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Une figure de la «bonne mère» : la femme Narsès

Publié le 22/02/2012

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Dans son étude du Mythe d'Électre, Pierre Brunei s'interroge sur l'importance des épisodes et des personnages inventés par Giraudoux, en particulier sur Agathe et la femme Narsès. Celles-ci créent un effet de mise en abyme des tragédies conjugales et maternelles de Clytemnestre, qui est à la fois une épouse déçue et une mère trahie. Essentielle dans le déroulement policier de la tragédie, la «tragédie bourgeoise» des Théocathoclès en est également le reflet «en abyme». [...] Agathe n'est nullement une Clytemnestre édulcorée, mais une Clytemnestre plus franche dans sa révolte, plus femme, donc plus acceptable. Autre reflet de Clytemnestre dans ce miroir à plusieurs faces qu'est Électre de Jean Giraudoux : la femme Narsès. Au début de sa carrière, Agathe avait la dissimulation de la reine. La femme Narsès en avait la naïveté. C'est pourquoi elle a élevé à ses côtés «une petite louve chérie» sans se rendre compte qu'« un jour, à midi, les petites louves, tout à coup, deviennent de grandes louves et égorgent celle qui les a nourries». [...] Elle devient pour Électre cette mère que la jeune fille se cherchait (le jardinier, dans son «lamento» l'avait bien compris) et qu'elle n'a pu trouver qu'en égorgeant celle qui l'avait enfantée. [...] Loin de détourner de l'action l'attention du spectateur, les épisodes nouveaux imaginés par Giraudoux l'approfondissent soit qu'ils lui confèrent son unité, soit qu'ils la corrigent de ses reflets possibles, soit qu'ils révèlent sous la gangue des apparences la réalité secrète. Il s'agit moins d'additions que d'un principe de réduplication qui fait entendre, au-delà de la note tragique, toute l'étendue de ses harmoniques. Pierre Brunel, Le Mythe d'Élec-tre, collection U2,Armand Colin, Paris, 1971.

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