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Les plans d'austérité budgétaire pourront-ils assainir les finances publiques des Etats sans ternir la croissance économique ?

Publié le 05/08/2012

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Les politiques économiques menées en Europe ces deux dernières années ont eu tendance à négliger le bien-être des citoyens européens. La baisse des dépenses publiques en Grèce, l’augmentation des taxes au Portugal, les réformes du marché du travail en  Espagne; toutes ces mesures visent essentiellement la diminution des taux d’endettement des gouvernements européens. Il n’y a que très peu de considération pour les répercussions sociétales de ce genre de décision. Il semble pourtant essentiel qu’elles soient prises en compte lors des décisions politiques (Duval, 2010b). Nous avons pu observer quatre de ces conséquences. Tout d’abord, le taux de chômage des nations européennes a énormément augmenté depuis la mise en œuvre des plans de rigueur. Beaucoup de fonctionnaires et d’employés de l’économie privée on été licenciés au cours des années 2009 et 2010. En Espagne, le taux de chômage était supérieur à vingt pour cent au premier trimestre 2011, ceci, sans compter les nombreuses baisses de revenus. La Grèce, par exemple, a diminué les revenus de son secteur public de trente pour cent en 2010 (Lapavitsas, 2010). Ensuite, le domaine des assurances sociales est lui aussi touché, la diminution drastique des aides aux chômeurs et aux personnes dans le besoin cause inévitablement de multiples troubles au sein des communautés européennes. Il en va de même des réformes des retraites, causant notamment de grandes difficultés d’acceptation au sein de la population (Ibid.). De plus, l’économie privée est touchée par de nombreuses faillites, malgré des taux d’intérêts extrêmement bas appliqués par les banques centrales des pays européens suite à la crise économique et financière de 2008. En Grèce, les petites et moyennes entreprises sont nombreuses à avoir fermé et au delà des chocs psychologiques engendrés par ces échecs professionnels, leur impact sur la croissance économique et la productivité des travailleurs est indubitable (Watt, 2011). Les salariés sont ainsi nombreux à payer le prix des mesures d’austérité.

« IntroductionNous avons observé, à partir de l'année 2008, les pays membres de l'Union européenne subir de grandes difficultés économiques et financières.

La dette publique decertaines nations est devenue insoutenable suite à un déficit structurel important et aux conséquences de la récente crise économique mondiale qui a suivi la crisefinancière des subprimes initiée aux Etats-Unis.

Afin d'y remédier, plusieurs gouvernements européens ont décidé de mettre en place des mesures d'austérité ayantpour but de diminuer les déficits publics nationaux.Le but de ce travail est d'expliquer la cause et le potentiel de ces mesures mais aussi l'impact qu'elles pourraient avoir sur les économies européennes.

Pour ce faire,nous rappellerons brièvement la genèse de la dette publique européenne et son évolution au cours des dix dernières années.

Nous considérerons les effets de la criseéconomique et financière de l'année 2008 sur l'état des comptes budgétaires européens.

Puis nous exposerons la nature des plans de rigueur, et une illustration de cesderniers dans la politique économique grecque, espagnole et portugaise.

Finalement nous procéderons à une analyse des conséquences immédiates et futures del'instauration de ces mesures sur l'équilibre et la croissance économique.Il est essentiel de prendre en considération la sensibilité politique de cette thématique.

Les mesures d'austérité, leur intensité, et leur champ d'application sontrégulièrement remis en question.

Cette étude proposera une définition des deux principales approches économiques que sont le néoclassicisme et le keynésianisme.Notre analyse, quant-à-elle, se basera sur les prémisses de la seconde approche. 1.

La dette publique et les politiques budgétaires en Europe1.1 Notion de dette publique La dette publique correspond à l'ensemble des obligations financières que contracte un Etat envers ses créanciers (Downes, 2010).

Ces engagements sont publics, ilsne résultent donc pas de la parole d'une personne physique ou d'une entreprise mais de celle d'un Etat souverain.

Cela implique, contrairement à une dettepersonnelle, une continuité de la promesse.

Cette notion d'immortalité de l'Etat s'est développée à partir du XIXème siècle et la confiance générée par une tellegarantie constitue la pierre angulaire de l'institution de l'emprunt national (Grenier, 2006).1.2 L'utilité de la dette publique L'utilité de l'emprunt public se manifeste là où un Etat envisage d'investir à long terme.

Il peut augmenter ses liquidités par l'apport de capitaux étrangers et ainsijouir de moyens financiers lui permettant de mettre en place des projets générant une croissance économique plus importante.

Le financement d'un aéroport illustre cephénomène : bien que les dépenses y relatives soient considérables, l'impact sur le développement économique de la région se révèle souvent particulièrementfavorable à long terme (Baumgarten, 2007).

Dans ce contexte, le développement de l'emprunt public a eu pour corollaire l'essor de la politique économique, au sensd'une réflexion sur le développement des activités économiques d'un pays (Grenier, 2006).

En effet, l'emprunt de sommes considérables, garanties par la collectivité,requiert une justification de l'usage qui en est fait.

Le choix des services publics mis à disposition par les gouvernements scinde souvent l'opinion politique.

Les unsespèrent pouvoir renforcer l'Etat dans son rôle d'intervenant, les autres mettent en doute l'efficacité de ses dépenses.Malgré les avis divergents, les collectivités recourent sytématiquement à l'emprunt public à des fins de politique économique.

Aussi, les politiques budgétaireseuropéennes se sont considérablement développées au cours du siècle dernier, développant ainsi le concept d'Etat-providence.

Les dépenses publiques, initialementlimitées aux projets militaires, ont dès lors été affectées au service du bien-être de la population et au maintient de la croissance économique nationale.

Nous avonspu remarquer une grande variété de domaines d'application, telles que la production de services de transport, la communication, la sécurité, l'éducation ou encore lesassurances sociales (Ibid.).1.3 Le service de la dette La dette publique engendre toutefois des coûts.

Il s'agit du « service de la dette », constitué de l'amortissement du montant nominal et des intérêts qui courent sur cedernier.

Les taux d'intérêt que le débiteur doit servir dépendent principalement de la confiance des créanciers dans sa capacité de rembourser le prêt accordé.

Parconséquent, la réputation de la collectivité en tant que débiteur fiable est indispensable à ses finances.

Dès lors un Etat qui se trouve en défaut de paiement de sesdettes courantes perd de sa crédibilité sur les marchés financiers et se voit imposer des taux d'emprunt prohibitifs (Blanchard, 2007).

Il y a donc un risque pour lesgouvernements de devenir captifs d'une telle situation.

A cet égard, les pays européens ont misé sur la forte croissance économique de ces dix dernières années et lapersistance de l'inflation pour s'acquitter du service de la dette (Attali, 2010).

Dans ce contexte, les membres de l'Union européenne ont décidé d'intégrer dans lestraités internationaux un certains nombres de principes visant la stabilité économique et financière des pays européens.1.4 Le traité de Maastricht et le Pactes de stabilité européen Le rôle toujours plus important de la dette publique a été pris en considération lors de la ratification du traité de Maastricht en 1993.

En effet, ce traité fixe les critèresauxquels les pays candidats pour une adhésion à l'Union européenne sont soumis.

Il est question notamment de la nécessité de présenter un budget équilibré à longterme.

Par la suite, au mois de décembre 1996, le Conseil européen de Dublin a adopté un Pacte de stabilité et de croissance (PSC) en complément au traité deMaastricht.

Celui-ci impose aux pays y souscrivant l'obligation de présenter un solde budgétaire se rapprochant de l'équilibre.

Cela dit, en cas de mauvaiseconjoncture, un déficit de 3% est autorisé (Duval, 2010a).Il ressort ainsi de ce pacte que la politique économique prévalant au sein de la zone euro a la possibilité, sur la base d'une croissance économique continue, de tendreà l'élimination de sa dette publique à moyen terme.

Le but du PSC est de restreindre les déficits des Etats membres afin de limiter les hausses de taux d'intérêt oul'inflation induites par des dépenses étatiques excessives.

Cette règle est toutefois jugée trop contraignante par certains Etats membres de l'Union européenne, qui luireproche de faire obstacle au développement de politiques budgétaires expansionnistes (Parienty, 2010).Par ailleurs, un autre critère impose aux Etats membres de l'Union européenne le respect d'un ratio « dette publique / PIB » ne dépassant pas soixante pour cent.

LeConseil européen cherche ainsi à éviter un scénario où les dettes nationales deviendraient insoutenables pour les gouvernements et risqueraient de générer une crisebudgétaire qui s'étendrait à l'ensemble de la zone euro.

Ce pacte fut donc adopté dans l'espoir de préserver un comportement de prudence au sein de l'Unioneuropéenne et maintenir une certaine convergence des économies nationales (Blanchard, 2007).

Malheureusement, une grande différence entre les dynamiqueséconomiques européennes a été observée, ce qui a probablement été l'une des causes de l'endettement excessif d'une partie des pays européens (Duval, 2010a).

Dèslors, nous pouvons constater que ces critères n'ont pas permis d'inciter les membres de l'Union européenne à une meilleure gestion de leurs dépenses étatiques, aucontraire, certains pays ont dissimulé une partie de leurs charges afin de pouvoir adhérer à l'Union européenne.

Le cas de la Grèce constitue un exemple significatifdes risques inhérents à ces contraintes budgétaires rigoureuses (Kouretas, 2010). 1.5 L'évolution de la dette publique en Europe depuis 1990 L'adoption du traité de Maastricht et la mise en place du Pacte de stabilité européen avaient aussi pour but d'unifier les économies, qui, afin de pouvoir instaurer unemonnaie unique, nécessitaient une certaine convergence de leur dette publique et du taux d'inflation (Duval, 2010a).

Néanmoins, les dynamiques économiques despays membres de l'Union européenne ont continué à diverger.

L'instauration de la monnaie unique, la création de la zone monétaire et la mise en place d'une banquecentrale commune pour tous les pays de cette zone, a apporté un avantage comparatif à certains pays comme la Grèce et le Portugal.

Ils ont pu profiter de tauxd'intérêt plus bas qu'auparavant tout en ayant un taux d'inflation supérieur.

Ainsi leur dette semblait soutenable puisqu'elle était absorbée par cette forte inflation(Gibson, 2011).

Ce contexte a encouragé ces pays européens à élever leur niveau de dépenses publiques, sans pour autant générer de craintes de non remboursementà court terme.Finalement, comme nous pouvons le constater sur la figure n°1, la dette publique de la plupart des pays membre de l'Union européennes s'est creusée à partir de 1990. »

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