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Duccio

Publié le 22/02/2012

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Duccio est le premier grand peintre de l'École siennoise, qui pendant un temps égale en importance l'École florentine. À l'instar de son contemporain Giotto, il se libère de l'art froid et distant qui domine jusqu'alors. Ses oeuvres religieuses sont empreintes d'une humanité et d'une délicatesse toutes nouvelles. Le chef-d'oeuvre de Duccio, la Maestà, est l'une des peintures les plus célèbres de l'art italien. Créée pour la cathédrale de Sienne, c'est l'une des oeuvres les plus somptueuses que l'on ait jamais réalisée à l'époque. Elle n'a peut-être jamais été égalée par la beauté de son art et la richesse de ses effets.

« Un petit tableau représentant la Vierge de Majesté accompagnée de trois franciscains agenouillés, qui se trouve à la Pinacothèque de Sienne, est attribué à Duccio; le fond est couvert de fines arabesques d'or, comme un travail d'orfèvrerie, et déjà, apparaissent des traces d'influence go­ thique.

L'œuvre la plus ancienne de Duccio est la petite Vierge de la collection Stoclet à Bruxelles, fine comme une miniature, toute pleine d'une grâce exquise, presque sans réminiscences byzan­ tines; de la même époque date le délicat triptyque de la National Gallery qui représente, au centre, le buste de la Vierge avec l'Enfant, et sur les panneaux latéraux, saint Dominique et une sainte; celle­ ci est déjà traitée un peu à la manière gothique.

Au Buckingham Palace à Londres, se trouve un triptyque composé de la Crucifixion, de l'Annonciation et de Saint Franfois recevant les stigmates, qui fut certainement peint par Duccio, peut-être avec la collaboration de ses aides; la Pinaco­ thèque èe Pérouse possède une Vierge avec des anges; une autre Vierge avec six anges est au Musée de Berne; enfin Saint Jean prêchant figure au Musée de Budapest.

L'influence de Duccio fut grande, mais d'une courte durée; l'art gothique, qui s'affirmait avec Simone Martini et les Lorenzetti, achemina la peinture siennoise dans une autre direction et l'enseignement de Buoninsegna fut oublié.

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Comment se forma la personnalité artistique si pure de Duccio di Buoninsegna? A Sienne, il trouva une forte tradition byzantine qui s'exprime, par exemple, dans la célèbre Vierge de Guido au Palais communal.

Ce tableau, qui porte la date de 1221, présente déjà des caractères personnels et une finesse qui prélude à celle qui sera plus tard propre à Duccio, mais le byzanti­ nisme du maître est d'un aspect tout particulier.

Duccio n'est pas le descendant des barbares peintres grecs d'icones qui répétaient inlassablement les mêmes modèles.

Au contraire, il se rat­ tache à cette élégante renaissance de Constantinople qui se manifeste, à partir du XIe siècle.

dans les grandes pages enluminées des psautiers, des évangéliaires, des bibles, produits exquis d'une école impériale dont nous avons des exemples avec les manuscrits précieux et célèbres qui sont à la Bibliothèque nationale de Paris et au Vatican.

L'art grec antique dans toute sa pureté revit dans ces miniatures où il brille d'un dernier éclat.

Par quelles voies le maître siennois a-t-il pu connaître cette production aulique? Nous l'igno­ rons.

Mais bien qu'il ait connu l'art raffiné de la Byzance impériale, il n'en fut pas un imitateur auxquelles il sut infuser une vie nouvelle : aux créatures qui semblaient revenir des siècles lointains, du monde hellénique mort, il communique la grâce charmante de la mystique chré­ tienne.

Et après leur avoir donné cette douceur d'expression, il les réchauffe de sa couleur splen­ dide, les adapte savamment à une fonction décorative.

Combien l'art de Duccio est différent de celui de Giotto, plus corporel, plus réel, plus proche de l'homme! Les épisodes de la vie du Christ, représentés dans les panneaux de la Maestà de Duccio, apparaissent des contes irréels, comme les pages ravissantes d'un récit qui nous est étranger; Giotto, à Padoue, introduit les personnages sacrés dans notre monde terrestre, il les fait vivre et souffrir et languir de notre sang, de nos passions, de nos larmes.

Giotto crée un monde nouveau, commence la Renaissance, est l'interprète de l'humanité dantesque.

Duccio nous ouvre une échappée sur le paradis médiéval de Dante, il clôt une longue tradition, offre aux fidèles la douceur mélancolique de ses Vierges au regard perdu dans l'infini.

ANTONIO MUNOZ Prqfesseur à la Faculté d'architecture de l'Université Rome. »

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