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LOTI (Julien Viaud, dit Pierre)

Publié le 23/01/2019

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loti

LOTI (Julien Viaud, dit Pierre), écrivain français (Lorient 1850 - Hendaye 1923). Les voyages de Julien Viaud, qui ramena de Tahiti le nom de Loti, ne furent pas intérieurs ; pourtant les pays lointains, découverts pendant quarante ans de carrière dans la marine, restent sous la plume du romancier des pays de rêve. Une double passion se forge dans ces itinéraires incessants, celle de l'évasion et de la mer qui n'empêche pas le vagabond de traîner dans son sillage une incurable nostalgie du jardin natal. Plus que le fade amour de l'officier pour la jeune autochtone (Aziyadé, 1879 ; le Mariage de Loti, 1880), le thème central de cette œuvre faussement limpide est celui d'une tristesse désabusée, proche du désespoir, d'un spleen que le pittoresque ne parvient pas à chasser. L'Orient (les Désenchantées, 1906), l'Extrême-Orient (Mme Chrysanthème, 1887), l'Afrique (le Roman d'un spahi, 1881) ou ces régions à la fois proches et lointaines que sont la Bretagne (Mon frère Yves, 1883 ; Pêcheur d'Islande, 1885) ou le Pays basque (Ramuntcho, 1897) n'y peuvent rien : l'immersion dans Tailleurs est toujours imparfaite et toujours à reprendre, la constitution d'une nouvelle identité toujours impossible ; car, malgré son désir d'oublier l'Occident, le héros de Loti, qui doit tant à l'autobiographie, est condamné à l'éphémère, à l'inutile superposition de tableaux colorés, à la répétition de l'amour trop fidèle et trop tendre d'une indigène à travers laquelle il cherche l'essence d'une contrée — et en ce sens les ouvrages de Loti ne reflètent pas comme ceux de Kipling l'idéologie d'un colonisateur. Auteur à succès, goûté par un public féminin charmé par son sentimentalisme aimable, Loti a ressassé la même intrigue peu élaborée, accumulé les mêmes personnages dans une langue indécise, un lexique sans recherche et une syntaxe sommaire. Son art pointilliste et impressionniste dépasse cependant la recette du roman exotique. Est-ce parce que plane sur l'œuvre cette angoisse de la mort, plus décomposition que tragédie qui la situe dans le courant décadent ? En réalité, ces récits faciles suggèrent toujours une recherche des origines, d'un monde primitif plus pur, plus éclatant que celui d'une véritable enfance (le Roman d'un enfant, 1890) toujours fuie mais toujours retrouvée dans le corps-paysage de la femme étrangère, dans l'imprégnation alanguie d'un univers à l'insidieux pouvoir à la fois maternant et mortifère.

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