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annulation rétroactive

Publié le 03/04/2015

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annulation rétroactive (angl. Undoing [what has been done]; allem. Ungeschehenmachen). Méca­nisme de défense, caractéristique de la névrose obsessionnelle, par lequel le sujet tente de faire comme si un acte ou une pensée n'avait pas eu lieu.

On sait combien la névrose obses­sionnelle excelle à multiplier les bar‑

rières,        les     protections           contre l'expression d'un désir perçu comme inacceptable. Dans la mesure où l'idée sacrilège l'assiège en permanence, dans la mesure où l'objet répugnant ne peut jamais qu'être éloigné du sujet, non réellement renvoyé dans un lieu psychique Autre par une opération de refoulement, l'obsessionnel ne peut que reprendre indéfiniment l'alter­nance de l'injonction et de l'interdic­tion, de l'ordre et du contrordre. Le symptôme défini comme «annulation rétroactive « s'inscrit dans cette dimen­sion. Il se présente en deux temps, de manière que «le deuxième acte sup­prime le premier, en sorte que tout se passe comme si rien n'était arrivé, alors qu'en réalité les deux actes sont arri­vés«. L'« homme aux rats «, par exemple, heurte un jour du pied une pierre dans la rue. Il se trouve alors contraint d'enlever la pierre de la route, ayant songé que la voiture de sa « dame « passerait dans quelques heures à cet endroit et pourrait avoir un accident à cause de cette pierre. Mais quelque temps après il se dit que c'est

absurde et doit dès lors retourner remettre la pierre au milieu de la route.

On voit, à partir de cet exemple, qu'il n'est pas possible de simplifier la ques­tion de l'annulation rétroactive en considérant que le premier acte corres­pond toujours à une impulsion, le second à une interdiction. Ici, c'est la pulsion hostile, agressive, qui trouve à s'exprimer dans le deuxième acte. Elle y est cependant dissimulée sous la forme d'un simple rétablissement de l'état antérieur, certes en lui-même absurde, mais qui, dans une certaine logique, peut à la fois avoir lieu (l'homme aux rats place la pierre sur la route) tout en n'ayant pas lieu (il n'est pas effectué dans le dessein de provo­quer un accident).

L'annulation rétroactive est généra­lement conçue comme une défense du moi, surtout depuis l'ouvrage d'Anna Freud le Moi et les mécanismes de défense (1937), qui systématise cette notion de défense du moi. Il faut cependant noter que, si la défense protège le moi contre la représentation inacceptable (obs­cène, agressive, etc.), elle permet néan­moins au désir de subsister à l'abri de ce mécanisme complexe qu'elle réa­lise.

 

Freud souligne, à propos de l'annula­tion rétroactive, la dimension de « magie « caractéristique de la névrose obsessionnelle. Il s'agit d'« effacer en soufflant dessus« non pas seulement les suites d'un événement, mais l'évé­nement lui-même.

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