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Vol de nuit

Publié le 17/04/2011

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Vol de nuit **DE SAINT-EXUPERY  1. Présentation de l’œuvre   Vol de nuit a été publié à Paris en 1931, avec une préface d'André Gide. Son action se situe en Amérique du Sud, à l'époque héroïque de l'aviation commerciale. Saint-Exupéry, qui fut en 1929 directeur de l'Aéropostale d'Argentine, raconte la vie menée par le chef d'une compagnie aéropostale, Rivière, et par son équipe de pilotes.  2. Résumé de l’œuvre  C’est un récit tragique de ces pilotes des avions postaux de la Patagonie, du Chili,  du Paraguay du Sud, du Nord et de l’Est de Buenos Aires ; ces pilotes engagés la  nuit dans les dangers des routes aériennes chargées de mystères et de surprises, à  quoi s’ajoute l’angoisse de la nuit.  Rivière, précurseur des vols de nuit, met au premier plan la réussite de son  entreprise. Il insuffle à ses pilotes les vertus du courage, de l’abnégation et exige  d’eux le maximum, voire l’impossible. Pellerin, un des pilotes, a finalement atterri au  prix d’énormes difficultés mais Fabien, lui, a disparu dans la nuit. Pourtant cette  mort de Fabien, malgré son cortège de malheurs n’a pas brisé l’élan de Rivière qui,  au même instant, a donné un nouveau départ pour l’Europe.  Antoine de Saint-Exupéry nous présente les vols de nuit sur le réseau, les difficultés  auxquelles peuvent être confrontés les pilotes et fondamentalement l’occupation du  personnel au sol.  Le pilote Fabien ramène de l ‘extrême sud vers Buenos Aires le courrier de  Patagonie. Sur le chemin du retour, il éprouve énormément de plaisir, ce qui montre  que malgré les risques et les, dangers, il est un homme qui exalte la noblesse d’un  métier. Pellerin, quant à lui, ayant pu atterrir dans des conditions relativement difficiles,  raconte les péripéties de sa traversée. C’est un homme qui incarne les vertus de  grandeur et de simplicité. Grand parce qu’il place, comme Fabien, du reste, sa  mission au-dessus de leur propre intérêt. Simple, parce que rien ne le distingue des  autres hommes. Discret, il ne se vante pas en parlant de son métier. (p.34)  Ce sont des hommes cependant avec leurs faiblesses ; par moments ils ont peur.  Par ailleurs le chapitre II nous fait la présentation de l’activité des personnages au  sol, dont la mission fondamentale est de centraliser les courriers et les aider à  atterrir malgré les aléas climatiques Tout ce réseau est centralisé par Rivière. Il  surveille et veille sans repos (p. 28-58). C’est un conducteur d’hommes et son but  principal est d’amener les hommes à se dépasser eux-mêmes. Il s’est fait entourer  d’un inspecteur Robineau qui ne connaît rien au monde de l’aviation. On lui  demande simplement d’appliquer le règlement. Il lui est inutile de connaître les  hommes.  Dans les airs, Fabien devait poursuivre sa croisade en direction de San Francisco.  Cependant d’imprévisibles orages ont éclaté un peu partout. Par conséquent il lui  fallait trouver un itinéraire qui le mettrait hors des zones de danger. Il tentait alors  d’avoir des informations qui l’aideraient et se demandait s’il ne devait pas revenir en  arrière. La réponse est sèche. « Commodoro, retour impossible. Tempête ». Il passa  alors à San Antonio : « Ciel ¾ couvert » et Bahia Blanca : « Orage avant 20mn ».  Trelew : « Ouragan 30m sud et rafales de pluie ». Il ne peut plus continuer à  « naviguer » éternellement car dans 1 heure 40 minutes il n’aura plus d’essence.  C’était la nuit.  Au sol, la femme de Fabien, qui connaissait les heures d’arrivée de son mari et qui  ne le voyait pas venir, s’inquiétait et décida d’agir elle-même. Elle entre d’abord en  contact avec le secrétaire, puis avec Rivière pour connaître les raisons de l’absence  anormale de son mari mais n’obtint que de simples réponses courtes qui ne lui  donnent pas de satisfaction : « très retardé en effet… vous savez par mauvais  temps…etc. ». Pour Rivière lui-même ce problème est un enjeu de taille qui est en  train de se jouer. C’est l’avenir même des vols de nuit, d’autant qu’un tel projet ne  rencontrait pas l’accord de tout le monde.  Dans les airs, Fabien est coincé. Il lutte désespérément pour survivre. Au sol,  Rivière a montré à la femme de ce dernier son impuissance totale. Il n’y a qu’à  attendre et laisser le destin se jouer.  Jusqu’aux dernières minutes les recherches n’ont pas donné de résultats. Rivière  alerte la police d’Argentine. Mais face à ce drame, il n’a pas faibli un seul moment. Il  va même jusqu’à prendre de nouvelles décisions qui s’appliqueront aux pilotes.  L’arrivée du courrier d’Asunción le rassure et l’oblige à se battre pour pérenniser les  vols de nuit. Son programme n’a pas été changé d’une plus petite mesure. Le  courrier d’Europe a pris le relais. Un autre équipage s’est lancé ? C’est une victoire  certes, mais une lourde victoire à la limite même d’une défaite.  3. Les principaux thèmes   a. L’action  L’interrogation récurrente dans Vol de nuit, c’est le rapport du héros, Rivière et de son équipe, à l’action qui, au fond, relève du domaine du sacré, voire de l’idéalisme héroïque incarné par Saint Exupery dont les actions ont toujours été inhérentes à l’assumation de tâches qui aboutissent au don de soi et, qui restent liées à l’exploit. Rivière et ses compagnons n’échappent pas à cette conception philosophique et idéaliste de l’action, ainsi sublimée et érigée au comble du courage et de l’héroïsme suprême. Cette volonté de pousser l’action jusqu’à son paroxysme est comme un leitmotiv chez Antoine de Saint Exupery qui pousse ses personnages à vaincre la peur pour mieux affronter, non seulement les mystères de la nuit, mais surtout les multiples remparts qui jalonnent leur itinéraire d’aviateur. Ainsi Pellerin sous l’emprise de la tempête (p35-37) et Fabien qui lutte encore alors qu’il se sait perdu (p145) gardent lucidité et sang-froid même face aux éléments déchaînés qui les assaillent. Cette quiétude face à la mort en fait des héros de l’ombre. Leurs actions relèvent du domaine de l’absolu, car chaque action devient le prétexte d’un combat épique contre des ennemis inconnus, invisibles et imprévisibles (le cyclone, la tempête, le vent, la neige, etc.) :  « La lutte dans le cyclone, ça au moins, c’est réel, c’est franc » (p.25). Les actions des personnages sont donc déterminées par leur spontanéité et restent liées à un instinct de survie ; Car chaque geste peut mener au chaos. C’est pourquoi le combat de Rivière contre les flammes reste encore indélébile dans la mémoire du héros de Vol de nuit qui « Se rappelait seulement s’être débattu avec rage dans les flammes grises » (p. 37)  Sa profonde conviction est que l’action naît de rien et ne vise aucun but ; En effet, Rivière pense que « l’action ne se justifie pas ». Et dans Vol de nuit, elle est entretenue par l’instinct de survie des pilotes qui luttent perpétuellement contre le danger devenu permanent. Finalement, l’action semble s’inscrire dans une routine guerrière dont l’aboutissement est souvent périlleux. Ainsi elle devient une morale de l’existence qui fait jaillir les aviateurs hors d’eux-mêmes et les poussent à se surpasser face aux épreuves. La disparition de Fabien en est une parfaite illustration. Elle est alors un rempart sûr contre la mort, contre tous les dangers, car elle n’a pas de finalité précise ; elle n’est le produit ni la conséquence de rien. Elle est sans cesse convoitée par Rivière et ses compagnons qui éprouvent comme dans l’acte héroïque une sensation guerrière qui pousse à l’exploit. Mais quelle que soit la nature des actions accomplies par les personnages, elles demeurent liées à leur travail.   b. Le travail  Dans Vol de nuit, on retrouve une double conception du travail, même ambivalente, celle de l’épanouissement et de la contrainte. En effet le rigorisme de Rivière tient au fait que le travail parfaitement accompli procure du bonheur et permet à l’homme de s’épanouir ; il pousse à la perfection et favorise l’émulation. Or, Saint Exupery a toujours pensé que le travail permet à l’homme, non seulement de s’affirmer, mais surtout d’être heureux. Dans son esprit, c’est par le travail que l’homme s’accomplit, et surtout le travail actif et responsable, celui du devoir de réussite qui bannit l’échec et pousse les aviateurs de Vol de nuit, sous l’impulsion de Rivière, à se surpasser. Cette réflexion donne au travail un sens philosophique lié à l’idéalisme et à la vertu. Le sens du devoir devient pour les aviateurs une source de bonheur auquel Saint Exupery donne un sens particulier. En effet le bonheur devient, non pas la pleine jouissance de tous ses moyens et facultés, mais la capacité de l’homme à assumer une tâche dont la finalité est de servir uniquement. Ainsi la contrainte, considérée comme source d’aliénation dans le travail, est paradoxalement accepté par le héros de Vol de nuit comme celle qui libère et crée le bonheur des aviateurs ; Ce qui est considéré comme contrainte devient un devoir à accomplir, ni plus ni moins. Et quand le travail aliène, c’est tout l’espoir de vivre qui s’envole. Il se pose alors une question d’ordre existentiel : comment survivre face au danger et à la mort ? Et l’angoisse quotidienne et nocturne qui enchaîne les personnages de Vol de nuit dans l’exercice de leur travail n’est pas sans révéler leur drame existentiel qui frappe aussi leurs proches. La femme de Fabien vit chaque nuit la peur de perdre son homme dans le péril des airs ; le moindre retard dans l’accomplissement de sa tâche l’enchaîne dans une sorte de psychose frénétique. Le narrateur explique à propos d’elle :  _« _La nuit de chaque retour elle calculait la marche du courrier de Patagonie (…) puis se rendormait (...) » (p.125)  Le travail faisait ainsi perdre aux personnages de Vol de nuit le sens de la vie sociale et familiale, voire leur humanité. Le moment même de son exercice, la nuit, est une privation supplémentaire des plaisirs élémentaires de l’être. Et l’angoisse de la femme ne relève pas simplement du choc psychologique mais d’un besoin charnel inassouvi. On retrouve donc dans Vol de nuit cette vision antique du travail qui aliène, assujettit et éprouve l’homme. Vers la fin du roman l’idée de Fabien de faire taire sa radio est certes un acte banal mais qui frise la folie. Elle laisse le personnage dans une tourmente psychologique. Cela ressemble bien à un jeu d’enfant ; c’est que l’épreuve et l’angoisse au travail, le poids de la responsabilité d’un probable échec, installe, au-delà de Fabien, tous les personnages de Vol de nuit dans une angoisse telle qu’il en perde la raison : Fabien affirme :  « Je suis tout à fait fou de sourire; nous sommes perdus »  4. Etude des personnages principaux  Rivière : précurseur des vols de nuit, met au premier plan la réussite de son  entreprise. Il insuffle à ses pilotes les vertus du courage, de l’abnégation et exige  d’eux le maximum, voire l’impossible. Poussé par l’orgueil, le goût de l’action, il s’efforce d’instaurer les vols de nuit, avec l’aide des pilotes et du personnel d’assistance au sol malgré les intempéries, les femmes (bonheur individuel),et les saboteurs.  Fabien : il ramène de l ‘extrême sud vers Buenos Aires le courrier de  Patagonie. Sur le chemin du retour, il éprouve énormément de plaisir, ce qui montre  que malgré les risques et les, dangers, il est un homme qui exalte la noblesse d’un  métier.  Pellerin : un des pilotes, a finalement atterri au  prix d’énormes difficultés. C’est un homme qui incarne les vertus de  grandeur et de simplicité.  *LEROUX :* image du travailleur scrupuleux don le travail est la raison de vivre. p.29 - 30. Une  vie comble et comblée par le travail. Leroux est âgé et son option n’est pas de ces  résolutions de jeunesse parfois non suivies d’effet mais une solution raisonnée à un problème donné, celui d’une existence à combler.  ROBLET : Personnage épisodique qui n’est pas porteur de valeur comme Leroux mais qui sert  à illustrer la théorie de Rivière, à savoir qu’une entreprise d’aviation se met en danger  d’écroulement si la moindre erreur est tolérée. P.84-88.  Le cas de Roblet permet à Saint-Exupéry de poser concrètement le problème de  l’injustice et en corollaire celui de la pitié.  ROBINEAU : l’inspecteur. Etranger au monde de l’aviation p. 43-44. Il est privé de la foi des pionniers. Un tâcheron dans un domaine ou un supplément d’âme est nécessaire p. 45,46. Pas d’initiative; il délivra seulement des rapports sur les défaillances .Il lui est inutile de connaître les hommes mais seulement le règlement. Bref un rouage, un engrenage transmetteurs p. 159, 160,163  5.conclusion personnelle  En définitive, on peut retenir que Vol de nuit est une épopée de l’héroïsme et du courage où l’action et le travail, de par leur complémentarité, donnent un sens à la vie des personnages. En vérité si l’action est la preuve de l’existence de l’homme, le travail lui permet de survivre. Car le travail d’aviateur des années 1930 n’était périlleux que par la nature des actions irréelles et héroïques qu’il entraînait. Dans tous les cas, l’action et le travail ont fait poser à Saint Exupery le problème du conflit existentiel de la vie et de la mort que son courage et son sens du devoir n’ont pas transcendé puisque qu’il meurt comme Fabien en plein vol dans l’exercice de son travail en 1944.

 

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