Apologie de Socrate

Apologie de Socrate (Apologia Sokra-tous, « défense de Socrate »).

1. Discours, rapporté par Platon, que Socrate prononça devant le tribunal d’Athènes en réponse aux accusations d’impiété portées contre lui. On ignore dans quelle mesure il reflète les paroles réellement prononcées par Socrate.

Socrate distingue entre les accusations antérieures, vagues (à savoir qu’il était un philosophe de la nature et qu’il faisait prévaloir la mauvaise cause) et l’accusation précise d’impiété portée par Mélétos. À propos de la première, il explique qu’il n’est ni un sophiste ni un philosophe de la nature ; sa seule science consiste à savoir qu’il ne sait rien. À l’instigation d’un oracle, il a constamment essayé de trouver un homme plus savant que lui, mais n’a trouvé personne. Il a rendu visite à ceux qui passent pour détenir le savoir, et découvrant qu’il n’en était rien, il a essayé de les convaincre du sien. C’est ce qui a soulevé leur hostilité et donné lieu à ces accusations. Socrate se tourne ensuite vers Mélétos, et il l’interroge sur son accusation. Il s’adresse ensuite aux juges et déclare ne pas abandonner ses idées : il persistera dans les pratiques qu’on lui reproche, car il doit continuer, par obéissance à la voix divine, de prêcher la nécessité de la vertu. Si les Athéniens le tuent, ils se feront du mal à eux-mêmes, car il est le taon que les dieux ont envoyé à Athènes pour la stimuler.

Socrate est condamné et on propose la peine de mort. Le discours prend un caractère plus élevé. Pourquoi proposerait-il une autre peine? En tant que bienfaiteur d’Athènes, on devrait le récompenser. L’emprisonnement, l’exil, une amende, seraient certainement des maux, mais, quant à la mort, il ignore si c’est un mal ou un bien. Néanmoins, il propose une amende de trente mines, que ses amis verseront puisque lui-même n’a pas d’argent. Il est condamné à mort, et ses dernières paroles sont une prophétie: beaucoup viendront ensuite condamner ses juges. Il rassure ses amis sur son sort, car la mort est soit un sommeil sans rêves, soit un voyage vers un endroit où règne la justice véritable, et où il pourra s’entretenir avec Hésiode, Homère et les héros. Rien de mauvais ne peut arriver à un homme bon ; s’il doit mourir, ce doit être mieux pour lui. Il pardonne à ses accusateurs et à ses juges.

2. Récit de Xénophon sur la défense de Socrate dans le même procès: À l’époque, Xénophon participait à l’expédition de Cyrus et il s’appuie sur l’autorité d’Hermogé-nès, un ami de Socrate mentionné par Platon dans le Phédon comme présent au moment de l’exécution. Ce récit est destiné à montrer spécialement que Socrate désirait mourir, non pour les raisons spirituelles données par Platon, mais afin d’échapper aux infirmités de la vieillesse. Son plaidoyer est rapporté avec moins de détails que chez Platon.