Antoine

Antoine (Marcus Antonius, v. 82-30 av. J.-C.). Petit-fils de Marcus Antonius, il servit sous les ordres d’Aulus Gabinius en Orient, puis sous César en Gaule. En 49, il était tribun lorsqu’il soutint César contre le camp républicain (sénatorial) ; il le rejoignit avant le passage du Rubicon et il fut ensuite commandant lors de campagnes en Italie et en Épire. Après la victoire de César à Pharsale en 48, Antoine resta en Italie comme second de César durant la période d’anarchie pendant son absence. Il était le collègue de César au consulat lorsque ce dernier fut assassiné en 44; par son éloquence, il s’attira la faveur du peuple, si bien qu’il était dans une position favorable pour prendre la tête des césariens, tout en restant conciliant avec le Sénat. Mais son hégémonie fut menacée par l’héritier de César, Octave, qui se rangea du côté du Sénat contre Antoine. La guerre civile éclata entre césariens et républicains. C’est à cette époque que Cicéron (5) prononça ses discours contre Antoine, connus sous le titre de Philippiques, et qu’il contribua pour beaucoup à soulever les républicains contre Antoine, Celui-ci fut battu par le républicain Decimus Brutus à la bataille de Mutina (Mo-dène) en 43. À cette époque, Octave s’était rangé dans le camp du Sénat mais, après Mutina, il régla son différend avec Antoine ; Octave, Antoine et Lépide furent désignés comme triumvirs pour cinq ans. Des proscriptions suivirent, où Cicéron et son frère furent sacrifiés au désir de vengeance d’Antoine. En 42, ce dernier, partageant le commandement avec Octave, battit les républicains Marcus Brutus et Cassius à Philippes.

Les deux hommes se partagèrent ensuite le monde romain : l’Orient revenait à Antoine, et l’Occident à Octave. Mais les hostilités éclatèrent bientôt entre les deux chefs, réglées provisoirement par le traité de Brindes (Brindisi) en 40, et par le mariage d’Antoine avec Octavie, sœur d’Octave (la première femme d’Antoine, Fulvie, était morte en 40). Ce mariage interrompit la liaison d’Antoine avec Cléopâtre, reine d’Égypte, liaison entamée en 41 lorsqu’ils s’étaient rencontrés à Tarse, en Cilicie. Leur association reprit en 37. Tous les deux y gagnaient : Antoine aurait à sa disposition les ressources de l’Égypte pour atteindre son objectif, la maîtrise totale de l’Orient; Cléopâtre se verrait confirmée dans son règne sur l’Égypte, qui n’était pas assuré. En 37, le triumvirat fut renouvelé pour cinq ans. Mais la campagne d’Antoine contre les Parthes en 36 ne fut pas couronnée de succès, et l’élimination de Lépide du triumvirat ne fit qu’exacerber la rivalité entre Antoine et Octave. Après avoir soumis l’Arménie en 34, Antoine revint à Alexandrie, capitale de l’Égypte, où il vécut en monarque oriental. Il transforma de grandes régions des provinces orientales en royaumes pour Cléopâtre, Césarion et les trois fils que lui avait donnés la reine. Le dernier jour de l’année 33, l’accord entre Antoine et Octave arriva à son terme, et l’année suivante Antoine divorça d’Octavie. S’étant aliéné les Romains, il donna l’occasion à Octave de déclarer la guerre à Cléopâtre. L’issue en fut décidée par la victoire d’Octave à la bataille navale d’Actium en 31, où les soixante navires de Cléopâtre prirent la fuite, suivis d’Antoine. En 30, Octave envahit l’Égypte. Alexandrie capitula et Antoine se donna la mort. La pièce de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre, inspirée de la Vie d’Antoine de Plutarque, donne peut-être une image déformée et romantique des événements.