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Décès du psychanaliste Daniel Lagache

Publié le 19/11/2011

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Daniel Lagache est mort le 3 décembre 1972, âgé de soixante-dix ans. Il était né le 3 décembre 1903 à Paris. Professeur à Strasbourg puis à la Sorbonne, il avait en particulier dirigé l'Institut de psychologie de l'université de Paris et le laboratoire de psychologie sociale de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Paris. Daniel Lagache avait pris, en 1947, la direction de la Bibliothèque de psychanalyse et il avait présidé, entre 1964 et 1966 l'Association psychanalytique de France.

« ter, sans avoir besoin de l'opium des illusions et des simplifications :..

« Peut-on se laisser enfermer dans le di­ lemme capitalisme-socialisme ? A long terme, c'est la civilisation industrielle qui est en cause; plus profondément, la place et la part de l'activité économique dans la vie collective.

Il devient clair en tout cas que si les types d'organisations sociales existants ne sont pas vigoureusement et profondément modifiés et réorientés, ils aboutiront à des impasses et sécréteront des nouvelles inégalités aussi insup­ portables que les anciennes.

» « Enfin, ne faut-il pas attacher une grande attention aux révolutions culturelles que font naître les progrès technologiques et l'évolution des sociétés ? Ces transformations culturelles mettent en question l'exercice du pouvoir et les dynamismes fondamentaux de la vie sociale, car un grand désir porteur d'avenir se fait jour dans les minorités les plus actives; le désir d'une société permettant à chacun de choisir son style d'existence, le droit d'assu­ mer et d'exprimer sa « différence » et l'aspira­ tion à contribuer à la gestion des groupes sociaux.

» « Dans cette perspective, le choix politique prend une immense ampleur; comment ima­ giner de nouvelles formes de vie sociale ? Quel type de société veulent les hommes et les femmes pour la fin du vingtième siècle et pour le futur : des sociétés à haute consommation de bonheurs illusoires ou des sociétés de jus­ tice et de plénitude humaine ? » Le document adopté à Lourdes par les évêques français conclut : « La politique aujourd'hui se situe au niveau des fins ultimes ».

Cependant, les synodes catholiques suisses, réunis à Fribourg, discutaient pour leur part de la doctrine traditionnelle de l'Eglise dans le domaine de la morale et de la sexualité.

On y a vite reconnu l'écho de débats qui font aujourd'hui les beaux jours de la presse et de la télévision en France, sans parler des orateurs politiques.

De dialogues souvent heur­ tés ou violents, on a pu retenir surtout un certain nombre de propositions relatives à des problèmes qui constituent de graves sujets d'achoppement à l'intérieur de l'Eglise catholi­ que.

Comment, par exemple, doit-on traiter les divorcés remariés ? A une très forte majorité, les synodes de Fribourg ont adopté la propo­ sition suivante : « Jndépendemment d'une re­ connaissance de leur second mariage par le droit ecclésiastique, il est vivement souhaitable que les divorcés remariés qui veulent en toute sincérité vivre chrétiennement puisse avoir accès à l'Eucharistie.

Ce souhait devrait faire l'objet sans tarder d'une étude théologique approfon­ die puis d'une option précise de l'assemblée synodale interdiocésaine.

» Sur les problèmes de l'avortement et de la contraception, la po­ sition des synodes suisses n'est pas moins pré­ cise : « L'enfant à naître a droit à la vie, mais une femme qui a recours à l'avortement dans un moment de désespoir ne doit pas être mé- prisée ni rendue seule responsable.

Il est con­ tradictoire de prévoir des peines et de les appliquer alors que toute prévention efficace est négligée.

Certaines conditions de vie sont un « avortement » d'un autre ordre.

Beaucoup doutent de l'Eglise quand elle exige, d'une part, avec raison, la protection absolue de l'enfant et ne permet pas, d'autre part, l'utilisation de méthodes vraiment efficaces de planification familiale.

» La biologie et son éthique Inquiétants ont été les propos échangés, au début de septembre, à Paris, par d'éminents biologistes du monde entier, au cours de la « table ronde :.

organisée par l'Unesco sur un thème d'apparence anodin : Les récents pro­ grès de la biologie et de la médecine et leur portée sociale et éthique, mais qui relevait de la science-fiction.

Le temps est venu en effet, ou presque (il s'en faut d'une génération ou de deux) où l'on pourra fabriquer des hybrides humains, des bébés-éprouvettes, où il suffira de faire varier une formule pour obtenir à volonté des enfants mâles ou femelles, portés vers les sciences ou vers les arts.

Bref, la planification génétique ! Un professeur anglais, prix Nobel, Francis Crick, rappelait même qu'on pourrait en mêlant seulement à l'eau du robinet un produit supprimant la fécondation sexuelle, organiser scientifiquement la procréation hu­ maine.

Le mythe de la science toute puissante a envahi notre univers comme notre subcons­ cient et l' « élevage » humain est déjà entré dans notre conception de l'avenir.

Les surhom­ mes, les géants, les héros du folklore et de la légende reprennent vie.

Le professeur Klein, de l'Institut de génétique médicale de Genève, a dit à ce propos : « Admettons un instant que ces êtres nés par cloning constituent une éventualité proche et que l'on puisse créer un environnement adéquat pour ces « familles » formées de répliques d'individus donnés.

Ce procédé sera-t-il un jour approuvé par un gou­ vernement? Ici également, on peut toujours imaginer qu'un Etat totalitaire désire régner sur un peuple aussi stéréotypé, composé d'in­ dividus ayant la même constitution, le même tempérament et le même caractère.

Et en sup­ posant qu'un tel cloning soit autorisé par un Etat démocratique, quel genre de contrôle exer­ cerait-on et, selon l'éternelle question platoni­ que, qui contrôlerait les contrôleurs ? ».

Le pro­ blème reste entier dans sa gravité.

Nous avons et nous aurons de plus en plus les moyens de manipuler le comportement humain et d'in­ fluer sur la génétique.

Il serait grave de céder à la tentation des expériences.

Tous les parti­ cipants au colloque de Paris ont été d'accord pour dire que, pour des raisons purement scien­ tifiques, et même en dehors de toutes considé­ rations humanistes, il fallait refuser de se livrer à toute tentative d'intervention sur l'es­ pèce humaine.

En ce domaine, la curiosité doit rester dans des limites très précises.. »

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