l'abbaye de Saint-Michel

En 996, Bernard, précepteur du futur empereur Othon III et évêque d'Hildesheim dans le pays de Saxe, fonde l'abbaye de Saint-Michel, et en commande la riche décoration. La construction de l'église est entamée en 1010 et se poursuit jusqu'en 1033. Il s'agit d'une basilique à trois nefs, avec un double transept et deux absides, placées l'une sur le flanc est et l'autre sur le flanc ouest du bâtiment. Le choeur, exposé à l'ouest, s'élève sur une vaste crypte, construite au niveau du sol de l'église et entourée par un déambulatoire. L'intérieur a une couverture plate et les nefs sont séparées par des supports alternés (un pilier toutes les deux colonnes). Les deux transepts se subdivisent chacun en trois enceintes carrées. La décoration très sobre se borne à la bichromie des voussures des arcs. Les proportions parfaites et l'agencement harmonieux des volumes et des espaces, en font l'un des exemples les plus significatifs de la première architecture romane, et le prototype des églises romanes construites par la suite en Saxe.

La porte de bronze qui s'ouvre sur la façade, commandée par l'évêque Bernard et fabriquée avant 1015, constitue l'un des chefs-d'oeuvre de la sculpture allemande d'époque othonienne. Sur la surface plate du fond, se détachent nettement des bas-reliefs en forte saillie, qui représentent des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, illustrées avec un goût très vif de la narration. Les scènes sont représentées sur des registres superposés et sont parcourues de motifs végétaux délicats. A l'intérieur de l'église, la décoration est complétée par des peintures murales (aujourd'hui presque complètement effacées), des objets d'orfèvrerie et une magnifique colonne en bronze, avec des bas-reliefs représentant des scènes de la vie du Christ, et qui s'inspirent des colonnes triomphales romaines de Trajan et de Marc Aurèle.

La porte de Saint-Michel est l'un des plus illustres exemples des nombreux ouvrages en bronze réalisés dans l'aire germanique à l'époque othonienne (Xe-XIe siècles) : les ouvrages monumentaux et les objets du culte, tels que les crucifix et les candélabres, sont souvent les seuls éléments décoratifs des premières églises romanes d'Allemagne.