BELGITUDE ET LITTERATURE
Publié le 17/02/2019
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BELGITUDE. Ce terme est souvent utilisé pour désigner un courant intellectuel et littéraire apparu en Belgique avec la génération des années 1970-1980. Rassemblé par Pierre Mertens en 1976, un dossier spécial des Nouvelles littéraires, intitulé Une autre Belgique, constitue le point de départ explicite de ce regain d'intérêt des écrivains belges pour leur pays, attitude que l'on retrouve réaffirmée et explicitée en 1980 dans un numéro spécial de la Revue de l'Université libre de Bruxelles (la Belgique malgré tout), où soixante-dix écrivains ont répondu sur ce thème à l'invitation de Jacques Sojcher. Caractérisé par la volonté de « ne plus vivre par Paris interposé », d'affirmer une sorte de retour au pays qui marquerait aussi bien les œuvres elles-mêmes que le climat culturel dans lequel elles s'inscrivent, ce courant se veut également en réaction contre le provincialisme étriqué qu'il considère avoir trop souvent dominé l'institution littéraire en Belgique au cours des dernières décennies. Il revendique le droit à une « bâtardise » culturelle, due à la situation marginale qu'occupe le pays par rapport à la France et qui permet une plus grande porosité à d'autres cultures. Curieusement et significative ment, cette volonté d'affirmer ce type de spécificité apparaît au moment où se décomposent les structures traditionnelles de la Belgique et où son existence risque même d'être remise en question. Il ne s'agit pourtant pas d'une nostalgie de l'ancien État unitaire. Mais il s'agit encore moins d'une adhésion, comme on en trouverait par exemple l'équivalent dans la littérature québécoise d'aujourd'hui, à un élan communautaire des francophones belges dans le cadre d'un régionalisme de plus en plus affirmé. On constate au contraire chez ces écrivains le refus de tout repli sur une identité linguistique ou politique qui menacerait la possibilité de distance critique et le droit à l'altérité. Beaucoup ont d'ailleurs le sentiment d'appartenir à un pays « d'entre-deux », un pays « en creux », voire presque devenu « imaginaire », « le pays de l'impossible identité » (Marc Quaghebeur). Il faut remarquer l'analogie entre une telle attitude et une pratique littéraire, qui est celle de beaucoup d'écrivains belges de cette génération, où ce qui se cherche dans l'écriture est plus ce qui met en question le sujet et creuse ses contradictions personnelles et sociales que ce qui tend à constituer fantasmatiquement son unité d'individu ou de membre pleinement solidaire d'une communauté.
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