DON JUAN

personnage de théâtre qui apparaît d'abord dans la littérature espagnole, puis italienne et française. Les sources du Dom Juan de Molière sont connues : la pièce espagnole de Tirso de Molina (Le Trompeur de Séville et L'Invité de pierre, 1630), qui met en scène pour la première fois le personnage ; le théâtre italien qui s'empare ensuite du thème de Don Juan (Cicognini, Convivato di pietra, avant 1650) ; deux auteurs français, Dorimond et Villiers, qui, avant Molière, écriront chacun une pièce sur ce thème (Le Festin de pierre ou le Fils criminel, 1658 et 1659). Il est possible que Molière n'ait pas lu l'œuvre de Tirso de Molina, mais il connaît Cicognini, dont il conserve le comique, et Dorimond et Villiers, dont il retient les éléments tragiques.    La force de Molière est d'avoir fait de Don Juan un personnage complexe, pris entre la grandeur de son défi, le fait d'aller jusqu'au bout de son destin, et la corruption morale, l'éloge de l'hypocrisie. Dans un XVIIe siècle chrétien de tradition et de foi, Don Juan prouve l'existence d'un courant libertin matérialiste. Ce libertin ne manque pas de grandeur, lorsqu'il contredit l'organisation sociale et morale d'une société intransigeante. Stendhal écrira : C'est à la société chrétienne que j'attribue la possibilité du rôle sata-nique de Don Juan. Aujourd'hui, Don Juan représente le mythe moderne de l'amour.