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Turquie

Publié le 11/04/2013

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turquie
1 PRÉSENTATION

Turquie, en turc Türkiye, pays du Proche-Orient situé dans le sud-est du continent européen et dans le sud-ouest du continent asiatique. Sa capitale est Ankara, tandis que sa plus grande ville est Istanbul.

La Turquie est bordée au nord-ouest par la Bulgarie et la Grèce, au nord par la mer Noire, au nord-est par la Géorgie et l’Arménie, à l’est par l’Iran, au sud par l’Irak, la Syrie et la mer Méditerranée, et à l’ouest par la mer Égée.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief

Le territoire de la Turquie couvre une superficie de 779 452 km². Il est composé de cinq régions géographiques : la région de Marmara, la région égéenne et méditerranéenne, la côte de la mer Noire, l’Anatolie centrale et l’Anatolie orientale.

La région de Marmara est formée de plaines et de collines. Elle s’élève à l’est, marquant la transition avec la grande chaîne de montagnes, le Kuzey Anadolu Dağları (ou chaîne Pontique), qui ourle le littoral de la mer Noire.

Les littoraux égéen et méditerranéen sont constitués de plaines étroites dominées par le Taurus, la deuxième chaîne de montagnes du pays.

La plus vaste région géographique de Turquie est l’Anatolie centrale. Elle est faite de plateaux, de bassins et de massifs en partie volcaniques.

L’Anatolie orientale est la partie la plus montagneuse, c’est là que se trouve le Grand Ararat (Ağrı Dağı) qui culmine à 5 165 m (voir monts Ararat), le lieu où se serait échouée, d’après la Bible, l’arche de Noé.

2.2 Hydrographie

Peu praticables pour la navigation à cause des rapides, les cours d’eau turcs jouent un rôle important pour l’alimentation des centrales hydroélectriques. Le plus long d’entre eux, le Kizil Irmak (1 150 km), se jette dans la mer Noire.

Le Büyükmenderes est remarquable par ses courbes innombrables qui ont donné naissance au mot méandre. Le Tigre et l’Euphrate prennent leur source dans l’est de la Turquie et se jettent dans le golfe Arabo-Persique.

2.3 Climat

Les côtes méditerranéenne et égéenne de la Turquie ont un climat typique du milieu méditerranéen. Toutes les cultures caractéristiques de ce milieu s’y retrouvent : olives, agrumes et vigne.

L’Anatolie centrale jouit d’un climat continental avec des étés chauds et des hivers plus froids, la steppe plus adaptée domine. L’Anatolie orientale connaît une continentalité plus importante encore.

2.4 Flore et faune

La végétation est formée de pâturages, de forêts et de flore alpine sur les sommets. Le bord de la mer Noire, au climat plus doux, accueille des forêts humides à feuilles caduques. L’Anatolie du Sud-Est enregistre les plus hautes températures estivales de toute la Turquie.

On trouve différents mammifères comme le sanglier, le loup dans les montagnes, ainsi que le chameau et le buffle dans les endroits les plus reculés. Le poisson abonde en particulier dans les détroits.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population de la Turquie était de 71 892 807 habitants en 2008, dont 67,3 p. 100 en zone urbaine. La densité moyenne de population en 2008 était de 93,3 habitants au km2, Istanbul et les régions côtières étant les régions les plus densément peuplées.

Le taux de natalité s’élevait la même année à 16,1 p. 1 000, tandis que le taux de mortalité atteignait 6 p. 1 000. L’espérance de vie était de 73 années.

Le territoire turc a accueilli des groupes ethniques et culturels très variés (voir Asie Mineure). Les ancêtres nomades des Turcs d’aujourd’hui sont venus d’Asie centrale au xie siècle apr. J.-C. Ils ont conquis les empires arabe et byzantin et dirigé le pays. Ils ont influencé de manière déterminante la langue, la culture et la religion turques. En 1990, 10 p. 100 de la population appartenait à des groupes ethniques différents : les Grecs, les Kurdes, les Arabes, les Arméniens et les Juifs.

3.2 Découpage administratif et villes principales

La Turquie est divisée en 80 provinces (il), elles-mêmes divisées en arrondissements puis en communes. En 2007, Istanbul comptait 11 174 257 habitants et Ankara, la capitale, 3 428 000 habitants. Izmir comptait 2 409 000 habitants.

3.3 Langue et religion

La langue officielle de la Turquie est le turc. Entre 10 et 15 p. 100 de la population parle une langue maternelle différente, généralement le kurde ou l’arabe.

L’islam est la religion de 98,3 p. 100 de la population (essentiellement sunnites).

3.4 Éducation

À la naissance de la République, plus de 90 p. 100 de la population était analphabète. Mustafa Kemal Pacha, qui avait pour objectif de moderniser son pays, mit alors en place un système d’enseignement moderne inspiré de modèles européens. Ses successeurs le généralisèrent et, en 2000, 85,2 p. 100 des adultes étaient alphabétisés.

3.5 Culture

La Turquie a vu ses traditions artistiques islamiques de l’Empire ottoman se transformer peu à peu en une tradition artistique plus laïque, davantage tournée vers l’Occident (voir art de l’islam). Toutefois, les peintres turcs d’aujourd’hui luttent pour s’affranchir de l’influence occidentale. La sculpture n’a pas connu le même développement que la peinture et les monuments publics sont généralement des représentations héroïques d’Atatürk et des événements de la guerre d’indépendance. Les premiers textes de poésie turque survivent dans la poésie épique des Kirghizes ; leur épopée, le Manas, a été transmise oralement à travers les âges. Les premiers textes de poésie mystique écrits par Yunus Emre et d’autres poètes du xive siècle inspirèrent une poésie lettrée à la cour appelée « littérature du divan «. De nombreux critiques considèrent Kemal Tahir comme le plus grand auteur turc moderne.

On trouve à Istanbul, Edirne, Brousse (voir Bursa) et dans d’autres villes, des églises chrétiennes transformées en mosquées ainsi que des mosquées construites par le célèbre architecte turc Mimar Sinan. Le palais du Sultan (Topkapý Sarayý) est aujourd’hui un musée abritant les trésors impériaux et les reliques du prophète Mahomet. D’autre part, le musée des Civilisations anatoliennes d’Ankara possède des collections impressionnantes d’art hittite et phrygien.

La Turquie possède plus de 330 quotidiens qui ont pour la plupart un tirage limité. Le Cumhuriyet, le Sabah, le Hürriyet, le Milliyet et le Türkiye figurent parmi les plus grands quotidiens du pays (tous publiés à Istanbul). L’État dirige quatre réseaux de radios nationales et cinq chaînes de télévision, mais il existe également des chaînes privées.

3.6 Institutions et vie politique

La République turque a été proclamée le 29 octobre 1923 par Mustafa Kemal. À l’exception d’une brève période durant laquelle une junte militaire s’est emparée du pouvoir en 1960-1961, la Turquie est restée une démocratie parlementaire jusqu’en 1980. À cette date, l’armée a repris le contrôle du pays ; une nouvelle Constitution a alors été ratifiée par référendum en 1982 et un gouvernement civil rétabli à la fin de 1983. L’armée conserve cependant un rôle informel fondamental dans la vie politique de la Turquie en tant que garante du système laïque instauré par Mustafa Kemal.

3.6.1 Pouvoir exécutif

La Constitution de 1982 instaure un régime parlementaire. Le président de la République est le chef de l’État, le garant de la Constitution, le représentant de la République et de l’unité de la nation, et le commandant en chef des armées. Élu pour sept ans par le Parlement, il jouit de prérogatives importantes ; il peut notamment opposer son veto à des projets de loi, et nomme des juges.

Le président de la République désigne le Premier ministre qui dirige le gouvernement. Pour pouvoir être nommé à cette fonction, le Premier ministre doit également être député.

3.6.2 Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif est détenu par la Grande Assemblée nationale, un parlement unicaméral qui comprend 550 membres désignés au suffrage universel pour cinq ans. Pour envoyer des représentants à la Grande Assemblée nationale, les partis politiques doivent obtenir au moins 10 p. 100 des suffrages exprimés au niveau national.

3.6.3 Partis politiques

Le multipartisme n’existe véritablement en Turquie que depuis 1946. Face à l’émiettement du paysage politique, un seuil de 10 p. 100 des suffrages pour pouvoir être représenté à l’assemblée a été instauré par la suite. Le Parti républicain du peuple (CHP), fondé par Mustafa Kemal, reste l’un des deux principaux partis d’une gauche très divisée, avec le Parti de la gauche démocratique (DSP, social-démocrate). La droite traditionnelle, représentée notamment par le Parti de la Mère patrie (ANAP, droite libérale) et le Parti de la juste voie (DYP, conservateur) de Tansu Ciller, connaît au tournant des années 2000 un important déclin au profit de l’extrême droite (opposée notamment à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne), représentée par le Parti d’action nationaliste (MHP), et surtout du Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste. La Constitution interdisant les formations ouvertement religieuses ou particularistes, des partis islamistes ou défendant les revendications de la minorité kurde sont régulièrement interdits.

À l’issue des élections de juillet 2007, l’AKP détient la majorité absolue des sièges de la Grande Assemblée nationale (341 sièges), contre 112 au CHP, 71 au MHP, et 26 à des candidats indépendants (pro-kurdes pour la plupart).

3.6.4 Défense nationale

En 2004, l’armée turque comptait environ 515 000 hommes. La Turquie est membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Elle appartient également à l’Organisation des Nations unies (ONU) et est membre associé de l’Union européenne.

4 ÉCONOMIE

Le produit intérieur brut (PIB) de la Turquie était, en 2004, de 402,7 milliards de dollars, soit 5 400 dollars par habitant. Environ 27 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) provenait de l’industrie, 10 p. 100 de l’agriculture et 64 p. 100 des services. Plus précisément, l’économie repose sur le tourisme, l’industrie automobile et le secteur du textile.

L’amélioration des conditions économiques, constatée sous la présidence de Turgut Özal (1989-1993), a permis une certaine prospérité ; cependant, la situation économique déjà préoccupante, a été aggravée par les dépenses liées à la guerre menée contre la guérilla kurde dans le sud-est du pays. Le taux de croissance est ainsi passé de 7 p. 100 en 1993 à 1,5 p. 100 pour la période 1995-2000, tandis que la dette extérieure du pays demeurait l’une des plus élevées au monde (98 milliards de dollars en 2001). En 2001, la Turquie a été frappée de plein fouet par la plus grave crise économique et financière de son histoire provoquée par la défaillance de son système bancaire qui a mis le pays en état de quasi cessation de paiements. Grâce au soutien du FMI, qui a prêté à la Turquie 18,6 milliards de dollars, le pays a retrouvé la voie d’une forte croissance. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a mis en œuvre une politique économique très rigoureuse qui lui a permis de ramener son taux d’inflation à 7,7 p. 100 en 2005, son plus bas niveau depuis trente ans, une nouvelle livre turque ayant été introduite en janvier 2005. La reprise est réelle avec un taux de croissance du PIB qui s’élève en moyenne à 7,5 p. 100 à partir de 2002, même si le taux de chômage reste élevé : en 2005, le chômage atteignait 10,3 p. 100. Les investissements étrangers sont en forte progression (9,7 milliards de dollars en 2007 contre 1 milliard en 2000). Le taux de croissance atteint 9,9 p. 100 en 2004.

La population active turque comptait en 2006 environ 27,4 millions de personnes. En 2005, environ 29,5 p. 100 de cette main-d’œuvre était employée dans l’agriculture, 24,7 p. 100 des actifs travaillaient dans l’industrie et 45,8 p. 100 dans le secteur des services. Le principal syndicat est la Confédération des syndicats turcs.

4.1 Agriculture

Depuis 1950, la production agricole de la Turquie a augmenté grâce à la mécanisation, à l’utilisation des engrais et au choix de meilleures variétés de plantes, mais la productivité reste faible car trop d’agriculteurs utilisent encore des méthodes archaïques. En outre, les exploitations sont très émiettées.

En 2006, les principales productions agricoles turques s’élevaient à 20 millions de tonnes de blé, 13,6 millions de tonnes de betterave à sucre, et 204 600 tonnes de thé. Les autres cultures importantes comprennent le maïs, les pois chiches, les lentilles, les melons, les tomates, les agrumes, le raisin et les olives. L’élevage regroupait 25 millions d’ovins, 7 millions de caprins et 11 millions de bovins.

Bien que 13,1 p. 100 du territoire turc soient classés en zone forestière, l’industrie du bois est relativement peu importante, un tiers seulement des forêts ayant une valeur commerciale. En 2006, 16,8 millions de m³ de bois environ furent abattus, utilisés en bois de chauffage ou destinés à la construction.

En 2005, 545 673 tonnes de poissons ont été pêchées, la plupart des prises provenant de la mer Méditerranée et de la mer Noire. Les anchois représentent généralement plus de la moitié de ce total. On pêche également des maquereaux, des sardines, des rougets et des carpes.

4.2 Mines et industries

La Turquie possède un sous-sol riche en ressources minières, mais la production reste faible. Les principaux produits miniers regroupent le lignite, le charbon, le chrome, la bauxite, le minerai de fer, le manganèse, le zinc, le cuivre et le plomb, tandis que quelques gisements de gaz et de pétrole sont exploités

L’industrie turque longtemps insuffisamment développée et mal répartie à travers le territoire, connaît un fort développement dans les années 2000. L’industrie textile demeure la première industrie du pays (coton, laine et soie), employant 2,5 millions de personnes dans 40 000 entreprises au milieu des années 2000. La sidérurgie s’est beaucoup développée, alimentant des industries mécaniques variées. Surtout, l’industrie automobile est devenue la deuxième industrie exportatrice du pays, les plus grands constructeurs employant au milieu des années 2000 environ 500 000 personnes. Les autres productions importantes sont l’agroalimentaire et la chimie alimentée par les raffineries. Istanbul, Izmir et Brousse sont d’importants pôles industriels.

En 2003, la Turquie produit environ 133,6 milliards de kilowattheures. Plus de la moitié de l’électricité du pays est produite par des centrales hydroélectriques dont une importante centrale sur l’Euphrate à proximité de Elâzig. Ses besoins en hydrocarbures sont couverts par les importations. En avril 1995, l’Azerbaïdjan et la Turquie ont signé un accord important qui augmentait de 6,75 p. 100 la part de la Turquie dans un contrat de plusieurs milliards de dollars visant à exploiter les champs pétrolifères de l’Azerbaïdjan ; on estime que ceux-ci contiennent 3,8 milliards de barils de pétrole brut sous la mer Noire, et le contrat prévoit d’acheminer ce pétrole par un pipeline jusqu’à un port turc de la Méditerranée. Un gazoduc reliant la Russie à la Turquie, via la mer Noire, a été achevé en 2002.

4.3 Échanges

La Turquie possède, en 2005, un réseau ferroviaire long de 8 697 km, entièrement géré par la Société nationale de chemin de fer turc. Le pays est également desservi par 45 400 km de routes goudronnées sur lesquelles transite l’essentiel du trafic marchandises et voyageurs. Les principaux ports de Turquie sont Istanbul et Izmir, villes qui accueillent également deux des principaux aéroports internationaux, les autres étant Ankara, Adana et Antalya.

L’unité monétaire de la Turquie est la livre turque divisée en 100 kurus (en janvier 2005 est introduite la nouvelle livre turque (Yeni Türk Lirasi, YTL), débarrassée de six zéros dans un contexte marqué par une chute du taux d’inflation et divisée en cent nouveaux kurus). La Banque centrale de la république de Turquie, fondée en 1930, est la banque d’émission. La principale Bourse se trouve à Istanbul.

Les importations s’élevaient, en 2003, à environ 69,3 milliards de dollars et les exportations à 47,3 milliards de dollars. Les principaux produits importés sont les hydrocarbures et les biens d’équipement ; les principales exportations concernent les articles textiles (la Turquie est le deuxième fournisseur de l’Union européenne, derrière la Chine), les automobiles, le tabac, les fruits (notamment les fruits secs) et autres produits agricoles, le coton et les minerais. Les partenaires commerciaux de la Turquie sont l’Union européenne, l’Allemagne et l’Italie en particulier, et les États-Unis. En mars 1995, l’Union européenne (UE) a accepté d’inclure la Turquie dans une union douanière. Une part considérable du revenu national provient du tourisme qui constitue le premier secteur d’activité de l’économie (5,5 p. 100 du PNB et 21 millions de visiteurs en 2005) et des travailleurs turcs expatriés en Europe ou dans les pays du Golfe.

5 HISTOIRE

Pour l’histoire de la Turquie actuelle avant le règne ottoman (voir Asie Mineure).

L’Anatolie est peuplée dès les temps préhistoriques. Vers le début du IIe millénaire av. J.C., les peuples indo-européens y affluent. L’un d’entre eux, les Hittites, établit un empire qui perdure jusqu’aux environs de 1200 av. J.-C. Il est détruit par des envahisseurs appartenant aux peuples de la Mer (Indo-Européens), les Phrygiens. Ces derniers mettent en place un puissant royaume. Au cours de la même migration, les Achéens organisent une expédition contre Troie et les peuples d’Asie Mineure, ouvrant ainsi une période de troubles. La seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C. voit l’établissement de colons grecs, ce qui permet à l’Asie Mineure de contribuer à l’épanouissement de la civilisation hellénique. Parmi les colonies les plus importantes se trouvent les cités de Milet, de Smyrne (voir Izmir), d’Éphèse et de Phocée.

Autour de 700 av. J.-C., l’invasion des Cimmériens, peuple de nomades, entraîne la disparition du royaume phrygien. Après une période d’hégémonie lydienne, l’Anatolie est envahie à nouveau, par les Perses (Cyrus le Grand), en 546 av. J.-C. Elle connaît alors une période de stabilité et d’autonomie jusqu’à sa conquête, au ive siècle av. J.-C., par Alexandre le Grand. L’Asie Mineure finit par revenir, au iiie siècle av. J.-C., au royaume de Pergame qui la livre aux Romains. Ces derniers en font la province asiatique de leur empire. À partir du ive siècle av. J.-C., elle partage le sort de l’Empire romain d’Orient ou Empire byzantin dont elle fait partie. Assiégé par les Perses, puis par les Arabes, l’Empire byzantin est envahi par les Turcs seldjoukides qui triomphent de ses armées, à la bataille de Manzikert (1071).

Les Turcs seldjoukides, sunnites installés en Asie centrale, entrent par le Sud-Ouest pour régénérer la foi des musulmans de vieille souche. Ils y établissent un grand empire qui comprend l’Iran, la Syrie et l’Asie Mineure, où ils créent le sultanat de Rüm (dont la capitale est Konya). Divisés par des querelles dynastiques, affaiblis par le maintien des structures tribales, les Seldjoukides ne peuvent résister à leurs ennemis, et seul le sultanat de Rüm demeure au viiie siècle. Prospère, le sultanat s’étend à cette époque sur presque toute l’Anatolie. Il est alors submergé par la vague des Mongols dirigés par Gengis Khan. Le sultanat passe sous l’autorité mongole, tandis que le reste de l’Anatolie s’émiette en plusieurs petites principautés turques ou turkmènes. De ces ruines émerge, en moins d’un siècle, la principauté des Osmanlis dont est issu l’Empire ottoman.

5.1 L’ascension des Ottomans

Au moment du déclin des Seldjoukides, la puissance locale de plusieurs tribus turques s’affirme en Anatolie. Ces tribus constituent des émirats autonomes et finissent par devenir indépendantes au xiiie siècle. Le chef de l’une d’entre elles, Osman Ier, lutte contre les Byzantins et étend son domaine. Ohrhan, son fils (1326-1359), poursuit son œuvre. Les Byzantins lui facilitent la tâche, puisqu’en échange d’une aide militaire pour sauver son trône Jean VI Cantacuzène l’autorise à envahir les territoires de Thrace et de Macédoine. Il lui donne, en outre, sa fille en mariage. À la mort d’Ohrhan, les Osmanlis possèdent les deux rives des Dardanelles et sont implantés en Thrace. Leur capitale est Brousse.

La transformation de la principauté ottomane en un vaste empire englobant le sud-est de l’Europe, l’Anatolie et le monde arabe, est accomplie en trois grandes campagnes entre le xive et le xvie siècle. Murat Ier est celui qui élargit de façon significative les territoires conquis en Europe. Il s’empare d’Andrinople, de la Macédoine, de la Thrace orientale et de la Bulgarie, profitant des rivalités entre Constantinople, Rome, Venise et Gênes. Aux côtés de ces conquêtes, son action est décisive dans la fondation de l’État ottoman. Il crée en effet une administration centralisée : le divan, dirigé par un grand vizir, sorte de chef du gouvernement. Il organise en outre une armée efficace autour d’un corps d’élite, les Janissaires.

Bayazid Ier poursuit son entreprise. Tout en étendant la puissance ottomane en Anatolie, il conquiert une partie de l’Europe balkanique et brise les tentatives de croisade et de reconquête chrétienne (croisade de Sigismond).

5.2 Défaite et rétablissement

Cependant, en 1402, les Mongols de Tamerlan, qui ont pris le contrôle de l’Iran et de l’Asie centrale, envahissent l’Anatolie et infligent aux Ottomans la défaite d’Ankara. Bayazid est capturé et meurt en prison. L’expansion musulmane est compromise pendant une vingtaine d’années environ. Le redressement ébauché sous Mehmet Ier, le plus jeune fils de Bayazid, se confirme sous le règne de son successeur, Murat II. Ce dernier poursuit l’œuvre de pacification intérieure et réaffirme la puissance ottomane en Europe en mettant par exemple en échec une nouvelle tentative de croisade chrétienne en 1444. Son administration se révèle efficace, et il fait d’Andrinople, sa capitale, un grand centre de rayonnement intellectuel.

Mehmet II (1451-1481) s’attache à élargir l’espace européen sous domination turque. En 1453, il prend la ville de Constantinople et, trois jours plus tard, la prière du vendredi est dite dans Sainte-Sophie transformée en mosquée.

Si Bayazid II (1481-1512) se préoccupe surtout de l’administration des nouvelles conquêtes, l’expansion reprend sous Selim Ier (1512-1520) en direction des pays d’islam : Anatolie orientale, Cilicie, Kurdistan, Syrie, Palestine et Égypte.

Soliman II le Magnifique, son fils, achève l’expansion ottomane en plaçant sous son autorité la quasi-totalité des pays arabo-musulmans. En Europe, il traverse le Danube pour conquérir la Hongrie et assiéger Vienne (1529).

L’Empire ottoman connaît son apogée sous le règne de Soliman II le Magnifique, et c’est à la même époque que les institutions administratives et gouvernementales qui évoluent depuis le xive siècle sont formalisées en une série de codes qui demeurent les bases de la loi ottomane jusqu’à la fin de l’Empire. Le sultan, souverain absolu, s’appuie pour gouverner sur un appareil administratif centralisé. Le gouvernement est dirigé par le grand vizir assisté de ministres également appelés vizirs. Ils ont à leur disposition un corps de fonctionnaires bien organisé, un soin particulier étant accordé à l’administration des finances. C’est en effet l’abondance du Trésor qui permet l’entretien d’une armée puissante assurant la protection de l’Empire et d’une marine, élément essentiel de l’hégémonie turque.

5.3 Le déclin de l’Empire ottoman

Le déclin de l’Empire ottoman débute à la fin du règne de Soliman II et se poursuit jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Les agressions extérieures et les carences intérieures, tant au niveau économique qu’au niveau politique, en sont la cause. La stagnation puis le recul de la domination ottomane entraînent la mainmise des puissances étrangères sur la politique de l’empire.

Les réactions officielles face à ce déclin se manifestent en diverses étapes : une réforme traditionnelle (1566-1807), période pendant laquelle on tente de rétablir les anciennes institutions, et une réforme moderne (1807-1918), pendant laquelle les anciennes méthodes sont abandonnées au profit de nouvelles, importées d’Occident.

À la mort de Soliman II, la situation intérieure de l’empire commence à se dégrader. Jusqu’au milieu du xvie siècle, les sultans contrôlent et utilisent la vieille aristocratie turque et les chrétiens devshirmes convertis, ainsi que leurs descendants, en maintenant soigneusement les divisions entre ces deux groupes. Sous le règne de Soliman cependant, le devshirme obtient le contrôle de la classe dirigeante, chasse l’aristocratie du pouvoir, puis commence d’exploiter l’État pour ses propres intérêts.

Dans le même temps, l’Empire souffre de surpopulation, résultat de la paix et de la sécurité qui ont été établies. Le taux de natalité extrêmement fort entraîne un chômage à la fois urbain et rural dû à la faible disponibilité de terres et aux politiques économiques très restrictives imposées par les guildes urbaines. Sans travail, les masses constituent des bandes de pillards qui infestent les villes et les villages. L’incompétence, la malhonnêteté et l’inefficacité du gouvernement ont pour conséquence la fin des cultures des terres, et l’Empire souffre de famines et de maladies endémiques, si bien que des districts entiers, quelquefois des provinces, tombent aux mains de notables provinciaux. Les vizirs changent trop fréquemment, les sultanes mères du Harem fomentent des complots de palais, désireuses d’intervenir dans la politique, et les militaires se révoltent.

Pendant ce temps, l’Europe développe des nations-États beaucoup plus puissantes que celles qui ont dû faire face à l’Empire ottoman au cours des siècles précédents. La réaction ottomane face au déclin est modérée pour plusieurs raisons : tout d’abord, l’Europe est tellement occupée par ses propres problèmes que pendant un siècle elle n’est pas au courant de la situation ottomane et ne fait aucun effort pour tenter d’en tirer profit. Ensuite, la plupart des membres de la classe dirigeante profitent du chaos ambiant pour leur bénéfice personnel. Enfin, les Ottomans, dans leur isolement, ignorent tout des changements qui ont rendu l’Europe beaucoup plus puissante et pensent que le monde islamique est beaucoup plus en avance que l’Europe chrétienne. Dans ces conditions, la classe dirigeante ne voit pas le besoin de changements ni de réformes. Après un certain temps cependant, l’Europe commence à se rendre compte de la détérioration interne ottomane et en profite. En 1571, la flotte de la Sainte Ligue, conduite par don Juan d’Autriche, avance vers l’est de la Méditerranée et détruit la flotte ottomane lors de la bataille de Lépante. Cette victoire est contrée par la construction d’une flotte entièrement neuve qui permet aux Ottomans de reprendre le contrôle de la Méditerranée pendant plus de cinquante ans. Cependant, l’idée selon laquelle les Ottomans ne sont pas invincibles commence de se répandre en Europe. Une guerre contre l’Autriche s’ensuit (1593-1606), à l’issue de laquelle le sultan est forcé de reconnaître l’empereur comme son égal et d’abandonner l’imposition des paiements annuels d’un tribut autrichien, ce qui ouvre encore davantage les yeux de l’Europe sur le déclin ottoman.

Ce n’est que lorsque les attaques étrangères puissantes menacent l’Empire, dont dépendent ses privilèges et sa richesse, que les dirigeants turcs acceptent certaines réformes. En 1623, le Shah Abbas Ier d’Iran conquiert Bagdad et l’est de l’Irak, activant une série de révoltes turques dans l’est de l’Anatolie. La réaction du sultan Murat IV est de rétablir le conservatisme et l’efficacité dans les rangs de la classe dirigeante et dans l’armée. En exécutant impitoyablement des centaines de personnes coupables de violations de la loi et de la tradition islamique, il commence ce qu’on a appelé les Réformes traditionnelles, qui permettent à l’armée ottomane d’expulser les Iraniens hors d’Irak et de conquérir le Caucase (1638). Le successeur de Murat, cependant, laisse le déclin se réinstaller. Une guerre contre Venise, dont l’apogée est l’attaque de la flotte vénitienne sur les Dardanelles, précipite l’ascension de la dynastie des grands vizirs Köprülü, qui mettent en œuvre les mêmes méthodes que Murat IV, pour redonner à l’Empire un éclat momentané. Stimulé par ses bons résultats, le dernier grand vizir Köprülü, Mustafa II, tente de conquérir à nouveau Vienne en 1683. Mais après un siège de courte durée, l’armée ottomane s’effondre complètement, permettant ainsi à la nouvelle Sainte Ligue européenne de conquérir des régions entières de l’Empire. La Hongrie et la Transylvanie reviennent aux Habsbourg d’Autriche, la Dalmatie et le Péloponnèse ainsi que d’importantes îles de la mer Égée reviennent à Venise, la Podolie et le sud de l’Ukraine à la Pologne, et enfin Azov et les territoires au nord de la mer Noire reviennent à la Russie. Toutes ces pertes sont confirmées par le traité de Karlowitz (1699), premier traité défavorable signé par le sultan.

L’Empire ottoman a tout de même assez de force interne pour se remettre sur pied et corriger les pires abus et, d’autre part, grâce à l’adoption d’armes et de tactiques militaires européennes modernes, pour reconquérir certaines de ses pertes. En 1711, les Ottomans mettent en échec une campagne menée par le tsar Pierre Ier le Grand, le forçant à rendre les territoires perdus à Karlowitz. Mais par la suite, l’Empire n’enregistre que des revers. En 1768 et en 1792 éclatent en effet les deux guerres russo-turques au cours desquelles l’armée ottomane se désagrège, perdant d’importants territoires et laissant l’Empire au bord de l’effondrement total. C’est à cette époque que s’ouvre la question d’Orient, dans laquelle il devient l’enjeu d’une lutte entre la Grande-Bretagne, la Russie, la France et l’Autriche.

5.4 L’ère des réformes

Pour l’Empire ottoman le choix est simple : se réformer ou devenir un pays d’importance secondaire. Au xixe siècle, Selim III choisit la voie de la réforme. Il tente une réorganisation militaire qui lui coûte le pouvoir, mais qui est finalement menée à bien par son successeur Mahmud II. Ce dernier fait en effet massacrer le corps des janissaires. En 1826, il constitue une nouvelle armée à l’européenne. Abdülmacid Ier (1839-1861) est plus audacieux encore, puisqu’il inaugure la période de réformes (1839-1876) appelée le Tanzimat (en turc, « réorganisation «), dont l’apogée se situe, toutefois, sous le règne d’Abdülhamid II (1876-1909). Ce mouvement de réformes modernise l’Empire ottoman en élargissant le rôle du gouvernement dans tous les aspects de la société. Une administration et une armée modernes sont créées selon des modèles occidentaux, reposant sur des bureaucraties très centralisées. On met en place un système d’enseignement et de justice laïques pour fournir du personnel à la nouvelle administration. De vastes programmes de travaux publics modernisent la structure physique de l’Empire, créant de nouvelles villes, des routes, des voies de chemin de fer et des lignes télégraphiques. De nouvelles méthodes agricoles contribuent également à la revitalisation ottomane. L’œuvre accomplie n’est cependant pas à la mesure des problèmes posés, d’autant plus que, parallèlement, les insurrections nationales se multiplient.

Les uns après les autres, les peuples non turcs de l’Empire luttent pour obtenir leur indépendance. La Grèce est le premier pays à l’obtenir en 1830. En 1840, Méhémet Ali est reconnu chef héréditaire de l’Égypte, qui passe ensuite sous le contrôle du Royaume-Uni (1882). La guerre de Crimée (1854-1855) et le traité de Paris le privent de la Moldavie et de la Valachie. En 1878, après une guerre contre les Russes, de nouvelles amputations territoriales interviennent (Afrique du Nord, Serbie). Les Arméniens, en revanche, sont victimes d’une tentative de suppression des minorités : environ un million d’entre eux sont massacrés entre 1894 et 1923 (le gouvernement turc rejette le terme de génocide, dans la mesure où il considère que ces morts ont été provoquées par la famine, la maladie et la guerre et ne résultent pas d’une action concertée et préméditée).

L’amoindrissement territorial et politique s’accompagne d’une pénétration économique et culturelle des grandes puissances européennes. Les États européens récemment industrialisés préfèrent conserver l’Empire ottoman comme source de matières premières et comme marché économique potentiel ; ils utilisent les traités de capitulation selon lesquels, depuis le xvie siècle, les sultans les ont autorisés à vivre et à travailler dans l’Empire, selon les termes de leurs propres lois. Ils peuvent ainsi empêcher les Ottomans d’imposer des restrictions sur les importations et éviter qu’ils protègent leurs industries naissantes. En outre, l’Empire emprunte de telles sommes aux banques européennes que, dans les deux dernières années du Tanzimat, plus de la moitié de ses revenus est absorbée par le paiement des intérêts.

5.5 La fin de l’Empire

Conscient de son impuissance, le sultan Abdülhamid se réfugie dans le panislamisme. Un groupe d’intellectuels et de libéraux, connu sous le nom des Jeunes Turcs, refuse de voir sombrer le pays dans le despotisme et la dépendance. En 1908 éclate la Révolution des Jeunes Turcs, qui débouche sur le renversement du sultan l’année suivante. Mehmet V (1909-1918) est désigné comme son successeur. À partir de cette date, les sultans ottomans règnent sans toutefois gouverner.

Les Jeunes Turcs gouvernent avec beaucoup d’incohérence. Les premières années de cette nouvelle ère (1908-1918) sont les années les plus démocratiques de toute l’histoire ottomane. La Constitution et le Parlement sont rétablis, et des partis sont formés en vue d’élections. Le plus fort d’entre eux était le parti de l’Union et du Progrès. Les réformes, qui touchent tous les domaines de la société, connaissent leur apogée avec la laïcisation des écoles et des tribunaux musulmans et l’introduction des droits de la femme. Cependant, les Jeunes Turcs abandonnent rapidement leur programme libéral pour un panturquisme ultra-nationaliste. Tandis qu’à l’extérieur les humiliations s’accumulent (indépendance de la Bulgarie, pertes de la Bosnie, de la Tripolitaine, de la Macédoine et de l’Albanie), au niveau intérieur s’accentue la politique autoritaire du pouvoir, en particulier en 1913 sous le triumvirat Enver, Tal’at, Djamal.

En 1914, la Turquie entre en guerre aux côtés de la Triple Alliance. Les effets destructeurs des invasions étrangères sont aggravés par des révoltes internes, par la famine et la maladie. Environ 6 millions de personnes, c’est-à-dire un quart de la population, disparaissent et l’économie est totalement dévastée.

La défaite révèle une autre catastrophe : le gouvernement turc est placé sous l’autorité des pouvoirs d’occupation alliés dirigés par les Britanniques. En août 1920, la Turquie est contrainte de signer le traité de Sèvres qui consacre le démembrement puis le partage de l’Empire ottoman. Ce dernier perd toutes ses possessions européennes, sauf la région de Constantinople et toutes ses provinces du Proche-Orient. La région de Smyrne est cédée à la Grèce.

L’armée grecque prend Izmir (1922) et envahit le sud-ouest de l’Anatolie mais, à la suite des massacres perpétrés sur les populations turques, les Alliés décident de retirer leur soutien aux Grecs. En réaction contre l’accord de paix proposé et contre l’invasion grecque, le mouvement nationaliste turc émerge en Anatolie sous la direction de Mustafa Kemal Atatürk. Pendant la guerre d’indépendance turque (1918-1923), Atatürk parvient à résister aux exigences des Alliés, expulse les forces d’occupation grecques, britanniques, françaises et italiennes et impose un accord concrétisé par le traité de Lausanne (1923). Par ce nouveau traité, les régions turques de la Thrace et de l’Anatolie orientales sont autorisées à former leur propre État. Une République turque est proclamée et le gouvernement du sultan d’Istanbul cesse purement et simplement d’exister (1923).

5.6 La République turque
5.6.1 D’Atatürk au coup d’État militaire de 1960

Dirigée par Atatürk pendant quinze ans, la République turque est fondée sur six principes de base inscrits dans le texte de la Constitution : républicanisme (s’appuyant sur le principe de la souveraineté du peuple) ; nationalisme turc (mettant en exergue les gloires passées de la Turquie et la nécessité pour le peuple turc de construire son propre État selon des principes modernes et sans intervention étrangère) ; populisme (idée selon laquelle le peuple gouverne par l’intermédiaire de la Grande Assemblée nationale, toutes les catégories sociales étant représentées) ; laïcité (imposant une séparation complète entre l’autorité religieuse musulmane et l’État) ; étatisme (qui implique une intervention de l’État dans certains secteurs de l’économie et un contrôle plus souple sur les autres pour garantir une croissance économique rapide), et enfin révolutionnarisme (imposant que tous ces changements soient appliqués immédiatement et complètement afin que la société turque puisse se développer le plus vite possible). Les années Atatürk sont des années de progrès économique et de développement général considérables. Kemal, en revanche, réprime sévèrement les révoltes kurdes. En politique étrangère, il mène une action pacifique. La Turquie tisse ainsi des liens avec ses anciens territoires des Balkans mais, insistant sur la laïcité, évite de conclure des alliances avec ses voisins musulmans.

Atatürk est remplacé comme président par l’un de ses proches collaborateurs, Ismet Inönü qui poursuit sa politique intérieure. Ayant en mémoire la terrible expérience de la Première Guerre mondiale, Inönü déclare la neutralité de la Turquie pendant pratiquement toute la Seconde Guerre mondiale. C’est seulement en février 1945 que la Turquie déclare la guerre à l’Allemagne et au Japon. Après la guerre, l’Union soviétique tente de faire entrer la Turquie dans sa sphère d’influence, exigeant de prendre le contrôle des provinces de l’Est et des détroits. Refusant l’ingérence soviétique, la Turquie obtient le soutien du président des États-Unis, Truman, qui lui propose de devenir membre d’une alliance militaire et économique très étroite. En 1952, elle entre dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). À la même époque, Inönü démocratise le régime et autorise la formation de partis d’opposition. Cela conduit, en 1950, au triomphe du Parti démocrate, qui préconise un essor de l’entreprise privée et individuelle. Conduit par le président Celâl Bayar, par le Premier ministre Adnan Menderes et par le ministre des Affaires étrangères Fuat Köprülü, le Parti démocrate contrôle le gouvernement pendant dix ans (1950-1960). Le pouvoir devient dictatorial et le retour à l’islam est encouragé. Parallèlement, l’économie turque connaît une croissance rapide grâce au nouveau libéralisme économique et grâce à l’aide étrangère, principalement celle des États-Unis. Cependant, la forte croissance économique et la mauvaise gestion entraînent rapidement des tensions économiques et sociales. Le mécontentement politique grandit, exprimé par le Parti républicain du peuple, que le Parti démocrate commence à réprimer. En 1960, dans un contexte de crise financière, un coup d’État militaire renverse le gouvernement. Menderes et certains de ses associés, accusés de corruption, sont pendus en 1961. Cette même année est mise en place une nouvelle Constitution fondée sur des principes économiques et sociaux modernes, contenant des clauses interdisant le type de répression que les démocrates ont utilisé par le passé.

5.6.2 De la Constitution de 1961 au coup d’État militaire de 1980

Après l’adoption de la seconde Constitution en 1961, la Turquie est dirigée par une succession de gouvernements de plus en plus faibles. Les problèmes essentiels ne sont pas résolus. En 1970, de graves troubles éclatent dans les centres industriels, suivis d’un mouvement de contestation étudiant et lycéen. L’armée intervient pour mettre fin aux émeutes et aux violences en 1971. Elle impose un gouvernement dirigé par Nihat Erim qui doit démissionner en 1972. Les élections législatives de 1973 portent au pouvoir Bülent Ecevit, chef du Parti républicain du Peuple, aux idées sociales-démocrates, dont le gouvernement tombe en 1974. Les gouvernements suivants sont formés à partir de coalitions instables. Les dispositions de la Constitution de 1961 prévoient une représentation proportionnelle qui empêche tout parti d’obtenir une majorité nette, nécessaire au vote de lois effectives. Les coalitions sont dirigées tantôt par Ecevit, tantôt par Süleyman Demirel qui représente plus ou moins les anciennes traditions d’Atatürk. Les gouvernements se montrent incapables de mettre fin aux affrontements entre l’extrême gauche et l’extrême droite, ainsi qu’au terrorisme.

Lors de cette crise gouvernementale, la Turquie reste fidèle à son alliance avec l’Ouest, mettant des bases militaires à la disposition de l’OTAN et des forces américaines pour faire face à l’URSS. Cette alliance est soumise à des tensions considérables en 1974, date à laquelle la Turquie occupe le tiers septentrional de Chypre pour riposter contre un coup d’État fomenté par les Grecs qui font de l’île une république indépendante. À la suite de cette occupation, les États-Unis suspendent leur aide militaire et économique, et la Turquie riposte en fermant temporairement toutes les bases américaines du pays. Les troupes turques se maintiennent dans le nord de Chypre et la Turquie continue de prôner la création d’un gouvernement turco-chypriote séparé, défiant ainsi les États-Unis et les Nations unies. Les gouvernements européens des années 1990 entament des négociations à la fois avec la Grèce et avec la Turquie, afin d’inclure l’île divisée de Chypre au sein de l’Union européenne. Le Congrès américain rétablit l’aide au pays, ce qui encourage les Turcs à rouvrir les bases militaires, mais l’incident crée une suspicion à l’encontre de la présence américaine, encouragée et amplifiée par les groupes de gauche et mêlée de propagande communiste. Les groupes islamistes commencent également à s’opposer à la présence américaine ; ils préféreraient que la Turquie abandonne ses traditions laïques s’agissant de politique étrangère et qu’elle se rapproche des pays arabes musulmans qui profitent de leur nouvelle richesse liée au pétrole et du pouvoir politique que celle-ci a engendré.

Le gouvernement de Süleyman Demirel (1979-1980) décide de conserver l’alliance étroite de la Turquie avec l’Ouest dans l’espoir de développer le secteur privé de l’économie grâce à l’aide étrangère. Le Parti républicain du peuple réagit en prônant un contrôle socialiste des moyens de production de base et l’établissement de nouvelles alliances avec le tiers-monde et le bloc communiste. Les extrémistes de gauche comme de droite s’engagent dans un processus de violence.

Ainsi, le 12 septembre 1980, l’armée prend le pouvoir et suspend la Constitution. Les nouveaux dirigeants imposent la loi martiale, interdisent toute activité politique, censurent la presse et emprisonnent des milliers de gens soupçonnés de terrorisme. L’armée gouverne par l’intermédiaire du Conseil national de sécurité ; le chef du Conseil, le général Kenan Evren, devient chef de l’État et l’amiral Bülent Ulusu, Premier ministre.

5.6.3 De la Constitution de 1982 à la fin de la présidence de Demirel

Un grand pas en direction d’un gouvernement civil est fait en 1982, lorsqu’une nouvelle Constitution est votée, faisant d’Evren le président de la République. Les élections législatives de novembre 1983 voient la victoire inattendue du parti de la Mère Patrie (l’armée a donné son soutien à un groupe beaucoup plus à droite), et son leader, Turgut Özal, devient Premier ministre. En 1989, Özal est choisi comme président. Il doit, après l’échec de son parti aux élections législatives de 1991, confier le pouvoir à une coalition du Parti de la juste voie de Süleyman Demirel, nommé Premier ministre, et du Parti populiste social-démocrate d’Erdal Inönü. Demirel, après la mort d’Özal en 1993, devient à son tour président de la République. Il confie le poste de Premier ministre à une économiste, Tansu Ciller, qui prend la tête du Parti de la juste voie (DYP).

Confrontée à la crise économique, à la corruption et aux désaccords croissants au sommet de l’État, le Premier ministre Tansu Ciller est remplacée, à l’issue des élections législatives anticipées de décembre 1995, par Necmettin Erbakan du Parti de la prospérité (RP), parti islamiste. Il forme, avec le DYP, un gouvernement de coalition à tendance religieuse, pour la première fois dans l’histoire du pays. Partagé entre sa volonté de s’ouvrir au monde musulman et celle de respecter les accords militaires passés avec Israël, et malgré une gestion de centre droit et une politique mesurée en matière religieuse, Erbakan se heurte rapidement à l’hostilité des tenants de la laïcité, et en particulier de l’armée. Par l’entremise du Conseil national de sécurité (MGK, organe décisionnel, composé de militaires et de civils) leur permettant de conserver un contrôle sur l’État, les militaires engagent une épreuve de force avec Erbakan, lui imposant l’adoption d’un certain nombre de mesures dirigées contre les islamistes.

Sous la pression de l’armée et craignant un possible coup d’État, Erbakan démissionne en juin 1997 et Mezut Yilmaz, chef du Parti de la mère patrie (ANAP), formation conservatrice de centre droit, le remplace à la tête d’une coalition comprenant également le Parti de la gauche démocratique (DSP) et le Parti démocratique de Turquie (DTP). L’offensive contre les islamistes se poursuit en 1998, avec la décision de la Cour constitutionnelle de dissoudre le Parti de la prospérité (remplacé par le Parti de la vertu, Fazilet), tandis que la Cour de sûreté de l’État engage des poursuites contre plusieurs de ses dirigeants, dont Erbakan. Privé de toute représentation officielle, le poids politique du mouvement islamiste n’en est pas moins important, d’autant plus que la situation économique est très difficile (inflation — près de 90 p. 100 par an —, déficit commercial et baisse du pouvoir d’achat — de 30 p. 100 en cinq ans).

Après la destitution par le Parlement du gouvernement de Mesut Yilmaz, à l’issue du vote d’une motion de censure pour « abus de pouvoir et liens occultes avec les milieux mafieux «, Bülent Ecevit, chef du Parti de la gauche démocratique (DSP) forme un nouveau gouvernement en janvier 1999. Il est composé de membres de son parti, avec le soutien au Parlement de l’ANAP et du DYP. Au lendemain des élections législatives d’avril 1999, marquées par un vote ultra nationaliste, Bülent Ecevit est confirmé dans ses fonctions à la tête d’un gouvernement de coalition rassemblant son parti, l’ANAP et l’extrême droite nationaliste du Parti de l’action nationaliste (MHP), conduit par Devlet Bahçeli, qui obtient le poste de vice-Premier ministre.

En mai 2000, Ahmed Necdet Sezer est élu président de la République en remplacement de Süleyman Demirel, auquel le Parlement a refusé d’accorder un second mandat. Partisan d’une plus grande liberté d’expression et favorable aux réformes, le nouveau président semble être celui de l’ouverture, tout en offrant de solides garanties aux militaires. Il déclare cependant la Constitution de 1982 illégale, car issue d’un coup d’État militaire.

L’année 1999 est également marquée par une série de catastrophes naturelles, de violents séismes dévastant une partie du pays. Le plus meurtrier a lieu en août, dans la région d’Izmit, au nord-ouest : 15 000 morts, des dizaines de milliers de victimes sous les décombres, de blessés et de sans-abri. En novembre, c’est la région de Duzce qui est touchée.

5.6.3.1 Le problème kurde

Sans participer militairement à l’opération, la Turquie soutient l’effort international pour expulser l’Irak du Koweït entre 1990 et 1991. Après la guerre du Golfe, à la suite d’un soulèvement manqué des Kurdes d’Irak, des centaines de réfugiés kurdes passent en Turquie. Une guerre officieuse sévit depuis 1984 entre le pouvoir turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe marxiste dirigé par Abdullah Öcalan, qui tente d’obtenir l’autonomie pour les 15 millions de Kurdes du pays en recourant au terrorisme. En mars 1995, une vaste offensive contre les rebelles pénètre sur plus de 40 km dans les zones kurdes du nord-est de l’Irak, protégées par les Nations unies. Malgré de nouvelles lois autorisant les nationalistes kurdes à réintégrer la politique et permettant la réouverture des écoles kurdes, la population kurde est victime d’atteintes aux droits de l’homme. Ce conflit, qui a fait plus de 30 000 victimes en quinze ans et déplacé plus de 2 millions de personnes, attise la tension politique et sociale qui règne dans le pays. En octobre 1998, la Syrie s’engage à ne plus fournir d’appui financier, militaire ou logistique au PKK sur son sol.

Arrêté à Rome en novembre 1998, pour meurtre et participation à une organisation terroriste, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, fait l’objet d’une demande d’extradition de la part de la Turquie. Réfugié à l'ambassade de Grèce à Nairobi (Kenya), il y est finalement arrêté en février 1999 par les services secrets turcs. Accusé de trahison et d’atteinte à l’intégrité territoriale de la Turquie, Öcalan plaide coupable dès l’ouverture de son procès en mai 1999, qui a lieu dans l’île prison d’Imrali, en mer de Marmara. Pour une « solution démocratique dans le conflit du Kurdistan turc «, il appelle ses troupes à l’abandon de la lutte armée. Il est condamné à mort en novembre 1999. Alors que l’application de la peine est suspendue, la Cour européenne des droits de l’homme ayant été saisie de l’affaire, le PKK déclare un cessez-le-feu en février 2000, tout en affirmant sa volonté de poursuivre le combat, pacifiquement, pour la reconnaissance de la culture kurde. Le régime lui, continue à refuser de prendre en compte le problème kurde.

5.6.3.2 Les droits de l’homme

La vie politique turque est marquée par la lenteur de son processus de démocratisation. Les victimes de la violence politique se comptent par milliers, et les gouvernements occidentaux dénoncent les atteintes aux droits de l’homme : disparitions et meurtres de Kurdes, harcèlement, intimidation et emprisonnement — voire torture — des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes, des avocats et des universitaires.

5.7 Les négociations avec l’Union européenne

En raison du différend qui oppose la Turquie et la Grèce au sujet de Chypre et d’îlots en mer Égée, dont les deux pays revendiquent la souveraineté, le gouvernement turc ne réussit pas à plaider avec succès son dossier auprès de l’Union européenne (UE), avec qui elle signe cependant un accord d’union douanière entré en vigueur en 1996. Non retenue en mars 1998 (première liste), la Turquie obtient le statut de pays candidat à l’intégration au cours du sommet d’Helsinki en décembre 1999. L’UE pose toutefois des conditions préalables : abolition de la peine de mort ; attribution de droits culturels aux Kurdes ; règlement du problème de Chypre et diminution du pouvoir du Conseil national de sécurité.

En février 2001, la crise politique qui oppose le président Necdet Ahmet Sezer et le Premier ministre Bülent Ecevit au sujet de la lutte contre la corruption — le premier reprochant au second son manque de combativité sur ce chapitre — entraîne une crise financière. Le gouvernement doit se résoudre à laisser flotter la livre turque ce qui laisse craindre une dévaluation et une hausse du taux d’inflation. Le cours de la monnaie turque était fixé depuis décembre 1999 par rapport au dollar et à l’euro dans le cadre d’un accord avec le FMI destiné à réduire l’inflation. La crise financière a pour conséquence une grave crise économique qui provoque la mise au chômage de plusieurs centaines de milliers de personnes en quelques semaines. De violentes manifestations ont lieu à Ankara, Izmir et Konya. De février jusqu’en avril, la livre turque chute de moitié. Kemal Dervis, l’ancien vice-président de la Banque mondiale, est appelé à la tête du ministère de l’Économie au mois de mars. Il se prononce pour une restructuration complète de l’économie. Parallèlement, un conflit aux conséquences dramatiques commence en novembre 2000 lorsque le gouvernement lance une réforme des prisons. Alors que les prisonniers politiques sont regroupés dans des dortoirs d’une centaine de personnes, la réforme vise à les transférer dans des cellules isolées ou de deux ou trois personnes. Les prisonniers s’opposent à ce transfert, car ils se disent victimes de mauvais traitements lorsqu’ils sont isolés et se lancent dans un vaste mouvement de grève de la faim. Il réunit plus de 400 personnes, essentiellement des prisonniers d’extrême gauche mais aussi parfois des membres de leur famille. Les forces de l’ordre donnent l’assaut à 20 établissements au mois de décembre 2000, faisant 32 morts parmi les détenus tandis qu’en février 2002, le bilan des grévistes de la faim s’élève à 50 morts.

Au cours de l’année 2002, de nombreuses réformes sont votées par le Parlement afin de mettre la législation turque plus en conformité avec les attentes européennes. Un nouveau code civil est ainsi voté, qui reconnaît aux femmes l’égalité dans le mariage, l’enseignement du kurde est autorisé et la peine de mort est abolie.

5.8 Le triomphe électoral de l’AKP

Dans le même temps, le gouvernement turc connaît de grandes difficultés sur fond de crise économique persistante. Le Premier ministre, Bülent Ecevit, malade, doit faire face à de nombreuses démissions, dont celles du ministre des Affaires étrangères et de l’Économie, et se trouve contraint de convoquer des élections législatives anticipées pour le 3 novembre 2002. Ce scrutin très attendu se traduit par un raz-de-marée du Parti de la justice et du développement (AKP), parti fondé en 2001 et issu de la mouvance islamiste. Fort de 34,3 p. 100 des voix, il obtient 363 sièges sur 550 à la Grande Assemblée nationale. Outre 9 députés indépendants, seul le Parti républicain du peuple (CHP) obtient des représentants (19,4 p. 100 des voix et 178 sièges). Le Parti démocratique de gauche (DSP), du Premier ministre sortant, ne recueille que 1,2 p. 100 des voix, ce qui engage ce dernier à parler de « suicide politique «. Au final, du fait de la loi électorale qui ne permet qu’aux partis ayant recueilli plus de 10 p. 100 des voix d’obtenir des députés, plus de 40 p. 100 de l’électorat n’est pas représenté au Parlement.

Dans un premier temps, c’est le numéro deux de l’AKP, Abdullah Gül, qui est nommé au poste de Premier ministre. En effet, la loi électorale turque exige que le Premier ministre soit également député. Or, Recep Tayyip Erdogan, le leader de l’AKP, a été déclaré inéligible en raison d’une condamnation pour propagande islamiste. À la suite du vote d’amendements constitutionnels par l’Assemblée, où son parti dispose de la majorité absolue, Recep Tayyip Erdogan peut se présenter lors d’une élection partielle et est élu député à Siirt le 9 mars 2003. Cela rend donc possible sa nomination par le président Ahmet Necdet Sezer au poste de Premier ministre, effective dès le 14 mars. Abdullah Gül devient ministre des Affaires étrangères.

Âgé de 49 ans, ancien maire d’Istanbul, Recep Tayyip Erdogan arrive au pouvoir dans un contexte international tendu. Si la Turquie a enregistré un succès diplomatique en prenant le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF) de juin 2002 jusqu’en février 2003, elle a aussi subi plusieurs revers. Au niveau européen, l’adhésion de la Turquie continue en effet d’être l’objet de débats. Lors du Conseil européen de Copenhague en décembre 2002, la Turquie a la déception de ne pas obtenir de date d’ouverture pour des négociations d’adhésion mais seulement un rendez-vous fixé en décembre 2004 afin d’évaluer l’avancée de ses réformes politiques et économiques. En outre, au mois de mars 2003, les négociations sur le plan de réunification de Chypre, proposé par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, échouent à la suite de l’opposition formulée par Rauf Denktash, le dirigeant de la partie turque de l’île. Enfin, la situation internationale est marquée par le déclenchement de la guerre contre l’Irak en mars 2003 sur l’initiative des États-Unis. La Turquie dispose d’une frontière commune avec ce pays et se montre particulièrement attentive à tout ce qui concerne les Kurdes d’Irak. Le Parlement turc vote en faveur du déploiement de soldats turcs en Irak au mois d’octobre 2003 mais le gouvernement y renonce un mois plus tard avec la volonté de ne pas aggraver l’instabilité irakienne. Au mois de novembre 2003, Istanbul est frappé en une semaine par des attentats qui visent deux synagogues puis le consulat général de Grande-Bretagne et une banque britannique. Ils font plus de 50 morts et plusieurs centaines de blessés. Revendiqués par l’organisation terroriste Al Qaida, ces attentats sont interprétés comme des attaques portées contre l’islam modéré turc. Conformément à ce qui avait été décidé en décembre 2004, l’Union européenne ouvre en octobre 2005 les négociations d’adhésion avec la Turquie, en les soumettant à un strict respect des droits de l’homme.

Le pays connaît une importante crise politique au printemps 2007, provoquée par la candidature du leader de l’AKP Abdullah Gül à la succession d’Ahmed Necdet Sezer à la présidence de la République. Après des mois de confrontations avec les défenseurs de la laïcité (en premier lieu l’armée), avec force manifestations populaires, le Premier ministre Erdogan sort de l’impasse en convoquant des élections législatives anticipées au mois de juillet. La large victoire de l’AKP, qui remporte 341 sièges sur 550 — contre 112 sièges au principal parti d’opposition, le Parti populaire républicain (CHP) et 71 sièges au Parti d’action nationaliste (MHP) — permet à Abdullah Gül de se représenter devant le Parlement et d’être élu à la présidence de la République le 28 août 2007 avec 339 voix. Face aux attaques des milieux laïques, qui soupçonnent l’AKP de préparer secrètement un programme d’islamisation de la société, il oppose sa volonté d’incarner un islam politique modéré, fondé sur la promotion démocratique des valeurs musulmanes et le strict respect des principes de laïcité kémalistes.

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turquie

« tion, meme s'il conteste) et pendant les 12 mois sui- vants ; - simples salaries qui ont demande, pour la premiere fois dans une entreprise que des elections aient lieu, a condition que cette demande ait ete suMe d'une demarche d'un syndicat, pendant 6 mois s'il s'agis- sait de DP et 3 mois s'il s'agissait d'un CE ; - conseillers prud'homaux durant leur mandat et 6 mois apres ; - candidats malheureux aux elections aux prud'hommes pendant 3 mois ; Ai - conseillers des salaries aussi longtemps qu'ils sont ins- crits sur la liste departe- mentale ; - les representants des sala- ries en cas de redressement judiciaire. Procedure : Pour la majorite des categories ci- dessus, la procedure corn- prend une consultation du CE avec vote au scrutin secret (avis favorable ou non favorable) puis une demande d'autorisation de l'inspecteur du travail. Pour les delegues syndicaux, les conseillers prud'homaux et les conseillers des sala- LA LOI « Le licenciement d'un delegue syndical ne peut intervenir qu' apres autorisation de l'inspecteur du travail ou de l'autorite qui en tient lieu.

Toutefois, en cas de faute ries, on passe directement a la demande d'autorisa- tion sans passer, avant, par le CE. L'inspecteur du travail ne peut donner son accord que s'il a la conviction que le licenciement est sans rap- port avec l'activite pour laquelle le salarie est pro- tégé.

Merne si c'est le cas, it peut refuser s'il estime que le maintien du mandat est plus important que le motif de licenciement, si legitime soit-il.

Consequences : Le licenciement sans autori- sation administrative est nul. ET VOUS grave, le chef d'entreprise a la faculte de prononcer a titre provisoire la mise a pied immediate de Pinteresse. Cette decision est, a peine de nullite, moti- ve& et notifiee a l'inspecteur du travail dans le alai de quarante-huit heures a compter de sa prise d'effet.

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