du Nord, de l’Ouest et du Centre, de 2 540 mm ou plus dans la partie thaïlandaise de la péninsule malaise et de 1 270 mm ou moins sur le plateau de Korat. C’est en été (de juin à octobre) que les pluies sont les plus abondantes.

2.3 Faune et flore

Les jungles et marais qui parsèment les régions côtières de la Thaïlande comportent de vastes forêts où poussent le rotang, le bois de fer, le bois de sappan, le bois de rose et l’ébène. La mangrove occupe les rivages. Les hautes terres comptent également de nombreuses forêts où l’on trouve notamment du teck et des chênes. La flore thaïlandaise est par ailleurs extrêmement variée et riche en plantes tropicales (orchidée, gardénia, hibiscus, bananier, manguier et cocotier). Les jungles et les forêts thaïlandaises sont le domaine de nombreuses espèces d’animaux. Les éléphants sont légion ; ils sont employés comme animaux de trait. On rencontre aussi le rhinocéros, le tigre, le léopard, le gaur (buffle sauvage), le buffle et le singe gibbon. La Thaïlande compte plus de cinquante espèces de serpents, dont plusieurs venimeuses. On trouve par ailleurs dans le pays de nombreux crocodiles et de multiples espèces de poissons et d’oiseaux.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

80 p. 100 des Thaïlandais sont des Thaïs, un ensemble de peuples originaires du sud-ouest de la Chine et qui se seraient déplacés vers l’Asie du Sud-Est au début du Ier millénaire apr. J.-C. On distingue généralement les Thaïs vrais, qui habitent dans le centre du pays, des Laos qui vivent dans le Nord et l’Est. Les Thaïs représentent environ 53 p. 100 de la population et les Laos 27 p. 100. Les Chinois constituent la minorité la plus importante de la Thaïlande. Ils représentent environ 12 p. 100 de la population totale. Parmi les autres minorités figurent les musulmans malais qui vivent dans le Sud, les « tribus « montagnardes du Nord et les réfugiés vietnamiens et cambodgiens (Khmers). 68 p. 100 de la population thaïlandaise vit dans les campagnes.

En 2008, la Thaïlande comptait 65,5 millions d'habitants, soit une densité de population d’environ 128 habitants au km². La population n’est pas uniformément répartie et se concentre principalement dans le centre du pays.

3.2 Villes principales

Bangkok est la capitale, le premier port et la plus grande ville du pays avec une population (banlieue comprise) estimée à 6 486 000 habitants en 2003. Parmi les autres villes importantes figurent Chiang Mai (167 776 habitants), la plus grande ville du nord de la Thaïlande ; Songkhla (288 000 habitants) située dans la péninsule malaise ; et Nakhon Si Thammarat (118 000 habitants) qui se trouve également dans la péninsule malaise.

3.3 Langue et religion

Le thaï, qui appartient à la famille des langues sino-tibétaines, est la première langue du pays (voir Langues sino-tibétaines). Il existe quatre dialectes régionaux. Le laotien, le chinois, le môn-khmer et le malais sont également parlés en Thaïlande. L’anglais est enseigné dans certaines écoles et dans les collèges d’enseignement secondaire ; il est également utilisé pour le commerce et la diplomatie.

Le bouddhisme est la première religion de la Thaïlande. Au sommet de la hiérarchie bouddhiste se trouve le patriarche suprême qui fait généralement partie de la famille royale. Environ 95 p. 100 des Thaïlandais sont bouddhistes et le pays compte quelque 18 000 temples bouddhiques et 140 000 prêtres bouddhistes. Les musulmans, qui vivent pour la plupart dans la région située au nord de la Malaisie, représentent 4 p. 100 de la population. Le pays compte également de petites communautés chrétiennes et hindouistes.

3.4 Éducation

L’école est obligatoire et gratuite pour tous les enfants âgés de 6 à 14 ans mais le nombre d’écoles, tant laïques que bouddhiques, ne permet pas de dispenser un enseignement primaire à tous les enfants. Le taux d’alphabétisation du pays (96,4 p. 100) est le plus élevé de l’Asie du Sud-Est.

La Thaïlande compte diverses universités, les plus importantes étant l’université de Chulalongkorn (1917) située à Bangkok et l’université de Chiang Mai (1964) qui se trouve dans le nord du pays. Un Institut de technologie asiatique est également implanté à Bangkok depuis 1959.

3.5 Culture

La Thaïlande présente la particularité — parmi les autres pays de l’Asie du Sud-Est — de n’avoir jamais été colonisée. Aucune culture unique n’a jamais dominé l’ensemble du territoire. La période de Sukhothaï (1238-1378) fut la plus féconde sur le plan culturel, dans la mesure où c’est à cette époque que les Thaïs ont intégré à leur culture des éléments empruntés aux diverses civilisations, indienne et chinoise par exemple, avec lesquelles ils étaient alors en contact.

La littérature thaïlandaise classique repose sur la tradition et l’histoire. Le Ramakien, version thaïlandaise du Ramayana, grand poème épique hindou, est un classique et l’une des sources de l’art et de la musique thaïlandais. La littérature moderne s’apparente au style occidental et la Thaïlande compte de nombreuses romancières parmi ses auteurs de romans populaires.

Parmi les œuvres architecturales les plus célèbres de la Thaïlande figurent les wats, c’est-à-dire les monastères bouddhiques de Bangkok. La sculpture thaïlandaise, qui remonte au xive siècle, s’est formée à partir d’éléments chinois, birmans, hindous et khmers. C’est dans les temples et les statues de Bouddha qu’elle est le mieux représentée.

La musique thaïlandaise est extrêmement complexe et accompagne généralement les pièces de théâtre. La danse est tout aussi élaborée. Elle s’inspire des danses indiennes et se caractérise par les jeux de bras et les balancements du corps qui accompagnent un récit. Le moindre mouvement a sa signification et trouve sa place dans le déroulement de l’histoire. Les artistes sont revêtus de costumes et de coiffes élaborés.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Constitution

Au lendemain de la révolution de 1932, la Thaïlande est devenue une monarchie constitutionnelle, après avoir été placée des siècles durant sous l’autorité de monarques. Depuis lors, le pays a été à maintes reprises dominé par les militaires : 17 coups d’État ont eu lieu depuis 1945. En 1997, le pays a adopté une nouvelle Constitution, la seizième depuis 1932, visant à démocratiser le régime. Elle renforce le pouvoir judiciaire et crée une Commission électorale visant notamment à lutter contre le système généralisé de clientélisme électoral.

Les paragraphes suivants décrivent les institutions de la Thaïlande telles qu’elles sont établies par la Constitution de 1997. Celle-ci a cependant été abolie le 19 septembre 2006, au lendemain d’un coup d’État mené sans effusion de sang par les forces armées thaïlandaises contre le régime du Premier ministre Thaksin Shinawatra.

3.6.2 Organisation des pouvoirs

Le roi de Thaïlande est le chef de l’État, le commandant en chef des forces armées et le protecteur des religions. S’il participe peu à la vie politique, il jouit néanmoins d’une forte autorité morale. Le roi Bhumibol Adulyadej, qui règne depuis 1946, a joué le rôle d'arbitre ultime en mai 1992 lors de la confrontation qui a opposé l’armée et les partisans de la démocratie à Bangkok. Il nomme des conseillers (qui forment son Conseil privé) pour l’assister dans ses fonctions.

Le pouvoir exécutif est assuré par le Conseil des ministres, à la tête duquel se trouve le Premier ministre. Le Premier ministre peut prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la stabilité du trône, faire respecter l’ordre public ou veiller au bon fonctionnement de l’économie. Dans la pratique, toutefois, les militaires de haut rang jouent un rôle prépondérant au sein du gouvernement.

Le pouvoir législatif incombe à l’Assemblée nationale, qui est composée de deux chambres : la Chambre des représentants, dont les 500 membres sont élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans, et le Sénat, qui compte 200 membres élus pour un mandat de six ans. Le Premier ministre est issu de la majorité parlementaire. Les deux principaux partis politiques du pays sont le Thai Rak Thai (377 sièges dans la Chambre des représentants élue en février 2005) de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra (2001-2006) et le Parti démocratique (96 sièges).

La plus haute juridiction du pays est la Cour suprême (Sarn Dika) qui siège à Bangkok et qui est l’instance de dernier recours pour toutes les affaires civiles, pénales et commerciales. Seule une cour d’appel (Sarn Uthorn) est compétente pour réexaminer tous les cas qui lui sont présentés.

La Thaïlande est un État unitaire. Ses 76 provinces (changwads), placées sous le contrôle d'un gouverneur nommé par le gouvernement national, bénéficient cependant d’une certaine autonomie. Le pays est également découpé en 6 744 municipalités (tambon), qui constituent les entités les plus décentralisées (avec une assemblée élue et un conseil municipal dirigé par un maire). À un niveau intermédiaire, les 655 districts (amphur) représentent uniquement l’administration centrale. Les villes de Bangkok et de Patthaya sont dotées d’un statut d’autonomie particulier.

3.6.3 Défense nationale

Le service militaire dure deux ans et est obligatoire pour tous les hommes valides âgés de 21 à 30 ans. En 2004, les forces armées comptaient 306 600 hommes : 190 000 soldats, 46 000 membres de l’armée de l’air et 70 600 marins.

4 ÉCONOMIE

L’agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, ont formé l’ossature de l’économie thaïlandaise. Bien que la Thaïlande ait toujours compté parmi les pays les plus prospères d’Asie, le fait qu’elle dépende d’une monoculture l’a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production. L’État s’est efforcé d’atténuer cette fragilité en cherchant à diversifier l’économie et à promouvoir des méthodes de culture scientifiques, notamment l’irrigation contrôlée des rizières, de façon à stabiliser la production même lorsque les précipitations sont insuffisantes. Grâce aux investissements japonais, la Thaïlande s’est rapidement industrialisée dans les années 1980 et au début des années 1990. Le tourisme a également joué un rôle majeur dans le développement économique du pays et les exportations de produits électroniques ont pris une place prépondérante à partir des années 1990. La croissance annuelle de la Thaïlande a été exceptionnelle entre 1985 et 1993 (de l’ordre de 10 p. 100). Elle s’élève à 3,66 p. 100 pour la période 1990-2003. Le PIB, en 2006, était de 206 milliards de dollars. Les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande sont le Japon, les États-Unis, Singapour, l’Allemagne, la Malaisie, la Chine et les Pays-Bas.

4.1 Agriculture

L’ensemble du secteur agricole emploie 42,6 p. 100 de la population active (2005) et contribue à hauteur de 10,7 p. 100 au PIB en 2006.

La Thaïlande est l’un des premiers producteurs et le premier exportateur mondial de riz, bien que le rendement par hectare soit faible. En 2006, la production annuelle de riz s’élevait approximativement à 29,3 millions de tonnes. Le caoutchouc, qui provient principalement des plantations de la péninsule malaise, est la seconde grande production du pays (la Thaïlande est aussi le premier exportateur mondial de caoutchouc). En 2006, sa production annuelle s’élevait à 3 156 958 t. Les Thaïlandais cultivent également le maïs, le sorgho, le manioc, la canne à sucre, le coton, le tabac, le café, la noix de coco et le kenaf, une fibre servant à la fabrication de la toile. En 2006, le cheptel se compose de 1,8 millions de buffles, 6 millions de bovins et 8,19 millions de porcs. Le pays est également l’un des premiers exportateurs mondiaux de poulets.

Les forêts couvrent 28,3 p. 100 du territoire thaïlandais. Le bois dur, notamment le teck, est le produit le plus précieux des forêts. La production annuelle de bois s’élevait, en 2006, à 28,4 millions de m³. Mais le pouvoir réduit sensiblement les exportations, car la forêt a été surexploitée.

La pêche est également un secteur important de l’économie, et la prise annuelle de crevettes, poisson et crustacés atteignait 3,74 millions de tonnes en 2005.

4.2 Mines et industries

En 2005, quelque 20,2 p. 100 de la population active travaille dans l’industrie, secteur qui contribue à 44,6 p. 100 du PIB en 2006. La Thaïlande était l’un des principaux producteurs d’étain (21 000 t en 1984). Les cours de ce métal ont fortement chuté et la production thaïlandaise a diminué d’autant, pour ne plus atteindre que 567 t en 2004. La principale production minière est maintenant le charbon (18,8 millions de tonnes), à quoi s’ajoutent le gypse, le zinc, le tungstène, l’antimoine, le manganèse et le plomb.

Les industries de transformation alimentaire (riz et sucre), les industries du textile et de l’habillement et l’électronique sont les activités dominantes. Parmi les autres grands produits manufacturés figurent le ciment, les véhicules motorisés, les cigarettes ainsi que divers produits chimiques et pétroliers. Les ordinateurs et les composants électroniques s’y ajoutent depuis les années 1990.

En 2003, la production annuelle d’électricité s’élevait à 114,7 milliards de kilowattheures (contre 3 milliards en 1968), provenant pour l’essentiel de centrales thermiques alimentées par le charbon local. La Thaïlande importait son pétrole jusqu’il y a peu, en 2004, la production a atteint 58 millions de barils, celle de gaz naturel 22,3 milliards de m3.

4.3 Échanges

Le réseau ferroviaire thaïlandais, qui compte 4 071 km de voies ferrées, appartient et est géré par l’État. Le Chao Phraya est navigable sur 80 km à partir de son embouchure et constitue une importante voie navigable intérieure. Le réseau routier a été amélioré dans les années 1970 et s’étend à l’heure actuelle sur 57 403 km. La compagnie aérienne Thai Airways propose des vols intérieurs et des vols longs-courriers. Le port de Bangkok, l’un des plus modernes de toute l’Asie du Sud-Est, est également utilisé par le Laos, qui est enclavé à l’intérieur des terres.

Bangkok compte plus de 20 quotidiens, dont 2 en anglais et 6 en chinois, qui tirent à plus de 2,3 millions d’exemplaires. Les périodiques sont publiés en thaïlandais, en anglais et en chinois.

La monnaie thaïlandaise est le baht, divisé en 100 satang (1 bath = 0,02 euro en février 2005). La monnaie est émise par la Banque de Thaïlande (fondée en 1942). Le pays compte de nombreuses banques commerciales ainsi que plusieurs banques étrangères.

5 HISTOIRE
5.1 Les origines du peuple thaï

Le peuple thaï, originaire de Chine occidentale, s’installe dans le Yunnan au iie ou ier siècle av. J.-C. Profitant de la confusion qui règne après l’effondrement de la dynastie Han en 220 apr. J.-C., les dirigeants thaïs fondent le royaume de Nan Chao, qui gouverne jusqu’à la conquête du pays par les Mongols au milieu du xiiie siècle (voir Nanzhao). C’est néanmoins bien avant cette époque que les Thaïs commencent à émigrer en direction du sud jusqu’au-delà de la péninsule malaise et aux confins du Cambodge. Ils sont alors soumis à l’influence indienne et adoptent la religion bouddhiste. Dès la fin du xiiie siècle, les Thaïs (connus sous le nom de Siam) constituent une entité politique et forment une nation. En 1350, un royaume thaï unifié est établi sous l’égide du dirigeant auquel est attribué le nom posthume de Ramathibodi. Ce dernier crée le royaume d’Ayuthya. Malgré les luttes intermittentes qui l’opposent aux Khmers et aux Birmans, le royaume d’Ayuthya prospère durant les quatre siècles qui suivent. Les Thaïs entrent parallèlement en contact, pas toujours fraternels, avec divers pays européens et asiatiques, dont le Portugal, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la Chine.

5.1.1 La lutte pour la souveraineté

En 1767, après un siège de quatre ans, les troupes birmanes s’emparent d’Ayuthya et détruisent la ville. La domination birmane sur le Siam est de courte durée et prend fin lors d’un soulèvement thaï mené par le général Phya Taksin, qui s’autoproclame roi. À son décès, la couronne revient au général Phya Chakri, fondateur de l’actuelle dynastie des rois thaïs, qui règne de 1782 à 1809 sous le nom de Rama Ier. Les gouvernements britannique et thaï concluent un traité commercial en 1826, octroyant à la Grande-Bretagne divers droits et privilèges qui contribuent à accroître son influence dans l’ensemble du Siam au cours du xixe siècle.

C’est parce que deux de ses dirigeants sont de grands hommes d’État que le Siam n’est pas colonisé comme ses voisins. Passionné par la civilisation et la science occidentales, le roi Mongkut, qui règne de 1851 à 1868 sous le nom de Rama IV, invite de nombreux conseillers européens à l’aider à moderniser son pays. Son fils, le roi Chulalongkorn (Rama V), qui gouverne au moment où le colonialisme européen est à son apogée, poursuit les vastes efforts de modernisation déployés par son père et parvient à conserver l’indépendance du pays au prix, toutefois, de lourdes concessions territoriales. En 1893, le Siam est impliqué dans une querelle de frontière avec la France, qui est alors le principal pouvoir en place en Cochinchine, dans l’Annam, le Tonkin et au Cambodge. Les Français envoient des navires de guerre à Bangkok et obligent les Siamois à leur céder le Cambodge et toute la partie du Laos située à l’est du Mékong. La France obtient d’autres territoires siamois à l’ouest du Mékong en 1904 et en 1907. Le Siam abandonne par ailleurs quatre États de la péninsule malaise au Royaume-Uni en 1909. En contrepartie, les Britanniques renoncent à la plupart de leurs droits extraterritoriaux dans le reste du royaume. Le gouvernement siamois engage le pays dans la Première Guerre mondiale (1914-1918) aux côtés des Alliés en juillet 1917. Le Siam devient ensuite membre fondateur de la Société des Nations.

Le 27 juin 1932, pendant le règne du roi Prachadhipok (Rama VII), un coup d’État militaire emmené par Pridi Phanomyong et le colonel Phibun Songkram proclame la monarchie constitutionnelle. L’opposition royaliste est vaincue en octobre 1933. En mars 1935, le roi Prachadhipok abdique en faveur de son neveu, le prince Ananda Mahidol. Le Siam invalide en novembre 1936 tous les traités qu’il a signés avec des pays étrangers. Aux termes des clauses des nouveaux traités conclus l’année suivante, le gouvernement obtient sa totale indépendance. En 1938, le chef du gouvernement, Phibun Songkram, donne au pays le nom de Thaïlande.

5.1.2 La Seconde Guerre mondiale

Encouragé et soutenu par le Japon, le gouvernement Phibun demande à la France, à partir de 1940, les territoires qui lui ont été cédés en 1893 et au cours des années suivantes. Le différend est résolu, avec la médiation du Japon, en mai 1941. Aux termes de l’accord qui est signé, la Thaïlande obtient 54 000 km2 de territoire, y compris une partie du Cambodge occidental et la totalité de la région du Laos située à l’ouest du Mékong. À compter de cette date, les relations entre la Thaïlande et le Japon deviennent de plus en plus amicales. Le 8 décembre 1941, quelques heures après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le gouvernement thaïlandais permet aux troupes japonaises de traverser le pays pour atteindre la frontière malaise. La Thaïlande déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni le 25 janvier 1942. Le gouvernement Phibun, pro-japonais, est néanmoins renversé en juillet 1944 ; Pridi prend le contrôle du pays et, sous sa conduite, le peuple thaïlandais se montre solidaire des Alliés.

La Thaïlande conclut un traité avec le Royaume-Uni et l’Inde en janvier 1946 par lequel elle renonce, entre autres, à ses prétentions sur les territoires malais qui lui ont été cédés pendant la guerre. Les relations diplomatiques du pays avec les États-Unis sont renouées le même mois. En novembre 1946, la Thaïlande parvient à un accord avec la France : celle-ci doit reprendre possession des territoires cédés en 1941. La Thaïlande est admise à siéger à l’Organisation des Nations unies (ONU) le 15 décembre 1946, devenant ainsi son 55e membre. Entre-temps, le 9 juin 1946, le roi Ananda Mahidol décède dans de mystérieuses circonstances. Une régence est nommée lorsque son frère, le roi Rama IX, encore mineur, lui succède.

5.1.3 Instabilité intérieure

Le 9 novembre 1947, une junte militaire menée par Phibun prend le contrôle du gouvernement et reste au pouvoir, hormis un bref interlude au début de l’année 1948, jusqu’en 1957. Sous son autorité dictatoriale, la politique étrangère du pays a pour objectif principal d’entretenir d’étroites relations avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Le roi Rama IX accède au trône le 5 mai 1950. Lorsque la guerre de Corée éclate en juin 1950, la Thaïlande envoie 4 000 soldats rejoindre les rangs des forces armées des Nations unies.

Le 29 novembre 1951, un groupe d’officiers de l’armée s’empare du pouvoir à l’occasion d’un coup d’État sans effusion de sang, qui restaure la sévère Constitution de 1932 en lui apportant toutefois quelques modifications. Phibun est nommé Premier ministre. Parallèlement se forme en Chine un mouvement thaïlandais libre (Free Thai Movement), soutenu par les communistes chinois et officiellement mené par Pridi.

Des représentants thaïlandais prennent part en avril 1954 à la conférence de Genève qui met provisoirement fin à la guerre d’Indochine. En septembre 1954, la Thaïlande devient membre fondateur et Bangkok le siège de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE).

En septembre 1957, le gouvernement Phibun est renversé lors d’un coup d’État militaire mené par le maréchal Sarit Thanarat, commandant en chef des forces armées thaïlandaises. Un gouvernement de coalition est formé en janvier 1958 et placé sous la houlette du Premier ministre, le général de corps d’armée Thanom Kittikachorn. Un nouveau coup d’État, survenu en octobre 1958 et une nouvelle fois mené par Sarit, renverse le gouvernement Thanom. La Constitution est suspendue, la loi martiale proclamée et tous les partis politiques sont interdits. Au début des années 1960, le gouvernement commence sérieusement à s’inquiéter d’un mouvement de guérilla communiste qui gagne en importance dans le Nord. La multiplication des actes terroristes est l’un des principaux problèmes auxquels Thanom, devenu de nouveau Premier ministre à la mort de Sarit en décembre 1963, doit faire face. La dégradation de la position adoptée par le gouvernement pro-occidental du Laos et la guerre du Viêt Nam (1959-1975) éveillent également les craintes du gouvernement.

5.1.4 La lutte pour la démocratie

Sur le plan politique, le gouvernement prend progressivement des dispositions pour rétablir les droits politiques qui ont été suspendus en 1958. Pour la première fois depuis une décennie, des élections municipales sont organisées, en décembre 1967. Une Constitution permanente est promulguée en juin 1968. Des élections législatives ont lieu en février 1969 et l’United Thai People’s Party emporte 75 sièges à la Chambre des représentants. Le principal groupe d’opposition, le Democratic Party, obtient 56 sièges.

À partir de 1969, les États-Unis commencent à adopter une nouvelle position en Asie du Sud-Est, retirant progressivement leurs troupes du Viêt Nam et s’efforçant de nouer des relations amicales avec la Chine. Cette évolution de la situation permet à la Thaïlande d’assouplir sa politique extérieure, notamment à l’égard de la Chine et du Viêt Nam-du-Nord. Parallèlement, la Thaïlande continue d’être confrontée à des actes de guérilla dans le nord du pays ainsi que le long de la frontière malaise. Le départ des troupes américaines d’Asie du Sud-Est a des effets défavorables sur l’économie thaïlandaise. Cette conjoncture défavorable favorise l’établissement d’un gouvernement militaire en novembre 1971. Les militaires, sous la houlette du général Thanom, abolissent alors la Constitution et procèdent à la dissolution du Parlement. En décembre 1972, une nouvelle Constitution est proclamée.

En 1973, une série de manifestations organisées par des étudiants opposés au gouvernement militaire contraint Thanom à démissionner et aboutit à la nomination d’un cabinet civil. Fin 1974, une nouvelle Constitution est approuvée et un gouvernement librement élu est formé au début de l’année 1975. La stabilité n’en demeure pas moins difficile à rétablir et les élections organisées en avril 1976 ne suscitent guère de bouleversements. En septembre de la même année, le retour de l’ancien Premier ministre Thanom, qui est en exil à Singapour, donne lieu à Bangkok à des luttes sanglantes entre étudiants de gauche et partisans de Thanom, favorables à la droite. Début octobre, alors que les troubles gagnent en ampleur, un groupe militaire, mené par l’amiral Sangad Chaloryu, prend le contrôle du pays et met en place un gouvernement conservateur. L’année suivante, ce gouvernement est renversé par Sangad et son groupe. Sangad instaure un nouveau cabinet pour essayer de panser les divisions de la société thaïlandaise et d’améliorer les relations avec les régimes communistes des pays voisins. Une nouvelle Constitution est promulguée en décembre 1978 et, en avril 1979, des élections sont organisées pour nommer une nouvelle Chambre des représentants. Le gouvernement mis en place par les militaires reste néanmoins au pouvoir jusqu’en mars 1980, date à laquelle il est remplacé par un nouveau cabinet, mené par le général Prem Tinsulanond. Aux élections de 1983, le général Prem se retrouve à la tête d’un nouveau gouvernement de coalition. Il procède à la dissolution de l’Assemblée nationale en 1986 et organise de nouvelles élections. Son parti l’emporte mais, n’obtenant pas la majorité des voix, il doit reformer un gouvernement de coalition. Après les élections de juillet 1988, Chatchaï Choonhavan devient Premier ministre. Une junte militaire renverse le cabinet en février 1991 et lui substitue un gouvernement civil provisoire. La victoire aux élections de mars 1992 de partis pro-militaires suscite à Bangkok une vague de manifestations exigeant la mise en place de réformes démocratiques qui sont réprimées dans la violence. Les élections organisées en septembre aboutissent à la formation d’un nouveau gouvernement de coalition dirigé par un vétéran de la politique, Chuan Leekpai, chef du Parti démocrate.

En 1995, le pays change encore une fois de Constitution. Cette modification entraîne une nouvelle instabilité et une refonte des alliances politiques. Devant la précarité de la situation, Chuan Leekpai prend l’initiative de dissoudre le Parlement le 19 mai 1995. Les élections qui suivent ne lui permettent pas de se maintenir au pouvoir. Une alliance de six partis, le Front de développement thaï, lui succède, Banharn Silpa Archa devenant Premier ministre. Ce scrutin permet de constater la montée en puissance des hommes d’affaires sur la scène politique, ceux-ci représentant désormais 36 p. 100 des candidats.

Accusé de corruption et tenu pour responsable des difficultés économiques du pays, Banharn Silpa Archa démissionne en septembre 1996. À l’issue d’une campagne électorale qui figure parmi les plus violentes de l’histoire du pays, une coalition hétéroclite de six partis, dirigée par le général Chavalit Yongchaiyudh, remporte les élections législatives.

La vie politique du pays est secouée par de nouveaux scandales, et des alliances — parfois « contre-nature « — sont scellées entre les partis et au sein de la coalition au pouvoir. Une nouvelle réforme de la Constitution est mise en chantier (26 décembre 1996) afin de remédier à l’instabilité gouvernementale qui gangrène la vie politique du pays.

Le jubilé des cinquante ans de règne du roi Rama IX, autorité morale incontestée, donne lieu en 1996 à des fêtes grandioses dans le pays. Elles sont mises à profit pour tenter de positionner la Thaïlande sur la scène internationale et régionale. Celle-ci accueille deux importantes rencontres : le cinquième sommet des chefs d’État de l’Ansea (14-15 décembre 1995), et la première rencontre Europe-Asie (ASEM) les 1er et 2 mars 1996. La réunion de l’Ansea, à laquelle sont associés la Birmanie, le Cambodge et le Laos, débouche sur la signature d’un traité de dénucléarisation de l’Asie du Sud-Est. La coordination des pays de l’Ansea, qu’elle assure à partir de juillet 1997, lui fait mener une diplomatie prudente (notamment avec la Chine). Elle démontre également son souci de normaliser les relations avec les États voisins — bien que la sécurité à ses frontières ne soit pas acquise : conflit opposant la guérilla karen à la Birmanie, camps de réfugiés cambodgiens à la frontière — avec lesquels elle cherche à développer une coopération économique régionale. Elle s’investit également dans les institutions internationales attachées à la libération des échanges (OMC, APEC, AFTA, etc.).

5.1.5 La crise financière de 1997-2000

La situation économique, plutôt favorable jusqu’en 1996, se détériore en 1997 pour devenir catastrophique, tant pour la Thaïlande que pour l’ensemble du sud-est asiatique. La crise financière qui s’ouvre en mars 1997 trouve son origine dans l’endettement chronique du secteur financier. Le 2 juillet, le gouvernement décide de laisser flotter le baht, qui perd rapidement 30 p. 100 de sa valeur. Devant la gravité de cette crise monétaire, le FMI impose en août un programme de coupes budgétaires, de réforme du système bancaire et d’augmentation d’impôts en contrepartie d’un crédit de 17,2 milliards de dollars. De plus, la situation économique est aggravée par le phénomène climatique El Niño, qui inflige d’importants dommages au pays, provoquant une hausse des prix agricoles.

Sur le plan intérieur, cette crise provoque en octobre la démission de plusieurs ministres, et des personnalités du monde des affaires, pas ou peu impliquées dans la vie politique jusqu’alors, sont placées à des postes clés. En novembre 1997, le leader de l’opposition, Chuan Leekpai, est nommé Premier ministre en remplacement du général Chavalit Yongchaiyudh, démissionnaire. Pour faire face à la crise, le gouvernement décide notamment, en janvier 1998, l’expulsion de 300 000 travailleurs immigrés, première phase d’un programme visant un million de personnes.

Trois ans après le début de la crise, la Thaïlande est le premier pays d’Asie du sud-Est à être parvenu à sortir comme prévu (en juin 2000) du programme de soutien du FMI, grâce à la vigueur de sa croissance (s’établissant à plus de 4 p. 100) et de son programme d’assainissement financier, l’inflation ayant été ramenée à environ 2 p. 100.

5.1.6 Le mandat de Thaksin Shinawatra (2001-2006)

En mars 2000, la Thaïlande procède au renouvellement de son Sénat au suffrage universel pour la première fois de son histoire.

En janvier 2001, le parti du milliardaire Thaksin Shinawatra remporte les élections législatives. Son parti, le Thai Rak Thai (TRT) (« les Thaïs aiment les Thaïs «), qu’il a fondé en 1998, détient la majorité à l’Assemblée nationale (248 sièges sur 453 sièges pourvus). C’est la première fois dans l’histoire parlementaire du pays qu’un parti dispose d’une majorité.

D’origine chinoise, cet ancien officier de police, devenu l’homme le plus riche du pays après s’être lancé dans les télécommunications, est âgé de 51 ans. Avec un programme nationaliste et populiste (moratoire sur les dettes des paysans, aides financières à la population…), il a rallié facilement la majorité des suffrages des Thaïlandais qui ont voté pour le changement alors que la crise économique de 1997 a discrédité les démocrates.

Le 26 décembre 2004, à la suite d’un très violent séisme sous-marin (magnitude 9 sur l’échelle ouverte de Richter) survenu au large de l’île indonésienne de Sumatra, un tsunami d’une rare ampleur dévaste les côtes de l’océan Indien. Faute de système d’alerte, le nombre de victimes du tsunami, qui a frappé la côte occidentale et ses nombreuses stations balnéaires (îles de Phuket et de Ko Phi Phi, Khao Lak), s’élève à 8 000 morts (sur un total d’environ 230 000 victimes) — parmi les victimes figurent plus de 2 000 étrangers, principalement des touristes européens. La rapidité d’intervention des pouvoirs publics vaut au Premier ministre Thaksin Shinawatra un regain de popularité, alors qu’il avait été sévèrement critiqué l’année précédente pour sa gestion d’une épidémie de grippe aviaire et que son mandat est entaché par une flambée de violences meutrières dans les provinces du Sud, à majorité musulmane. À l’issue des élections législatives de février 2005, qui confèrent au TRT une large majorité (377 sièges sur 500 à la Chambre des représentants), il est reconduit dans ses fonctions. Dès l’année suivante, il est toutefois de nouveau fragilisé par des accusations d’abus de pouvoir et de corruption, et décide en février 2006 de convoquer des élections législatives anticipées. Loin de désamorcer la crise, le scrutin du 2 avril 2006 est boycotté par l’opposition et précédé d’une importante vague de manifestations. Après s’être octroyé une victoire électorale contestée, Thaksin Shinawatra démissionne le 4 avril. Le 8 mai, la Cour constitutionnelle invalide les élections du 2 avril et ordonne la tenue d’un nouveau scrutin.

5.1.7 Le coup d’État militaire du 19 septembre 2006

Dans ce contexte politique tourmenté, la Thaïlande célèbre au mois de juin 2006, avec faste et ferveur populaire, le soixantième anniversaire de l’accession au trône du roi Bhumibol Adulyadej, symbole de l’unité nationale et de la stabilité des institutions. Celles-ci sont mises à mal dès le mois d’août suivant par un regain de violence dans les provinces du Sud puis, surtout, par un coup d’État militaire mené le 19 septembre par le général Sonthi Boonyaratglin. Le Premier ministre Thaksin Shinawatra est renversé, la loi martiale proclamée, la Constitution abolie et le Parlement dissous. Les putschistes, qui bénéficient du soutien tacite du roi, remettent le pouvoir aux civils dès le 2 octobre, au lendemain de la nomination par le roi, sur proposition de la junte, de Surayud Chulanont (63 ans) au poste de Premier ministre intérimaire. Ancien commandant en chef de l’armée de terre, celui-ci est un ancien conseiller privé du roi. La junte, baptisée Conseil national de sécurité, conserve cependant d’importantes prérogatives. À l’origine d’une Constitution provisoire, elle a le pouvoir de révoquer le Premier ministre et tout ou partie de son gouvernement et dispose d’un droit de veto sur la nomination d’une commission de 100 membres chargée d’écrire une nouvelle Constitution.

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