lettrisme.

lettrisme. n.m., procédé poétique où la lettre importe en tant que telle (sa forme, sa valeur sonore, etc.) et non seulement comme élément constitutif du mot. Les dadaïstes s'étaient essayés à cet exercice phonétique, mais c'est Isidore Isou qui l'érigea en théorie dans son Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique (1946). La poésie naît alors de la combinaison de ces sons élémentaires, de leur disposition, des répétitions, des silences qui les séparent. Jean-Louis Brau et François Dufrêne (Demi-tour gauche pour un cri automatique , 1953 ; le T ombeau de Pierre Larousse , 1958) sont les principaux représentants, avec Isou, de cet art qui relève autant du graphisme et de la musique que de la poésie. En peinture, le lettrisme exploita de la même façon les mélanges inattendus de lettres et de signes, à l'image des compositions d'Isidore Isou ( les Nombres , 1952). Dans le domaine du cinéma, les lettristes suggérèrent la création de « cacophonies visuelles », soit par la non-synchronisation de l'image et du son ( Traité de bave et d'éternité, Isidore Isou, 1951), soit par la disparition de la première au profit du second (Tambours du Jugement premier, François Dufrêne, 1952).