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GREEN (Julien)

Publié le 18/01/2019

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GREEN (Julien), écrivain américain d'expression française (Paris 1900). Sa mécanique romanesque, très classique, et son écriture volontairement conventionnelle rendent le réel volontiers sulfureux : l'angoisse surgit du quotidien, la cruauté de l'inoffensif et la grâce, parfois, des ténèbres. Mont-Cinère (1926) mettait déjà le feu aux poudres : la haine et la folie y menaient la danse, tout comme dans Adrienne Mesurât (1927). Les mêmes obsessions, les mêmes soubresauts, aux confins de la psychologie et de la métaphysique, du mysticisme et de la débauche, se retrouvent dans Léviathan (1929) et, plus faiblement, dans Épaves (1934). Ce regard d'ombre, qui mêle démence et désir, pèse sur les

 

nouvelles d'Histoires de vertige (écrites de 1921 à 1932, mais publiées seulement en 1984). La mort est la réalité vraie du Visionnaire (1934), tandis que Minuit (1936) accentue encore le glissement du « réalisme » vers l'invisible, le symbole et le fantastique. Le péché envahit tout. Varouna (1940) et Si j'étais vous (1947) font belle encore la part du mystère et de la souillure, comme Moïra (1950), qui reprend le thème du combat de la chair et de la foi : c'est celle-ci qui gagne, dans une victoire à la Pyrrhus. La dimension pascalienne, pessimiste, de l'œuvre se retrouve dans le Malfaiteur (1956), Chaque homme dans sa nuit (1960), l'Autre (1971), Un mauvais lieu (1977) : chacun de ces romans est celui d'un être jeté hors du chemin commun et contraint à une tragique découverte de soi-même. Cette aventure, ce brûlant décapage, cette sensation de l'absurde à travers le tragique sont aussi les constantes du théâtre de Julien Green, de Sud (1953) à l'Ombre (1956) et à l'Automate (1985).

 

Green a publié plusieurs livres sur sa jeunesse, marquée par une éducation répressive et puritaine (Partir avant le jour, 1963 ; Mille Chemins ouverts, 1964 ; Terre lointaine, 1966 ; Jeunesse, 1974), tandis que son Journal, des Années faciles (1976) à La terre est si belle (1982) et à la Lumière du monde (1983), se présente comme une suite à ces confessions. Son œuvre, à plusieurs voix (le Langage et son double, 1985), est en somme l'histoire d'une âme étonnée d'être aussi un corps.

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