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Ukraine

Publié le 11/04/2013

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ukraine
1 PRÉSENTATION

Ukraine, en ukrainien Ukraïna, pays d’Europe de l’Est. Sa capitale est Kiev.

L’Ukraine est bordé au nord par la Biélorussie, au nord et à l’est par la Russie, au sud par la mer Noire et la mer d’Azov, au sud-ouest par la Moldavie et la Roumanie, et à l’ouest par la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.

Ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine dans le cadre de l’URSS, l’Ukraine est membre associé de la Communauté des États indépendants (CEI), qui a succédé à l’URSS en 1991.

2 MILIEU NATUREL

La superficie de l’Ukraine est de 603 700 km², ce qui en fait, après la Russie, le deuxième plus grand pays d’Europe.

2.1 Relief

La majeure partie du territoire ukrainien est constituée d’une vaste plaine de terres noires (tchernoziom), peu accidentée, dont les altitudes sont en moyenne inférieures à 300 m. L’Ukraine occidentale, sur la rive du Dniepr, drainée par les principaux fleuves du pays, est dotée d’un relief plus marqué grâce à la présence des plateaux de Podolie, situés entre le Dniestr et le Boug méridional. À l’extrême ouest du territoire se trouve la chaîne des Carpates et le point culminant du pays, le mont Goverla (2 061 m), tandis qu’au nord-ouest s’étend une dépression marécageuse et couverte de bois, les marais de Polésie.

Les régions orientales et méridionales sont caractérisées par un réseau hydrographique moins dense. La partie sud-est de la péninsule de Crimée est occupée par des chaînes montagneuses parallèles culminant à 1 545 m d’altitude. Elles dominent des plaines littorales baignées par la mer Noire.

2.2 Hydrographie

La plus grande partie des rivières importantes d’Ukraine coulent vers le sud en direction de la mer Noire ; parmi elles, le Dniepr en Ukraine centrale, le Boug méridional et le Dniestr à l’ouest, le Danube à l’extrême sud et le Donets à l’est. Pour sa part, le Boug occidental, affluent de la Vistule (Pologne) et tributaire de la mer Baltique, s’écoule vers le nord

2.3 Climat

Le climat de l’Ukraine est de type continental tempéré tandis qu’un climat subméditerranéen prédomine dans les parties méridionales de la Crimée. Les températures moyennes hivernales varient entre - 8 °C et 2 °C (- 6 °C à Kiev), alors que les températures estivales sont comprises entre 17 °C et 25 °C (19 °C à Kiev). La côte de la mer Noire est parfois gelée en hiver, et aucun port ukrainien n’est en permanence libre de glace.

Les précipitations vont en décroissant du nord vers le sud. C’est dans les Carpates qu’elles sont les plus importantes, dépassant 1 500 mm par an. Elles sont plus faibles dans les plaines littorales de la mer Noire, où elles atteignent en moyenne 300 mm par an.

2.4 Végétation et faune

La végétation naturelle de la région est formée de trois larges bandes disposées en fonction de la latitude : une zone de forêt mixte dans le tiers septentrional du pays, une zone de forêt-steppe dans sa partie médiane et une zone de steppe dans le tiers méridional. Aujourd’hui, cependant, la plus grande partie du territoire a été défrichée et mise en culture.

On rencontre en Ukraine de nombreuses espèces animales, tels le cerf, le castor, la martre, ou encore le vautour noir d’Eurasie, l’aigle des steppes et le héron gris.

2.5 Ressources et contraintes du milieu naturel

Dotées d’une fertilité exceptionnelle, les terres noires (tchernoziom) sont un atout de premier ordre pour l’agriculture ukrainienne. Situées dans la partie la mieux irriguée du pays et vouées à la grande culture céréalière, elles ont longtemps fait de l’Ukraine le « grenier à blé « de l’Europe orientale. À l’est du pays en revanche, les plaines qui se trouvent entre le Dniepr et la mer d’Azov sont parfois soumises à la sécheresse et nécessitent une importante irrigation.

C’est essentiellement dans la partie orientale que le sous-sol de l’Ukraine regorge de ressources minérales. Le Donbass abrite d’importants gisements de fer, de charbon bitumineux et d’anthracite. À proximité, la région de Nikopol possède l’un des plus riches gisements du monde de manganèse. On compte également des gisements exploitables de titane, de bauxite, de mercure, de sel gemme et de soufre. Les réserves pétrolières et gazières de l’Ukraine, autrefois importantes, sont aujourd’hui en partie épuisées. Dans les années 1960, l’Ukraine contribuait à environ un tiers de la production de gaz naturel de l’URSS, mais, de nos jours, le pays doit importer des hydrocarbures.

L’Ukraine doit faire face à des problèmes de pollution considérables : l’agriculture intensive a entraîné un déboisement excessif et une pollution des sols par excès de fertilisation. La grande industrialisation a conduit a une pollution générale de l’air et de l’eau mais, surtout, le très grave accident survenu en 1986 dans la centrale nucléaire de Tchernobyl a eu des conséquences incalculables pour les habitants et l’environnement du pays.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

Avec une population estimée en 2008 à 46 millions d'habitants, l’Ukraine est le deuxième pays le plus peuplé de l’ex-URSS, après la Russie. La densité moyenne de population est de 76 habitants au km². Le peuplement est le plus dense dans les régions de l’extrême Est et de l’Ouest, le centre du pays étant relativement moins peuplé, à l’exception de Kiev.

Pour la période 1995–2005, le taux de croissance décennal de la population a été négatif (-7,6 %). Les bouleversements politiques, leurs conséquences au niveau économique et social sont les causes essentielles d’une tendance qui ne semble pas devoir s’inverser pour les années à venir.

Les Ukrainiens représentent 77,8 % de la population (estimation de 2004). Les Russes constituent 17,3 % de la population. Les autres minorités sont notamment les Biélorusses (0,6 %), les Moldaves (0,5 %), les Tatars de Crimée (0,5 %), les Bulgares (0,4 %), les Hongrois (0,3 %), les Roumains (0,3 %) et les Polonais (0,3 %).

3.2 Divisions administratives et villes principales

Sur le plan administratif, l’Ukraine comprend 24 provinces (oblast) divisées en districts (rayon), la République autonome de Crimée et deux villes à statut spécial, Kiev et Sebastopol.

En 2005, 67,3 % de la population résidait en zone urbaine. Kiev, la capitale, est la plus grande ville du pays avec une population estimée à 2 618 000 habitants en 2003. Les autres villes importantes sont Kharkiv (1 445 173 habitants), important carrefour ferroviaire et routier entre la Russie et le Donbass ; Dnipropetrovsk (1 040 000 habitants), la principale ville industrielle du pays ; Donetsk (991 310 habitants), gigantesque pôle industriel en bordure du Donbass ; Odessa (989 468 habitants), le principal port de commerce et de pêche du pays ; Lviv (Lvov) (727 061 habitants), grand centre culturel et nœud de communications à la frontière avec la Pologne ; Marioupol (492 000 habitants), port important pour ses chantiers navals et ses industries agroalimentaires, sur la mer d’Azov.

3.3 Institutions et vie politique

L’Ukraine est une république démocratique indépendante selon la proclamation d’indépendance rédigée par l’ancien Soviet suprême de la RSS d’Ukraine en août 1991. L’indépendance vis-à-vis de l’URSS et l’accession au statut d’État ont été ratifiées par référendum en décembre 1991. La nouvelle Constitution a été adoptée en juin 1996. Plusieurs réformes ont fait évoluer la Constitution vers un régime présidentiel à l’instar du système adopté en Russie. Mais une réforme constitutionnelle adoptée en décembre 2004, et entrée en vigueur en janvier 2006, renforce les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre et diminue ceux du président de la République. Elle s’inscrit dans le cadre de la transition démocratique mise en place en 2005, sous la pression d’un très vaste mouvement populaire connu sous le nom de « révolution orange «, qui a mis fin au gouvernement pro-russe de Leonid Koutchma et de son dauphin Viktor Ianoukovitch, et porté au pouvoir Viktor Iouchtchenko.

3.3.1 Organisation des pouvoirs

Le président de la République est le chef de l’État. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Son mandat est renouvelable une fois. Le Premier ministre est le chef du gouvernement. Nommé par le Président jusqu’à la réforme de 2006, il est désormais désigné par le Parlement, qui désigne aussi la plupart des membres du gouvernement — à l’exception des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, dont la nomination relève du domaine réservé du président de la République.

Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement unicaméral, constitué du Conseil suprême (Verkhovna Rada). Celui-ci est composé de 450 membres élus au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans.

3.3.2 Partis politiques

De nombreux partis politiques se sont créés dans les années qui ont précédé ou suivi la proclamation de l’indépendance. Au lendemain de la révolution orange, l’échiquier politique ukrainien apparaît divisé en trois camps : la formation Notre Ukraine, qui rassemble les partisans du président Iouchtchenko, favorable au rapprochement avec l’Ouest et l’Union européenne ; le Bloc de Ioulia Timochenko (La Patrie), constitué autour de la figure emblématique de la révolution orange ; et le Parti des régions, formation pro-russe conduite par Viktor Ianoukovitch. Les autres principaux partis politiques sont le Parti communiste d’Ukraine (KPU) et le Parti socialiste d’Ukraine (SPU).

3.3.3 Défense nationale

En 2003, l’État a consacré 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) à la Défense. Les forces armées de l’Ukraine comptaient 187 600 hommes.

3.4 Langues et religions

La langue officielle est l’ukrainien, langue slave proche du russe et du biélorusse. Longtemps langue de formation des élites, le russe est également largement utilisé.

La religion orthodoxe est celle de la majorité des Ukrainiens, qui reconnaissent soit l’autorité du patriarcat de Moscou, soit celle du patriarcat autocéphale de Kiev. L’Église uniate compte au moins 5 millions de fidèles, tandis que les minorités hongroise et polonaise, géographiquement situées à l’ouest du pays, sont de confession catholique romaine. On comptait environ 500 000 juifs au début du xxie siècle en Ukraine.

4 ÉCONOMIE

En 2006, le produit intérieur brut (PIB) de l’Ukraine s’élevait à 106,47 milliards de dollars. La croissance annuelle du PIB a été négative sur la période 1990 (-6,35 p. 100), mais elle est redevenue positive en 2000, et a même atteint 12,5 % en 2004, grâce à la reprise des exportations.

Depuis son indépendance, l’Ukraine, à l’instar de toutes les républiques de l’ex-URSS, connaît de graves difficultés économiques, liées à la fois à l’héritage soviétique et au passage à l’économie de marché. L’hyperinflation a fait son apparition : contenue à 2,5 % en 1985, elle a atteint 4 735 % en 1993. L’année 1997 a toutefois marqué le retour à une inflation maîtrisée, avec un taux de 10,1 %. Tous les secteurs de l’économie ont connu une baisse sensible d’activité et notamment le secteur secondaire : l’indice de production industrielle est ainsi passé de la base 100 en 1990 à 50 en 1994. Privé à plusieurs reprises des aides du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale qui estimaient les réformes beaucoup trop timides (les versements ont repris en 2001), le pays est sorti plus lentement que d’autres du socialisme sur le plan économique : en 1995, seulement 35 % du PIB était ainsi généré par le secteur privé, contre près de 70 % en Russie. Ce retard a limité considérablement les investissements étrangers jusqu’au milieu des années 2000. La situation économique de l’Ukraine reste donc préoccupante et la population doit « naviguer « entre troc et marché noir pour retrouver des conditions d’existence acceptables. 19,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (2003) mais, en 2001, pour la première fois depuis 1991, le niveau de vie a connu une augmentation et l’Ukraine a retrouvé en 2002 le niveau de production qui était le sien au moment de son indépendance.

4.1 Agriculture

La production agricole de cet ancien « grenier à blé « de l’URSS a beaucoup souffert des conséquences de l’indépendance et de la rupture des liens économiques et commerciaux avec les républiques de l’ex-URSS. D’une manière générale, tous les chiffres de la production agricole se sont effondrés. La production céréalière de l’Ukraine, encore équivalente à celle de la France en 1990, a ainsi enregistré une chute de plus de 40 % en 1995, et n’était plus qu’au 24e rang mondial en 2003.

En 2006, l’agriculture occupait 19,4 % de la population active et constituait 8,7 % du PIB. Avec 57,6 % de terres cultivées (2005), l’Ukraine est un riche pays agricole. Elle est un producteur et un exportateur important d’une grande variété de produits. Elle compte parmi les premiers producteurs mondiaux de pommes de terre, de betteraves à sucre et d’orge. Parmi les autres productions, on trouve le blé, le maïs, le soja, les légumes, le tournesol et le lin. Le vin et les fruits produits en Crimée ne sont pas négligeables. L’élevage joue également un grand rôle : l’Ukraine possède un cheptel porcin considérable et un cheptel bovin important.

4.2 Mines et industrie

Le secteur secondaire occupait 24,2 % de la population active et constituait 34,6 % du PIB en 2006contre 50 % en 1995. Le pays est parmi les premiers producteurs mondiaux de manganèse, de charbon, d’acier ou encore de minerai de fer. Les vastes ressources minières de l’Ukraine sont à la base de son industrie et lui donnent un potentiel de croissance économique important.

La principale concentration industrielle de l’Ukraine est située dans le Donbass, à proximité des gisements miniers. L’Ukraine produisait autrefois un tiers du minerai de fer, de l’acier et des produits chimiques de l’URSS. De nos jours, elle s’oriente graduellement vers de nouvelles productions afin de tirer avantage des nouvelles conditions économiques, malgré les handicaps qui touchent les industries plus anciennes. Les principales productions industrielles sont la mécanique lourde, les produits chimiques, les équipements de transport (notamment les automobiles), les textiles et les produits alimentaires.

La production énergétique, en déclin depuis l’indépendance, repose sur le charbon et le nucléaire. L’économie ukrainienne demeure, comme par le passé, fortement tributaire de la Russie et du Turkménistan en ce qui concerne le pétrole et le gaz naturel, pourtant abondants dans le pays. Le manque de ressources énergétiques a conduit les gouvernants ukrainiens à maintenir en activité, malgré les problèmes de sécurité, cinq centrales nucléaires, parmi lesquelles Tchernobyl, jusqu’en décembre 2000.

4.3 Secteur tertiaire

En 2006, le secteur tertiaire employait 56,4 % de la population active et constituait 56,7 % du PIB.

18,9 millions de touristes ont visité l’Ukraine en 2006 générant 3,5 milliards de dollars de revenus. Comme dans le passé, les Russes et les Polonais sont nombreux à se rendre en Crimée pour goûter aux plaisirs balnéaires ou encore à Kiev, la « ville aux quatre cents églises «, capitale historique du premier État russe.

Un coupon monétaire intérimaire, le karbovanets, a été émis en novembre 1992, en remplacement du rouble russe avec lequel il était complètement convertible. Cependant, le karbovanets a été sujet à une hyperinflation, phénomène qui, combiné avec le déficit permanent du budget de l’État, a incité le FMI et la Banque mondiale à suspendre leurs aides à plusieurs reprises. En septembre 1996, une nouvelle monnaie, l’hrivna, divisible en 100 kopiaks, a été mise en circulation et fait preuve d’une grande stabilité.

4.4 Commerce extérieur

Les principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine sont la Russie, l’Allemagne, la Turquie, le Turkménistan et l’Italie.

5 HISTOIRE
5.1 Les origines du peuplement

Initialement peuplée par les Scythes, puis par les Sarmates, l’Ukraine subit plusieurs vagues d’invasions barbares avant que les Varègues ne s’y installent et ne fondent, en 822, la principauté de Kiev, capitale du premier État russe aux xie et xiie siècles.

Au xiiie siècle, les Mongols envahissent la région, provoquant le démembrement de la Russie kiévienne. À l’ouest, la principauté de Galicie-Volhynie, fondée en 1199, souffre moins de l’invasion mongole que le reste de la région, mais passe sous le contrôle de la Pologne au xive siècle. Au même moment, Kiev et sa région sont conquises par la Lituanie, puis deviennent possessions polonaises. La Pologne, cependant, ne réussit pas à soumettre les Cosaques zaporogues, alliés de la Russie.

Les terres situées à l’est du Dniepr sont cédées à la Russie en 1667, lors du traité d’Androussovo. Le reste de l’Ukraine, à l’exception de la Galicie rattachée à l’Empire austro-hongrois de 1772 à 1919, est annexé par l’Empire russe après le second partage de la Pologne en 1793.

5.2 Une brève indépendance (1917-1921)

Au cours de la Première Guerre mondiale, à la suite de la Révolution bolchevique de 1917, l’Ukraine, où un puissant nationalisme n’a cessé d’être entretenu, proclame son indépendance. Dans le même temps, en Galicie, en Bucovine et en Ukraine carpatique, les Ukrainiens sous domination autrichienne s’affranchissent et fondent, en 1918, leur propre république en Galicie orientale ; celle-ci ne tarde pas à rejoindre l’Ukraine russe pour former une fédération. Un an plus tard, cependant, la Galicie orientale devient un protectorat polonais après la conférence de Paris.

Proclamée en novembre 1917, la République autonome ukrainienne, dirigée depuis Kiev par Simon Petlioura, a face à elle, dès décembre 1917, une république soviétique d’Ukraine, soutenue par les bolcheviques, basée à Kharkiv et dirigée par Rakoski. Occupée jusqu’en décembre 1918 par les armées allemandes après la signature du traité de Brest-Litovsk (mars 1918), l’Ukraine, de nouveau dirigée par le gouvernement de Petlioura, voit se dérouler jusqu’en 1921 de violents combats qui opposent les armées blanches de Wrangel et Denikine aux bolcheviques.

En 1920, le gouvernement nationaliste s’allie avec la Pologne dans une guerre contre la Russie, mais l’avancée des troupes bolcheviques permet au gouvernement soviétique de prendre le contrôle de l’Ukraine, finalement partagée lors du traité de Riga (1921) entre la Pologne, qui se voit attribuer la Galicie orientale et la Volhynie, et la Russie soviétique, qui crée en 1922 la République fédérée d’Ukraine.

5.3 L’Ukraine soviétique

Jusqu’en 1939, l’URSS fait tout pour éliminer le nationalisme ukrainien. La république subit la collectivisation forcée de l’agriculture et la réquisition des denrées alimentaires dans les campagnes, cause d’une effroyable famine en 1932-1933.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, après la conquête de la Pologne orientale par les Soviétiques en septembre 1939, la Galicie polonaise est rattachée à la RSS d’Ukraine. Quand les Allemands envahissent l’Ukraine en 1941, les nationalistes ukrainiens, espérant qu’une république autonome pourrait voir le jour sous protection nazie, se montrent très favorables à l’occupation. L’Ukraine est reprise par l’Armée rouge en 1944. Accusés collectivement de « collaboration «, les Ukrainiens subissent une terrible répression. La même année, des régions de la Bessarabie et du nord de la Bucovine, qui étaient roumaines, lui sont rattachées ainsi que la région de Ruthénie en 1945.

Souvenir de l’ancienne indépendance du pays, la RSS d’Ukraine devient membre à part entière des Nations unies en 1945. La Crimée, qui faisait partie de la république de Russie, est rattachée à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev en 1954. À partir de ce moment et jusqu’en 1991, date de la chute du communisme en URSS, l’histoire de l’Ukraine suit un cours parallèle à celle de l’URSS.

5.4 L’indépendance retrouvée (1991)
5.4.1 Les premières réformes

À la fin de 1991, l’Ukraine proclame son indépendance, ratifiée ensuite à plus de 90 % des voix par un référendum national. Une élection présidentielle porte au pouvoir Leonid Kravtchouk, ancien chef du Parti communiste ukrainien. En décembre 1992, le nouveau Premier ministre, Leonid Koutchma, met en place une série de réformes économiques qui coïncident avec le début de la crise économique et de l’hyperinflation.

5.4.2 La question de la Crimée

Des tensions avec la Russie au sujet de la Crimée ne tardent pas à apparaître. Peu après l’indépendance, un mouvement sécessionniste dirigé par des Russes se forme en Crimée. La Crimée proclame même son indépendance, mais celle-ci est finalement abrogée en mai 1992. Le même mois, cependant, le corps législatif russe déclare nul et caduc le transfert de 1954 qui avait rattaché la Crimée à l’Ukraine.

En fait, à partir de 1991, l’Ukraine et la Russie revendiquent chacune le contrôle de la flotte de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol. Un accord est conclu en 1992 afin de partager le commandement de la flotte jusqu’en 1995, date théorique de sa division entre les deux pays. En janvier 1994, le président Kravtchouk accepte de transférer à la Russie une partie de l’arsenal nucléaire de l’Ukraine en échange de combustible nucléaire destiné à la production d’énergie.

5.4.3 L’aide financière internationale

En février 1994, pour aider au processus de désarmement et éviter l’effondrement total de l’économie ukrainienne, le gouvernement des États-Unis promet de doubler le montant de son aide à l’Ukraine. Ce même mois, l’Ukraine accepte de se joindre au programme de partenariat pour la paix de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), plan conçu pour favoriser la coopération militaire entre les membres de l’OTAN et les pays n’en faisant pas partie.

En juillet de la même année, l’ancien Premier ministre Leonid Koutchma est élu président avec 52 % des suffrages. Lors des élections législatives, la majorité va aux conservateurs et les anciens communistes obtiennent une majorité globale. Leonid Koutchma a des difficultés pour former un gouvernement, mais il parvient à faire accepter par le Parlement l’ensemble des réformes économiques, tandis que la Banque mondiale approuve un prêt d’urgence de 500 millions de dollars. Dès lors, le pays continue à souffrir des difficultés de reconversion de son économie : salaires impayés, chute de la production, forte inflation malgré la mise en place, en 1996, d’une nouvelle monnaie, la hrivna. Les réformes, notamment les privatisations, sont ralenties par l’opposition entre le président Koutchma et les députés communistes et socialistes, qui renforcent leur majorité au Parlement lors des élections législatives de mars 1998.

5.4.4 Les relations avec la Russie

La dépendance à l’égard de la Russie, qui apparaît comme l’un des handicaps majeurs de l’économie ukrainienne, conduit à la création d’une Commission de coopération économique (1996). Dans le même temps, les relations entre les deux pays s’améliorent par la signature, en mai 1997, d’une série d’accords prévoyant le partage de la flotte militaire de la mer Noire et la location par la Russie d’une partie de la base de Sébastopol pour vingt ans. Un traité d’amitié et de coopération, qui permet d’apaiser la tension au sujet du statut de la Crimée, est également conclu.

Mais cet équilibre reste fragile. Aussi, l’Ukraine, désireuse de se rendre plus indépendante par rapport à la Russie, signe-t-elle avec les États-Unis un accord de coopération nucléaire en mars 1998, en échange de l’abandon de l’aide apportée à l’Iran dans la construction de centrales nucléaires. De même, elle cherche à renforcer son ancrage européen, en concluant un accord frontalier avec la Pologne et en intensifiant, à partir de mai 1997, son partenariat avec l’OTAN.

5.4.5 Une situation économique instable et ambiguë du point de vue géopolitique

L’image de l’Ukraine du début des années 2000 est celle d’un pays fragile, en crise économique, politique et sociale, incapable de choisir entre capitalisme et communisme. L’adhésion à l’Union européenne, un temps envisagée, n’est plus d’actualité, et le pays cherche des appuis extérieurs aussi bien auprès des États-Unis que de la Russie. En décembre 2000, la centrale de Tchernobyl est fermée définitivement avec l’arrêt du dernier réacteur en activité, conformément aux engagements pris par l’Ukraine en 1995, en échange d’une promesse d’aide de plus de 2 milliards de dollars qui lui permettra de construire deux autres centrales.

Nommé Premier ministre en décembre 1999, à la suite de la réélection à la présidence de la République de Leonid Koutchma, Viktor Iouchtchenko conduit un certain nombre de réformes économiques qui permettent à l’Ukraine d’enregistrer en 2000 la première croissance économique depuis son indépendance en 1991 et une hausse record de la production industrielle. Recevant le soutien de l’Union européenne, Viktor Iouchtchenko doit cependant faire face à l’opposition croissante des communistes et des partis centristes proches du président Koutchma, hostiles aux réformes remettant en cause leurs privilèges. Au terme d’un bras de fer entre le président et le Premier ministre, Viktor Iouchtchenko est renversé par le vote du Parlement le 27 avril 2001, plongeant le pays dans la plus grave crise politique depuis son indépendance.

Avertie à six reprises, depuis son adhésion en 1995, par le Conseil de l’Europe, l’Ukraine apparaît encore comme un pays où les droits de l’homme sont difficilement respectés, comme en témoigne la disparition, en septembre 2000, de Guéorgui Gongadzé, directeur d’un journal d’opposition en ligne sur Internet. Lors des élections législatives de mars 2002, la coalition libérale formée autour de l’ancien Premier ministre Viktor Iouchtchenko, baptisée Notre Ukraine, remporte 23,6 % des voix devant le Parti communiste qui en obtient 20 %. Viktor Ianoukovitch devient Premier ministre.

Tandis que, à l’intérieur, le président Koutchma est confronté à une contestation populaire croissante, la politique étrangère de l’Ukraine demeure partagée entre la volonté de s’intégrer à l’Occident — intégration toujours conditionnée aux réformes économiques et politiques — et la nécessité d’entretenir de bons rapports avec Moscou. Au mois d’août 2003, le pays envoie 1 600 hommes en Irak, au sein d’une force internationale sous commandement polonais. Au mois de décembre suivant, Russes et Ukrainiens tentent de régler leur litige sur le détroit de Kertch et la mer d’Azov en signant un accord prévoyant une gestion conjointe du canal. Au mois de mai 2004, l’Ukraine signe, avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, un accord prévoyant la création d’un « espace économique commun «.

5.4.6 La « révolution orange «

L’élection présidentielle qui se déroule à l’automne 2004 entraîne une grave crise politique, après que le candidat du pouvoir, le Premier ministre Viktor Ianoukovitch, a été proclamé vainqueur au second tour en dépit des protestations de l’opposition et des observateurs internationaux — en particulier ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Un vaste mouvement populaire, prenant le nom de « révolution orange «, manifeste pacifiquement son soutien au candidat de la coalition d’opposition, Viktor Iouchtchenko, qui porte sur son visage les traces d’un empoisonnement à la dioxine. Sous la pression de la rue et de la communauté internationale (Union européenne et États-Unis en tête), et contre les menées du puissant voisin russe, la Cour suprême déclare invalide le scrutin en raison de l’ampleur des fraudes et ordonne la tenue d’un nouveau second tour. Cette grave crise politique met en lumière les divergences entre les régions de l’ouest de l’Ukraine, pro-occidentales, et sa partie orientale, russophone et favorable à Viktor Ianoukovitch.

Un nouveau scrutin se tient en décembre 2004, qui voit Viktor Iouchtchenko l’emporter avec 52 % des suffrages, alors que la participation s’élève à 77 %. Viktor Ianoukovitch lance des recours, mais il démissionne finalement de ses fonctions de Premier ministre quelques jours plus tard, sans toutefois reconnaître sa défaite. Le nouveau président entend mettre en œuvre une politique radicalement différente de celle de son prédécesseur, qui rompe avec les anciennes pratiques, au premier chef desquelles se trouve la corruption. Figure de proue de la « révolution orange «, Ioulia Timochenko est nommée au poste de Premier ministre, et triomphalement investie par le Parlement ukrainien par 375 voix pour sur 450 députés et aucune contre.

Le nouveau gouvernement ukrainien met en œuvre la transition vers une économie de marché nécessaire à son intégration européenne (notamment un programme de privatisations) et tente d’affranchir le pays de sa tutelle russe. Toutefois, dès le printemps 2005, la « guerre du gaz « menée par la Russie, alors que l’Ukraine est très dépendante de son voisin russe pour ses importations énergétiques, témoigne de la difficulté pour la nation ukrainienne de restructurer ses relations avec son grand voisin et de trouver sa place sur la scène internationale. En outre, la situation socio-économique se dégrade tandis que la coalition orange est rapidement fragilisée par des divisions et des accusations de corruption. Au mois de septembre 2005, le président Iouchtchenko choisit de limoger le gouvernement et nomme au poste de Premier ministre un économiste libéral, Iouri Ekhanourov, qui est approuvé par le Parlement à la suite d’un compromis passé avec l’opposition, et qui effectue aussitôt une visite officielle en Russie dans le but d’apaiser les relations entre les deux pays.

Lors des élections législatives de mars 2006, le président Iouchtchenko subit un sérieux revers. Avec un peu moins de 14 % des suffrages (soit 81 des 450 sièges du Parlement), sa formation Notre Ukraine n’arrive qu’en troisième position, derrière le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch (32,1 % des suffrages et 186 sièges) et le Bloc de Ioulia Timochenko (22,3 % des suffrages et 129 sièges) — les socialistes remportent 33 sièges et les communistes 21. Plusieurs mois de négociations et des revirements d’alliance sont nécessaires à la formation, au mois d’août suivant, d’un gouvernement de coalition entre le Parti des régions et les socialistes, dirigé par son ancien adversaire, Viktor Ianoukovitch. Le système politique rendant toute cohabitation très difficile, le président dissout le Parlement après plusieurs mois de conflit avec la majorité gouvernementale. Les nouvelles élections, en septembre 2007, sont remportées par le Parti des régions devant le Bloc Ioulia Timochenko, en forte progression, qui détient la majorité en s’alliant à Notre Ukraine. Ioulia Timochenko est nommée Premier ministre.

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