Vers

Le vers apparaît comme une mise en forme, un "alignement" du langage. Il est une contrainte que s'impose le poète et grâce à laquelle il prétend tirer des effets inédits de la langue comme si, dit Paul Valéry, chausser des 'souliers trop étroits permettait d'inventer de nouvelles danses. De fait, très rapidement, les poètes ont cherché à élargir la définition stricte du vers ("Elément linguistique comptant un nombre déterminé de syllabes, dont certaines sont obligatoirement accentuées et dont la dernière rime en assone avec la syllabe correspondante d'un autre vers."). D'une part, en restant dans les limites de la versification, le recours systématique à l'enjambement permet un usage plus prosaïque du vers. D'autre part, en faisant du vers le produit d'une alchimie verbale, les poètes de la fin du XIXe siècle, grâce au poème en prose, ont identifié versification et travail sur la langue. La littérature, dans la mesure où elle se définit comme cet effort permanent de subversion de la langue, ne s'écrit plus qu'en vers.