Fouquet (Disgrâce de)

France. 1661

Depuis 1653, Nicolas Fouquet exerçait les fonctions de surintendant général des Finances. Habile et apparenté aux milieux de la grande finance, il remplit ses fonctions de fournisseur d’argent frais à la Couronne avec beaucoup d’efficacité. Sa fortune ne s’en trouva pas mal, ce qui, en ce temps, ne choquait personne. Il fit construire une admirable demeure à Vaux-le-Vicomte, la remplit de livres, de tableaux, de tapisseries et d’objets de collection. Il y tint table ouverte, et protégea généreusement Corneille, Scar- ron, La Fontaine et bien d’autres.

Lorsque Louis XIV, à la mort de Mazarin, prit lui-même la tête du gouvernement (1661), Fouquet se justifia du désordre des finances en l’attribuant aux ordres du défunt cardinal. Mais Colbert, « donné « au roi par Mazarin, et qui n’était guère plus honnête que Fouquet, voulait sa place. Il s’employa à miner le crédit du surintendant dans l’esprit du roi. Une fête que donna Fouquet à Louis XIV, à Vaux-le- Vicomte, suscita la jalousie du jeune souverain. Le 5 septembre 1661, à Nantes, où le roi s’était rendu pour présider les états de Bretagne, Fouquet fut arrêté par le capitaine des mousquetaires, d’Artagnan.

Fouquet comparut devant une chambre de justice, de mars 1662 à décembre 1664. On l'y accusa de malversations, et d’avoir médité une révolte contre le roi en faisant fortifier Belle-Isle, qu’il avait achetée en 1658. La chambre le condamna au bannissement ; le roi transforma la peine en prison perpétuelle, et le fit enfermer dans la citadelle de Pignerol, où il mourut en 1680.