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Zola, L'Assomoir - La Description De La Demeure

Publié le 23/10/2010

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Zola : L’Assommoir

 

 Emile Zola est né le 2 avril 1840 à Paris et mort, dans la même capitale, le 29 septembre 1902. C’était un écrivain, un journaliste et un homme politique français considéré comme le chez de file du naturalisme. Son œuvre principale est une vaste fresque de vingt volumes relatant l’histoire d’une famille sous le second empire l’époque du second empire.

 

I- Les deux protagonistes s’arrêtent devant la maison, Copeau présente fièrement la chose à son amie, Gervaise, qui examine la fameuse bâtisse dans ses moindres détails. Toute la description dont on nous fait part est apportée par l’intermédiaire du regard de Gervaise, tel une caméra en mouvement :

( Le point de vue interne à Gervaise nous permet de suivre son regard (« examinait la façade « ; « promenait son regard , l’abaissait «; « remontait «;  « à droite « ; « en haut «) mais également de connaître ses émotions et son point de vue – même si on n’en fait que très peu part – malgré la présence de la troisième personne (« Gervaise regardait surtout « ; « elle voulut l’attendre « ;  « elle ne put s’empêcher de « ;  « surprise « ; « intéressée par la maison « ; « attirée «) .

( Gervaise commence par nous livrer une description extérieure puis, après la réplique de Coupeau faisant office de pause dans la description, et de transition entre les deux endroits, elle nous décrit l’intérieur jusqu’à l’intervention de la concierge qui, en quelque sorte, nous renvoie à la réalité et met fin à la description. En effet, seul l’avis général de Gervaise est donné en guise de conclusion : « La maison ne lui semblait pas laide «. Même si celui-ci est en étroite contradiction avec la description apportée (une majorité de termes et de phrases péjoratifs avec une conclusion plutôt positive).

   Ce relevé méticuleux nous permet de nous imaginer la scène dans ses moindres détails.

 

II- On peut voir une très nette différence au niveau de la qualification des choses entre le carnet de notes et l’extrait. On distingue ainsi en majorité des termes objectifs dans le relevés et des formules subjectives dans l’extrait :

(Dans le carnet de notes, Zola a utilisé en quasi-totalité des termes objectifs si bien pour désigner la taille (« grande, petite, vaste «) que le nombre (« six, onze «) ou encore la couleur (« noire «), la forme (« ronde, uniforme, carrée «) ou d’autres choses (« riches, peinte, humide, … «). Ce choix vient certainement du fait que, en prenant note de façon objective, l’écrivain pourra reformuler à sa guise et donner le sens qu’il veut à ses propos. Il pourra ainsi se souvenir de l’apparence réelle du modèle et non celle qu’il cherche à lui donner en ne faisant que rapporter.

(A l’inverse, les propos de l’extrait sont loin d’être objectifs ; on retrouve par opposition :  « grand comme une caserne (« grand mais cela ne va pas plus loin … «) ; un air de ruine ; pan de muraille ; colossale ; carrée, pareille à un bloc de mortier gâché grossièrement ; mangées d’une lèpre jaune ; nues ; vert glauque ; géante ; emplâtrée ; … « qui sont des formulations qui tendent à donner un aspect déplorable et négatif à la bâtisse. C’est dans sa critique du monde sous le second empire qu’il intègre cela : Les gens apprécient (« Gervaise trouvait la maison assez jolie «) ce qui est, à ses yeux, ragoûtant (vocabulaire subjectif aux quatre coins du texte).

 

III- L’extrait est très riche en lexiques ; en effet, on distingue plusieurs champs lexicaux :

(Le lexique principal du passage est celui de la misère, il décrit le mieux la vie ouvrière sous le second empire avec le second champs lexical. Ainsi, on peut retrouver : «un air de ruine «, « une gargote «, «de chétives maisons «, « de la fonte rouillée «, « le jour blafard «, … mais aussi des verbes dépréciatifs comme «crevaient « et « creusant « ou d’autres adjectifs comme « lézardé « ou « nues «. On remarque également les répétitions des « sans « (sans boiserie, sans persienne, …) et la présence de l’adjectif « seul «.

(Le champs lexical de la saleté s’accorde avec le premier, il montre bien l’idée de négligence de l’endroit. On peut voir : «graisseuse «, « un ruisseau d’un eau couleur rose tendre «, « mangées par la lèpre «, «une couche d’enfant, emplâtrée d’ordures «, « noirs de poussière «, « boueuse «, « crottées «, …

(Le champs lexical de la grandeur et du nombre est également présent ; il montre que les seules qualités de la maison sont sa grandeur : Les nombres sont immanquablement associés aux choses (« cinq étages, quinze fenêtres, quatre boutiques, … «) et les seuls qualificatifs qui ne sont pas dépréciatifs sont liés à la taille (pour monter que seule la taille est correcte) : « grand comme une caserne «, « immense «, « colossale «, « profond «, « vaste «, …

 ( D’autres champs sont également présents mais sont moins importants comme celui de l’enfermement : On a le verbe « enfermer « au lieu de « entourer « ; la cour est un carré (espace géométrique clos dans lequel les protagonistes seront enfermés)

      On peut en déduire que la vie de Gervaise dans l’immeuble sera un ‘enfer’.

Par ailleurs, on peut trouver des signes prémonitoires dans le texte : Zola a inséré une seule touche méliorative au milieu de cette critique : « Une eau rose très tendre « (Qui, dans cette demeure symbolisant la pauvreté, incarnera les seuls moments de gaieté que Gervaise vivra).

Ou encore la phrase « la cour s'éclairait d'une clarté crue, comme coupée en deux par la ligne où le soleil s'arrêtait « peut signifier que l’existence promise dans cette demeure sera de vivre moyennement bien, provisoirement (côté éclairé) en échange d’un travail acharné parfois accompagné de déchéances, de problèmes financiers, de mauvaises années, …(côté sombre).

De plus, Gervaise sera comme enfermée dans cette propriété comme le montre le lexique de l’enfermement.

 

IV-  Dans l’analyse des extraits en Gras, on peut retrouver les mêmes techniques que précédemment : L’auteur a transformé sa phrase pour intégrer la notion de grandeur ‘immense’ et la notion de saleté ‘noirs de poussière’ afin de donner le caractère voulu à la phrase (« En bas, des ateliers tout autour « ( « les rez-de-chaussée étaient emménagés en immenses ateliers fermés par des vitrages noirs de poussière «) ; la deuxième phrase est transformée pour donner un dynamisme aux durs labeurs et pour transmettre le signe prémonitoire de la coulée de teinture colorée. Bien entendu, l’auteur a enluminé ses notes et les a orientées selon ses idées en transformant le vocabulaire, reformulant ses tournures et ajoutant des qualitatifs. De plus, dans ce passage on apprend qu’au moins trois métiers sont réunis dans cette bâtisse : teinturier, forgeron et serrurier.

 

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