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« Ainsi que j'en exprimais l'espoir l'année dernière, notre Expédition touche à son terme.

Publié le 31/10/2013

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« Ainsi que j'en exprimais l'espoir l'année dernière, notre Expédition touche à son terme. Je m'entends avec l'Empereur Maximilien pour fixer l'époque du rappel de nos troupes afin que leur retour s'effectue sans compromettre les intérêts français que nous sommes allés défendre dans ce pays lointain [...]. « L'émotion produite aux États-Unis par la présence de notre Armée sur le sol américain s'apaisera devant la franchise de nos déclarations. « Le peuple américain comprendra que notre Expédition à laquelle nous l'avions convié, n'était pas opposée à ses intérêts. « Reste à savoir ce qu'on va faire de Maximilien. Lui-même songe un instant à abdiquer. Il y renonce, sur les injonctions de sa femme qui entreprend la tournée des capitales européennes pour chercher du secours. A Paris, le 13 juillet 1866, elle rencontre Louis Napoléon, inflexible, qui se prononce pour l'abdication. La pauvre femme en deviendra folle. Pour son malheur, elle survivra jusqu'en janvier 1927. Elle ne reverra jamais plus son mari. Le coup de tonnerre de Sadowa confirme et hâte la décision de Louis Napoléon d'évacuer le Mexique: c'est chose faite au printemps 1867. La décision était sage : « Le jour, explique Louis Napoléon, où l'étendue de nos sacrifices m'a paru dépasser les intérêts qui m'avaient appelé de l'autre côté de l'océan, j'ai spontanément décidé le rappel de notre Corps d'Armée. « Maximilien, par obstination, crânement, ou en désespoir de cause, a choisi, lui, de rester et de se battre jusqu'au bout. Replié sur Queretaro avec les rares troupes fidèles qui lui restent, il sera acculé à la reddition. On lui fera un procès. Il sera condamné à mort et fusillé. Louis Napoléon apprendra la nouvelle le jour même de la distribution des prix de l'Exposition universelle. Lui, d'habitude si maître de ses émotions, ne pourra dissimuler son trouble. Douleur à la perte d'un homme qui l'avait accompagné dans cette grande aventure. Rage impuissante devant un échec d'autant plus cuisant qu'il existait tant de chances de réussite. Vertige devant les faiblesses de son armée, déployées au grand jour. Appréhension du parti que vont tirer de ce revers tous les adversaires de l'Empire... *** Le Mexique ne fut pas le seul objectif lointain de Louis Napoléon. Il y en eut d'autres, dont la poursuite produisit d'heureux résultats. Ainsi n'est-ce que justice de rappeler que Louis Napoléon a jeté les bases de ce qui sera l'Empire colonial français et qu'il a fait mieux qu'ouvrir la voie à l'oeuvre de la IIIe République. Sa démarche, d'ailleurs, est placée sous le seul signe de la volonté et de l'audace, et l'aventure outre-mer qu'il propose à la France n'est pas, comme cela pourra être le cas plus tard, un dérivatif offert à des Français qu'on veut détourner de tentations revanchardes. Dans ce domaine, cependant, comme dans bien d'autres, on s'est évertué à minimiser le rôle personnel qui fut celui de Louis Napoléon et le mérite qui lui revient. A parcourir l'historiographie officielle, on serait tenté, en effet, de croire que l'expansion coloniale se fit, pratiquement, à son insu. Lavisse, sur ce point, s'est probablement surpassé. Il écrit, sans gêne apparente, que « l'initiative de quelques officiers fit, à peu de frais, du Sénégal et de la Cochinchine les amorces d'un Empire colonial français en Afrique et en Asie «. C'est faire peu de cas d'une politique qui n'a pourtant pas manqué de cohérence ; c'est passer sous silence tout ce qui se fit ou se prépara, de surcroît, dans le Pacifique, dans l'océan Indien, ou au Moyen-Orient. Pourquoi omettre de signaler que la plupart des mesures intelligentes et novatrices prises par Louis Napoléon dans le domaine militaire concernèrent notre capacité d'intervention outre-mer? La Légion étrangère, le corps d'infanterie de marine, les tirailleurs algériens, les chasseurs d'Afrique sont bien entraînés et particulièrement aptes aux coups de main. Par ailleurs, Louis Napoléon, soucieux de la modernisation de la marine, dont Chasseloup-Laubat lui avait démontré la nécessité, dégagea les crédits nécessaires pour la mise en chantier de gros cuirassés à hélices (quinze seront en service dès 1865) et de vapeurs-transports de troupes. Ces adaptations technologiques expliquent la redoutable efficacité des interventions françaises : la marine bombarde, l'infanterie débarque, et une fois le pays pacifié, on laisse quelques sous-officiers qui vont servir d'instructeurs à des soldats qu'on recrutera et qu'on formera sur place. Mais Lavisse et ses émules feignent aussi d'ignorer le caractère profondément original du nouveau mode de relations qui s'instaure entre la métropole et ses colonies. Depuis le XVIIIe siècle, les possessions françaises d'outre-mer étaient soumises au système du pacte colonial : elles n'exportaient que vers la métropole et n'importaient que de la métropole. Louis Napoléon a voulu rompre avec une formule aussi radicalement contraire tant à ses convictions libre-échangistes qu'à ce qu'il considère comme l'intérêt bien compris de l'ensemble français. Pour lui, à l'échelle de la planète, le bien commun, à commencer par celui de la France, exige que chacun puisse commercer avec le monde entier. ès 1861, on commença à reconnaître à nos colonies la liberté d'importation et d'exportation. Dès lors, toute la politique coloniale changeait de signification et d'objet. Les colonies n'étaient plus une chasse gardée; leurs ressources naturelles pouvaient avoir d'autres utilisateurs que la métropole. Dans ce contexte nouveau, elles devenaient autant de points d'appui pour la contribution de la France à l'expansion du commerce mondial, onçue comme facteur de paix et de rapprochement entre les nations. Adrien Dansette s'est demandé si l'engagement personnel de Louis Napoléon dans l'aventure coloniale n'avait pas d'autres motivations que l'intérêt économique. Dans la négative, n'aurait-il pu se contenter de prendre pied pacifiquement dans les territoires concernés? Il est bien possible en effet que l'empereur ait été sensible à la perspective de voir « le drapeau français ictorieux en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique «. Mais les faits démontrent que, fidèle à son habitude, il n'eut recours à la guerre que comme à un expédient. Au demeurant, les reproches u'on lui adresse ne sont pas toujours cohérents : ne l'a-t-on pas accusé -- à tort -- d'avoir failli réduire à néant es efforts de ses amiraux en Cochinchine, en envisageant de se contenter d'un simple protectorat au lieu d'une rise de possession en bonne et due forme? ette approche nouvelle des problèmes coloniaux, nul exemple ne l'illustre mieux que la politique conduite en lgérie, qu'inspire un maître mot : le développement. Ce sont des relations originales que l'empereur cherche à rganiser avec ce territoire, sur d'autres bases que celles de dominant à dominé. Comprenant que l'Algérie vait une personnalité propre, il conçut l'idée d'en faire une entité distincte, qui serait reliée à la France par les ristocraties indigènes. ans des lettres restées fameuses -- véritables programmes d'action -- qu'il adressa successivement à élissier et à Mac-Mahon et qu'il rendit publiques, il développa des conceptions qui annoncent l'« Algérie lgérienne «. Et d'abord en 1863: « [...] L'Algérie n'est pas une colonie proprement dite, mais un royaume rabe. Les indigènes ont comme les colons un droit égal à ma protection et je suis aussi bien l'Empereur des rabes que l'Empereur des Français. « n 1865, il précisa sa pensée: « Ce pays est à la fois un royaume arabe, une colonie européenne et un camp rançais [...]. Cette nation guerrière, intelligente, mérite notre sollicitude. [...] Lorsque notre manière de régir un peuple vaincu sera, pour les quinze millions d'Arabes répandus dans les autres pays de l'Afrique et de l'Asie, un objet d'envie [...] ce jour-là la gloire de la France retentira depuis Tunis jusqu'à l'Euphrate et assurera à notre pays cette prépondérance qui ne peut exciter la jalousie de personne [...]. En résumé, je voudrais utiliser la bravoure des Arabes plutôt que de pressurer leur pauvreté. « C'est dire que, pour Louis Napoléon, les Arabes étaient les égaux des Français ; ils devaient pouvoir occuper les plus hauts emplois, tout en demeurant régis par la loi coranique. Le rêve d'associer les deux populations sur un pied d'égalité ne le quitta jamais. Il se rendit lui-même à deux reprises en Algérie et, chaque fois, multiplia les gestes pour confirmer sa façon de voir. En 1860, Eugénie accepta de répondre à l'invitation qui lui avait été adressée d'assister à un mariage musulman; l'initiative fit grand bruit. Lors du deuxième séjour, en 1865, Louis Napoléon reçut les notables arabes à sa table, invitation qui, à quelque temps de distance, s'ajoutait à la participation de plusieurs chefs algériens aux chasses de Compiègne et à d'autres festivités. Cette façon de voir et de faire ne lui valut pas que des applaudissements dans la communauté française d'Algérie, qui lui reprocha d'être par trop favorable aux Arabes... et de ne rien comprendre à ses problèmes. Il est vrai que les sujets de contentieux ne manquaient pas: Louis Napoléon avait libéré Abd el-Kader ; il avait arbitré en faveur des autochtones certains conflits entre des colons et des tribus qui n'acceptaient pas la limitation de leurs terrains de parcours. En fait, partisan du développement économique, il n'entendait pas qu'on fasse de celui-ci le moyen ou l'alibi d'une exploitation systématique des indigènes par les Européens. out à fait sceptique quant à la capacité d'un régime civil à gérer les choses de façon équilibrée, Louis apoléon se résolut -- sauf pour une brève interruption -- à placer l'Algérie sous direction militaire, au grand dam des Français de là-bas. En tout cas, ceux-ci - qui étaient plus de deux cent mille en 1870 -- exprimèrent ans ménagement une hostilité permanente à l'Empire, et furent parmi les premiers à se réjouir bruyamment de a chute. Dès que fut connue la défaite de Sedan, on mit à bas avec beaucoup d'entrain les statues de cet empereur qui se voulait, aussi, et peut-être d'abord, celui des Arabes. Attitude sans doute explicable, mais profondément injuste. Car, au-delà d'analyses et de choix politiques qui lui font honneur, Louis Napoléon fit beaucoup, fit énormément pour l'Algérie, espérant probablement dépasser les antagonismes par le remède miracle du développement économique. Mais, avant cela, il eut un premier mérite : celui de compléter la conquête de l'Algérie et d'y créer les conditions de la paix. Comme l'écrit Alain Decaux, « on oublie trop que Louis-Philippe avait laissé une Algérie insurgée, dangereuse, que l'Empire pacifia «. De fait, de longues et difficiles opérations furent nécessaires pour achever enfin, en 1857, la conquête de la Kabylie et pour développer l'occupation française vers le Sud, prélude à la conquête ultérieure du Sahara... Au total, ce sont des territoires plus vastes que ceux conquis sous LouisPhilippe qui passèrent sous le contrôle de la France. Puis, un peu moins de cent ans avant le plan de Constantine, Louis Napoléon lança un vaste programme de travaux publics, qui devait jeter les fondements d'un développement rapide. Le voyage de 1865 fut particulièrement important. Louis Napoléon y tint des propos on ne peut plus clairs; s'adressant aux musulmans, il leur expliqua qu'il entendait les faire « participer à l'administration du pays comme aux bienfaits de la civilisation «. Sereau raconte ainsi le voyage : « Il tint à voir de près les écoles, les travaux des ports d'Alger et d'Oran. Il pressentit l'importance future de la rade de Mers-el-Kébir. Il se renseigna sur les sondages effectués et fit exécuter une étude qui fixa à vingt-cinq millions, répartis sur cinq années, la dépense nécessaire pour en faire un port militaire complet et imprenable. « Tout compte fait, en ce domaine comme en d'autres, les résultats ne furent pas, au moins dans l'immédiat, à la hauteur de l'effort consenti. Il est vrai que les éléments s'étaient déchaînés : le choléra, les sauterelles, la sécheresse, la famine sévirent tour à tour... En Tunisie, toute proche, la route fut ouverte qui devait mener la IIIe République à la signature du traité du Bardo. C'est sous Louis Napoléon, en effet, que sont jetées les bases de ce qui sera le protectorat: tandis que les officiers français instruisent l'armée tunisienne, que des experts assistent le gouvernement local pour la gestion de ses finances, on obtient du bey la concession d'un réseau télégraphique dont les commerçants français seront les principaux utilisateurs. L'oeuvre de Louis Napoléon, si notable au Maghreb, n'est pas moins considérable en Afrique occidentale... Le mérite personnel de Faidherbe n'est pas contestable. Mais qui lui donna les moyens d'en faire la démonstration, sinon l'empereur, qui, après l'avoir nommé au poste de gouverneur du Sénégal en 1854, prit le parti de le maintenir en place dix années durant, alors que, pendant les quarante années précédentes, le poste n'avait pas eu moins de trente et un titulaires? Attitude d'autant plus méritoire que les idées politiques de Faidherbe, hostile à l'Empire, étaient connues de tous. Le résultat, sur le terrain, fut à la mesure d'une attitude aussi sage. En 1851, la France n'avait encore pris pied qu'à Saint-Louis, sur l'îlot de Gorée et dans trois petites stations de l'intérieur. En l'espace de quelques années, le Sénégal est soumis. Saint-Louis bénéficie d'importants travaux urbains, un lycée y est ouvert, le port de Dakar est creusé. Très vite, des routes s'ouvrent, des postes s'implantent. Parallèlement, on diffuse les techniques agricoles en encourageant tout particulièrement la culture de l'arachide, avec pour résultat le triplement de l'activité commerciale de Gorée et de Saint-Louis. L'action conduite, porteuse d'avenir, engage le processus de la double pénétration de l'Ouest vers l'Est, par le Sénégal, et du Sud vers le Nord, par la Guinée. Simultanément, sont développés les comptoirs sur la Côte d'Ivoire, un protectorat est établi sur Porto Novo, tandis que de premiers jalons sont posés du côté du Dahomey. Cependant, aucune entreprise ne fut plus conforme aux pensées profondes de Louis Napoléon, aucune ne rassembla autant de motivations chères à son coeur que le percement de l'isthme de Suez. Suez, pour lui, est une chance supplémentaire offerte au développement du commerce mondial, c'est une possibilité de restaurer notre influence sur le pays clé qu'est l'Égypte, c'est le moyen de contrôler une nouvelle route maritime de la plus grande importance et c'est l'occasion pour la France de donner au monde un témoignage de sa grandeur retrouvée. A côté de Ferdinand de Lesseps, le rôle personnel de Louis Napoléon ne peut être minimisé. Il est d'autant plus évident et plus actif que Lesseps est cousin de l'impératrice. L'intéressé lui-même ne laissera planer aucun doute sur ce point: s'il a finalement réussi, c'est grâce au concours actif et à l'intelligence politique de l'empereur. Et l'influence de celui-ci trouve en quelque sorte sa démonstration dans l'échec ultérieur du projet de Panama. Il a vraiment fallu déployer des trésors de diplomatie pour pouvoir lancer et conclure l'opération. Après Méhémet-Ali, la France ne pesait plus guère en Égypte ; elle va y retrouver graduellement sa place sous les règnes de Saïd puis d'Ismaïl Pacha. Il a fallu apaiser, désintéresser, neutraliser l'Angleterre qui multipliait les embûches: comment celle-ci aurait-elle pu ne pas s'inquiéter à la perspective du contrôle par les Français de la nouvelle route des Indes? Quel formidable défi technique et humain à relever! Défis quotidiens, treize années durant. On a commencé,

« l'ensemble français.Pourlui,àl'échelle delaplanète, lebien commun, àcommencer parcelui delaFrance, exige quechacun puissecommercer aveclemonde entier. Dès 1861, oncommença àreconnaître ànos colonies laliberté d'importation etd'exportation.

Dèslors, toute la politique coloniale changeait designification etd'objet.

Lescolonies n'étaient plusunechasse gardée; leurs ressources naturellespouvaient avoird'autres utilisateurs quelamétropole.

Danscecontexte nouveau, elles devenaient autantdepoints d'appui pourlacontribution delaFrance àl'expansion ducommerce mondial, conçue comme facteurdepaix etde rapprochement entrelesnations. Adrien Dansette s'estdemandé sil'engagement personneldeLouis Napoléon dansl'aventure colonialen'avait pas d'autres motivations quel'intérêt économique.

Danslanégative, n'aurait-ilpusecontenter deprendre pied pacifiquement danslesterritoires concernés? Il est bien possible eneffet quel'empereur aitété sensible àla perspective devoir «le drapeau français victorieux enEurope, enAsie, enAfrique, enAmérique ».Mais lesfaits démontrent que, fidèle àson habitude, iln'eut recours àla guerre quecomme àun expédient.

Audemeurant, lesreproches qu'on luiadresse nesont pastoujours cohérents :ne l'a-t-on pasaccusé —àtort —d'avoir failliréduire ànéant les efforts deses amiraux enCochinchine, enenvisageant desecontenter d'unsimple protectorat aulieu d'une prise depossession enbonne etdue forme? Cette approche nouvelledesproblèmes coloniaux,nulexemple nel'illustre mieuxquelapolitique conduite en Algérie, qu'inspire unmaître mot:le développement.

Cesont desrelations originales quel'empereur chercheà organiser avecceterritoire, surd'autres basesquecelles dedominant àdominé.

Comprenant quel'Algérie avait unepersonnalité propre,ilconçut l'idéed'enfaire uneentité distincte, quiserait reliée àla France parles aristocraties indigènes. Dans deslettres restées fameuses —véritables programmes d'action—qu'il adressa successivement à Pélissier etàMac-Mahon etqu'il rendit publiques, ildéveloppa desconceptions quiannoncent l'«Algérie algérienne ».Et d'abord en1863: «[...] L'Algérie n'estpasune colonie proprement dite,mais unroyaume arabe.

Lesindigènes ontcomme lescolons undroit égalàma protection etjesuis aussi bienl'Empereur des Arabes quel'Empereur desFrançais.

» En 1865, ilprécisa sapensée: «Ce pays estàla fois unroyaume arabe,unecolonie européenne etun camp français [...].Cette nation guerrière, intelligente, méritenotresollicitude.

[...]Lorsque notremanière derégir un peuple vaincusera,pourlesquinze millions d'Arabes répandus danslesautres paysdel'Afrique etde l'Asie, un objet d'envie [...]cejour-là lagloire delaFrance retentira depuisTunisjusqu'à l'Euphrate etassurera ànotre pays cette prépondérance quinepeut exciter lajalousie depersonne [...].Enrésumé, jevoudrais utiliserla bravoure desArabes plutôtquedepressurer leurpauvreté.

» C'est direque, pour Louis Napoléon, lesArabes étaientleségaux desFrançais ;ils devaient pouvoiroccuper les plus hauts emplois, toutendemeurant régisparlaloi coranique.

Lerêve d'associer lesdeux populations sur un pied d'égalité nelequitta jamais.

Ilse rendit lui-même àdeux reprises enAlgérie et,chaque fois,multiplia les gestes pourconfirmer safaçon devoir.

En1860, Eugénie acceptaderépondre àl'invitation quiluiavait été adressée d'assister àun mariage musulman; l'initiativefitgrand bruit.

Lorsdudeuxième séjour,en1865, LouisNapoléon reçutlesnotables arabesàsa table, invitation qui,à quelque tempsdedistance, s'ajoutaitàla participation deplusieurs chefsalgériens auxchasses deCompiègne et àd'autres festivités. Cette façon devoir etde faire neluivalut pasque desapplaudissements danslacommunauté française d'Algérie, quiluireprocha d'êtrepartrop favorable auxArabes...

etde nerien comprendre àses problèmes.

Il est vrai que lessujets decontentieux nemanquaient pas:Louis Napoléon avaitlibéré Abdel-Kader ;il avait arbitré enfaveur desautochtones certainsconflitsentredescolons etdes tribus quin'acceptaient pasla limitation deleurs terrains deparcours.

Enfait, partisan dudéveloppement économique,iln'entendait pasqu'on fasse decelui-ci lemoyen oul'alibi d'une exploitation systématique desindigènes parlesEuropéens. Tout àfait sceptique quantàla capacité d'unrégime civilàgérer leschoses defaçon équilibrée, Louis Napoléon serésolut —sauf pour unebrève interruption —àplacer l'Algérie sousdirection militaire,augrand dam desFrançais delà-bas.

Entout cas, ceux-ci -qui étaient plusdedeux centmille en1870 —exprimèrent sans ménagement unehostilité permanente àl'Empire, etfurent parmilespremiers àse réjouir bruyamment de sa chute.

Dèsquefutconnue ladéfaite deSedan, onmit àbas avec beaucoup d'entrainlesstatues decet empereur quisevoulait, aussi,etpeut-être d'abord,celuidesArabes. Attitude sansdoute explicable, maisprofondément injuste.Car,au-delà d'analyses etde choix politiques quilui font honneur, LouisNapoléon fitbeaucoup, fiténormément pourl'Algérie, espérant probablement dépasserles antagonismes parleremède miracledudéveloppement économique. Mais, avant cela,ileut unpremier mérite:celui decompléter laconquête del'Algérie etd'y créer lesconditions. »

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