La remise en cause de la croissance

DÉVELOPPEMENT

I. — LA POSITION DU PROBLÈME.

1⁰ Les faits. — a) L'objectif de croissance. — La croissance économique est le but recherché par tous les gouvernements et tous les plans. Le point de départ de toute planification est le choix d'un taux de croissance autour duquel vont s'articuler les objectifs prioritaires et les décisions à prendre. Nous donnerons dans la deuxième partie de ce développement les raisons qui ont amené les dirigeants de tous les pays à faire ce choix de croissance. Pour l'instant, nous nous contentons de constater ce choix. Ajoutons néanmoins que la croissance ainsi définie est une manifestation purement quantitative pratiquement mesurée par le volume de la production. C'est bien peut-être là le défaut majeur.

Précisons également que cet objectif de croissance est général dans le Monde, nous verrons qu'il se justifie parfois en fonction du niveau de développement du pays.

« Selon le rapport du Club de Rome, trois grandes menaces pèsent sur l'avenir de l'espèce humaine : la pollution, l'épuisement des ressources naturelles, la surpopulation.

La pollution : M. BARRE conseille de « se méfier de certaines extrapolations sommaires « compte tenu des études effectuées « il n'est pas inconcevable que, si à l'avenir, 5 ou 10 % de l'accroissement annuel du P.N.B. sont consacrés à la réduction du degré de pollution, l'on parvienne non seulement à arrêter le processus de dégradation du milieu mais sans doute aussi à obtenir en cette matière, des améliorations significatives «.

M. BARRE ne partage pas non plus l'angoisse des experts du M.I.T. concernant l'épuisement rapide des ressources naturelles. Outre le pétrole encore très abondant, le vice-président de la commission évoque « la mise au point de réacteurs rapides qui avec les matières premières actuellement connues permet­traient de satisfaire les mêmes besoins pendant un million d'années «.

« Le spectre de la surpopulation n'est pas nouveau « note ensuite R. BARRE. Le véritable problème est la répartition des hommes entre les régions du Monde.

Bref..., M. BARRE estime « que les rapports entre l'homme et son milieu peuvent être maîtrisés « à condition « que les rapports sociaux entre les hommes puissent l'être «.

Raymond BARRE critique sévèrement le rapport du Club de Rome.

Philippe LEMAITRE, le Monde, 15 juin 1972.