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La Rochefoucauld (François, duc de)

Publié le 22/01/2019

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La Rochefoucauld (François, duc de), écrivain français (Paris 1613-id. 1680). Après avoir fait ses premières armes en Italie, il s'installe à la Cour (1630) et se mêle à ses intrigues, mais montrant vite qu'il attache plus de prix aux chimères du romanesque qu'aux ambitions de la politique. Il complote

 

avec la duchesse de Chevreuse, ce qui lui vaut un séjour à la Bastille et un exil de deux ans sur sa terre de Verteuil. En 1646, il rejoint la Fronde, pour l'amour de la duchesse de Longueville, et s'impose comme le plus fidèle lieutenant du prince de Condé. Grièvement blessé au combat de la porte Saint-Antoine (1652), il obtiendra son pardon mais, perdu dans l'esprit du roi et des ministres, il se consacrera à la vie mondaine, fréquentant assidûment le salon de Mme de Sablé et, à partir de 1665, celui de Mme de Lafayette dont l'amitié l'accompagnera toujours et qu'il aidera de ses conseils lors de la rédaction de Zayde (1669) et de la Princesse de Clèves (1678). Ses Mémoires, relatant les brigues pour le gouvernement à la mort de Louis XIII, parurent en 1662, année où sont publiées, sans son aveu, à La Haye, ses Réflexions ou Sentences et Maximes morales, qu'il rééditera à Paris dès l'année suivante, puis en 1666, 1671, 1675 et 1678. L'idéal réactionnaire des princes frondeurs une fois vaincu, La Rochefoucauld convertit son aristocratisme en une visée plus universelle, et au fond plus religieuse. À l'âpreté de la lutte pour le maintien des clivages traditionnels (autour de notions chevaleresques et d'un roi primus inter pares} succède l'âpreté du regard porté sur le monde. L'image bien connue du « mouchoir sec » succède aux vraies larmes de la Fronde. Au jeu collectif du combat pour le pouvoir se substitue le jeu collectif de la maxime. Cette dernière, art mathématique de la réduction, est aussi une entreprise de séduction, donc de pouvoir. Elle possède sa part d'intrigue : elle est comme une intrigue dénouée et expliquée. La Rochefoucauld pénètre les êtres par leurs défaillances et leurs ruptures. Le vice suprême est dans le pourquoi des actions humaines : ce n'est pas ce qu'on fait qui compte, c'est pourquoi on le fait. La seule explication se trouvant dans l'égoïsme qui seul concilie, au bout du compte, des passions souvent contradictoires, l'homme est tout entier défini négativement, tout comme après la Chute. Chez les jansénistes et chez La Rochefoucauld, la Chute n'empêche certes pas la grâce, mais empêche tout à fait de croire qu'on puisse la mériter. L'itinéraire suivi par La Rochefoucauld est celui d'une éducation politico-sentimentale où le monde est comme dévoilé de force. Le jeu mondain de la maxime fait ici se rejoindre le désir de gloire des Frondeurs avec le désabusement du chrétien confronté sans cesse à sa propre vanité.

La Rochefoucauld (François, duc de)

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