Introduction : Pierre Corneille, célèbre par son étonnante manière de marier les genres, est un auteur du XVIIe siècle. Son œuvre : Illusion Comique, publiée en 1936 est une œuvre baroque, aussi surnommée Etrange monstre. Dans l ‘extrait que nous allons étudier, il s’agit de Lyse, la servante d’Isabelle, qui ,après avoir subit le discours de circonstance de Clindor, fait un monologue dans lequel elle manifeste son indignation. Mais comment Lyse exprime-t-elle son indignation dans cette scène ? Tout d’abord, nous verrons la stratégie argumentative employée dans l’extrait. Ensuite, nous étudierons le jugement que lise fait de l’Autre. Pour finir, nous analyserons le fait que Lyse dispose d’un cœur traversé par différents sentiments. Développement : Une stratégie argumentative En premier lieu, il est possible de discerner une plainte, visant à la compassion du lecteur : « Qui t’as fait m’estimer digne d’être abusée «. Lyse réagit à ce moment –là sur la défensive. Il est possible de discerner la plainte dans les hyperboles qu’elle emploie. Par exemple, elle dit : « Qui hait ma sainte ardeur m’aime dans l‘infamie «. Ici, il est clairement possible de constater qu’elle se considère en temps que victime. Par ailleurs, elle fait son propre plaidoyer. Elle réfute l’idée qu’elle puisse être crédule, dupe. Il est aisé de prouver cette idée en citant la phrase : « Ma feinte douceur, te laissant espérer «, Il y a un retournement de situation. Elle n’est pas dupe, au contraire, elle agit par ruse. D’ailleurs, elle le prouve à travers cette citation : « C’était seulement pour ne t’avertir pas de mon ressentiment « Le jugement de l’autre. Il est possible de constater qu’il y a jugement, à commencer par une accumulation d’ordres, traduits par l’utilisation de l’Impératif. Par exemple : « Va/ Choisis /Donne « Elle s’adresse à un destinataire absent, c’est pourquoi elle s’autorise un pouvoir autoritaire. Une gradation dans l’état de l’atmosphère est par ailleurs détectable, elle emploie ces termes : « Calme/ tempête/ Orage « ‘’Fondre’’ peut même faire penser au mot « foudre «. Il y a donc ici un jeu de mots. Elle donne un avertissement. « Il vengera d’un coup « ; Lyse compare ici la force du rival à celle d’un Dieu. « Orage, foudre « sont des mots qui font référence à Zeus. Lyse emploie aussi certaines insultes, et ce, dès le premier vers : « Ingrat «. Il démontre son indignation. Puis il y a ensuite l’adjectif qualificatif « perfide «, ainsi que « Traitre/ L’impudent/ Suborneur/… « Un cœur traversé par différents sentiments. Le discours de Lysa est tourné vers un autre destinataire. Il s’agit du spectateur. Il y a en fait mise en scène des sentiments. Cela est visible: « Que de pensers divers en mon cœur amoureux «. Par ailleurs, le champ lexical du sentiment peut être discerné au fil de la lecture du texte. « Colère/vengeance/calme/tempête/aime/flamme maudite/bonheur/amour/haine «. Elle envisage différentes possibilités, histoire de donner un sens à ce qu’elle ressent. Ses sentiments prennent comme une forme baroque, avec des oppositions les plus totales : « amour/haine «. Il y a aussi tout une suite d’exclamations. Les verbes sont employés à la forme infinitive. Il s’agit de phrases sèches, qui servent à montrer une certaine indignation. Cela permet aussi de faire accélérer le rythme de la scène. Un jeu d’opposition est perceptible à travers les termes utilisés. Par exemple : « Flamme Maudite/ Bonheur «, tout comme « Paradis/ Enfer «. L’antithèse « Amour/Haine « est l’un des exemples les plus conséquents : « Mon amour me séduit/ Ma haine m’emporte «. Elle est comme partagée entre les deux sentiments. Dans le monologue, il est aisé de s’apercevoir que la décision de Lyse est complexe, par rapport à ce qu’elle ressent. Il y a, par ailleurs, une personnification du sentiment de haine à la fin de la tirade. Celui-ci l’emporte. Il s’agit-là du dénouement final. Conclusion : Dans l’extrait étudié, Lyse est tout d’abord indignée, elle utilise une stratégie argumentative qui consiste à se plaindre. Elle se pose en victime pour attirer la compassion du lecteur/public. Et ce par son propre plaidoyer pour défendre son humiliation, l’accusation de son destinataire, les ordres et @menaces, la mise en scène de sa peine et sa douleur. Lyse partage son déchirement au public, mais cela vire à l’exagération, à l’hyperbole. Le jeu d’oppositions et les questionnements désespérés servent à exprimer son malheur.
