chanson française.
Publié le 18/05/2013
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4 LA NAISSANCE DE LA CHANSON FRANÇAISE : LA CHANSON « RIVE GAUCHE » (ANNÉES 1950)
4. 1 La chanson française se crée une image
Cette lente évolution conduit à la naissance d’un type de chanson très particulier, connu dans le monde entier sous le nom de « chanson française » et qui n’en constitue pourtant qu’un des aspects.
En Allemagne comme au Japon, en Russie comme
en Argentine, le mot « chanson » , prononcé de différentes façons, a les mêmes connotations : la chanson française est assimilée à quelques artistes, comme Édith Piaf, Georges Brassens, Jacques Brel, et à un style, celui de la chanson poétique, ou de
la chanson « à texte ».
Elle est également associée à un lieu, la rive gauche de la Seine, à Paris.
Cette image stéréotypée, qui correspond toutefois à une réalité historique indéniable, joue encore aujourd’hui un rôle non négligeable dans la chanson
française, investie presque malgré elle d’une exigence de qualité.
Si la chanson « gauche » trouve son origine dans l’immédiat après-guerre, des artistes tels que Charles Trenet, Mireille ou Jean Nohain ont, dès les années 1930, bouleversé les habitudes en introduisant en France les rythmes syncopés et les
harmonies du jazz, et en jouant avec les sonorités et les syllabes de la langue : le surréalisme et la musique américaine sont passés par là.
4. 2 Les cabarets du Quartier latin
À la fin des années 1940, les cabarets fleurissent à Paris, dans le Quartier latin : Le Cheval d’or, L’Écluse, Le Port du Salut, Chez Georges, La Colombe (dans l’île de la Cité), La Méthode, La Contrescarpe, ont en commun une superficie limitée, qui rend
impossible la présence d’un orchestre et permet à peine la présence d’un piano.
On tasse le public et il ne reste alors pour l’artiste qu’un espace réduit, un tabouret ou une chaise et un projecteur, soit le strict nécessaire pour un spectacle.
Ces conditions techniques président à la naissance d’un nouveau genre : le spectacle donné par un chanteur (ou une chanteuse) s’accompagnant à la guitare, seul instrument qui puisse s’accommoder de cet espace, le seul aussi que l’on puisse
transporter aisément d’un cabaret à l’autre, d’une prestation à l’autre.
Des dizaines d’artistes, de Georges Brassens à Alain Souchon, en passant par Jacques Brel ou Pierre Perret, ont débuté ainsi ; les rares exceptions, comme Léo Ferré ou Barbara,
qui s’accompagnent au piano, disposent d’un nombre beaucoup plus limité de lieux où se produire.
L’obligation pour les chanteurs de s’accompagner à la guitare ne fait pas nécessairement d’eux de bons instrumentistes.
Bien souvent guitaristes débutants, ces artistes ne connaissent que quelques harmonies ( do, fa, sol septième pour le majeur, la
mineur, ré mineur, mi pour le mineur) sur lesquelles ils écrivent leurs mélodies.
Il existe ainsi un grand nombre de chansons de cette époque écrites sur une suite de quatre accords que les musiciens de jazz ont baptisé « anatole » ( do, la mineur, ré
mineur, sol septième) : « la Cane de Jeanne » de Georges Brassens, « Il faut savoir » de Charles Aznavour, « le Déserteur » de Boris Vian, « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel, « Actualités » de Golmann et Vidalie, etc.
4. 3 Où la chanson rencontre la poésie
4.3. 1 De prestigieuses collaborations
Ces cabarets ont aussi en commun un public, composé d’étudiants et d’intellectuels pour qui la chanson n’est pas un simple divertissement, mais une forme d’expression chargée de sens.
On cherche donc à compenser cette relative pauvreté
mélodique et harmonique par une recherche textuelle.
La chanson française s’oriente vers la poésie : on met en musique Verlaine (Georges Brassens et Léo Ferré) et Aragon (Léo Ferré encore, Jean Ferrat), Jacques Prévert et Joseph Kosma
collaborent pour créer « les Feuilles mortes », tandis que Jean-Paul Sartre écrit un texte pour Juliette Gréco, « la Rue des Blancs-Manteaux ».
4.3. 2 Une chanson engagée
La chanson poétique ou chanson « rive gauche » est née, avec a ses symboles et ses mythes : l’existentialisme avec Juliette Gréco, la « muse de Saint-Germain-des-Prés », l’anarchisme avec Georges Brassens et son « Gorille ».
Jacques Prévert,
Raymond Queneau (« Si tu t’imagines ») et Jean-Paul Sartre lui donnent ses lettres de noblesse.
Elle provoque aussi des scandales, notamment « le Déserteur », chanson dans laquelle Boris Vian exprime son antimilitarisme en pleine guerre d’Algérie.
Poétique à ses débuts, la chanson française est devenue « engagée », véhiculant des messages, prenant parti dans la vie de la cité et la politique.
Jean Ferrat, Léo Ferré et surtout Colette Magny sont les fers de lance de cette tendance.
4.3. 3 Une scène, un instrument
C’est autour de la guitare, dans cette atmosphère confinée, dans la fumée des cigarettes, qu’est née une certaine chanson française, celle que l’on admire en France et que l’on entoure de mythes à l’étranger.
Plus tard, ces artistes doivent d’abord
enregistrer un disque, atteindre la notoriété, quitter le cabaret pour les scènes du music-hall, pour avoir enfin leur orchestre.
Seul Georges Brassens (« les Copains d’abord ») transporte les moyens réduits du cabaret sur les scènes de Bobino ou de
L’Olympia, conservant sa guitare en y ajoutant simplement une contrebasse.
Les autres — Jacques Brel, Jean Ferrat ou Pierre Perret —, même accompagnés par une dizaine de musiciens, gardent toujours dans leur écriture le souvenir de cette
naissance, d’un lieu de spectacle et d’un instrument.
4. 4 La chanson devient un art
Jusqu’à Charles Trenet, il y a dans la chanson deux métiers distincts : celui d’interprète (comme Damia, Édith Piaf ou Félix Mayol) et celui d’auteur (comme Vincent Scotto ou Jean Lenoir).
Les choses changent avec la chanson « rive gauche », car
tous ces artistes ont en commun le fait que, le plus souvent, ils écrivent eux-mêmes les chansons qu’ils chantent, et l’on invente même pour eux un sigle, ACI (pour « auteur-compositeur-interprète »).
Les rares exceptions (Juliette Gréco ou
Catherine Sauvage) compensent cette absence d’écriture originale par la qualité « littéraire » de leurs auteurs.
Si les ACI sont au début majoritairement des hommes (Charles Trenet, Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Aznavour, etc.), dès la fin
des années 1950, Barbara, Anne Sylvestre et Colette Magny mettent un terme à ce privilège masculin.
Cette période, qui a fait le succès international d’une certaine chanson française, louée pour sa qualité, a donc vu apparaître non seulement un style nouveau, mais aussi une fonction nouvelle : le chanteur n’est plus un amuseur, mais un créateur.
La.
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