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DESCHAMPS (Émile Deschamps de Saint-Amand, dit Émile)

Publié le 10/03/2019

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DESCHAMPS (Émile Deschamps de Saint-Amand, dit Émile), poète français (Bourges 1791 - Versailles 1871). Son père tenait salon à Paris, rue Saint-Florentin, et la « naissante hérésie » romantique y forma l'un de ses premiers cénacles. C'est là que le jeune Émile rencontra Henri de Latouche avec lequel il écrivit deux comédies, Selmours et le Tour défaveur (1818), qui connurent un honnête succès ; c'est là qu'il fit connaissance de Hugo en compagnie duquel il fonda la Muse française (1823) et de Vigny qui collabora à sa traduction de Roméo et Juliette (1827). Activités tournées vers la diffusion des idées de la nouvelle école et l'ouverture aux autres littératures et que devait prolonger les Études françaises et étrangères (1828)

et leur importante « Préface » : dès lors Deschamps fut salué comme l'un des maîtres à penser de ces romantiques qui se réunissaient dans son salon de la rue de la Ville-l'Évêque où Hugo avait lu sa « Préface » de Cromwell (1827). Mais, refusant de s'engager sur le terrain politique et de faire de l'art une arme de combat, il vit son rôle décliner ; en apparence du moins, car le culte de la forme développé dans la « Préface » des Études devait attirer à lui les poètes du « regain de 1830 » comme les parnassiens ou même Mallarmé, et la cécité qui le frappa dans sa retraite versaillaise ne l'empêcha pas de continuer à jouer le rôle de « maître » auprès des jeunes écrivains pour lesquels il demeurait « la lueur douce de la farouche aurore romantique » (Catulle Mendès). Plus que tout autre, Émile Deschamps a contribué à élargir l'horizon littéraire des Français : non point théoriquement, à la manière de Mme de Staël, mais en pratiquant traductions et adaptations, tant de l'anglais (Shakespeare, dont il fit jouer Macbeth en 1848) que de l'allemand (Goethe, Schiller, Uhland et même les Lieder de Schubert), de l'espagnol (le Romancero} ou même du russe. « En vérité, jusqu'à ce qu'il se présente un génie inventeur, les traducteurs doivent avoir la parole » (« Préface » des Études, II) : propos humble, à l'opposé du sonore fracas des formules hugoliennes ; attitude mesurée qui traduit plutôt le désir de régénérer le classicisme (ne juge-t-il pas que l'épithète « romantique » est « surannée » ?) que de bouleverser la littérature ; situation qui explique la prépondérance accordée à l'écriture (« La forme n'est rien, mais rien n'est sans la forme », lettre à Armand Silvestre) et fait de Deschamps moins un poète original (le recueil de ses Poésies de 1841 comporte surtout des traductions et quelques poèmes dans des genres secondaires : ballades, rondeaux, élégies) que le maillon indispensable de l'histoire de la poésie française dont parle Banville : celui qui unit, par-delà les écoles et les tendances, les amoureux de la forme.

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