Devoir de Philosophie

mercantilisme, n.

Publié le 09/11/2013

Extrait du document

mercantilisme, n.m., doctrine économique préconisant l'enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur. Entre la scolastique et le libéralisme. Le courant mercantiliste se développa entre le XVIe et le XVIIIe siècle, principalement en Grande-Bretagne (avec Thomas Mun, Josiah Child, John Locke, James Steuart et John Law), en France (avec Jean Badin, Antoine de Montchrestien, Richard Cantillon et Gérard de Malynes) et en Espagne (L. Ortiz). Souvent liés aux milieux d'affaires ou même engagés dans les grandes sociétés de négoce international (comme l'East India Company), ces économistes rompirent avec l'attitude religieuse ou morale des penseurs scolastiques du Moyen Âge à l'égard de l'activité économique ; la légitimation de l'enrichissement personnel les conduisit à rechercher les moyens les plus favorables à celui-ci, et ils préfigurent en cela le raisonnement économique autonome. L'activité économique n'est pas considérée par les mercantilistes comme relevant de la seule initiative individuelle. Il existe en effet une convergence entre l'intérêt des marchands, qui peuvent obtenir protection et monopole, et celui de l'État, dont la puissance politique et militaire dépend du développement de la production et du commerce. Cette alliance entre les marchands et l'État, qui est centrale dans l'enrichissement de la nation, contraste avec l'image de la main invisible du marché qu'imposa le libéralisme à partir d'Adam Smith. C'est d'ailleurs contre le mercantilisme que celui-ci jeta les bases de l'école classique anglaise, et le colbertisme, variante française du mercantilisme, fut également attaqué par la physiocratie. Du commerce extérieur à l'emploi et à la monnaie. Le caractère pragmatique du mercantilisme et le discrédit porté sur lui par le libéralisme ont conduit à caricaturer ses analyses. On les réduit souvent à ce qui est, il est vrai, le thème principal en Angleterre au XVIIe siècle : l'accroissement de la richesse monétaire d'une nation au moyen d'un excédent des exportations sur les importations (l'ouvrage de Thomas Mun s'intitule England's Treasure by Foreign Trade). Cet objectif commande les mesures préconisées : l'encouragement du commerce maritime organisé en monopoles, des exportations de produits manufacturés, des importations à bas prix des matières premières ; la prohibition de l'importation des produits manufacturés et de l'exportation des espèces monnayées. David Hume et Adam Smith ont critiqué l'assimilation de l'enrichissement national à l'entrée des métaux précieux, et contesté la possibilité d'un excédent extérieur permanent. Mais les mercantilistes du XVIII e siècle (en particulier John Law, Richard Cantillon et James Steuart) ne faisaient plus de la balance commerciale un objectif, mais un moyen. L'accroissement des exportations et la protection des industries nationales visaient surtout à favoriser la production, et donc l'emploi, à l'intérieur du pays. Quant à l'entrée des métaux précieux, elle devait permettre surtout d'assurer une liquidité interne abondante, condition d'une activité économique soutenue ; en cas de renversement du commerce extérieur, ce résultat pouvait d'ailleurs être atteint par d'autres moyens, tels que l'émission de monnaie bancaire. Par ces analyses, le mercantilisme apparaît moins comme une doctrine circonstancielle que comme une approche anticipant le keynésianisme. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Colbert Jean-Baptiste colonisation - Le système colonial moderne - L'administration des colonies keynésianisme Law John libéralisme Montchrestien (Antoine de) Steuart (sir James Denham) théories économiques (histoire des)

Liens utiles