Meissen : porcelaines

Entre 1708 et 1709, on découvre à Dresde (Saxe) la composition de la pâte de céramique et la technique de fabrication de la porcelaine dure. D'une excellente qualité technique (résistante et durable) et esthétique (avec son aspect translucide et brillant), cette porcelaine était utilisée depuis plus de mille ans en Orient, surtout en Chine, mais la technique de fabrication était encore inconnue en Occident, où on produisait à sa place une céramique dite  tendre, cuite à des températures plus basses, et de qualité inférieure. A la suite de cette importante découverte, la manufacture de porcelaine de Meissen voit le jour en 1710: elle dominera pendant un siècle le marché de la porcelaine européenne, avec celles de Dresde et de Vienne. Le succès de la porcelaine européenne est tel que souvent dans les grands palais de la noblesse on prévoit une salle destinée exclusivement à sa conservation et à son exposition : un exemple connu est la salle des porcelaines chinoises dans le château de Charlottenbourg. La production de Meissen prévoit, en plus de la vaisselle habituelle, des porcelaines à sujet figuré, qui peuvent même avoir de grandes dimensions, destinées à la décoration des palais: un exemple nous est fourni par les animaux grandeur nature pour le palais en style japonais d'Auguste le Fort. On compte aussi de nombreuses petites porcelaines représentant les masques de la Commedia dell'arte ou des scènes galantes, les figurines représentant les dames et les chevaliers, les collections de fleurs, qui connaîtront un grand succès par la suite dans la manufacture italienne de Capodimonte. La décoration peinte sur porcelaine privilégie le style exotique, à la mode au début du XVIIIe, et greffé sur la sensibilité décorative rococo. On trouve donc des paysages chinois ou japonais, avec des pagodes, et des personnages habillés en costumes typiquement orientaux, plongés dans une végétation luxuriante. Mais à partir de 1730, les imitations de paysages tirés des peintures hollandaises ou vénitiennes ne manquent pas non plus. La peinture  pouvait s'accompagner d'éléments décoratifs en relief (surtout sur le rebord des vases), ou bien tressés, pour imiter les corbeilles en osier.