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Guillaume ix d'Aquitaine

Publié le 18/01/2019

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Guillaume ix d'Aquitaine, troubadour occitan (1071 -1127). Neuvième duc d'Aquitaine, septième comte de Poitiers, il était l'héritier d'un immense domaine, qui le faisait plus puissant que le roi de France. Personnage au caractère accusé, c'est le premier troubadour connu. Son œuvre conservée comprend deux types de pièces : cinq chansons où le cynisme et la gauloiserie relèvent autant de l'exercice de style que de la vantardise masculine ; cinq chansons qui mettent en place, dans une tonalité mélancolique, le « service d'amour » tel qu'il sera repris durant tout le XIIe s. C'est, à son propos que la critique a cherché les sources du trobar occitan tantôt dans les thèses arabisantes (zéjel andalou), tantôt dans les thèses latinisantes (tradition cléricale) : elles ne sont pas contradictoires mais complémentaires, et ne doivent pas faire oublier que Guillaume IX est un véritable créateur.

« Guillaume IX descendait d'une famille toujours très attachée à l'Église ; ses ancêtres avaient fondé des abbayes et fait des donations sans nombre.

Guillaume V le Grand passait régulièrement le carême à Rome, ou faisait le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Mais il faut aussi rappeler le goût du plaisir et du faste qui régnait à la cour des comtes de Poitiers et dans les châteaux de leurs vassaux.

Les chroniqueurs ne tarissent pas sur ce sujet.

Ajoutons enfin que les femmes, épouses légitimes et maîtresses, y jouèrent toujours un grand rôle et y exercèrent une influence profonde. Le premier troubadour hérita de ses ancêtres le goût de la femme, du plaisir et du faste, mais il s'était complètement émancipé de l'Église, qu'il narguait partout où il avait occasion de le faire.

Il se trouvait constamment en querelle avec les évêques de Poitiers, de Limoges, d'Angoulême.

La croisière qu'il entreprit en 1101, et qui fut d'ailleurs un désastre complet, n'était nullement dictée par sa piété, mais par son esprit d'aventure.

Nous connaissons une seule donation pieuse de Guillaume IX.

Il la fit dans un moment de dépression lorsqu'il gisait blessé à Saint-Jean-d'Angély. Or c'est sur le territoire de ce cynique dévergondé que surgit un mouvement religieux d'un ascétisme prononcé, qui entraîne avec lui toute une partie de l'aristocratie angevine et poitevine.

Ce mouvement aboutit à la création de l'ordre de Fontevrault, fondé par Robert d'Arbrissel qui, pour la première fois dans l'ère chrétienne, place la femme au-dessus de l'homme : à la tête des nombreuses communautés religieuses et des quelques couvents de moines, Robert n'a pas placé un abbé, mais une abbesse.

C'est elle que les moines doivent servir, comme saint Jean, à la prière du Christ, servit la Vierge.

Cette abbesse, notons-le bien, n'est pas une vierge, mais une jeune veuve, qui incarne en même temps la pureté et la femme accomplie. N'est-ce pas là déjà la dame des troubadours qui, on le sait, adressaient toujours leurs hommages à une femme mariée et non à une jeune fille ? En effet, le parallélisme est frappant.

La poésie de Guillaume IX n'est pas inspirée par Fontevrault, dont l'ascétisme exaspérait le comte.

Guillaume IX avait des raisons pour réagir contre le nouveau mouvement : sa première femme, Ermengarde d'Anjou, dont il était divorcé, se réfugia à Fontevrault ; puis ce fut le tour de la fameuse Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou, qui auparavant s'était fait enlever par Philippe Ier, roi de France, au grand scandale de l'Église et du pays ; puis celui de la s œ ur de Bertrade, Isabelle de Conches-Toesny, une des plus belles et des plus brillantes dames de l'aristocratie normande.

Enfin, vers la fin de 1115, la seconde femme de Guillaume IX, Philippa de Toulouse, profondément attristée par la vie licencieuse de son mari, et surtout par sa liaison avec la vicomtesse de Châtellerault, prit le voile à Fontevrault, accompagnée de sa fille Audéarde.

Robert d'Arbrissel avait été son conseiller déjà en 1113, peut-être dès 1098.

Guillaume avait commencé par couvrir l'ordre de Fontevrault de ses sarcasmes.

Robert d'Arbrissel avait converti des courtisanes en les cherchant au fond d'une maison mal famée de Rouen.

Guillaume IX, pour le railler, se vante de fonder à Niort un couvent de religieuses, dans lequel ne peuvent entrer que les grandes amoureuses, dont la plus experte sera nommée abbesse.

Il n'adhère pas au nouveau mysticisme de Fontevrault.

Il se révolte ; toute sa forte et violente personnalité se cabre.

Son amour, nous fait-il entendre, n'est pas seulement de la concupiscence, il est l'élément vital même.

Mais, sans s'en apercevoir peut-être, il est influencé par son. »

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