GORSEDD
Publié le 18/01/2019
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GORSEDD, collège des bardes de Bretagne. Les bardes, chez les anciens Celtes, appartenaient à la classe sacerdotale et étaient des poètes officiels. Après la disparition du druidisme, on en vit continuer à remplir leurs fonctions à la cour des princes, en Bretagne jusqu'au XIe siècle et au pays de Galles jusqu'au xvie. Quand l'institution bardique tomba en désuétude, des lettrés n'en continuèrent pas moins à composer des poèmes selon les règles très complexes de l'antique versification, celte ; au xviiie s., des Gallois cultivés entreprirent de faire revivre l'organisation du bardisme. On ressuscita les concours de poésie (eisted-dfod), abandonnés depuis près de deux siècles. Puis, en 1792, l'archéologue Iolo Morgannwg créa le gorsedd (assise) des druides, bardes et ovates, soumis à un cérémonial « reconstitué ». Lors des cérémonies, les membres de la confrérie portent des robes blanches (druides), bleues (bardes) ou vertes (ovates). En 1837, une délégation bretonne fut invitée à l'eisteddfod d'Abergavenny : elle comprenait notamment le collecteur de chants La Villemarqué, qui devait publier l'année suivante son Barzaz Breiz, et elle était accompagnée par le poète français Lamartine. La Villemarqué créa en 1855 une ébauche de gorsedd, la Breuriez barzed Breiz (Confrérie des bardes de Bretagne), mais elle n'eut qu'une existence éphémère. En 1899, les principaux écrivains bretons furent invités à l'eisteddfod de Cardiff et il en résulta, l'année suivante, la fondation du gorsedd de Bretagne, sous la présidence du grand druide Le Fustec ; il fut reconnu par le gorsedd gallois. Le gorsedd du pays de Galles, celui de Cornwall et celui de Bretagne sont encore fédérés sous l'autorité de l'archi-druide gallois.
Pendant toute la première partie du xxe siècle, le gorsedd de Bretagne fut la pépinière d'où sortirent presque tous les écrivains de langue bretonne. Sorte d'académie littéraire, il a compté en son sein les plus grands linguistes celtisants (Émile Emault, Fransez Vallée). Plusieurs de ses membres se sont distingués dans les lettres françaises, notamment Anatole Le Braz. Charles Le Goffic avait également reçu au pays de Galles l'investiture bardique. Après une assez longue période où il était tombé dans un folklorisme désuet, le gorsedd a retrouvé sa vocation de centre de réflexion sur la tradition celtique, d'organisme de défense de la culture bretonne et de lieu de rencontre des écrivains et des artistes.